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Que recouvre le voile politico-religieux de Faiza M ?

Publie le vendredi 18 juillet 2008 par Open-Publishing
12 commentaires

QUE RECOUVRE LE VOILE POLITICO-RELIGIEUX DE FAIZA M. ?

par Christian DELARUE
(responsable national du MRAP s’exprimant à titre personnel)

sur le site amitie entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article220

Ce "voile-prison-du-corps" cache-t-il une femme ? Plaisanterie certes puisqu’on sait qu’il cache un être humain, que cet être humain est toujours de sexe féminin ! C’est bien ce qui est insupportable à beaucoup de femmes libres mais aussi et c’est heureux à beaucoup d’hommes libres . Cache-t-il un corps de femme libre ou un corps de règles politico religieuses très contraignantes d’essence patriarcale ?

Disons d’emblée que comme d’autres au MRAP, je me félicite de cette décision "FAIZA M" du Conseil d’Etat. Pour autant elle pose sans doute autant de questions qu’elle ne semble en résoudre, notemment en matière de non discrimination raciste. Disons que le point d’étape semble être : "Pas d’islamophobie mais pour autant toutes les pratiques de l’islam ne sont pas recevables".

1 -Faiza M n’est pas fan de Ben Laden mais salafiste !

L’arrêt du Conseil d’Etat, rendu le 27 juin dernier a refusé d’accorder la nationalité française à l’épouse marocaine d’un Français, âgée de 32 ans, vivant en France et mère de trois enfants nés en France, parlant bien la langue française, au motif qu’elle " a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d’égalité des sexes ". (Voir en annexe l’article du Monde )

Invoquant le principe de liberté religieuse garanti par la Constitution et le fait qu’elle n’a, depuis son arrivée en France en 2000, "jamais cherché à remettre en cause les valeurs fondamentales de la République", Mme M. avait demandé au Conseil d’Etat d’annuler le décret de 2005 refusant sa demande pour "défaut d’assimilation".

Pour le Conseil d’Etat le radicalisme ne provient pas de l’adhésion explicte ou implicite à un mouvement politico-religieux radical (qui n’est pas nécessairement un groupement terroriste de type Al-Qaïda) ou estimé tel, il peut aussi se déduire d’une pratique radicale de la religion. C’est là une interprétation nouvelle .

Pour expliciter cette pratique radicale les juges invoquent l’entretien entre les services sociaux et la requérante ainsi que la famille. Cette dernière reconnaît appartenir au courant rigoriste salafiste de l’Islam. Questions : Les autres branches de l’islam, les chiites par exemple, n’ont-il pas eux aussi des pratiques rigoristes de la religion ? Ou commence une pratique rigoriste tant pour l’islam que pour les autres religions ? En somme cette confidence de Faiza M est une bonne aubaine pour le Conseil d’Etat . Pour autant la pratique radicale de la religion ne saurait se réduire à la seule appartenance au salafisme . Au cas d’espèce le salafisme déclaré n’est qu’un des indices d’une pratique radicale de la religion . La question ne porte-t-elle pas alors sur ce qui distingue un islam acceptable d’un islam intolérable ou pour le dire autrement d’un ISLAM LAIC discret et pacifique mais aussi respectueux du droit des femmes d’un ISLAM RADICAL professant l’affichage religieux ostensible et la "pudeur" obsessionnelle et obligée pour les femmes à l’encontre des hommes irresponsables de leur concupiscence congénitale ?

La suite du texte sur amitie entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article220

Messages

  • bonjour

    on a le droit d’avoir une pratique rigoriste ou laxiste, ça ne regarde personne. On a le droit de s’abstenir de voter aux noms des principes qu’on veut, qu’ils soient religieux, universalistes ou autre. (il y a bien 40 % d’abstention dans nos différents scrutins...)

    et tout ça, ça ne regarde pas le conseil d’état. Aucune loi n’a été enfreinte.

    • TLEMCEN 1990

      Oppression : quand la poitrine est compressée et que le souffle de la vie passe mal...

      J’ai eu l’occasion de voyager dans de nombreux pays du tiers monde entre 1973 et 1978 mais à cette époque là la question du voile n’était pas encore apparue. D’ailleurs de nombreux pays de culture religieuse musulmanes s’étaient relativement laicisés avec l’influence du marxisme diffusé dans de nombreux pays.

      Lors de l’été 1990, peu de temps avant Désert storm, j’ai eu l’occasion d’être invité à Alger et à Tlemcen. Ce que je vais dire de Tlemcen n’est pas la vérité, c’est une perception à un moment donné. Je n’y suis pas resté suffisamment longtemps pour écrire sur le vécu des habitants et sur les rapports hommes-femmes dans cette ville. D’ailleurs, ce n’est pas mon propos.

      Sur la place centrale de Tlemcen je n’ai vu que des hommes, beaucoup d’hommes. Mais les rues de la ville étaient assez peu fréquentées. Les rares femmes qui sortaient de chez elles étaient totalement enfermé sous voile et rasaient les murs en regardant le sol.

      L’oppression se partage d’une certaine façon puisque j’en ai eu le souffle coupé. L’oppression n’est pas qu’un concept, elle aussi ce que l’on ressent quand la poitrine est comprimée et que le souffle de la vie passe mal.

      Ressentir l’oppression de l’autre ce n’est pas la vivre. D’ailleurs on ne sait pas comment l’autre vit cette oppression, comment il s’en accomode nécesairement et comment elle le fait néanmoins souffrir.

      Reste que cette expérience m’est restée.

      Se souvenir des grands bonheurs, ne pas oublier non plus les grandes détresses et en faire son miel pour un autre monde !

      Pousser le séparatisme à ce point, conjugué à un double enfermement, entre quatre murs et sous voile intégraln’est-ce pas là le patriarcat dans sa version hypersexiste la plus rétrograde ! Il n’autorise nullement le sexisme odinaire à perdurer .

      Christian DELARUE

    • Dans l’abstrait,

      on a le droit d’avoir une pratique rigoriste ou laxiste, ça ne regarde personne

      Dans la pratique il en va différemment car les effets sont différents entre pratiques rigoristes et pratiques tolérantes de la religion et cela "regarde" bcp de monde, tant dans le domaine public qu’en privé.

      Les rigoristes exigent la tolérance des autres tout en imposant des normes contraignantes pour eux (parfois) et pour les autres (surtout) les femmes surtout. Même quand les normes sont contraignantes pour eux, cela a des effets sur les autres. La symbolique est agressive, oppressive.

      CD

    • "un islam respectueux du droit des femmes" ?

      depuis quand la religion respecte-t-elle le droit des individus ?

    • Christian Delarue,

      vous avez dû avoir une vie passionnante, à voyager dans de nombreux pays du tiers monde. C´est rare, un Français globe trotter !

      Peut-on savoir, si ça n´est pas trop indiscret ce qui vous a mené dans le tiers monde ? Vous êtes un ex-coopérant ? journaliste ? homme d´affaires ?

    • D’ailleurs de nombreux pays de culture religieuse musulmanes s’étaient relativement laicisés avec l’influence du marxisme diffusé dans de nombreux pays.

      Bien que communiste et marxiste je tiens à m’inscrire en faus sur ce point.

      Il y a eu autant de pays Marxistes qui ont interduit le pprt du voile que d’autres, Nationalistes ou baath’iste.

      Cela n’a rien à voir avec une quelconque culture révolutionnaire mais avec le poids de la religion dans les structures étatiques et civiles. ainsi qu’avec le phénomène de réaction face à la casse des valeurs du monde musulman et arabe par l’Occident ;

      Dans l’Afghanistan de Najibullah le port du voile étai interdit, y compris dans la sphère privée, ainsi que dans les ex-républiques soviétiques du Caucase. Mais il était ausi interdit de port dans la sphère publique dans l’Iran du Shah, ou dans l’Irak de Saadam. Qui n’étaient pas des modèles de démocratie. En Jordanie acruellement les sphères de la classe moyenne ne le portent pas, surtout chez les jeunes qui étudiants. En RAU nassérienne il était très mal vu dans la Bourgeoisie, ainsi qu’en Algérie après l’Indépendance.

      Le port du voile c’est tout bonnement la montée de l’obscurantisme voulue par le Nouvel Ordre Mondial dans toutes les sociétés qu’il prétend dominer.

      C’est aussi l’abandon du "modèle" occidental par les cultures du reste du monde face à l’attitude agressive et destructrice qui est la sienne.

      On pourrait aussi bien comparer avec la renaissance du tatouage tribal en Océanie, lequel n’est pas, à mon avis, très humanisant pour la personne qui le porte.

      De plus, ce port du voile est tout bonnement le retour de l’oppression anti-féministe comparable au retour des lois anti-avortement en Occident, et aux USA en particulier, et les retour à une vision du Monde qui remet en cause y compris l’Evolutionnisme, (Toujours comme aux USA en particulier).

      Et ça permet de diviser sur un thème mineur. C’est quand même plus lèger et reversible pour l’humain le port du voile, que l’excision ; ou la circoncision par exemple.

      Mais pour les deux cas suivant , (Surtout le second, on n’entend pas beaucoup de bruit. Ca pose des questions...

      G.L.

    • Vous avez raison d’évoquer les tatouages (on ne dira jamais assez à quel point ils peuvent être nocifs pour la santé ! maladies de peau, infections générales et maladies de systèmes), l’excision, une aberration avec risques d’hémorragies et de décès, enfin la circoncision qui, bien que médicalement moins dangereuse, entraîne une reconnaissance d’appartenance à une religion que parfois on souhaiterait bien plus discrète.

    • Une réponse au premier commentaire :

      Aucune loi particulière ne vise la dissimulation d’une personne, étant donné que c’est TOUT l’ensemble normatif d’une société qui le fait.

      Toute société pour survivre reconnaît l’individualité et la responsabilité de chacun dans ses actes. L’extrême étant la sanction pénale.

      Dans ce dessein, il faut identifier au moins un visage.

  • Je suis convaincue et je le répète que ce n’est pas en attaquant de front les habitudes et traditions religieuses de certaines populations qu’il s’ensuit adhésion. Car il s’agit bien de négocier un minimum d’acceptation et de compréhension, sinon c’est l’imposition de règles par la force et le mépris. Se méfier alors des effets boomerang.

    Les progrès se réalisent toujours par confrontation de ces pratiques religieuses avec les avancées juridiques et médicales des sociétés. Alors l’abandon de ces rites se fait comme une évidence de leur incompatibilité avec une vie de groupe basée sur l’égalité et la liberté.

    C’est ainsi que le port de la burqa est opposé une vie de communication avec l’extérieur d’une personne et à sa vie en société. Marie H.

    • GL : De bonnes précisions sur lesquelles je suis d’accord. Reste que le port du voile est lié à la résilamisation qui fait suite à une période ou l’influence du communisme international a baissé. Il n’y a pas d’effet mécanique avec l’influence du marxisme, assez peu connu y compris même d’ailleurs en URSS ;

      Le premier point - la réislamisation et l’augmentation de l’nfermement maison et voile - est attesté. Par contre le second est un constat qui ne doit pas présupposer une influence particulière du marxisme - effectivement - mais plutôt une influence d’une période ou les peuples avaient plus d’espoir - relativement - et donc moins de tendance globale à l’obscurantisme. En ce sens

      Le port du voile c’est tout bonnement la montée de l’obscurantisme

      Qu’en pensez-vous ?

      CD

    • Faiza M s’exprime et déclare porter son voile religieux total librement . Voilà qui clarifie les choses du point de vue des pressions extérieures. Mais qui ne change rien par ailleurs.

      Quant à Karim (33 ans), son mari, arbore lui barbe et qamis . Les musulmanes doivent cacher leur corps y compris le cou et les oreilles face à la concupiscence masculine . Et même la chaleur suffocante n’est pas une excuse au dévoilement . Par contre les musulmans peuvent eux exhiber les signes de masculinité voire de virilité sans souci . Quant au qamis je suppose qu’il s’agit aussi d’un vêtement religieux ostensible pour les hommes.

      http://www.souss.com/Moi-Faiza-32-ans-a-qui-l-on.html

    • LAÏCITÉ ET RACISME

      A propos de quelques débats dans l’antiracisme (sept 08)

      Si la laïcité peut être l’alibi du racisme, l’accusation de racisme peut servir aussi à faire reculer la laïcité et à permettre l’emprise du religieux dans la société.

      1) La laïcité raciste existe.

      "Il est évident écrit Maxime Rodinson que quelque racisme se mêle chez beaucoup à la mobilisation laïque" (1). Effectivement, il existe bien une laïcité a géométrie variable qui systématiquement orientée sur la critique de l’islam se montre singulièrement protectrice à l’égard de la religion chrétienne notamment catholique en France. Ce type de laïcité doit être condamné. Le problème est que cette condamnation peut venir de plusieurs sortes d’orientations en matière de laïcité, l’une de la laïcité ouverte l’autre de la laïcité stricte auquel au peut ajouter la critique issue de la "mentalité laïque".

      Le point suivant constitue une opinion différente du CA du MRAP. Je développe donc un peu plus mais je reste plus bref qu’à l’ordinaire.

      2) L’accusation de racisme peut servir d’alibi pour faire reculer la laïcité et permettre le renforcement de l’emprise du religieux dans la société.

      Tout ce qui est critique de la religion n’est pas raciste or les laïques "ouverts" refusent la critique des signes religieux ostensibles et surtout la critique du voile islamique. La chose n’est pas récente puisque déjà en 1989 le même Maxime Rodinson écrivait (1) "Il ne faut pas brimer les porteurs de divers vêtements . Mais il faut être très vigilants envers le communautarisme". Il ajoute plus loin "proscrirait-on ici ou là la culotte tyrolienne ou la jupe écossaise" Comme si tous les vêtement relevaient la "diversité culturelle" de façon indistincte. Il est évident que chacun et chacune doit pouvoir s’habiller comme il veut mais il est tout aussi certain que des pressions sociales de nature religieuse poussent à certaines vestimentations et que cela n’est surtout pas neutre tant au plan global qu’au plan relationnel. Ce n’est pas une simple question de forme, de couleur ou de taille. Il s’agit de la signification intrinsèque du vêtement hors sa signification subjective (que l’on ne connait pas le plus souvent) . Certains vêtements s’inscrivent dans une dimension religieuse offensive et parfois dans une dimension sexiste, et ce dès le plus jeune âge . Il n’y a donc pas lieu de se priver de critique . Il faut préciser, et ce n’est pas un détail, que ce n’est pas la religion qui est visée mais un de ses usages. Chacun adopte la religion qu’il veut ou aucune. Ce point est une question de liberté fondamentale. Par contre l’expression extérieure de la religion n’est pas neutre.La laïcité institue un espace neutre, respectueux et pacifique fort différent de la tolérance unilatérale ou du multiculturalisme religieux.

      Lorsque le caractère religieux est reconnu se pose alors deux autres questions : 1) s’agit-il d’un geste autonome ou d’un comportement obligé, 2) quel est la signification subjective par rapport à la signification objective. Les partisans de la laïcité minimale affirment tantôt la polysémie du voile - ce qui masque les significations objectives réelles qui relèvent de deux champs qui sont d’une part l’affirmation intempestive du religieux et d’autre part l’enfermement de la femme face à la concupiscence des hommes - tantôt la pente raciste en évoquant la lepénisation des esprits et même le racisme franc et net lorsque la question de la spécificité de la discrimination religieuse est abordé, notamment avec l’argument que toutes les différences ne sont pas admissibles et tolérables.

      3) Le cas de la burka ou du niqab.

      Ce bâchage des femmes est révoltant : vivre dans un monde laique, vivre sans oppression sexiste. Mais les mesures de protection ne vont pas de soi sur deux plans :
       le régistre républicain-national d’exclusion qui ici distingue le "eux" du "nous" qui se trouve activé y compris chez les critiques ordinaires de la nation et du nationalisme, mais sur la modalité des valeurs communes à promouvoir. Radicalement chez des antifascistes et antiracistes il y a bien cet idée que le port de la burka n’est pas admissible et tolérable partout donc par défaut en quelque sorte "chez nous".
      Le "chez nous" peut être national ou européen. En fait il est intolérable partout, puisque la laïcité et le droit des femmes est un combat mondial mais la situation concrète justifie une territorialisation du combat. Une telle option ne signifie d’ailleurs pas passage avec armes et bagages ni du côté du racisme islamophobique ni du côté de "l’unilatéralisme du gouvernement des USA" (2). Nous ne somme pas plus du côté de "la tentation de construire une « Forteresse Europe » culturellement homogène" (2). La diversité mais dans la laïcité.
       le registre de la discrimination : la loi antiraciste énumère les différents types de discriminations à combattre dont la discrimination religieuse. Et s’il fallait faire des distinctions ? Toutes les différences doivent-elles être protégées en tout lieu et en toute occasion ? Un retour sur la loi de 1972 ?

      4) Toute la diversité partout sur la planète mais sans l’offensive généralisé du religieux.

      La religion exhibée - voile ou kippa - est un outil de reconquête religieuse de l’espace qui n’a rien à voir avec le respect mutuel ou la rencontre pacifique. La paix et le respect relève de la mentalité laique, laquelle respecte le sentiment religieux (tout comme les sentiments spirituels athées). "La laïcité n’est pas l’organisation du combat contre les religions" mais cependant elle n’accepte pas les excès du religieux "en retour". Elle pose un ordre de paix et de respect mutuel. Cela diffère de la laicité ouverte qui autorise la tolérance unilatérale et donc l’oppression du religieux intempestif contre tous ceux - croyants ou non - que cet affichage ostensible indispose.

      Christian Delarue

      Article paru dans Le Monde le 1/12/1989 dans un passage intitulé "le cauchemar de Jasienski"

      1) Article paru dans Le Monde le 1/12/1989 dans un passage intitulé "le cauchemar de Jasienski"

      2) Du bon usage de la laïcité sous la direction de Marc Jacquemain et Nadine Rosa-Rosso (laicité ouverte)

      http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6691