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Quand Lyon 1 s’allie à Microsoft

Publie le lundi 3 décembre 2007 par Open-Publishing

de Alice GERAUD

En plein débat sur la loi Pécresse, l’Université Lyon 1 vient de signer un accord de partenariat avec Microsoft, sans que personne ne s’en émeuve. Pionnière des relations privilégiées entre Enseignement supérieur et secteur privé, Lyon 1 a créé la première fondation française pour récolter des fonds. Comme elle avait, il y a dix-sept, fait travailler laboratoires et industriels

Alors que plusieurs dizaines de campus étaient encore bloqués par les étudiants opposés à la loi LRU, cette semaine, l’université Claude Bernard-Lyon 1 a signé sans remous un partenariat de trois ans avec le géant de l’informatique Microsoft. "Nous n’avons pas attendu la loi Pécresse pour nous intéresser au milieu de l’entreprise", s’est félicité son président, Lionel Collet, en serrant la main d’Eric Boustouller, président de Microsoft France. De fait, Lyon 1, l’une des cinq plus grandes universités françaises, n’a pas seulement devancé la loi LRU. Elle l’a directement inspirée. Du moins sur la possibilité de récolter des fonds privés via des fondations.

Lyon 1 a créé la sienne en avril dernier, une première en France. Six mois plus tard, cette fondation récolte ses premiers fonds de Microsoft : 180 000 euros sur trois ans, destinés pour un tiers à des bourses d’étudiants, pour le reste à des solutions informatiques et à des formations. Curieusement, en pleine contestation sur la réforme des universités, l’arrivée de Microsoft est passée comme une lettre à la poste. Le conseil d’administration de Lyon 1 a en effet validé la charte de la fondation d’entreprise à l’unanimité moins deux abstentions, celles des deux représentants de l’Unef. "Il y a tout de même du positif dans cet accord, par exemple en ce qui concerne les bourses", explique Emmanuel Guécif, responsable du syndicat étudiant à Lyon 1, avant de tempérer : "Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’inquiétudes."

Selon lui, le principal danger de ce partenariat tient à la tendance hégémonique de la firme américaine : "Même s’il n’y a pas d’exclusivité, à partir du moment où les étudiants sont formés sous Microsoft et utilisent des supports en ligne Microsoft, ils risquent de ne plus savoir se servir d’autre chose." Gérard Posa, le directeur de la fondation d’entreprises de Lyon 1, se veut, lui, rassurant : "Nous conservons notre liberté. Tout le monde pourra continuer à utiliser les logiciels qu’il souhaite", promet-il.

Cet accord de partenariat n’est qu’une nouvelle étape d’un mouvement initié voici dix-sept ans. En 1990, Lyon 1 a en effet créé une filiale privée, Ezus, chargée de faire travailler les laboratoires de l’université avec les entreprises industrielles dans le domaine exclusif de la recherche. Le système est bien rodé. Et surtout très rentable pour l’université. Ezus affiche aujourd’hui le coquet chiffre d’affaires annuel de 13 millions d’euros.

Après Microsoft, Lyon 1 s’apprête d’ailleurs à négocier avec d’autres grands groupes internationaux mais aussi avec des structures comme le Medef, la CGPME et des pôles de compétivité. Une frénésie qui inquiète tout de même certains chercheurs. "Il y a une volonté de cette université de griller les étapes pour tendre vers le modèle que veut nous vendre le gouvernement, constate Olivier Gandrillon, chercheur en biologie moléculaire à Lyon 1 et membre du collectif Sauvons la recherche. Pendant que Lyon 1 signe des partenariats avec des entreprises comme Microsoft, qui voudra donner des fonds aux plus petites universités ?"

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