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Reconquérir les coachs populaires - un carnet de Périphéries
Publie le jeudi 30 novembre 2006 par Open-PublishingLe PS, la gauche, le peuple et le « réel »
Le 16 novembre dernier, alors que les militants socialistes se rendent aux urnes pour désigner leur candidat(e) à l’élection présidentielle, à Paris se déroule cette scène, rapportée par Le Monde (18 novembre) : « Valérie Moissonnier, jolie femme bien mise, coach en entreprise (1), âgée de 45 ans, et pro-Ségolène, explose devant le secrétaire de la section du 20e qui tente d’ordonner les files de votants, rue du Cambodge. “De quel droit vous me tutoyez ? Je ne vous connais pas. J’ai élevé les cochons avec personne. Et pourquoi vous m’appelez “camarade” ? On n’est pas chez les communistes. J’ai amené plein de jeunes femmes au PS avec moi, elles disent, c’est quoi ces dinosaures ? C’est pour ça que ça doit bouger. On est venues là pour gagner.” »
Le même soir, dans l’émission « A vous de juger » sur France 2, Charles Rey, ouvrier aux Ateliers Thomé-Génot à Nouzonville dans les Ardennes, un moustachu bien mis lui aussi, licencié d’entreprise, âgé de 51 ans, explose à son tour. Deux heures que, devant un panel de « vrais gens », François Bayrou, Jean-Marie Le Pen, Patrick Devedjian et Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal, tournent, avec courtoisie, à coup d’œillades, autour du pot de l’« immigration »... Alors, Charlie hurle qu’il est là parce que ça doit changer, qu’il est venu là pour gagner : « Vous parlez des immigrés, vous n’avez que ce mot à la bouche, mais nous, notre problème, ce ne sont pas les immigrés, c’est le fric, ce sont les actionnaires qui aujourd’hui nous font perdre notre emploi (2). »
Quelques heures plus tard, Ségolène Royal, gagnante du scrutin interne au PS, fait cette déclaration : « Je mesure aussi le fait de recevoir cet élan, d’être choisie de cette façon-là, c’est quelque chose d’extraordinaire. Je pense que le peuple français a écrit cette histoire. C’est le peuple qui s’est mis en mouvement, ce sont les militants de base qui se sont mis en mouvement et qui aujourd’hui me donnent cette force, me donnent cet élan. » Elle ne néglige qu’un détail, et les commentateurs avec elle : il n’est pas du tout certain que les adhérents du Parti socialiste, anciens ou nouveaux, soient « le peuple ». Non seulement ils sont faibles en nombre et sociologiquement peu représentatifs de la population française, mais la capacité de leur candidate à se rallier les millions d’électeurs des milieux populaires aujourd’hui en déshérence est plus que douteuse.
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