Accueil > Procès de Minatec, acte 3 : Compte-rendu des procès du 27 juin

Procès de Minatec, acte 3 : Compte-rendu des procès du 27 juin

Publie le vendredi 29 juin 2007 par Open-Publishing

Mercredi 27 juin 2007 au Palais de Justice de Grenoble, deux personnes passaient en procès en correctionnelle suite aux 4 jours contre Minatec et son monde (les 30-31 mai et 1er-2 juin 2006, voir http://ogn.ouvaton.org/ ). Les deux jeunes gars étaient inculpés d’outrage à agent pour l’un et de violences à agents pour l’autre. Et si l’on peut dire, ça tombait plutôt bien, car la journée semblait plus ou moins consacrée à ça : les autres affaires tenaient du même type d’inculpation. A croire que dans ce pays les gens n’aiment pas tellement la police...

Un appel à soutenir les deux inculpés suite aux mobilisations anti-Minatec de l’an passé a été publié sur Indymedia-Grenoble :
 http://grenoble.indymedia.org/index...

***

Il était donc reproché à l’un des deux inculpés d’avoir dit "connard" à un policier le matin du 2 juin 2006, pendant l’expulsion du campement anti-Minatec qui s’était tenu pendant quelques jours et nuits sur le campus universitaire de Saint-Martin-d’Hères.

L’inculpé raconte brièvement les échanges qu’il a eu ce jour avec des policiers :
 Lui (alors que 200 flics expulsent le campement, habité à ce moment là par une vingtaine de personnes...) : "Vous devriez défendre le peuple, pas l’opprimer"
 Le flic : "Je ne défends pas le peuple, je défends la République !"
 Lui : "La République, c’est la Res-Publica, la chose publique, donc vous devez défendre le peuple"

L’avocat des flics et la procureure tiennent sensiblement le même discours : "les policiers ne sont pas là pour se faire insulter, injurier, menacer, ni pour subir humiliations, mépris et violence". Ils tiennent même un discours similaire sur la question des nanotechnologies : "Je ne connais rien au sujet des nanotechnologies, ce serait intéressant d’en parler, mais ce n’est pas le lieu pour ça". Effectivement, le tribunal ne doit pas juger des lourdes conséquences du développement des nanotechnologies, le tribunal doit se contenter de protéger la police, gravement victime de la terrible sauvagerie du peuple...

Au final, la procureure a demandé 70 heures de TIG (Travaux d’Intérêt Général).

Maître Girault, qui s’occupait de défendre plusieurs personnes ce jour-ci, a rappelé avec ironie que le jeune homme se retrouvait menacé de 70 heures de TIG simplement pour avoir prononcé un mot (celui de "connard", donc). Au départ, il devait être inculpé également de port d’arme (des ciseaux qui se trouvaient sur le campement...) et de rébellion (aucune ITT - Incapacité Totale de Travail - pour les flics, tandis que l’inculpé est sorti de garde-à-vue avec le bras en écharpe). Une relaxe est donc envisageble...

Le délibéré sera rendu le mercredi 4 juillet à 14h (l’inculpé a refusé d’effectuer d’éventuels TIG).

***

L’autre inculpé "anti-Minatec" était accusé de violence envers trois agents de police, lors de la manifestation contre Minatec le 1er juin 2006. Ce jour-là, il aurait jeté une bouteille en verre en direction d’une rangée de policiers, la bouteille en question s’écrasant devant les pieds de ceux-ci, ne blessant personne (là encore, aucune ITT côté policiers).

Extrait d’un dialogue à la barre entre la juge et l’inculpé :
 La juge : "Il y avait ce 1er juin 2006 une centaine de manifestants"
 L’inculpé : "Plutôt un millier !"
 La juge [qui a l’air d’être fort peu au courant de toutes ces histoires, à croire qu’elle ne sait même pas que Minatec se trouve à 300m du tribunal !] : "D’habitude, l’écart entre l’estimation de la police et celle des manifestants n’est pas aussi grande (...). Alors, est-ce qu’il y avait beaucoup de jets de bouteilles ?"
 L’inculpé : "J’ai surtout vu des tirs de flash-ball"
 La juge, telle une dialecticienne de la lutte des classes : "L’un n’empêche pas l’autre"

La procureure, s’apercevant que l’inculpé n’a toujours pas effectué des TIG d’une affaire précédente, requiert un mois de prison avec sursis et 200 euros d’amende.

Maître Girault, encore lui, demande la relaxe et explique que ce qu’on reproche à l’inculpé, ce n’est pas tant un jet de bouteille (bien difficile à prouver puisqu’il était vêtu de noir avec une capuche) qu’une démarche politique plus globale : "Ici on n’aime pas les gens habillés en noir, ceux qui sont stigmatisés par la police, ceux qui sont anarchistes".

Le délibéré sera également rendu le mercredi 4 juillet à 14h.

***

Avant ces deux affaires, un homme passait en procès pour outrage et violences (sans ITT) à agents de police. L’affaire remontait à 2005 et à l’époque l’homme en question etait en prison (ce n’est plus le cas aujourd’hui, il est "libre" et travaille). Il venait de faire un infarctus et se trouvait à l’hôpital depuis deux jours en soins intensifs au service "cardiologie".

Epuisé, il demande aux policiers qui se trouvent dans sa chambre (alors qu’ils n’ont rien à y faire, ils doivent légalement se trouver à l’extérieur de la chambre) de baisser la lumière. Au lieu de cela, les policiers refusent plusieurs fois et l’attachent, menotté à son lit (!), de 22h30 jusqu’à 5h du matin. Excédé, le prisonnier hospitalisé insulte les policiers et se débat (difficilement, vu qu’il est menotté et que son état de santé n’est pas au top : il devait se faire opérer le jour suivant !).

Malgré l’horreur de la situation, la procureure n’en démord pas et demande à l’encontre de l’ex-prisonnier 120 jours-amendes à 10 euros. Une espèce de peine symbolique qui montre une fois de plus qu’aux policiers tout est permis.

Maître Girault (déjà lui) demande bien sûr la relaxe et place au détour de sa plaidoirie : "Je ne fais pas le procès de la police, mais cette police-là je ne l’aime pas".

Là aussi, délibéré le 4 juillet prochain à 14h.

Si les peines demandées par la procureure sont moins lourdes qu’en d’autres occasions pour les mêmes accusations, une vérite constante restait criante : l’éternelle histoire d’amour entre la justice et la police. Les juges et les procureur-e-s n’ont semble-t-il jamais rien à reprocher à nos braves policiers.

Je ne sais pas si je serai au tribunal le 4, alors si quelqu’un-e pouvait nous tenir au courant des résultats... Merci.

(A bas le) PS : Ces procès ne concernaient donc pas Minatec et la procureure comme l’avocat des flics restent malheureusement dans l’ignorance. Une ignorance bien hypocrite quand on sait ce qui a déjà été écrit et diffusé sur le sujet. Mais ça leur permet de dire qu’ils ne font "que leur travail", le reste... ils ne savent pas.

http://grenoble.indymedia.org/index...