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Qu’est-il advenu de la "classe capitaliste" ?

Publie le mercredi 24 mai 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Qu’est-il advenu de la "classe capitaliste" ? par Alain BHIR et Jean-Marie HEINRICH

Extrait issu de "La néo-social-démocratie ou le capitalisme autogéré" p 89 Ed L e Sycomore 1979

Et d’abord pourquoi parler de "classe capitaliste" plutôt que de bourgeoisie ? Le changement même de terme est significatif des transformations qui ont affecté la classe dominante. Le terme traditionnel de bourgeoisie désignait, au sein du capitalisme concurrentiel, la classe des propriétaires de capitaux singuliers (industriels, commerciaux, bancaires). Avec le passage au cpitalisme monopoliste, la transformation des rapports des capitaux singuliers entre eux et avec le capital général (le capital comme rapport social) va entrainer une modification de la composition de la classe dominante. En effet, avec la constitution des monopoles et le rôle important qu’est amené à jouer l’Etat dans le processus de leur reproduction (dans l’"animation" et la "régulation" de l’activité économique) :

 au niveau des capitaux singuliers, c’est moins les rapports de propriété (la propriété juridique du capital, de plus en plus largement éparpillée) que les rapports de possession (le pouvoir de décision sur l’orientation et l’organisation de l’ensemble du procés de travail) qui comptent ;

 au niveau global, la prévalence du capital général (le capital comme rapport social) sur les capitaux singuliers (le capital réifié) et même sur les capitaux particuliers (les différentes formes de capital général) - ce que traduit le rôle prépondérant que joue l’Etat dans le processus de production - implique qu’une part importante des gestionnaires d’Etat occupent une position clef dans le processus de décision, tant au sein des grands "groupes économiques" liés à l’Etat qu’au niveau des appareils d’ Etat assurant la gestion globale de l’économie nationale.

Dans ces conditions, la classe dominante regroupera en plus des derniers "capitaines" de l’industrie et de la banque (généralement héritiers de quelques-unes des familles de la grande bourgeoisie d’autrefois), l’ensemble des technocrates gérant la "machine" économique, c’est-à-dire possédant un réel pouvoir de décision, sur l’orientation et l’organisation du processus de production - et ce, bien que le rapport de ces décideurs (un P.-D.G, un directeur commercial,etc.) au capital et à l’Etat prenne la forme (plus mystificatrice que jamais dans ce cas) du salariat.

Cette précision étant apportée, il convient de noter que la classe capitaliste ainsi définie a elle-même subi un double processus de transformation au cours de la période écoulée : elle s’est à la fois concentrée (en rapport avec le processus de concentration et de centralisation du capital) et internationalisée (en rapport avec le processus d’internationalisation des rapports capitalistes de production eux-mêmes). Notons enfin que la persistance et même la renaissance incessante du capital non monopoliste sous la domination du capital monopoliste induit des diférences importantes, varie des contradictions, au sein de la classe dominante (1).

1 Voir N. POULANTZAS : Les classes sociales dans le capitalisme aujoud’hui (Paris Le Seuil, 1974) notamment l’essai : "Les bourgeoisies : leurs contradictions et leur rapports à l’Etat".

Messages

  • Dans ces conditions, la classe dominante regroupera en plus des derniers "capitaines" de l’industrie et de la banque (généralement héritiers de quelques-unes des familles de la grande bourgeoisie d’autrefois), l’ensemble des technocrates gérant la "machine" économique, c’est-à-dire possédant un réel pouvoir de décision, sur l’orientation et l’organisation du processus de production - et ce, bien que le rapport de ces décideurs (un P.-D.G, un directeur commercial,etc.) au capital et à l’Etat prenne la forme (plus mystificatrice que jamais dans ce cas) du salariat.

    Oui c’est celà....
    Je pense d’ailleurs que ce qui est très interessant pour savoir comment se constitue cette classe c’est de regarder les endroits où elle tourne en vase clos et se choisit :
    Les clubs internationaux comme le club de Bilderberg, la Commission trilaterale, Davos, ou le petit dernier, dont je ne me souviens plus du nom...

    Dans ces clubs on trouve la composition , l’assemblage de politiques, futurs ou actuels dirigeants d’état, des patrons de presse et de médias , des banquiers (beaucoup), des industriels....

    La composition de ces clubs dessine beaucoup ce qu’est maintenant la bourgeoisie.
    Egalement, le referendum européen du 29 Mai l’avait fait émerger d’une façon surprenante et très visible au travers de ses représentations politiques et médiatiques , par le camp du OUI.

    Copas

    • Les salariés ne s’affrontent pas seulement à la Grande bourgeoisie (les riches parmi les riches ) ou à la bourgeoisie monopoliste mais aussi et sur des modalités variables à la bourgeoisie financière, à la bourgeoisie industrielle, à la bourgeoisie bancaire, à la bourgeoisie commerciale (de grande et moyenne distribution marchande), sans parler des affrontements idéologiques et politiques avec la petite bourgeoisie indépendante (sans salariés) tel que les petits commerçants ou les artisans ou les professions libérales ainsi qu’avec la haute fonction publique (la technocratie évoquée par les auteurs)

      sur les indépendants :
      http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=46244
      avec les compléments qui précisent.