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Records climatiques prévus pour 2007
PRONOSTICS
Selon une étude britannique publiée hier, 2007 devrait être l’année la plus chaude depuis cent cinquante ans. Les stations de ski pourraient être les premières victimes.
Publié le 05 janvier 2007 (ds 24H quot. suisse)
SPORTS D’HIVER : Comme ici à Arosa dans les Grisons, les randonneurs tendent à remplacer les skieurs sur les pistes des stations qui font quelque peu grise mine pendant les Fêtes. Pour celles situées au-dessous des 1500 mètres, l’avenir s’annonce morose.
Les indices d’un réchauffement climatique abondent. Et 2007 ne fera pas exception. Les chiffres publiés hier par les services météorologiques britanniques font chaud dans le dos. Cette institution scientifique réputée annonce que cette année pourrait bien battre tous les records de chaleur, un peu aidée par El Nino, un phénomène cyclique qui se traduit par l’arrivée d’eaux chaudes sur les côtes occidentales de l’Amérique du Sud et qui influence significativement le climat mondial.
Selon les experts britanniques, il y a 60% de chances pour que la température moyenne de l’année 2007 dépasse de 0,54 °C la moyenne à long terme de 14 °C établie entre 1961 et 1990.
Enneigement rare
Le très faible enneigement des Alpes pendant la période des fêtes de fin d’année va en ce sens. Certes, les précipitations de ces derniers jours, jusqu’à 20 et même 25 cm de neige, ont remis du baume sur le cœur des exploitants de station de ski. Mais tout concourt à suggérer que cette joie sera de courte durée.
Selon une autre étude commandée par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) à paraître en février, les moyennes de températures actuelles pourraient être, dans les Alpes, les plus élevées depuis 1300 ans. Conséquences : une remontée sensible des limites d’enneigement. Pas moins de 666 versants alpins ont été pris en compte dans quatre pays différents : Allemagne, France, Italie et Autriche.
Aujourd’hui, 90% de ces versants profitent d’un enneigement suffisant pendant au moins trois mois. Or une hausse des températures moyennes d’un degré suffirait à ramener ce chiffre à 500. Deux degrés supplémentaires et les versants exploitables passeraient à 400, et ils ne seraient plus que 200 si la hausse atteignait quatre degrés.
Suisse mieux lotie
« Les conséquences sont inégalement réparties, explique Shardul Agrawala, responsable de l’étude. Les stations allemandes sont particulièrement menacées. Celles de la Suisse en revanche sont celles qui s’en tirent le mieux. Dans le Valais et les Grisons, elles pourraient même bénéficier du réchauffement en récupérant les clients des stations de moyenne altitude. » Pour les autres en revanche, la menace est réelle. Le rapport évoque d’ailleurs le refus de certaines banques suisses d’accorder des prêts pour financer de nouvelles infrastructures liées au ski dans les stations situées en dessous de 1500 mètres.
A la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), on suit attentivement cette évolution. « Nous avons rédigé un rapport sur l’avenir des stations de moyenne altitude dans notre canton, indique Paul Coudret, coordinateur de l’Observatoire de l’économie vaudoise à la BCV. Nous leur recommandons notamment de diversifier leurs activités hivernales et développer leurs activités estivales. Quant aux exploitants des remontées mécaniques des différentes stations, ils auraient tout intérêt à fusionner pour mieux affronter l’avenir. »
Victimes du climat
Une étude parue dans la dernière édition de la revue Nature pourrait convaincre les plus sceptiques quant à l’influence du climat sur l’homme. On sait que les Tang, une dynastie chinoise, et une civilisation d’Amérique centrale, les Mayas, brillaient par leur puissance et sombrèrent dans les abîmes de l’histoire. Une équipe internationale, dirigée par le Centre de recherches sur la Terre de Potsdam, a analysé des sédiments lacustres en Chine, qui donneraient des indications précieuses sur le régime des moussons pendant les 16 000 dernières années. Or une des trois grandes périodes de sécheresse enregistrées correspondrait justement au déclin de la dynastie Tang qui régna entre 618 et 907. Connue pour son raffinement artistique et ses échanges commerciaux, cette dernière déclina, victime de révoltes motivées par de maigres récoltes et un appauvrissement général consécutif à un manque de pluie. La civilisation maya, qui s’étendit sur 650 ans (250-900), pourrait avoir été partiellement victime de ce changement de mousson et de son influence sur la ceinture des pluies tropicales