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Prix Carrefour : un PDG viré vaut 2514 ans de Smic

Publie le vendredi 22 avril 2005 par Open-Publishing
9 commentaires

Embarras et indignation du patronat après la révélation des indemnités de départ colossales de l’ex-n°1 de la chaîne d’hypermarchés, remercié en février.

Par Frédéric PONS

Ils sont scandalisés ou affectent d’être indifférents. Mais personne ne se risque à prendre la défense de Daniel Bernard, viré de Carrefour le 3 février pour n’avoir pas assez redressé le cours de Bourse et les résultats des 216 hypermarchés français du groupe. Parmi ceux que choquent les 38 millions d’euros empochés par Bernard pour partir en retraite, Jean-François Roubeaud, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).

Il n’a pas mâché ses mots, hier, sur l’antenne d’i-Télé : « Je suis scandalisé à titre personnel et je ne suis pas le seul. Ce sont des chiffres qui nous dépassent, nous les chefs de PME. » « Même si le patron est bon », Roubeaud estime que l’indemnité de retraite astronomique de Daniel Bernard explique que « les Français ne peuvent pas aimer ce type d’entreprises », pas plus que « ces gens-là, qui viennent prendre de l’argent et qui disent "merci, au revoir" ».

Sans voix. Même analyse pour Yvon Jacob, président du conseil de surveillance de Legris Industrie. Candidat à la présidence du Medef, il avait fait quelques sorties remarquées sur la bonne gouvernance d’entreprise. Jacob a réagi vertement, hier, sur RTL : « Je pense que les Français ne comprennent pas du tout cette situation [...], en tout cas ce n’est pas le fait des petites et moyennes entreprises », s’est-il indigné.

Egalement candidat à la tête du Medef, Francis Mer, ancien ministre des Finances, reste sans voix devant le plan de retraite de Bernard : « Je n’ai aucune réaction... Rien à dire là-dessus. » Pourquoi ? « Vous imaginez bien pourquoi », nous dit-il hier en fin d’après-midi, avant de raccrocher poliment son combiné. Pas plus de frémissement du côté d’Ernest-Antoine Seillière, l’actuel chef du Medef, habituellement plus prolixe sur la « bonne gouvernance ». Pas davantage de réponse de la part de Laurence Parisot, patronne de l’Ifop et autre candidate à la direction du Medef.

« Catastrophe ». Les grandes entreprises, elles, observent un silence embarrassé sur le montant de la retraite de Daniel Bernard. Auchan et Casino, deux concurrents de Carrefour contactés hier par Libération, n’ont pas souhaité faire de commentaires. Pas de réponse non plus du côté de Michel-Edouard Leclerc, le patron des Centres Leclerc, en général prompt à critiquer ses pairs. Seul, et sous couvert d’anonymat, un membre de la direction générale d’une grande enseigne de la distribution, accepte de commenter. Pas pour critiquer Daniel Bernard, mais plutôt Luc Vandevelde, son successeur à la tête de Carrefour : « Vandevelde n’aurait pas dû faire ce genre de révélations sur Daniel Bernard. C’est mauvais pour tout le secteur. Et ça risque d’être une catastrophe en interne : si vous êtes caissière chez Carrefour au Smic et à temps partiel, vous avez maintenant de bonnes raisons d’être en colère. »

La fédération CGT du commerce, elle, a réagi en fustigeant le « mépris » de la direction et en avertissant que « les salariés ne lâcheront rien » sur les salaires.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=291546

Messages

  • On aurait aimé un texte de loi moralisant ces dérives de la part du gouvernement : silence total.

    Conclusion les mondes parallèles existent bien dans des univers différents.

    • Une loi réellement "moralisante" stipulerait la séquestration des biens de ces voyous, (leur confiscation, expropriation) et leur condamnation à un travail d’intérêt général (TIG). J’ai cru lire (mais je n’en suis pas très sûr) que le traité constitutionnel européen prévoierait de telles dispositions, ainsi que la confiscation de toutes les valeurs soustraites à l’impôt dans les "paradis fiscaux" ? En ce cas ce serait vraiment une oeuvre de salubrité publique.

    • "un texte de loi moralisant ces dérives" ?

      ca veut dire quoi "moraliser des dérives" ? Leur mettre du bleu sur les paupières ?

      toi, tu es surement favorable à l’ouverture d’un débat qui promeuve l’idée que, tout en combattant vigoureusement les extrémistes de tous bords, les excès les plus scandaleux de la mondialisation doivent être freinés, non ?

      tu causes comme un cureton, mon ami !

    • J’ignore si le mesage de 20h03 s’adresse à celui de 16h41 ou de 17h33, ou encore aux deux à la fois. Notons déjà au passage qu’une incise du type "tu causes comme un cureton" est déjà un énoncé moralisant (dans un contexte anti-clérical de ce forum d’une part, par l’usage du mot péjoratif "cureton" de l’autre). C’est en effet une sorte de rappel à l’ordre, de désignation d’un comportement "déviant" de la ligne, de la morale commune. Ces quelques phrases du 20h03 dénote aussi de toute une psychologie, qui fait déjà de son auteur qu’il ne pourrait abusivement se prévaloir d’être "mon ami", ne serait-ce que par son manque apparent d’humour, et de discernement le plus élémentaire (comment ne par percevoir l’ironie contenue dans les deux messages de 16h41 et de 17h33 ?).
      L’auteur du 20h03 fait en outre montre de carence de sens logique, ou plutôt pratique une logique de l’inférence arbitraire et paranoïaque : "vous utilisez l’expression "texte de loi moralisant ces dérives", donc vous êtes "sûrement favorable" à l’idée de combattre vigoureusement les extrémismes de tous bords" etc.
      Un conseil (moralisant) : un forum internet n’est pas forcément le défouloir des agressivités, de la méchanceté (en voilà du langage "moralisant" !) et de l’illogisme de fin de semaine.
      Salut à vous qui n’êtes pas mon ami.
      L’auteur du message de 17h33

    • Une dernière chose. L’équation - morale (ou moralisant) = "cureton" (curé, prêtre, oulema, rabbin... bref religion et croyance en une transcendance) - est une sorte soit de réflexe pavlovien (c’est ce qui vient spontanément-mécaniquement à l’esprit quand on entend le mot "moralisant"), soit une approche particulière du phénomène moral (Nietzschéisme ou.... christianisme : les deux s’accordant sur le fait que la "morale" ne peut être fondée que sur une transcendance). En bref et en clair, l’imprécateur anti-cureton est sans doute beaucoup plus proche des "curetons", que ceux qu’ils stigmatisent comme tel. Comme disaient jadis les mômes : "c’est celui qui dit qui y’est".
      L’auteur du 17h33

    • Bonjour,

      Normalement, je ne répond pas à ce genre de message :

      En effet, il y a une part d’ironie dans mon expression " moraliser une dérive" mais également il faut aller plus loin dans la réflexion et comme je m’adresse à des hommes politiques aussi, j’ai estimé qu’il faudrait commencer par moraliser "une dérive" mais cela reste une dérive. Si j’avais dit il faut supprimer ses pratiques je ne me serais adressé qu’aux citoyens.

      Enfin, pour aller plus loin dans l’ironie, j’ai ajouté "silence total" en sachant très bien à quoi m’en tenir et pour savoir quelles réactions j’allais susciter ici...

      Quand au côté "curé" c’est un peu raté je suis totalement hors de toute religion ....Et en qui concerne la familiarité je ne crois pas que nous ayons des pensées communes...

      L’auteur du premier message.

    • Il existe, en France, des conceptions morales de l’économie et de la politique, souvent d’origine religieuse, le plus souvent influencées par la "dotrine sociale de l’Eglise catholique".

      Elles sont sans intérêt pour la pensée rationnelle, et pour l’analyse en termes de classes sociales.

  • Je crois que l’auteur de 22 avril 16 h41 ne comprend pas ce qu’est l’ironie. Parce que l’ironie c’est tout autre chose que ce qu’il écrit.

    Par contre, il existe bel et bien un courant de pensée, les sociaux-chrétiens l’incarnant le mieux, mais bien des agnostiques et même des athées s’y rattachent qui cherchent à "humaniser le capitalisme". Le PCF et la plus grande partie de la gauche dite altermondialiste sont partie prenante de cette démarche, qui n’a rigoureusemnt rien de radical, et encore moins de révolutionnaire, ce qui explique sa promotion par bien des médias et le financement public conséquent qu’il lui est octroyé (cf FSE).

    C’est comme ça. Même si ça fâche certains qui s’étaient pris pour des rebelles.

    JK