Accueil > Prisonniers politiques

Prisonniers politiques

Publie le jeudi 23 avril 2009 par Open-Publishing

"Il n’y a rien de plus précieux que l’indépendance et la liberté." La phrase venue du cœur du Président Ho Chi Minh colle avec le 17 avril, la journée de solidarité mondiale avec les prisonniers politiques. Que ce soit un geste de dénonce emphatique et d’exigence accompagnée d’espoir pour leur libération ; un acte de rapprochement à la cause de ceux qui sont soumis à l’emprisonnement pour la défense des idéaux de justice sociale, indépendance nationale et liberté.

Dans les prisons de nombreux pays, sans excepter les démocraties consolidées de l’Occident – et en tout premier lieu, bien sûr, les Etats-Unis- des milliers de personnes qui souffrent de la captivité, les uns pour la tenue et la promotion pacifique d’opinions différentes à celles du pouvoir établi, d’autres, parce qu’en faisant usage du droit à la révolte contre la tyranie, l’oppression ou l’occupation, résistent en s’opposant à la violence de l’agresseur avec les armes de l’insurrection.

En plus d’être victimes d’une violence sans aucune légitimité, los condamnés doivent supporter, d’abord, des procès aberrants et truqués, et ensuite, l’horrible condition de la vie pénitenciaire qui s’ajoute comme un châtiment à la privation de liberté. Etrange à tout principe d’humanisme, les prisons constituent un système pervers destiné à détruire la victime. En effet, le plus fréquent est que l’enfermement soit accompagné de violation permanente des droits les plus fondamentaux sous forme de torture, faim, humilliations, maladie, isolement, séparation illégale des êtres chers, et même la mort.

Les descriptions que l’on connaît incluent tout type de scénarions sinistres, des horribles prisons du tiers monde, dans lesquelles les prisonniers (politiques et de droit commun) pourrissent dans la saleté, la surpopulation, l’humidité et l’abandon, jusqu’aux maisons sophistiquées des pays riches qui détruisent la personne avec une combinaison, froidement calculée, de méthodes primitives avec la technologie la plus avancée disponible, de la simulation de noyade – si similaire aux méthodes médiévales de l’Inquisition- jusqu’aux techniques de destruction de la personnalité basées sur des méthodes scientifiques à travers l’isolement programmée et dirigé par des médecins et psychologues qui susciteraient l’envie du docteur Mengele en personne.

En contraste avec l’extrême cruauté de l’agresseur, se trouve l’étonnante capacité de résistence de ceux qui "ne se plient pas", c ’est-à-dire, ceux qui survient aux mauvais traitements physique et à la torture psychologique sans trahir et sans se trahir.

Raúl Sendic, fondateur du mouvement Tupamaro en Uruguay, sopporta la longue prison, enterré vivant dans une fosse ou réservoir de moins de deux mètres de diamètre, à plusieurs mètres sous terre, victime de l’idée d’un certain militaire fou qui pensa qu’avec ça il enterrait sa rébelion et, avec elle, celle de toute une génération de militants sociaux. Il est sorti de sa prison inhumaine pour mourir en France, malade en phase terminale d’un cancer qui l’a conduit à la tombe, mais entier dans son idéal et comme un symbole de résistence et de vaillance. Ils ont réussi sur son corps, mais son esprit s’est imposé.

Nelson Mandela (autrefois condamné comme "terroriste") est passé par de situations similaires et, lui aussi, est sorti victorieux des mains de ses ennemis, comme un symbole vivant de la lutte héroïque des noirs et de pas mal de blancs –il faut le dire- qui se sont battus en Afrique du Sud contre l’Appartheid. Son collègue, le communiste Viko, n’a pas survécu à la violence, à l’instar de centaines de ses camarades tués en prison par la police raciste.

En réalité, la liste est interminable. Il convient de rappeler les horribles prisons du colonialisme européen partout dans le monde ; sans oublier les "cages à tigres" dans lesquelles les envahisseurs étasuniens enfermaient les patriotes vietnamiens, ni les cachots en Algérie, dans lesquels l’on infligeait les pires humiliations aux combattants du Front de Libération Nationale, les camps de concentration allemands dans le sud de l’Afrique ou les cachots actuels au Maroc –ce petit joujou dorloté de l’Occident- dans lesquels languissent non seulement les opposants à la corrompue dynastie alaouite, mais aussi les imbattables combattants sahraouis du Front Polisario qui se battent pour expulser l’envahisseur de leur pays.

Toute la bande de Gaza est une énorme prison ou camp de concentration moderne, et dans le prisons israéliennes plus de 10.000 prisonniers palestiniens pourrissent dans des conditions infrahumaines, la plupart sans aucun procès ni accusation (Guantanamo n’est pas nouveau). Des conditions similaires doivent supporter les kurdes en Turquie et les mêmes malheurs connaissent d’autres minorités nationales tâchées de "terroristes" pour dénigrer leurs luttes de libération nationale. Les nationalistes en Tchétchénie, à titre d’exemple, acculés et décimés, lancent des attaques suicides contre les occupants et remplissent les prisons russes, à l’instar des milliers d’irakiens et afghans qui résistent contre l’invasion "alliée" de la "communauté internationale", c’est-à-dire, des pays riches et de l’OTAN.

En plus de leurs prisons secrètes, les étasuniens – qui ont l’une des justices les plus racistes et classistes du monde- gardent des centaines de combattants noirs condamnés à mort, à la perpétuité ou à de longues peines, sans leur reconnaître leur statut politique et social, diabolisés comme des simples déliquents de droit communs. N’est pas meilleur le sort des indépendantistes du Puerto Rico ou des cinq patriotes cubains qui, infiltrés dans les groupes terroristes de l’éxile à Miami, précisément pour éviter les sabotages et les assassinats, ont été capturés par la police yankie, jugés dans una pantomime grotesque et, ensuite, condamnés à des longues peines, en leur refusant le droit à un procès équitable et aux prérrogatives fondamentales accordées par toute législation aux prisonniers, comme le droit de visite de leurs proches.

Le "procès" et condamnation des guerrilléros colombiens Simón Trinidad y Sonia aux Etats-Unis méritent un chapître à part. Devant l’impossiblité du procureur d’apporter des preuves qui aient la moindre solidité, devant l’inévitable décision d’innocence, les grossières manœuvres de tout genre et la fragilité des indices présentés par le gouvernement colombien, le juge étasunien décida de recommencer le processus à trois reprises "jusqu’à ce qu’ils soient déclarés coupables", en mettant en évidence que tout cela était un montage et que la décision de les condamner a été prise au préalable. Trinidad et ses collègues son soummis à un régime d’isolement total, contre toutes les lois internationales qui octroient aux prisonniers une série de droits humains incontournables. Pire encore, en mettant l’accent sur le caractère politique de son enlèvement, les autorités de Bogotá et Washington ont toujouts été prêtes à utiliser Trinidad et ses camarades comme monnaie d’échange dans le cas d’une éventuelle négociation avec les FARC.

N’est pas meilleur le sort de ses collègues de lutte enfermés dans les prisons de Colombia, de véritables antres destinés à briser les vies et les volontés, si nécessaire. En refléttant une bonne image de la situation au pays, les prisons colombiennes son divisées presque toujours en trois grands blocs de condamnés : les nombreux et misérables prisonniers de droit commun (on le sait, les riches ne vont pas en prison) qui végètent dans des conditions de pauvreté extrême, abandonnés à leur sort dans l’attente d’une main caritative qui soulagerait leur malheurs ; les prisonniers de la guerrille et les militants sociaux (évidemment, tous accusés de rébellion) qui arrivent à surmonter les dures conditions de prison grâce à l’organisation et à la solidarité et, finalement, quelques paramilitaires et narcotraficants qui, tombés en disgrace, peuvent néanmoins compter sur des cellules de luxe, des comodités multiples, des restaurants exclusifs, des visites de plaisir et de la meilleure attention de la part des autorités soummises et complices. De la prison, ils peuvent poursuivre leurs affaires de drogue et de meurtre.

L’éventuelle ouverture de nouvelles possibilités pour un échange humanitaire de guerriers prisonniers contre des militaires capturés qui semble faire son chemin maintenant en Colombie aurait non seulement le charme de porter la paix et le bonheur pour des milliers de familles, mais d’ouvrir la porte à un éventuel processus de négociation politique du conflit armé.

Le 17 avril, jour international de solidarité avec les prisonniers politiques de toute la planète, il ne reste plus qu’à e’spérer leur libération le plus tôt possible. Un illustre prisonnier de nombreuses prisons, a écrit un petit poème qui décrit le triste scénario de la visite.

Une femme de prisonnier vient voir son mari

Lui, derrière la grille en fer,

Elle, devant, à un empan

L´un de l´autre, mais si distants

Autant que le ciel de la mer.

Ce que la bouche n´a pu dire

C´est Dans les yeux qu´on peut le lire.

Mais avant qu´on puisse parler,

Les armes commencent à couler.

Que de pitié leur sort m´inspire !

Et loin de toute défaite, il a écrit :

Mais je cherche une rime en vain dans mes papiers,

Soudain, j´entends jaillir celle du mot “victoire”

Ho Chi Minh

Traduit de l’espagnol : Mohamed Mahamud Embarec http://diasporasaharaui.blogspot.com