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Quand « ils » sèment la misère, « ils » récoltent la colère...

Publie le vendredi 11 novembre 2005 par Open-Publishing
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Quand un slogan qui fuse des cortèges contestataires du Mouvement social devient réalité, nous sommes alors en droit de considérer que la conscience des individus rejoint la conscience collective de la nécessité de changer de société ! Cette conscience en mouvement transcende toutes les récriminations qui émanent d’un pouvoir aux abois.

Une situation sociale délabrée...

Les habitants et les habitantes des banlieues françaises, souvent issus de l’immigration, souffrent du chômage massif et de la précarité. Ils n’ont cessé de voir leur situation empirer et se sont résignés à subir la vie au rabais que leur imposent les étatistes et les capitalistes réunis dans un même élan d’inhumanité...
Des dirigeants qui ne leur « offrent » que le désoeuvrement au pied des immeubles et des contrôles de police stupides et humiliants.
Aussi, personne ne peut réellement s’étonner quand les morts de Bouna et de Ziad deviennent le révélateur objectif du mépris et des agressions dont sont victimes les jeunes des quartiers populaires, et qu’à partir de tels événements se déclenche en cascade des violences d’ampleur nationale.
Nous ne prônons pas la violence pour la violence ! Nous ne considérons pas, bien évidemment, les incendies de voitures, ni ceux de bâtiments publics, comme des solutions alternatives au mal vivre des banlieues... Mais nous ne prônons plus pas, la résignation !
Qu’exigent ces jeunes sinon plus de justice ?
Ils désirent tout simplement être reconnus et considérés.
Quand les gouvernants et les nantis leur refusent la dignité et l’humanité qu’ils revendiquent, ils ne peuvent s’étonner, sauf à être de foutus hypocrites, de récolter la haine qu’eux-mêmes ont semée.
Concrètement, les revendications légitimes :
 des emplois stables,
 des salaires décents et des conditions de travail acceptables,
 des logements convenables,
 la possibilité d’accès aux loisirs, à la culture et aux divers services sociaux,
 une école réellement égalitaire et émancipatrice,
 la fin du quadrillage policier, incessant et contre-productif,
auraient dû rencontrer au moins de la compréhension, au mieux de la solidarité.
C’est au contraire à l’agressivité et à l’arrogance policières que les populations des banlieues et des quartiers pauvres se trouvent le plus souvent confrontées !
Des contrôles systématiques, des violences policières impunies, voilà le lot quotidien des habitants et habitantes des ghettos du libéralisme avancé.
Aussi, quand Nicolas Sarkozy couvre ses hommes, quand il emploie une rhétorique guerrière, aux relents coloniaux et racistes, « racaille », « nettoyage des cités au karcher » etc..., nous ne pouvons nous étonner que les réponses des jeunes des quartiers se traduisent par de la violence.
Face à l’absence de communication, face au mépris affiché des dirigeants, il nous parait difficile de considérer cette violence comme autre chose qu’une révolte légitime, conséquence de l’exclusion et des dégâts sociaux générés par cette société de classes. Une société qui s’emploie par-dessus tout à organiser la misère dans une ère d’abondance.

Violences urbaines et violences sociales...

Aussi il ne faut pas s’étonner de l’explosion sociale qui a embrasé un nombre important de quartiers populaires.
La colère contenue depuis quelques années est le résultat des politiques sécuritaires mises en place par les gouvernements successifs (LSQ, LSI, Lois Sarkozy et Perben...), des discours racistes et de l’entêtement des dirigeants à considérer les habitants et habitantes des banlieues comme des êtres à la marge !
Les discriminations à l’embauche, l’absence de perspective de vie sociale et d’accès à la culture, renvoient la vie des habitants et habitantes de ces quartiers à rien d’autre que de la survie.
Et à cela s’ajoute la politique belliciste de contrôles, de rafles, et d’exclusions qui frappent sauvagement tous les sans papiers, adultes et/ou jeunes « scolarisés ».
Le libéralisme, dans une période d’arrogance patronale sans limite, renforce la politique de démolition sociale engagée depuis quelques décennies.
Une politique qui tend à étouffer toute contestation sociale et qui laisse sans perspective d’émancipation une population isolée, reléguée dans les banlieues.

L’Etat propose-t-il la guerre civile ?

Dans un tel contexte, nous ne pouvons déconnecter la violence des événements récents de la violence sociale subie par les jeunes qui se révoltent.
Le décès d’un habitant frappé à mort nous révolte.
L’attaque d’un bus rempli de voyageurs, entraînant de graves blessures pour une passagère, une violence parfois aveugle ou irrationnelle, ne peut nous satisfaire. Pas plus que les violences policières dont sont victimes les jeunes réprimés, en lien ou non avec les émeutes...
Le couvre-feu, l’état d’urgence et toutes les mobilisations guerrières ne font qu’attiser les ressentiments des populations concernées.

Chercher l’unité plutôt que la dispersion...

Emeutiers ou victimes des émeutes, ce qui réunit la population des quartiers c’est la misère sociale qui alimente la violence au sein même des classes populaires. Et cette misère sociale n’a rien d’un hasard. Elle est le fruit d’un système, le capitalisme. Elle s’appuie sur l’Etat dont l’objectif est d’empêcher toute révolte en divisant la population sur des critères de nationalité, de couleur de peau, entre « bons » et « mauvais » citoyens.
Quand les pauvres s’entre-déchirent, les riches et le pouvoir dorment tranquilles !

Dénonçons :
le racisme institutionnel...
• les violences policières, l’arbitraire et l’impunité des agents de l’Etat...
• l’état d’urgence qui s’attaque encore un peu plus aux libertés, en ressuscitant une loi d’exception liée à la guerre d’Algérie, dans une continuité postcoloniale pleine de signification.

Exprimons :
• notre solidarité aux victimes de la répression, qu’elles soient ou non émeutières comme aux victimes touchées par une émeute dont l’Etat et le capitalisme sont les responsables...
• notre rejet de toutes les tentatives de division au sein des quartiers, d’où qu’elles viennent...
• notre refus des amalgames entre ceux qui se révoltent et ceux qui tentent de les récupérer (mafieux ou religieux).
C’est à ces conditions que les perspectives émancipatrices pourront prendre le pas sur les replis communautaires, les replis nationalistes, afin de s’engager résolument dans des bouleversements en profondeur de cette société d’exclusion, inégalitaire, inhumaine.

Coordination des Groupes Anarchistes
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