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Qu’attendons-nous en Afghanistan ?
Publie le dimanche 24 septembre 2006 par Open-Publishing4 commentaires

de Alberto Burgio traduit de l’italien par karl&rosa
Si nous cherchions la polémique, nous dirions que le gouvernement ne fait vraiment pas grand chose pour rassurer le peuple sur la paix. Mais nous avons horreur des querelles inutiles. La situation est tellement dramatique que ce qui compte - plutôt que de se disputer - est de prendre les décisions justes.
Les seules décisions cohérentes avec les évaluations des gouvernements eux-mêmes. "La situation est même plus difficile que celle que nous attendions", a dit avant-hier le ministre britannique de la défense, Des Browne. Notre ministre des Affaires étrangères avait été encore plus explicite, en parlant d’ "échec".
Si ce n’était pas clair, nous sommes en train de parler de l’Afghanistan. Comme s’en souviennent les lecteurs de Il Manifesto, en juillet dernier la question du refinancement de la mission militaire à Kaboul fut la matière d’une âpre confrontation au sein de l’Unione [le rassemblement de centre-gauche avec, à sa tête, Romano Prodi, NdT].
Finalement, le gouvernement obtint le feu vert non seulement parce qu’il fit recours au vote de confiance, mais aussi parce qu’il prit solennellement quelques engagements. Il promit que les règles d’engagement n’auraient pas été modifiées, que le contingent italien n’aurait pas été accru, que nos soldats n’auraient pas franchi les frontières de la zone de compétence du Commandement régional Ouest (les provinces de Herat et de Farah) et qu’un comité parlementaire de surveillance aurait veillé à la conformité de l’action de nos troupes aux fins pacifiques d’une mission ayant pour but de soutenir la reconstruction et la « transition démocratique » du pays. Maintenant, après deux mois de nouvelles de plus en plus alarmantes de l’Afghanistan, il faut essayer de tracer un bilan.
Commençons justement par l’état des choses sur le terrain. Cet été, tandis que la culture du pavot atteignait des niveaux record, correspondant à 92% de la production mondiale d’héroïne, la guerre, d’abord cantonnée dans la région de Kandahar, a déferlé vers le Nord-Ouest, en entraînant les provinces de Helmand (sous contrôle anglais) et de Farah (sous contrôle italien). Par miracle, le 8 septembre dernier, personne n’a été tué dans une embuscade tendue aux militaires italiens du Comsubin (les troupes d’incursion navale de la Marine). Dans l’alternance entre les attaques de la guérilla et les représailles de l’Isaf, des bombardements aériens lourds et des offensives terrestres massives contre des villes et des villages se sont succédés.
Les massacres de civils sont à l’ordre du jour. Le commandant de la mission, le général britannique David Richards, a mis les mains en avant, en déclarant que dans une guerre comme celle-ci « il est parfois impossible d’éviter des pertes parmi les civils ». Très raisonnable. Nous espérons qu’il l’expliquera aussi à ses soldats qui - comme l’a documenté justement hier peacereporter - ont le vice de mettre des fusils à côté des cadavres quand ils s’aperçoivent avoir massacré des gens sans défense.
Dans cette situation, qu’en est-il des règles d’engagement ? Encore Richards : étant donné le niveau de danger, elles sont désormais « les plus dures jamais établies par l’OTAN » et telles qu’elles permettent « des actions militaires préventives ».
Ont-elles changé ou non ? D’ailleurs, comment le contraire aurait-il été possible, si même nos services de renseignement parlent sans y aller par quatre chemins d’ « irakisation » de la guerre afghane ? Et qu’en est-il du nombre de militaires italiens dans l’Isaf ? Ils étaient en juillet 1350, maintenant ils sont 1938. Ont-ils augmenté ou non ? Nous connaissons la réponse : ils sont toujours moins que les 2400 employés dans le passé par le gouvernement Berlusconi.
Que le lecteur juge de la qualité de cet argument. Quant à la zone d’affectation des troupes, il suffit de considérer que depuis le 6 août les troupes italiennes font partie du « Commandement régional de la capitale », compétent sur 87% du territoire afghan. Enfin, en ce qui concerne le comité de surveillance, présenté comme l’emblème de la « discontinuité » on n’en a même pas vu l’ombre.
Voila la situation. Nous nous demandons ce qui devrait se passer d’autre, à ce point-là, pour que le gouvernement reconnaisse enfin la nécessité de procéder en Afghanistan comme en Irak, en retirant au plus tôt nos soldats. D’autant plus qu’entre-temps nous avons assumé l’engagement de l’interposition au Liban, dont la crédibilité ne profite certainement pas du fait qu’ailleurs l’Italie continue à faire la guerre. De toute façon, une chose est certaine. La discussion sur la mission Isaf doit se rouvrir au plus tôt, voire toute de suite. Pour éviter qu’avec l’urgence des décisions les différences s’exaspèrent, en risquant d’empêcher l’écoute réciproque.
Messages
1. > Qu’attendons-nous en Afghanistan ?, 24 septembre 2006, 21:21
Au fait, y-a-t-il quelqu’un en France pour s’inquiéter de ce que peut bien faire l’armée française en Afghanistan (d’abord sous commandement US, ce qui est un peu inquiétant, puis dans le cadre de l’OTAN) ? Secret défense ?
2. > Qu’attendons-nous en Afghanistan ?, 24 septembre 2006, 22:34
A noter que très peu d’informations filtrent de l’Afghanistan...L’OTAN y méne probablement le même genre de guerre qu’en Yougoslavie avec ses armes de destruction massives...
1. > Qu’attendons-nous en Afghanistan ?, 25 septembre 2006, 06:12
ce qu’on nous cache surtout c’est le fait que la coalition de l’OTAN est en train de prendre une râclée gigantesque et que l’OTAN a beaucoup de mal à recruter de nouvelles troupes. Ce qu’on nous cache c’est la situation réelle en Afghanistan, la manère dont les aides occidentales ont été raflées, n’ont pas bénéficié à la population, l’insurrection populaire et pas seulement "talibane"...
DB
3. > Qu’attendons-nous en Afghanistan ?, 25 septembre 2006, 15:14
Dans tous les cas, il est clair que ce n’est pas avec Sarko le bushiste libéral communautariste, qui souhaite jeter aux orties notre indépenance internationale, qu’on pourra espérer mieux de ce côté !
Ségo non plus ne me dit rien qui vaille. Elle a vite été chercher l’adoubement officiel auprès de Barroso à Bruxelles il y a quelques semaines, et a déjà fait connaître son anglo philie (plutôt blairo philie...), ce qui ne me rassure guère...
Bon courage !
Benji
www.levraidebat.com