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Rassembler les antilibéraux et les anticapitalistes ?

Publie le vendredi 29 avril 2011 par Open-Publishing
7 commentaires

Quelques réflexions "personnelles" qui n’ont rien d’original mais qui me travaillent quand je lis certaines contributions.

Avec le début des tractations, discussions et bidouilles en tous genres, il me paraît utile de rappeler la définition de deux termes : antilibéralisme et anticapitalisme. Tous ceux qui écrivent ici la connaisse mais tous n’en tirent pas les conclusions limpides qui s’imposent, sans doute par impatience…

L’antilibéral vise essentiellement à « réguler » le capitalisme, à en corriger les effets les plus néfastes. Exemple : le fameux Conseil national de la résistance, à l’issue de la dernière guerre mondiale, a pris toute une série de mesures antilibérales, qui constituaient des conquêtes sociales non négligeables mais sur lesquelles le capitalisme n’a eu aucun mal à revenir. En fait, un gouvernement « antilibéral » peut constituer une solution de sauvetage du capitalisme dans certaines circonstances tout en améliorant sensiblement, pendant un certain temps, les conditions de vie de la population. Un anticapitaliste vise à dépasser le capitalisme, à transformer la société (« transformation sociale »), à changer de modèle social. L’anticapitalisme est, par définition, insoluble dans le capitalisme.
L’antilibéralisme est incompatible avec l’anticapitalisme. Il ne peut pas non plus être une transition viable vers une société postcapitaliste dans la mesure où il ne permet pas de sortir du capitalisme, bien au contraire.

L’expression « antilibéral et anticapitaliste » qui revient comme un leitmotiv dans les textes de certaines organisations, de certains « clubs » est absurde et source de graves malentendus. On est antilibéral ou anticapitaliste ; on ne peut pas être les deux à la fois puisque l’antilibéralisme, en définitive, assure la survie du capitalisme.

C’est pourquoi un parti qui se dit anticapitaliste ne peut pas conclure un accord « programmatique » avec une organisation antilibérale en abandonnant sa « caractéristique anticapitaliste ». S’il y a compromis, il doit se faire dans l’autre sens. La marche « par étapes » vers le socialisme (communisme) est une entourloupe.

Messages

  • Article très limpide et pédagogique, mais une question me taraude à sa lecture : est-ce qu’on peut être anticapitaliste et libéral ?

  • tu utilises , c ’est à la mode surtout au PCF ET AU FDG , l ’expression " dépasser le capitalisme " mais justement ne s ’agit-il pas d’une doctrine anti-libérale et non pas anti-anticapitaliste ?

    QUE JE SACHE , DEPASSER , ne veut pas dire REMPLACER , dépasser le capitalisme c’est essayer de faire mieux , l améliorer , on nage en plein réformisme ,la seule chose avec laquelle je suis d accord avec toi c’est que l’antilibéralisme et l ’anticapitalisme ne sont pas compatibles et c ’est pourquoi je ne suivrais pas les consignes de vote PS au deuxième tour même si c’est probable , ces consignes émanent de partis qui se disent anticapitalistes .

  • dépasser le capitalisme... pfffff

    Oui pour proposer "l’alter-capitalisme" comme le propose le PCF ????

    Tres confuse cet article, pas claire, donc tu propose "un autre capitalisme"... on reste dans le projet social-démocrate...

    • Tout à fait d’accord. L’expression "dépasser" le capitalisme est malheureuse. Je la retire. Il faut le détruire et le remplacer par la propriété collective des ressources, quelles qu’elles soient. C’est pourquoi il est important de bien définir les mots que l’on utilise. Si je te dis "passe-moi l’éponge" et que tu me tends une clé à bougie, c’est qu’il y a un problème. J’ai pondu ce texte maladroit pour répondre à ceux qui associent "antilibéralisme et anticapitalisme" au PG, au PCF et au NPA (il y en a même au NPA). La dynamique du "programme partagé" n’est pas anticapitaliste, à mon avis. D’autre part, une supériorité numérique électorale serait très probablement une impasse. Cet objectif est donc "fumeux", à supposer qu’il soit réalisable. Seules les affrontements réels sur le terrain avec tous les avatars du capitalisme peuvent nous mener quelque part.

    • Il y a effectivement de grands risques à mettre au même niveau "anticapitalisme" et "antilibéralisme".

      Même si ton texte demanderait à être épaissi, tu dis l’essentiel au-delà de la formule "malheureuse" (Robert Hue !) de dépassement du capitalisme qui est de nature à tout embrouiller - ce pourquoi, d’ailleurs, le PCF ou Clémentine Autain, entre autres, l’emploient à dessin.

      Par contre, s’il y a divergence stratégique et d’objectifs entre anticapitalistes et antilibéraux, rien ne s’oppose à "faire un bout de chemin ensemble" tant pour résister aux affres du capitalisme et de la politique de l’oligarchie sarkozyste que pour imaginer des accords ponctuels programmatiques.
      Le tout est de ne pas se fondre dans "l’institutionnel".

      C’est l’une des raisons majeures des divergences entre PC-PG qui pensent en termes institutionnels et le NPA qui veut les subvertir par un double mouvement politique/social.

  • En 2012,on va tout droit vers le crach de toute la gauche radicale.

  • @Jean Louis ;
    le débat peut être intéressant.

    Tu écris :

    En fait, un gouvernement « antilibéral » peut constituer une solution de sauvetage du capitalisme dans certaines circonstances tout en améliorant sensiblement, pendant un certain temps, les conditions de vie de la population.

    Je rectifie : cela A PU être le cas.

    La crise systémique , globale du K rend ridicule la prétention "d’antilibéralisme."

    C’est une des raisons (qui n’est pas que "de forme") ..qui explique selon moi que les fameux C.U.A.L.. ne pouvaient porter en eux que de la "régulation"( impossible)

    Les dirigeants de ces Comités le savaient : ils sont impardonnables.

    TOUS.

    Il n ’y a plus de grain à moudre pour la MOINDRE réforme.

    C’est en cela, me semble til, que tout ce qui est débat d’alliances 2012 est pipé.

    S’entendre pour quelle FINALITE ?

    Puisque tout ce qui ne sera pas de processus COMMUNISTE sera objectivement de répit pour le Capitalet donc CONTRE-REVOLUTIONNAIRE.

    Là ou je "tique" un peu c’est quand on polémique avec toi sur ce passage :

    tu avais écrit avant de t’en excuser..

    Un anticapitaliste vise à dépasser le capitalisme, à transformer la société (« transformation sociale »), à changer de modèle social. L’anticapitalisme est, par définition, insoluble dans le capitalisme.

    Et bien, ne m’en voulez pas, aussi bien Roberto que toi.ou l’ami Richard...(et même si vous deviez m’en vouloir, on s’en tape ! : on n’est pas ici pour desbisounours)..je ne sursaute pas à ton texte initial.

    Que les"mutants se soit servi d’une formule selon moi juste pour s’éloigner de toute volonté politique visantà changer DE société, c’est une chose..

    Mais la notion de "dépassement" en soi n’est pas A-communiste

    Elle mérite débat,

    J’estime que des gens comme SEVE ou Martelli, par ailleurs en désaccord avec moi et tant d’autres sur le rôle , la fonction et la forme du"PARTI" ,n’ont pas écrit là dessus des choses à rejeter.

    On se reportera à ce papier de SEVE

    Extrait (à bien replacer dans l’ensemble)

    http://www.espaces-marx.net/spip.php?article33

    On mesure donc à quel point de profondeur parler de dépassement plutôt que d’abolition du capitalisme est pertinent. Pour s’en tenir ici à ce seul aspect de la question - il y en a d’autres -, abolition a toutes chances de nous enfermer dans cette vision hautement fallacieuse selon laquelle « la révolution » serait pour l’essentiel un décisoire acte brusque, alors que dépassement l’identifie en clair à ce qu’elle est de toute nécessité : un vaste ensemble de processus occupant toute une période historique.

    Je rappelle à ce sujet la malfaisance culturelle d’une des inventions de Staline dans ce catéchisme du marxisme-léninisme que fut durant des décennies son Matérialisme dialectique et matérialisme historique : l’assertion selon laquelle tout changement qualitatif serait « obligatoirement brusque » - alors qu’est de totale évidence par exemple que l’évaporation d’une casserole d’eau qui bout prend du temps... Cette invention théorique était explicitement au service d’une vue tragiquement fruste de la révolution. Elle trahit une confusion sournoise entre soudaineté et ponctualité du changement de qualité : ce qu’a établi Hegel avec une extrême profondeur, ce n’est pas que le passage de la quantité à la qualité est forcément brusque mais qu’il est nécessairement ponctuel, c’est-à-dire qu’il s’opère à un « point qualifiant » du changement quantitatif - à un seuil. L’eau d’une casserole sur le feu met du temps à s’évaporer toute, mais le point d’évaporation dans les conditions ordinaires de pression est univoque : 100°. Et comme la survenue de seuils dans un ensemble aussi vaste et complexe qu’une formation sociale emmaillée avec toutes les autres à l’échelle planétaire s’opère de façon infiniment diversifiée selon les domaines et les moments, « la révolution » est elle aussi un ensemble de processus des plus divers par leur échéance et leur importance - globalement non brusque, bien que pouvant toujours comporter des épisodes brutaux. Très loin, en tout cas, de ce que la mythologie d’un certain « socialisme scientifique » nous a donné à croire, et pour une part à faire. Comme quoi une représentation mentale de la dialectique peut peser politiquement un poids exorbitant.

    Si j’étais un provocateur.....

     :)

    ..je dirais qu’en fait ,sous une apparente querelle sémantique, pointe le différent entre les camarades qui restent sur la notion d’étapes passant par le socialisme ( qui a longtemps été notre façon de "lire"Marx avec les lunettes léninistes) et des types comme moi qui s’interrogent beaucoup et pensent comme toi,Jean Louis

    La marche « par étapes » vers le socialisme (communisme) est une entourloupe.

    A une condition que Martelli aurait besoin de relire sous la plume de SEVE :

    le communisme est-il d’une certaine manière « inscrit déjà dans la société contemporaine » ou relève-t-il d’une « extériorité radicale avec l’ordre dominant », et qu’en est-il en somme de « la dialectique difficile de "l’intérieur" et de "l’extérieur" » ?

    Bien entendu, dire que « le communisme » est d’une certaine manière « déjà inscrit » dans la société de classes où nous vivons serait théoriquement confusionnel et pratiquement désastreux, dans la mesure où cela reviendrait à parer le capitalisme de mérites historiques qui lui sont violemment étrangers et à jeter le doute sur la cruciale nécessité de transformations sociales radicales qui seules feront entrer du communisme dans la réalité. Aussi bien Marx ne dit-il jamais rien de tel. Mais ce qu’il dit à maintes reprises, y compris dans des pages hautement synthétiques comme, à la fin du Livre I du Capital, la conclusion sur « la tendance historique de l’accumulation capitaliste », c’est qu’en vertu de ses propres logiques se développent en son sein même à une échelle toujours croissante, fût-ce souvent « la tête en bas », des présupposés essentiels d’un ordre social supérieur qui « deviennent incompatibles avec leur enveloppe capitaliste » . En ce sens, non certes « le communisme » mais des conditions préalables du communisme se forment bel et bien à l’intérieur du capitalisme, et aujourd’hui sur une échelle plus vaste que jamais. Cette conclusion est de toute évidence d’une importance incalculable pour penser stratégiquement le communisme en tant que mouvement réel au 21e siècle

    je partage ce point de vue..

    Puis je me permettre une remarque qui s’adresse à notre ami de BREST ?

    Pourquoi donner le sentiment que le débat liant théorie à la lutte des classes ce serait ce que tu fustiges, Philippe ?

    Le matérialiste qui sommeille en moi me dit que TOUS les débats de ce genre sont inutiles, risibles même, tant qu’il s’agira de sauver les élus et les permanents de certains partis, plus les futurs postes de certains ou certaines dans la future administration Straus Kahn

    Non, ce qui serait vraiment triste c’est que nous appelions comme certains (et ici j’en connais) à je ne sais quelle alliance de"radicalité" PAR RAPPORT au PS..

    Cette tentation "sommeille" chez beaucoup, beaucoup.....

    Restons très réveillé, là dessus, il y a du "baisage de masses"dans l’air !

    C’est par rapport à la sortie de CRISE du K que se joue l’avenir.

    C’est dire qu’entre LE COMMUNISME et tout le reste, il n’y a pas de possible entente.

    Sauf certes, en terme de résistances sur des objectifs partiels et limités.

    A.C