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Procès Bellaciao : "Révéler l’injustice mène au tribunal"

Publie le mercredi 12 septembre 2007 par Open-Publishing

Procès . Les Chantiers de l’Atlantique poursuivent l’animateur du site Bellaciao.

de Frédéric Durand

Aujourd’hui à 14 heures, au tribunal de grande instance de Saint-Nazaire doit s’ouvrir le procès qui oppose la société des Chantiers de l’Atlantique (groupe Aker Yards) à Roberto Ferrario, animateur du site Internet Bellaciao.

Les faits remontent à septembre 2005. Comme l’ensemble des rédactions de presse et des sites alternatifs, Bellaciao reçoit le 16 septembre un communiqué signé de l’USM-CGT dénonçant les conditions d’extrême précarité au travail de treize ouvriers polonais employés sur les chantiers.

La liste est longue des infractions au Code du travail, sans compter les menaces répétées d’un renvoi au pays en cas de revendication.

Le Collectif Bellaciao décide de laisser en ligne « in extenso » le texte de la CGT intitulé « Flibusterie des temps modernes ». Dans la foulée, les chantiers navals portent plainte contre X pour diffamation. Tout s’enchaîne alors très vite. André Fadda, responsable CGT, est convoqué dans les locaux de la police pour un interrogatoire destiné à découvrir l’auteur exact du tract incriminé. La réponse est claire : c’est l’organisation syndicale qui prend la responsabilité du texte et en assume collectivement le contenu.

À son tour Roberto Ferrario va devoir répondre. D’abord à la police, ensuite à la juge d’instruction, Mme Bironneau. Si rien n’est retenu contre l’USM-CGT, la plainte ne pouvant s’adresser à une personne morale, l’animateur de Bellaciao, lui, sera mis en examen. Sans remettre en question le fond, c’est-à-dire le sort réservé aux travailleurs polonais, la direction juge diffamatoires certains passages du texte évoquant notamment « un nouvel épisode d’esclavage moderne sur le site naval » ou encore les « actes mafieux perpétrés » sur les chantiers.

Pour l’avocat de Roberto Ferrario, Me William Bourdon, « ces méthodes relèvent d’une conception très archaïque de la liberté syndicale et, au-delà, de la liberté d’expression ». Depuis l’annonce de la citation à comparaître de Roberto Ferrario un élan de solidarité a vu le jour. La pétition mise en ligne sur bellaciao.org et relayée par de nombreux sites militants a d’ores et déjà recueilli plus de 22 000 signatures. Les unions départementale et locale CGT, le syndicat de la métallurgie et le syndicat national des journalistes organisent un rassemblement de solidarité à 14 heures devant le tribunal.
http://www.humanite.fr/2007-09-11_P...