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Quand la France prive l’Afrique de médecins
Publie le mardi 25 mars 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Quand la France prive l’Afrique de médecins
Abbie Trayler-Smith
Au Malawi, Miriam Chisizwa, infirmière, doit, faute de médecin, en tenir lieu. : Abbie Trayler-Smith
Ils sont des milliers à exercer dans l’Hexagone, alors que leurs pays manquent de docteurs. L’ONG Oxfam France-Agir ici s’attaque à ce non-sens.
Fière des « french doctors » de Médecins sans frontières ou de Médecins du Monde, la France oublie que les « african doctors » sont bien plus nombreux aujourd’hui à venir soigner les Français ! À cause de la pénurie - bien relative - qui frappe nos hôpitaux et nos campagnes et du désir de ces médecins de mieux vivre, selon la double justification habituelle. En réalité, le phénomène, observé dans les pays riches depuis vingt-cinq ans, est organisé. En témoigne l’ONG Oxfam France - Agir ici, qui en a fait un cheval de bataille (1).
Une saignée organisée
La France est le 3e pays au monde à attirer ainsi - en les sous-payant - des médecins des pays pauvres, derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne. Selon l’OCDE, l’organisation des pays industrialisés, « 18 000 médecins exerçant en France, soit 6 % des effectifs totaux, ont été formés hors de l’Union européenne », indique Jean-Denis Crola, qui pilote l’action d’Oxfam France - Agir ici. En vingt-cinq ans, la part des professionnels de santé (médecins, infirmières, etc.) formés à l’étranger a été multipliée par six. C’est ainsi que l’Île-de-France compte aujourd’hui plus de médecins béninois que le Bénin...
Rembourser le pays d’origine
La principale proposition d’Oxfam France - Agir ici est donc de compenser le coût supporté indûment par les pays africains. « L’Afrique perd ainsi quelque 500 millions d’euros par an sans compter les coûts indirects : ces cerveaux qui s’en vont pourraient développer leur pays ». La France doit aussi augmenter le secteur santé de son aide au développement : elle est en dessous de la moyenne (7 %, contre 11 % dans les autres pays riches). Pour l’ONG, il n’est donc pas question, bien sûr, de fermer les frontières aux médecins africains. Elle ne table guère, par ailleurs, sur les chartes ou codes « éthiques » non contraignants, qui ont montré leur inefficacité en Grande-Bretagne. Simplement, la France doit d’abord payer son dû puis aider à la hauteur des autres.
Pour faire quoi ? « Il faut investir massivement dans les systèmes de santé (en Afrique), dans le fonctionnement, les coûts salariaux ; la France refuse aujourd’hui de le faire, elle préfère construire un hôpital que d’aider à le faire fonctionner... » C’est pourtant la seule façon de retenir des médecins aujourd’hui mal payés, mal équipés, soumis aux risques sanitaires : « À cause du sida, l’Afrique va sans doute perdre 20 % de ses personnels soignants au cours des prochaines années. »
Michel ROUGER.
(1) www.oxfamfrance.org (Action : « Immigration : qui choisit ? »).
Messages
1. Quand la France prive l’Afrique de médecins, 25 mars 2008, 17:53
Et les cubains, comment font-ils pour avoir assez de toubibs chez eux et d’en envoyer le double à l’extérieur ?
CN46400
2. Quand la France prive l’Afrique de médecins, 25 mars 2008, 20:05
Les Cubains fonctionnent selon une autre logique. Devinez laquelle. En
France où règne la logique du "Marché" -si on peut appeler ça logique - on emploie des mèdecins libanais, syriens, polonais, etc. dans les établissements publics (hôpitaux, maternité, maisons de retraite, crèches...) payés quasiment au Smig. C’est pas cher et ça peu rapporter gros...à l’Etat. La question à se poser : quelle est la nature de l’Etat qui fonctionne de cette façon ?