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Privatisation des services publics... les dossiers auxquels il faut redire non !

Publie le vendredi 20 avril 2007 par Open-Publishing

Publié dans l’édition du samedi 21 avril 2007 (pages 4 & 5)

Présidentielle. Demain dimanche, notre choix déterminera la position de la France sur plusieurs questions majeures européennes.

Le 29 mai 2005, le rejet de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas a révélé le gigantesque fossé qui s’est creusé entre les politiques européennes conduites par Bruxelles et les États membres et les peuples européens. Bien que battus par ces consultations, les partisans de l’Europe libérale n’ont pas renoncé. Car voici les décisions que s’apprête à prendre l’Union européenne dans plusieurs secteurs stratégiques.

La directive sur le service public postal : vers un « désert postal »

Entre la mi-juin et la mi-juillet, le Parlement européen examinera une directive visant à la libéralisation totale des services postaux. Ce projet est fortement combattu par les organisations syndicales, en France et en Europe, qui dénoncent « ses conséquences catastrophiques » en termes de dégradation du service, de l’emploi et de l’évolution tarifaire. Les adversaires de cette directive, comme le Député communiste européen, Francis Wurtz, mettent en avant l’exemple de la Suède qui fait l’expérience de la concurrence dans ce secteur depuis une quinzaine d’années. Celle-ci, rappelle-t-il, y a gagné le surnom de « désert postal ». En Suède, la mise en œuvre de la libéralisation a conduit à la fermeture de 1.800 bureaux de poste sur les 2.200 existants initialement. Il ne reste donc plus que 400 bureaux de poste pour 9 millions d’habitants. Dans le même temps, le prix du timbre a augmenté de 90%, alors que la qualité du service postal a régressé. Enfin, au niveau européen, la mise en œuvre de cette directive pourrait aboutir à un « désastre en matière d’emploi ».

Démanteler EDF et GDF pour les privatiser : “chaud” les factures !

Dans les prochains mois, l’Union européenne devrait également préciser sa politique électrique et gazière. Dans ce domaine, la Commission préconise de « séparer les activités de production et de transport ». Elle estime que l’exploitation unifiée du gaz et de l’électricité est la principale raison pour laquelle la concurrence s’est insuffisamment développée dans ce secteur. Cette nouvelle étape est vivement combattue par les organisations syndicales, CGT en tête, et les adversaires de la libéralisation. Car la séparation des activités de production et de transport est « une étape vers la privatisation ». En outre, « ce démantèlement confortera la flambée des prix. Les précédentes étapes de libéralisation de l’électricité et du gaz ont déjà conduit à l’envolée des prix ». Cette séparation conduira à « un nouvel affaiblissement de la maîtrise publique du secteur de l’énergie » au moment où la lutte contre l’effet de serre et les tensions autour du gaz et du pétrole invitent, au contraire, à une intervention accrue de la puissance publique.

Livrer l’agriculture à la concurrence mondiale : la mort de nos planteurs

Dans le cadre des négociations en cours à l’OMC pour tenter de relancer le cycle de Doha, le commissaire européen Peter Mandelson a proposé une baisse moyenne des tarifs douaniers sur les produits agricoles pouvant atteindre 54% à 70% aux frontières de l’Europe. Cette contrepartie à l’ouverture de négociations sur la libéralisation des échanges des produits manufacturés et des services fait l’objet de sévères critiques de la part des organisations syndicales agricoles. Des pans entiers de l’agriculture française et européenne comme l’élevage bovin pourraient disparaître, menaçant la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe.

La relance d’une Constitution européenne libérale soutenue par l’UMP, l’UDF et le PS

Dans ce contexte, l’élection présidentielle et les législatives qui suivront seront déterminantes quant à la position de l’Europe sur des dossiers aussi stratégiques pour l’avenir de la France et du continent.

L’Union européenne validera-t-elle les propositions de la Commission ou, au contraire, les infléchira-t-elle ? Les prises de position de MM. Bayrou et Sarkozy en faveur d’une relance de la Constitution européenne ne laissent planer aucun doute sur la nature de la position que défendra la France si jamais l’un des deux devait être élu le 7 mai prochain.

Mme Royal, chacun s’en souvient, a également mené campagne pour le “OUI” à la Constitution. Aujourd’hui, elle se déclare en faveur d’une « Europe plus protectrice » et « d’une directive-cadre sur les services publics ». Mais elle refuse toujours de remettre en question le principe de « la concurrence libre et non faussée » qui constituait l’un des dangers les plus graves de cette Constitution rejetée le 29 mai 2005.

Pour ceux qui ont rejeté la Constitution, une telle attitude conduit droit dans une dangereuse impasse. C’est pourquoi, Marie-George Buffet, qui veut rompre avec cette Europe libérale, invite les électeurs à « refuser d’être entraînés à subir des politiques qu’ils ne veulent pas » et à prendre « les choses en main comme ils l’ont fait le 29 mai 200 ».

Oui, décidément, dimanche 22 avril, le seul vrai vote utile se fera avec le bulletin de Marie-George Buffet.

JSM

(Source : “L’Humanité”)

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