Accueil > Profs en moins, précarité en plus

Profs en moins, précarité en plus

Publie le lundi 5 septembre 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

de Marie-Noëlle Bertrand

Les Faits

1. Un ministre enthousiaste

Confiance et enthousiasme : Gilles de Robien ne tarit plus d’éloges à l’égard des profs, ni d’optimisme concernant l’année à venir. Dans son discours de rentrée, mercredi, ainsi que dans une lettre qu’ont reçue, jeudi, à leur domicile, l’ensemble des 880 000 enseignants, le ministre de l’Éducation a rappelé combien ces derniers sont compétents et l’école efficace. Ce qu’il faut, c’est améliorer un système satisfaisant, assène-t-il en substance, listant ses objectifs prioritaires : l’égalité des chances, « pilier de notre système », et l’insertion professionnelle, « porte supplémentaire ouverte vers l’emploi ». Confirmant la création de 45 000 postes d’« emplois vie scolaire », qui auront pour missions d’encadrer et d’aider les élèves, il le jure : 2005 sera une bonne rentrée et, si accrocs il y a, ils seront rapidement résorbés.

2. Des syndicats en colère

Le transport du ministre n’a visiblement pas déteint sur les organisations syndicales, qui expriment leur insatisfaction. Rentrée morose selon le SE-UNSA, calamiteuse selon le SNES-FSU. Pour l’UNSEN-CGT, « Gilles de Robien a profité de l’été pour faire passer des dispositions régressives pour les personnels et pour la qualité du service public d’éducation ». Quant au Snuipp, il met les points sur les « i » : « Être exigeant pour l’école ne peut pas se traduire que par des paroles flatteuses. Pour convaincre, il ne suffira pas de visiter toutes les académies... les mains vides. » Toutes envisagent des actions dès la semaine prochaine, sous forme d’assemblées générales ou de rassemblements, mercredi, devant les rectorats. Et déjà se profile l’idée d’une journée nationale d’action d’ici la mi-octobre.

Les questions

1. Y a-t-il suffisamment de profs pour assurer la rentrée ?

À coup sûr, selon le gouvernement. S’appuyant sur les courbes démographiques, le budget 2005 accorde 700 postes de professeurs des écoles au primaire, qui doit accueillir 45 000 élèves en plus. Soit 1 enseignant pour 65 élèves. Le secondaire, lui, dont les effectifs d’élèves chutent de 50 153, perd 5 500 postes. Sans compter ceux retranchés au titre du plan de retour à l’équilibre budgétaire lancé en 2003. Ça fait beaucoup, surtout si l’on considère que le budget 2006 ne redressera pas la barre, avec 3 000 postes supprimés. Alors que depuis deux ans, de nombreux établissements ont été contraints de regrouper des classes, de supprimer des options ou des heures de soutien faute de moyens, 2005-2006 promet les mêmes déboires. Hier, jour de rentrée des élèves, des enseignants étaient déjà en grève et des parents occupaient des écoles.

2. Pourquoi les emplois-vie scolaire ne satisfont-ils pas les organisations ?

Première chose à noter : si le ministre annonce la création de 45 000 emplois, 25 000 d’entre eux ne sont autres que d’anciens contrats emplois solidarité (CES) reconduits sous un nouveau statut. Reste donc seulement 20 000 nouveaux postes d’encadrement, très loin de parvenir à combler la suppression des postes d’aides éducateurs et de MI-SE (surveillants) survenue ces trois dernières années. Au total, le premier et le second degré auront perdu 30 000 personnels d’encadrement. De plus, si ces nouveaux emplois aidés remplissent, à l’identique, les missions des aides éducateurs occis (dont les précédents ministres avaient claironné l’inutilité), leur statut ainsi que leur qualification se précarisent. Les premiers étaient recrutés post-bac et bénéficiaient de contrats de cinq ans. Les seconds seront embauchés sans diplômes et leur contrat variera de six à vingt-quatre mois.

Notre conclusions

Depuis sa prise de fonction, Gilles de Robien s’attache à démontrer qu’il n’est pas du même tonneau que les pré- cédents ministres. Exit les cri-tiques acerbes et les témoi-gnages de fermeté, le temps semble au dialogue et à la coo- pé- - ration. Pourtant, le ministre n’a rien infléchi de la politique engagée depuis 2002. Les lignes budgétaires sont demeurées celles votées l’an dernier. Quant à la loi Fillon, sur laquelle il promettait, en juin, d’engager les débats, il n’y a point touché. Bref, en dehors de la création de 20 000 emplois précaires, Gilles de Robien n’a proposé aucune mesure nou- velle et suit, docile, les orien- tations dictées par ses pré- décesseurs.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • Analyse partielle de la "spécialiste" Education de l’Humanité :

    Elle a "oublié" de réfléchir sur les raisons qui ont poussé les directions syndicales de la FSU, UNSA, SGEN-CFDT, CGT-Education, tous "interlocuteurs raisonnables du gouvernement" adeptes d’un syndicalisme de proposition et ayant renié depuis longtemps la lutte des classes, à oublier de soutenir les lycéens dans leur lutte contre la loi Fillon.

    Les enseignants ne seraient-ils pas victimes de la loi Fillon ?

    Que la "colère" des grandes directions syndicales enseignantes se manifeste par queques fortes paroles devant les caméras et les micros, est une bien belle mascarade : les enseignants et les familles ont besoin que les directions syndicales fassent leur boulot : organiser la grève redonductible pour la défense du service public d’éducation.

    Ce vocabulaire est absent du journal l"Humanité, chacun comprendra pourquoi.

    • Et oublié de dire que ces mêmes syndicats n’ont pas soutenu non plus la lutte des emplois jeunes et pions en 2003 en refusant d’appeler à étendre la grève et en menant des campagnes de désinformation quant à cette grève qui dura 5 mois en corse, 3 mois à Nantes Toulouse et Rennes, 1 mois à Paris... Ils refusainet d’appeler les enseignants et autres personnels à rejondre ces jeunes gens en lutte, alors que la situation était mûre pour une grève générale dans l’Education : le preuve 3 mois après cette lutte qu’ils ont voulue isolée, la grève générale éclatait dans l’Education. ET après on se lame,nte sur le manque de renouvellement syndical ; Faudrait pas nous prendre pour des cons tout de même !!!!!!

      Tant que les syndicats majoritaires saucissonneront nos luttes, on sera les bons sandwichs de l’Etat et des patrons.

      "Voulez vous un p’tit cornichon ?"

      Précaire en colère

  • Tout à fait d’accord avec les intervenants précédents : les syndicats ne semblent plus en mesure ou pire, ne veulent plus défendre les personnels, quand cela est vraiment nécessaire, en cas d’agressions, d’insultes, d’abus de pouvoir de la part de l’administration : tout ceci est de plus en plus fréquent. Pas d’interlocuteur quand on les contacte, ou pas de réponse compétente sur les textes, comme si ceux-ci n’étaient pas important, ou pas de réponse du tout ! Pour les syndicats, il s’agit de réclamer moins d’"élitisme", plus de "pédagogie", des "heures de concertation", orientations décrétées souhaitées par les personnels(!), de lancer des "journées d’action" sans en informer les personnels, ou à la dernière minute, et surtout pas plus d’une journée ! Complètement à côté de la plaque !

  • "Se profile" une "journée d’action " à la mi-octobre ?
    Nooon, une journée entière, une semaine avant la Toussaint ?!! Quelle fougue !