Accueil > Propositions pour le programme du FSE
Nous nous sommes engagés lors de la réunion européenne de Saint-Denis à présenter à Bruxelles le 8 février un avant-projet d’architecture du programme du FSE. Si l’élaboration de la liste des thèmes précis devant être abordés ne pose pas de difficulté particulière, il n’en est pas de même de la structure globale du programme. Outre la nécessité de présenter quelque chose de différent de ce qui a été fait à Florence, la structure du programme renvoie à des choix et priorités politiques. Cela a été le cas à Florence avec le choix fait par les italiens, au vu de leur situation nationale, de faire de la guerre un des trois items structurant le programme.
La question qui se pose pour nous est donc de savoir sur quoi nous voulons mettre l’accent. Si nous considérons Florence comme le début d’un processus qui vise à affirmer la nécessité et la possibilité d’une autre Europe, nous devons faire en sorte que Paris/Saint-Denis permette d’effectuer une avancée significative sur ce point. Il faut donc que le programme reflète ce choix politique. C’est pourquoi il me semble qu’il devrait être structuré à partir de la question "Quelle Europe voulons-nous ?". Ce point de vue pourrait par exemple se décliner en plusieurs items structurants :
– Une Europe pour la paix et la solidarité. Cet item pourrait regrouper les questions relatives à la guerre, aux rapports Nord/Sud, l’élargissement à l’est, à la place de l’Europe dans les institutions internationales, au rapport à l’hégémonie américaineŠ
– Une Europe démocratique pour les droits des peuples et des citoyens. Cet item pourrait regrouper les questions des services publics, de la Convention, des discriminations (genreŠ), des droits dans l’entreprise (droits sociaux des salariés) et dans la société (droit à la santé, droit à l’éducation, droit à l’informationŠ), de l’exercice de la démocratieŠ
– Une Europe pour le développement durable solidaire. Cet item pourrait traiter les questions de politique économique, de l’objectif d’un plein emploi de qualité, d’écologieŠ
L’intérêt de ce type de présentation est qu’il pousse à ne pas se contenter de la critique, plus que jamais nécessaire, mais aussi à discuter des alternatives et donc de positionner le FSE comme étant le lieu central où elles se construisent. Cela nous permet ainsi de répondre par avance à ceux qui nous attaquent sur le mode "vous ne proposez rienŠ".
Une fois les grands axes thématiques définis, il nous faut réfléchir au déroulement
précis du FSE. Florence avait globalement repris l’organisation du FSM 2002 (conférences, séminaires, ateliers) avec en fin d’après-midi diverses "fenêtres", le tout se déroulant sur trois jours utiles, ce qui sera aussi le cas à Paris/Saint-Denis. Cette structuration paraît opérationnelle à condition de préciser la fonction de ces moments. Les ateliers, qui ne sont pas sous la responsabilité du FSE, sont simplement des espaces fournis aux organisations qui le désirent. Les conférences, censées être des plénières organisées autour des grands axes thématiques, doivent être l’_expression de l’image politique du FSE. Elles doivent donc avant tout refléter les équilibres recherchés (nationalités, politiquesŠ).
Comme cela est indiqué dans le texte de la convocation pour les groupes de travail, les
séminaires avaient trois fonctions à Florence : "approfondissement des thèmes des conférences, favoriser la mise en place de réseaux européens, organiser la tenue de campagnes de mobilisation sociale." Il nous faut garder pour Paris/Saint-Denis ce lien entre la construction de convergences entre mouvements, le débat sur le fond et la mise en place d’un calendrier de mobilisation européenne. Cela suppose de pousser très fortement les organisations voulant organiser des séminaires sur des thèmes similaires à le faire ensemble, chose qui n’a été réalisée qu’imparfaitement à Florence. L’objectif des séminaires n’est pas de faire apparaître tel ou tel mouvement mais de faire en sorte que des organisations n’ayant pas l’habitude de travailler ou de discuter ensemble soient amenées à le faire (d’où par ailleurs l’importance de la traduction). Les séminaires doivent être les lieux où se créent les conditions de convergence permettant la poursuite d’un travail en commun après le FSE.
Reste à traiter les fenêtres de fin d’après-midi. Deux types d’espace (au moins)
semblent obligatoires : les espaces de dialogue et les ouvertures sur le monde. Les moments de dialogue, mouvements/partis, mouvements/syndicats, ont été à Florence très insatisfaisants. Au-delà d’une mauvaise maîtrise des débats, une des raisons en est sans doute le caractère très général des problématiques abordées. Il nous faut donc réfléchir aux sujets précis que nous voulons voir traités à cette occasion afin de construire des débats mieux cernés.
Enfin, il faut prévoir un moment pour tenir une "Assemblée générale des mouvements
sociaux" qui permette d’acter un certain nombre de décisions prises notamment lors des séminaires, ce que le FSE en tant que tel ne peut faire.
Amicalement
Pierre Khalfa