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Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg)
Publie le jeudi 23 avril 2009 par Open-Publishing7 commentaires
mardi 21 avril 2009
Militante du NPA à Metz, Catherine Stotzky porte plainte après avoir été blessée par la police lors de la manifestation anti-Otan à Strasbourg, le 4 avril dernier. Récit.
Je suis allée à la manifestation à Strasbourg avec un bus (unitaire), qui partait de Metz. On a eu bien du mal à rejoindre le défilé, car il y avait des flics partout. On est arrivé quand la manifestation démarrait, sous des jets de grenades lacrymogènes. J’ai tout de suite senti une ambiance inhabituelle, très tendue, alors je me suis empressée de rejoindre le cortège du NPA, où je me sentais plus en sécurité.
Ensuite, on a été coincé dans une rue, avec des barrages de CRS qui nous bloquaient la route devant et derrière. C’était un peu angoissant, mais il y avait du soleil, on s’est assis par terre. Juste à côté, les gars du black-bloc pétaient tout, parfois sous les huées des manifestants. Un hélicoptère tournait en rond au-dessus de nous, c’était vraiment une drôle d’ambiance ! Au bout d’un moment, on a été soulagé d’apprendre qu’on pouvait repartir. Je suis restée dans le cortège NPA, et on a longé un cordon de CRS. Beaucoup de manifestants avaient les mains en l’air. Et c’est là que, brusquement, les CRS, à quelques mètres de nous, ont tiré des grenades lacrymogènes en direction de notre cortège, pourtant clairement identifié, avec banderole, autocollants, et Besancenot en tête. J’ai senti un choc et une douleur très vive, à mon mollet. J’ai vu que j’étais blessée, je l’ai dit aux camarades à côté de moi, et ils m’ont aidée à rejoindre la camionnette du NPA. Là, j’ai été super bien accueillie, réconfortée, et un infirmier puis une médecin sont venus me donner les premiers soins. J’étais très choquée, j’avais mal et peur, d’autant qu’on ne pouvait pas quitter la manifestation.
Un peu plus tard, deux camarades m’ont amenée jusqu’à un cordon de CRS qui avaient l’air un peu plus humains (on voyait leur visage !) et ils nous ont laissé partir. Les camarades m’ont portée (les pauvres) jusqu’au bus, et j’ai pu rentrer à Metz. Arrivée à Metz, on m’a emmenée aux urgences, et le médecin m’a dit qu’il n’était pas possible de poser des points de suture (la plaie étant trop large) et que j’aurais sans doute besoin d’une greffe de peau, mais qu’il fallait que je sois examinée par un spécialiste sous 48 heures. Donc, le lundi, je suis allée au service des brûlés ; mais comme j’avais aussi un énorme hématome (partant sous la cheville et allant jusqu’au-dessus du genou), il n’a pas été possible de poser un diagnostic pour la plaie. A présent, j’ai des soins infirmiers tous les jours. Il faut voir comment la plaie évolue… si la peau arrive à se reconstituer ou s’il faudra une greffe. Les médecins ne peuvent pas se prononcer pour l’instant.
Je me déplace difficilement et je suis en arrêt maladie. Mais j’ai surtout une grande colère, d’avoir été la victime d’une telle agression : les CRS nous ont attaqués gratuitement, alors qu’il était impossible de nous confondre avec ceux du black-bloc. Les conséquences auraient pu être tragiques : que se serait-il passé si cette grenade avait heurté ma tête et non pas ma jambe ? Et ma colère décuple quand j’entends Sarkozy et sa ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, se féliciter (« tout s’est bien passé ») et dire que les forces de l’ordre ont été exemplaires. Au-delà de la désinformation, je comprends ça comme un message, lourd de menaces, adressé aux manifestants, à ceux qui auraient la velléité de s’opposer au monde tel qu’il va.
J’ai pris conseil auprès d’un avocat, et j’ai écrit au procureur de Strasbourg pour porter plainte pour « violences volontaires aggravées par les circonstances qu’elles ont été commises par une personne dépositaire de l’autorité publique et avec usage d’une arme ». Il faut à présent que le procureur accepte ou non d’enregistrer la plainte, mais avec un arrêt de travail de 37 jours, et une ITT de quinze jours, j’espère que cela sera pris au sérieux ! Sans compter que ça sera prolongé en cas de greffe de peau, ce qui, d’après mon avocat, pourrait être considéré comme une mutilation, un délit encore plus grave.
Je suis aussi en liaison avec le Mouvement de la paix, qui tente de coordonner, avec le collectif Otan-Afghanistan ; ils réfléchissent à une plainte collective, pour l’ensemble des problèmes de répression du contre-sommet, avec constitution de partie civile.
Après, je ne me fais pas beaucoup d’illusions sur l’issue du procès, s’il y en a un… Mais, au moins, ça serait l’occasion de parler publiquement des violences policières qui ont eu lieu à cette manifestation, et d’alerter sur les menaces qui pèsent sur le droit démocratique de manifester.
Catherine Stotzky
Messages
1. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 23 avril 2009, 12:21
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices), a été saisie d’une enquête après que des images ont montré des policiers lançant des projectiles sur des manifestants en marge du sommet de l’Otan à Strasbourg le 4 avril, indique une dépêche de l’AFP datée de lundi soir, citant une information donnée par la Direction générale de la police nationale.-
Ces images vidéo montrent des policiers lancer depuis un talus des projectiles de nature indéterminée qu’on les voit ramasser au sol, sur des manifestants défilant en contrebas de leur position-.
http://www.dna.fr/une/2397619.html
2. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 23 avril 2009, 15:31, par pilhaouer
Pour qu’un procureur ne puisse classer une plainte, il est impératif de se porter partie civile !
Un avocat motivé est indispensable.
antirep-strasbourg@effraie.org
legal team (Strasbourg)
33 (0)3 68 46 02 62
1. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 23 avril 2009, 16:39
Un avocat n’est pas obligatoire pour une plainte avec constitution de partie civile. En revanche, le dépôt d’une consignation risque d’être exigé.
2. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 24 avril 2009, 11:03
En cas de plainte avec constitution de partie civile : Il est souhaitable que la plainte soit déposée entre les mains du doyen des juges par un avocat.
La plainte doit être déposée contre X.
3. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 23 avril 2009, 21:19, par jean 1
Très peiné peiné pour toi J’espère que tu te rétabliras rapidement.Honte à cette police assassine à la solde d’ une bande de sinistres ministres marionnettes de la finance et du grand patronat.Un bémol pourtant ; le NPA ,les blacks blocs ,les bons,les mauvais,Trostky,Makno.Arretons,union et solidarité dans l’action.
1. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 23 avril 2009, 23:29, par COKE STAR
Requinque-toi vite car comme tu peux t’en douter, le pouvoir bourgeois et ses supplétifs de la "justice" vont t’en faire voir de toutes les couleurs ! Tu vas avoir besoin de tout le monde pour ton marathon judiciaire. Par contre, comme Jean le déplore ci-dessus, ne sombre pas dans le "ce n’est pas dans les gentils du NPA qu’il fallait tirer mais dans les méchants Black Blocks…". C’est contre-productif au possible, d’autant que ce sont les seuls à faire chier dans son froc le pouvoir, comme quand en 1986 on a ruiné les beaux quartiers pour faire sombrer la réforme Devaquet !
2. Quand des CRS tirent sur une manif ... (OTAN Strasbourg), 24 avril 2009, 09:05, par cédric
Le NPA appelle à la libération des manifestants arretés lors du sommet de l’OTAN y compris bien sur ceux issus du black block. Nouys appelons à leur libération et à agir contre la répression et la justice de classe qui visent de plus en plus toute forme d’action socilae, et ce malgré les divergences que nous pouvons avoir sur leur mode d’action et les risques qu’ils ont fait courir au reste de la manif (le coup de la barricade de palettes et des wagons au milieu de la voie me reste un peut en travers de la gorge...).
La critique et les divergences n’empêchent pas l’unité d’action et la solidarité entre militants. Nous ne nous trompons pas d’ennemis.
Cédric, NPA
« Après les manifestations de Strasbourg, non à la justice du bouc émissaire
Communiqué du NPA
Non à la justice du bouc émissaire, libération immédiate des 11 manifestants anti-OTAN détenus à Strasbourg !
Un mois après la manifestation anti OTAN de Strasbourg, l’Etat entend régler ses comptes avec une partie du mouvement anti-guerre les 5 et 12 mai prochains.
Après avoir distribué des peines particulièrement lourdes - 3 à 6 mois fermes - à l’occasion des comparutions immédiates du 7 avril, la justice s’acharne sur quelques manifestants pris au hasard des contrôles, dont elle voudrait faire des boucs émissaires.
Cette mascarade judiciaire a pour but essentiel d’instaurer la division au sein des opposants à l’OTAN, de dresser un rideau de fumée sur l’écrasante responsabilité du gouvernement dans les violences bien réelles qu’ont subies des milliers de manifestants délibérément agressés par la police. A l’heure où de nombreux témoignages viennent contredire les versions policières des événements (complaisamment étalées dans certains médias), alors que des pétitions de strasbourgeois révoltés par l’attitude des autorités circulent, et que des habitants du quartier du Port du Rhin « pris en otage, sacrifiés OTAN » manifestent leur colère, seule la constitution d’une commission d’enquête véritablement indépendante permettrait de faire toute la lumière sur la gestion gouvernementale du contre sommet.
Il est de la responsabilité de toutes les organisations ayant appelé à la manifestation du 4 avril d’exiger dans l’unité, la libération immédiate de toutes les personnes détenues dans le cadre des événements liés à la tenue du 60ème anniversaire de l’OTAN, l’arrêt des procédures judiciaires en cours, et la prise en compte des exigences sociales et financières exprimées par les habitants de Strasbourg. »
Montreuil, le 23 avril 2009