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Réponse d’artiste insoumise à Antonio Negri, maître penseur en systèmes pervers

Publie le samedi 14 mai 2005 par Open-Publishing
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de Orphee

Réponse d’artiste aux Négristes (Toni Negri) d’ici et d’ailleurs.

Introduction

 1. Negri et les autres
 2. Le pouvoir contre lequel nous nous battons
s’annonce monstrueux par la forme contradictoire du texte.
 3. Critique des utopies matérialistes réalisées.
 4. Quote : UN CAHIER SPÉCIAL SUR L’EUROPE (Monde diplomatique)
 5. Quote : NotreConstitutionPointNet :

consulter la constitution par mots clés (manquent encore quelques
déclarations - une vingtaine hier) ; il y a un chantier ouvert où tout le monde est bienvenu pour finir - il ne s’agit de faire que du copier coller ce n’est donc pas sorcier, juste fastidieux)... Voir les explications et les liens en bas de page.


"Demain est un autre jour" (D.H. Lawrence - l’homme qui était déjà mort).

Introduction

Ce n’est pas pour nous faire un cadeau ni par masochisme si monsieur
Chirac, alors qu’il était fort de la plus grande majorité sur ce point à la
chambre, a lancé un référendum sur le TCE, mais parce que la constitution de
la 5è république l’y oblige... Déjà on voit se poindre divers projets de la
réformer, parce que pour la première fois un référendum se joue soudain
entre le plus large pouvoir contre le peuple, et donc la restauration de la
souveraineté du peuple s’il répond contre son aliénation, alors qu’il
avait été fait pour jouer le président en recourant au peuple contre
la chambre.

Dans tous les cas un référendum c’est donc un recours au peuple. On saura
désormais qu’on peut y exprimer notre pouvoir souverain. Surement pas en
disant oui.

Deux avancées ont modifié le projet constitutionnel depuis sa première
hypothèse : en outre du renforcement de l’administration et de l’exécutif
européens virant sec à droite sous l’influence de la Commission Italienne
puis sa succession, la modification des accords de Schengen conformément au Patriot act ont tendu à réaliser la forme totalitaire du néolibéralisme
sous un protectionnisme sécuritaire.

Ou il y avait possibilité d’économies et d’expériences alternatives
diverse, elle a disparu du droit constitutionnel.

Ne parlons même pas de la Cour européenne des droits de l’homme qui sauf sur la forme des procédures est une vaste blague, car elle ne connaît pas le
fond.

Maintenant c’est trop tard : il faut dire non. C’est le seul espoir de restaurer la souveraineté citoyenne, du moins a minima.

A tous ceux qui se trouvent en France et qui ont reçu le volume du traité en papier bible, merci d’aller lire la page 172 de la partie
"Acte final"

 FINAL ACT - C’est l’Europe Guentanamo qui s’annonce légitime en termes de loi. C’est la NEGATION ABSOLUE des droits de l’homme inscrits dans les préambules et dans les articles ! Or ces "déclarations en annexe de certains articles" sont précisément assimilables au premiers décrets d’application de la
constitution s’auto-autorisant elle-même, et qui ont été ajoutés à la fin à la demande...

Ce sont exactement les dernières modifications des accords de Schengen pour se conformer aux exigences sécuritaires du Patriot Act, pression américaine fondée sur le fait que le commando d’Al Qaida concerné par le 11 septembre comme par hasard avait résidé en Europe, qui sont maintenant inscrites dans le TCE contre nos libertés locales et globales pour l’éternité (plus de trente ans)... alors que la constitution américaine permet de révoquer le Patriot Act sur proposition du gouvernement au sénat américain selon un vote majoritaire, et ne manquera pas de le faire passées une dizaine d’années devant nous au plus tard - on le dit d’ici avec la mémoire du cycle de durée de la prohibition ou du Mac Carthysme -.

1. Negri et les autres...

Moi je préfère Zizek, qui a signé la déclaration de soutien au Non de
gauche en France, à Negri qui va finir par évoquer les socio-traîtres ou les calotins.

Je cite Jacques Delors un des principaux maîtres d’ouvrage de l’Europe, il a bien expliqué ces jours-ci que tout était re-négociable, (d’ailleurs il
préside au rassemblement d’idées critiques pour ces modifications) qu’il ne
fallait pas croire ceux qui disaient le contraire, car c’était de la
désinformation.

Je cite Danielle Mitterrand qui est certainement bien placée pour savoir ce
qui a changé depuis le projet constitutionnel initial, et qui le dit sans mâcher ses mots (est-ce pour cela, parce que ses mots sont réalistes et sans
fard, rudes, qu’on ne les communique pas davantage, ce qu’elle dit est
énorme et nous verrons plus loin en quoi il ne s’agit pas de métaphores mais de réalités - pourtant l’AFP qui voisinne avec Chirac n’a pas pu censurer dans sa dépêche tout le contenu de l’intervention) :

"PARIS, 11 mai 2005 (AFP) - Danielle Mitterrand, veuve de l’ex-président
François Mitterrand, a confirmé mercredi sur France 2 qu’elle voterait non
lors du référendum du 29 mai sur la Constitution européenne, car selon elle
ce texte "institutionnalise une autre dictature", celle du marché.

Mme Mitterrand s’"élève contre l’affirmation que ceux qui votent non sont
anti-européens", un argument utilisé par l’ex-Premier ministre Lionel Jospin
et le président Jacques Chirac.

Selon la présidente de l’association France-Libertés, "cette Europe de paix,
on la veut telle qu’on l’a rêvée". Or, a-t-elle dit, "ce traité
constitutionnel institutionnalise une autre dictature que nous ne voulons
pas : le système qui fait de l’homme un sujet économique (...), qui génère
la plus grande des misères, le chômage, la pollution de l’eau, de l’air".
(...)"

Je pense que Negri applique son système jusque dans l’opportunisme
rationaliste que lui offre le pouvoir. Il veut signer le pire pour faire
avancer le moindre vers l’idéal (on verra le statut "réaliste" de l’utopie
plus loin). Quand la belle proposition de son Global project
défendue par Foti, le neurogreen, appelle à voter "oui" au nom de
l’ouverture des frontières des précaires et cognitaires (alliés aux
Inrocks - non mais pour qui nous prend-on ?) en fait, cela rappelle les
premières bavures de Marx et de Engels de prendre position opportuniste avec le capitalisme au nom d’accroître le nombre actif du prolétariat
révolutionnaire, en ne luttant pas contre le travail des enfants (et de
s’opposer radicalement sur ce point avec les anarchistes, qui au contraire
en demandaient l’abolition sans délai).

Si Negri et son exécutif Foti veulent accroître le nombre des militants de l’internationale sémiotique de la machine précaire (nous verrons plus loin en quoi le modèle économique prédictible de Lazaratto efface l’homme par la masse, sous couvert de lui procurer individuellement ressource et plaisir, et est mui-même une machine exclusive des précarités sociales rélles), c’est leur affaire pas la mienne et même si je suis concernée par le travail intermittent. La mienne veut la jouissance - qui n’est pas un cliché car ce bonheur est fait de complexité parfois malheureuse - pour chacun et plusieurs de vivre libre et de l’assumer, y compris ensemble, pour parvenir à effectuer nos propres ressources, à commencer par garder l’autonomie de la capacité de raisonner (il n’est pas tout d’en avoir le droit ; il faut d’abord avoir appris à l’éprouver, ensuite oser le faire - enfin le transmettre).

Quand l’univers global se trompe certainement aux yeux d’un nombreux public (et même s’il ne se trompait pas d’ailleurs, ce serait présumer à tort des situations improbables à advenir) il vaut mieux préserver la diversité régionale et des lois pourvu que s’ouvrent réellement et sans discrimination les frontières, en attendant mieux ! Au moins chacun selon ses dispositions et ses besoins singuliers trouvera le coin où il vivra le mieux : telle est ma conception de l’Europe que surtout elle ne se ressemble pas en kaleidoscope d’elle-même, cela rendrait les citoyens européens fous - des poissons dans un bocal étroit ! Ni l’Espagne d’Isabelle la catholique, ni la France réalisant son unité nationale au prix de faire régresser socialement et économiquement le Sud de plusieurs siècles, quand anéantissant la culture avancée de cette région de France, en lui dédiant tous les progroms elle abolit le droit coutumier pour la belle unité de la loi écrite du Nord au Sud.

Que Negri remballe son armement de contre-vérités au nom de la menace des cieux Etats-Nations et s’étouffe de nous citer en exemple l’Italie, celle-ci même qui a signé pour la guerre en Irak, influencé la régression sécuritaire et totalitaire de l’Europe, et où Persichetti et Sofri attendent, comme 8000 autres, de ne pas mourrir de désespoir ou de maladie en prison, quand Berlusconi démet Castelli et Fini pour les reprendre réhaussés, avec la bénédiction des autorisations des "déclarations en annexe de certains articles" du TCE ! SI NOUS VOTONS POUR LE TCE IL N Y AURA JAMAIS D’AMNISTIE EN ITALIE, puisque le titre c du titre II (Libertés) des déclarations dans l’"acte final" autorise d’incarcérer, avec ou sans jugement en préventive, tout individu aléatoirement et arbitrairement attribué qu’il y ait des "raisons plausibles de SOUPCONNER qu’il a commis une infraction, ou qu’il y a des motifs raisonnables de CROIRE à la necessité de L’EMPECHER DE COMMETTRE UNE INFRACTION ou de s’enfuir après l’accomplissement celle-ci".

Quand aux masses des précaires, ce ne seront surement ni des SDF (hors productivité), ni les exclus catégoriels qui vont s’accroître se paupérisant (les gérants entrepreneurs en petites sociétés - SARL - cotisent mais n’ont pas droit aux assédics en France, ni à aucune compensation ; si leur activité cesse même au terme d’un dépot de bilan, ce qui ne les place pas en bonne position pour retrouver du travail alors que celui-ci se raréfie, s’ils n’ont pas de ressources personnelles ou familiales en solidarité directe, alors ils s’ annoncent gravement exclus et sans resource pour vivre - il y en a de plus en plus en France), ni les étrangers en attente de papiers, a fortiori devant rester immobiles pour ne pas se faire mettre en camp de rétention pour le prochain charter - même si leurs clans voulaient leur faire la peau à l’arrivée (pas de refuge politique ni de sécurité des personnes étrangères à l’Europe n’est prévu au TCE).

Il n’est plus au TCE que le droit des objecteurs de conscience, pourvu qu’ils aient la bonne carte d’identité et selon les règles locales - c’est dire si lorsqu’un droit de l’homme local est préservé (apparemment c’est le seul et le dernier de droit critique qui survive) - ce droit n’est surement pas étendu à l’Europe globale : alors qu’en contre partie les mesures répressives le sont systématiquement. C’est donc la charte des flics et des armes.

Que Negri cesse de vouloir nous infliger une Europe Guentanamo imaginant qu’elle voguera d’elle-même, sous les masses des précaires et cognitaires unis par sa ligne politique et accrus par un vaste mouvement de réplique à la loi unique, vers l’URSS telle qu’elle aurait du être, cela va sans dire :) Et qu’il se souvienne lui-même des Cent fleurs - pourquoi et quand cet appel politique à la déréglementation et à la décentralisation de la production fut lancé en Chine, pour faire face à un désastre économique annoncé par le plan, après le départ de l’URSS.

Surtout : dérèglementons le plan Negri ! - nouvelle star de Libération, relayant Cohn-Bendit qui a perdu son aura - à force de se présenter comme l’anarchiste libéral émergent du service confort (à force de tuer l’anar).

Nous ne serons pas les serfs pétitionnaires de l’Europe guentanamo néo-libérale renforcée aveec l’enthousiasme irresponsable d’Antonio Negri.

Je vais donc m’expliquer maintenant sur le fond de mes droits de m’exprimer ici contre de tels dignitaires des médias ; la philosophie ce n’est pas une doctrine mais plusieurs, dont une préalable qui réfère de loin à Senèque puisque j’appartiens au monde sensible de l’art ;-) et une philosophie matérialiste moderne qui nous autorise d’aussi loin (puisque nous sommes entre "artistes et poètes" loin de l’expertise, n’est-ce pas ?) la phénoménologie - la discipline qui s’intéresse aux phénomènes.

A savoir, d’abord, que tout homme étant en disposition de penser peut
raisonner sur la question de l’expérience de son existence, et de celle-ci parmi les autres, en quoi il peut distinguer ce qui de l’environnement ou de l’autre lui convient ou ne lui convient pas (le "connais-toi toi-même", que l’on retrouve d’ailleurs chez Descartes). Par conséquent, si je suis une probable philosophe, comme chacun de nous, je l’avance d’abord contre le système des gourous et des adeptes. (Et je le ferai non pas en transes mais en stanses - ne pas confondre quoique je ne sois pas contre les transes).

Cela suppose également qu’il y ait plusieurs façons d’être révolutionnaire comme il y a plusieurs façons d’être réformiste. La question à l’ordre du jour serait donc de maintenir la diversité ou cela se terminera par des têtes coupées et au moins par la servilité aux idées dominantes même alternatives (ça commence). Or la première façon de maintenir la diversité c’est précisément d’abolir ce qui prétend y mettre généralement et définitivement fin : le traité constitutionnel européen.

Le TCE non pas tel qu’il prétendait vouloir être, ni tel qu’il aurait pu apparaître autrement, mais tel qu’il est advenu des circonstances de fait de droit et d’histoire, dans la durée de réalisation de ses textes. Et notamment depuis le 11 septembre 2001, qui a donné lieu au néo-libéralisme mondial de profiter de l’opportunité des lois sécuritaires pour s’appliquer en totalitarisme protectionniste - de toute autre forme d’économie et de société.

Et d’ailleurs 10 pays seront consultés par référendum, nous ne sommes pas les seuls ; or les néerlandais non négligeables dans le grand marché (ils font partie des 4 pays qui financent l’Europe, je crois), commencent à s’annoncer en majorité de "non"... Qu’on arrête par conséquent de faire du référendum sur le traité une affaire franco-française !

2. Le pouvoir contre lequel nous nous battons s’annonce monstrueux par la forme contradictoire du texte.

Qu’est-ce que le pouvoir ? Le pouvoir primitif c’est "donner la mort". Mais exercer le pouvoir c’est avoir des sujets, c’est donc ne pas donner la mort à commencer : pour avoir des sujets... Succédant à Machiavel, Hegel répond : celui qui devra au pouvoir de garder la vie lui sera à jamais attaché pour la maintenir, ou reconnaissant, en quoi consiste le fondement de la servilité moderne ; c’est "la dialectique du maître et de l’esclave" - où l’on retrouve la question du gouvernement et du peuple.

Le problème du TCE c’est qu’il donne la vie en termes de droit (les
préambules et les articles) en ne cessant d’affirmer qu’il donne la mort en termes de dépassement de ces droits, par des déclarations qui les effacent (les annexes et les déclarations en annexe qui modèrent les articles en vue de leur application). Par exemple la peine de mort est abolie, mais les polices en action, ou d’autres intervenants indéfinis, auront le droit d’abattre des hommes, donc la peine de mort ne supposera même plus l’exercice préalable d’un jugement. Ce n’est donc pas un progrès mais au contraire une régression vers l’arbitraire et l’injustice de la mort infligée par d’autres hommes, et l’autorisation des polices aveugles ou abusives à advenir dans les pays où elles sont armées ; etc... - Double-bind et time-binding (Korzybsky). De même pour le droit de grève des travailleurs, qui trouve son contrepoint dans le droit de grève "patronnal" (par quoi Allende a été exténué au Chili).

On répète que le pouvoir dans la fiction 1984 s’exprime sous la forme d’un paradoxe tautologique en trois versets : "La guerre c’est la paix, l’esclavage c’est la liberté, l’ignorance c’est la force." Nous savons à observer le monde que la réalité de ces versets est une vision d’ores et déjà acquise majoritairement dans la société américaine de Bush et à l’égard des autres peuples du monde. Et parce qu’on est ici dans une liste à propos de l’art on cite l’art, c’est bien dans cette vision de l’avenir que Richard Burton, déjà très malade, avait accepté un rôle dans le film 1984 : par engagement politique - avait-il déclaré.

Le TCE structure son paradoxe à travers une stratégie contradictoire délocalisée - donc difficilement repérable à qui ne la recherche pas - entre les articles les annexes et les déclarations. Il relève donc, comme dans 1984, à la lueur de donner la vie et donner la mort, le pouvoir total, celui qui aura réponse à tout même à son contraire en exerçant sa propre contradiction, pour ne jamais perdre ni le passer à d’autres credos que ceux qu’il affiche dans les préambules.

C’est une forme parfaitement tautologique et totalitaire du néo-libéralisme que Madame Mitterrand a dénoncé à juste titre, non métaphoriquement mais réellement, par le terme de "dictature néo-libérale". Ce n’était pas un effet de style mais une formule à prendre au pied de la lettre.

Il n’est pas que le modèle socio-économique exclusif et l’obligation nucléaire définitive pour les pays qui en avaient fait leur fleuron, ni les OGM expéritalement permis donc admis puisqu’ils contaminent leur environnement d’emblée... ni... Il est aussi l’autonomie absolue de la banque européenne, alors qu’elle est le seul pouvoir non oligarchique de l’Europe : on remarque que ce seul pouvoir est séparé et la limite de ses droits non définis dans la constitution ; au contraire, on nous édifie de l’information de ses droits sans limite et sans avoir à rendre compte : la banque européenne - donc nous déduisons : toutes les banques régionales (vassales) et jusqu’aux banques de service et de secteurs. Ce qui est un comble quand on connaît déjà ici l’abus des frais de banque, les ressources difficiles de leurs clients otages, et leurs mesures discrimnantes selon les clientèles. Ce qui est un comble quand on sait que le dollar lui-même n’est pas exempt de possibles variations, d’ailleurs utilisées pour résoudre des compensations économiques ou pour faire une arme favorable aux marchés, ou contre la puissance d’autres Etats ; ceci, selon les convenances de l’Etat US et de ses protagonistes économiques dominants, et de leurs stratégies intérieures et et extérieures.

Prétendre faire face à la plus grande puissance du monde en fabriquant un nouvel Etat figé dans le béton pour empêcher son devenir plastique, le prive à jamais de pouvoir compter parmi les nouvelles topologies...

Il ne peut y avoir d’indépendance politique de la stabilité de la monnaie dans les sociétés démocratiques sans que son application rigide menace les populations dont elle règle les échanges, de plus en plus à distance du système d’équivalence de la valeur d’usage et de la valeur d’échange du système de la production qui ne se renouvelle pas localement, quand le mode libéral tend à effectuer l’argent en ressource vitale (puisque tout se paye, plus rien n’est gratuit).

Je suis contre la constitution européenne qui rend autonomes les banques au déni du recours du peuple qui se paupérise et des accidents "naturels" qui peuvent subvenir à leurs dépens. Contre la banque centrale qui inflige sa conception rigide et autoritaire de la stabilité de la monnaie, contradictoirement de la loi de libre concurrence du marché néo-libéral de référence, ce qui anéantit le seul équilibre de cette forme d’économie.

Je suis contre l’Europe qui met les citoyens en fiches et les assigne à territoire selon leur santé sous les ordres de médecins surveillés. Un citoyen qui tombe malade aujourd’hui est assigné à résidence et mis en liberté surveillée par la réforme de la santé, c’était en Angleterre de Thatcher et maintenu par Blair, à cause de cela une médecine à deux vitesses, ce sera le cas en France définitivement à partir du mois de Juin. Voilà une contmaination européenne exemplaire.. Il en va de même pour la santé que pour les réformes de la justice, curieusement réformes de justice en France que l’on retrouve prescrites dans la constituion européenne pour tous les pays !

Qu’adviendra t’il des insoumis à la médecine qui refuseront de déclarer un nom de médecin fixe à leur centre de sécurité sociale, si cela est pourtant prescrit par la loi, et même si ce n’est qu’une loi locale, autorisée en répression pour le TCE ?! Moindre remboursement, pas de remboursement ? Et si on déménage ? A moins que... les médecins dans ces conditions ne puissent donner des soins à la demande - non assistance à personne en danger légale, ou mieux : conseillée ? ou mieux encore, un peu de rétention pour mettre du plomb dans la cervelle des insoumis : voir la réponse aux déclarations en annexe de certains articles, justement le déjà cité "Acte final" p. 172 ...

Je suis contre l’Europe médicale qui pratique l’attente des examens au lieu de la médecine préventive dans les cas d’urgence. Je suis contre la médecine secouriste à l’économie, celle qui au lieu de sauver d’abord prend son temps afin de produire des corps inertes pas tout à fait morts conditionnés pour être mis en pièces détachées pour les banques d’organes.

Tel le traitement institutionnel et constitutionnel du public apparaît-il en termes de pouvoir en marge des droits de l’homme, advenant par la rétention, la punition, la vie ou la mort.

3. Critique des utopies matérialistes réalisées

Le problème de tout le dispositif théorique de Negri est d’avoir fait
l’ellipse de la critique de la réalisation des utopies matérialistes qui l’ont précédé (et cela comprend toutes les dictatures modernes que d’ériger un modèle de production ou de gestion en dictature, quelle que soit l’idéologie qui y préside, toujours esclusive), qui depuis l’écrasement de la commune de Paris et pour ne pas recommencer à exposer les futures révolutions à la répression, a toujours justifié la séparation des moyens et de la fin (par exemple entre la dictature du prolétariat et la société communiste)- et par réciprocité dialectique ce principe justifiant la nécessité de réaliser l’utopie, par conséquent toujours remise à plus tard et à l’infini, par la nécessité des moyens ou du pouvoir. C’est en termes de pouvoir une machine tautologique.

L’utopie dans ce cas apparaît comme le paradis invariable de l’au-delà commun à tous les messianismes judeo-chrétiens. Mais l’idéalisme du projet matérialiste ne s’arrête pas à la religion à laquelle par conséquent il faut croire, celle des moyens (des rites, des protocoles, des organisations, de l’ordre, du système de production de marché ou du système social, des modes de vie imposés ou prescrits), pour connaître un jour au-delà la fin annoncée comme une vérité révélée, s’agirait-il du communisme au lieu de l’URSS, ou de la terre promise au lieu d’Israël, ou du paradis de Dieu au lieu du paradis sur terre (l’ambiguité de Saint Augustin)...

Car en outre de cet idéalisme flagrant et dangereux, ou abusif et abuseur de la pratique sociale du matérialisme dialectique, édifié en vérité globale de la théorie, il se trouve un principe mécanique assez simple pour le comprendre autrement à qui ne serait pas convaincu. Que tout objet visant la cible et l’impact intègre le principe de l’entropie. Or l’entropie des moyens et de la fin séparés en dispositif pragmatique et en projet, existe. C’est bien sûr d’abord logiquement, puisque la fin est remise à jamais, et encore historiquement, puisque nous avons pu l’oberver de l’URSS jusqu’au dépérissement de l’Etat, lequel s’effondrant loin de laisser la place à la société communiste enfin réalisée livra le monde à son utopie alternative généralisée (qui remonte au XVIIIè siècle) : le néo-libéralisme des organisations supranationales structurant sans limites le monde... c’est donc, bien évidemment et sous tous les aspects : l’entropie des moyens dans la fin.

Ignorer la réalité de l’entropie des moyens dans la fin, c’est éloigner d’intégrer les moyens et la fin (comme au niveau plus particulier de la théorie et la pratique - que d’autres préfèreront nommer éthique et pragmatisme) dans un acte organiquement cohérent à l’instant même - ce qui effectue une perpétuelle plasticité des événements, et l’adaptation possible aux événements imprévisibles qui se présentent. Et ceci ne suppose ni d’attendre le renversement du pouvoir, ni de le projeter, et n’empêchant rien de cela : simplement de ne pas s’en préoccuper. - Dès lors : qu’est-ce ce qui favorise l’intégration de la fin et des moyens à l’acte, sinon la qualité des libertés donnant accès à la diversité, dans l’environnement réglé, imparfait ou antagonique, où l’on veut se donner une telle pratique ?

Il en va de même de la théorie et de la pratique. Une hypothèse simple : la question du stalinisme est réductible au fait que la dictature du prolétariat, différant l’échéance de la société communiste libérée, effectue une réalité de la société communiste par ce moyen d’y parvenir - donc selon le modèle du pouvoir, de sa hiérarchie, et du contrôle pour y parvenir. C’est comme le communisme de guerre. Quand ce dispositif s’arrête le peuple déculturé est démuni y compris du communisme. C’est exactement le problème de la politique qui commence à être menée dès Marx et Lénine lors de la fondation d’une Internationale du parti communiste exclusive. L’ennemi contre-révolutionnaire est assimilable aux ennemis de ce pouvoir et à son modèle. Donc pas seulement les Russes blancs mais aussi les anarchistes - au prix de leur sang trahi sur lequel avait reposé la réussite de l’appel "tout le pouvoir
aux soviets" et toute l’énergie du succès de la réponse -, et peu à peu tout ce qui s’oppose à la dictature y compris dans le même axe allié des fins.

Donc je suis contre la constitution européenne parce qu’elle supprime des libertés, tant le mode de réalisation économique que le mode d’administration, que les modes de vie, sont définis en charia du
néo-libéralisme, car pour bien fonctionner sur le plan de l’organisation et de la rentabilité il doit s’intéresser à tous les secteurs de la vie et de l’existence comme à leurs contraires. C’est le contrôle néo-libéral érigé en vérité révélée.

De plus, je suis contre le TCE car il substitue l’attribution symbolique de son propre système - le néolibéralisme exprimé politiquement en contrôle - donné pour invariable (un credo sous le sceau de la vérité révélée) à l’homme privilégié par les constitutions démocratiques et républicaines antérieures, et dont les droits autrefois invariants, ici deviennent prescrits.

Au contraire, dans le TCE, tous les droits de l’homme sont mis en variation contradictoire ou paradoxale et sous condition, si on lit les annexes et les déclarations en annexe de certains articles (encore l’Acte final, par exemple sur les libertés p.172 dans le fascicule envoyé aux électeurs par le ministère de l’intérieur). Il en va de même dans les annexes ou déclarations sur la liberté d’entreprendre - mais sous un seul mode d’économie et de production et dans le seul axe prescrit par les accords de l’OMC - y compris la liberté d’expression, d’association, de publication, d’éducation, tout cela étant négociable en terme de commerce ou de commerce contrôlé, etc... Avec les restau du coeur y compris de l’éducation pour les plus pauvres en guise de service public, quand les impôts et les taxes paieront la plus lourde et la plus autoritaire des machines jamais innovée dans le troisième millénaire...

Les annexes et les déclarations constituent en fait le corps matérialiste applicable de cette constitution, (et non son corps d’articles qui à la lecture de son environnement s’avère n’être qu’un leurre).

La problématique de Negri propose la submersion du pouvoir à tous les
niveaux, non seulement le parti des multitudes, ici comme avant-garde, mais de plus les masses "instruites" sous le syndicat des précaires et cognitaires selon un concept relevant toujours de la critique de l’économie politique, celle-là même qui nous a menés au néo-libéralisme constitutionnel (et même si l’on passe du travail fixe au travail variable ou intermittent c’est le même appareil d’analyse qui procède et évolue), et enfin qui intègre les experts et les administratifs, se substituant dans le rêve de la fondation de la première internationale aux meilleurs ouvriers du monde présentés par les capitalistes lors des expositions universelles...

Tels sont les "hackers" alternatifs formant la nouvelle armée de Jésus dûment payée pour arpenter le vaste monde de conférenceset de parole unique globalement représentative de l’extrêmegauche- qui bien sûr s’invite partout étant la société des experts, elle-même siégeant y compris à la table des consultants de Bruxelles - voir conseillers des rédacteurs jurisgtes de la constitution ?

Personnellement le concept du travail intermittent m’intéresse, mais en amont de la règle qui m’en est proposée, car je ne pense pas qu’il soit généralisable de cette façon qui ne fait pas cas de l’importance des personnalités elles-mêmes dans le travail ; qu’il s’agisse de la continuité et de la sensibilité du contact avec les enfants dans l’éducation (je prends cet exemple car c’est le plus évident), ou des guichetiers, ou des ouvriers, ou même des cadres, à propos de leurs facultés relationnelles ou de leurs auto-exigences exécutives... le modèle des precog est là encore un modèle machinique qui substitue l’économie des tâches à la présence de l’existence humaine qui les accomplit. Reléguant la singularité humaine au lieu où elle ne travaille pas, puisque où elle travaille elle peut-être substituée par n’importe quelle autre - pourvu qu’elle soit qualifiée -, c’est donc l’écarter à jamais, en quelques sorte une substitution voisine, l’homme substitué par la machine (la machine sémiotique), de celle à laquelle nous avons à faire face dans la constitution.

C’est une tendance de la théorie matérialiste qui accomplit et répète la division des moyens et de la fin, de l’objet et du sujet, dans le paradoxe tautologique de prendre la partie pour le tout. C’est une fois de plus privilégier le moyen, et loin d’accomplir l’entropie des alternatifs dans le pouvoir c’est le pouvoir qui accomplit son entropie dans le monde alternatif... De plus, il y a quelque chose d’extrêmement gênant dans ce dispositif, c’est la perpétuation de l’idée de progrès attachée à la modernité, qui ne tient pas compte qu’elle en soit arrivée au point du désastre annoncé par la rupture des socio-économies locales des pays développés, sous le coup des mauvaises signatures au moment du GATT... C’est à dire on l’exprime en terme social sans se soucier qu’il n’y ait plus de cohérence technique en amont... et au fond les neurogreens s’en fichent que l’on crève du nucléaire pourvu que la souffrance s’accroissant accroisse que leur masse de manoeuvre (c’est leur seul objet de jouissance puisqu’ils se prétendent hors du projet de la prise du pouvoir par la dictature... alors quel pouvoir ? celui des esclaves pétitionnaires en masse pendant que leurs cadres se gaussent des bienfaits matériels des postes et des contrats européens et de les représenter dans le monde ?

Mesdames et messieurs les activistes en pouvoir des précaires et cognitaires merci de revoir votre copie dans une dimension critique radicale de votre dispositif tant économique que social.

La théorie des Négristes présente deux problèmes gravement irrésolus, ou aveugles, qui se ramènent à un seul. En bureaucrates qui pensent à la place des autres et prétentent abusivement le faire pour leur rendre service,ils ne veulent pas entrevoir la critique de la déviation marxiste-léniniste stalinienne, alors qu’elle est organiquement fondée dans l’opportunisme du principe de la dictature du prolétariat, non seulement comme arme face aux contre-révolutionnaires, mais surtout et d’abord comme modèle de réalisation de la société communiste par la dictature. Ce qui est imputable à l’Europe entière aujourd’hui sous la forme néolibérale totalitaire (exclusive et forcée et se réalisant par le contrôle)... Au lieu de la société communiste trouvant son modèle à l’épreuve pragmatique des structures que les acteurs sociaux se donnent par eux-mêmes sur chacun de leurs lieux d’activité et de vie. Il veut du central sous couvert de faire disparaître les Nations, il veut un grand Etat en plein pouvoir, celui qui donnerait lieu à de larges masses... inch Allah :))... et alors quelle partie de lutte des classes, les enfants !!!! Althusser et Saint François seraient de retour ensemble !

Or, nous souhaitons avoir donné à ressentir dans ce texte que tout projet avancé par une organisation - ou un individu - est réductible aux moyens qu’il se donne.

Seulement les altermondialistes qui ont déjà fait l’expérience de la représentativité incontestable du mouvement global de masse, sans véritable impact sur des réformes, et de la répression physique ou de la simple mise à l’écart loco-géographique lors des assemblées mondiales des organisations supranationales, en ont tiré d’autres leçons ; justement ils ne l’entendent pas comme Antonio Negri, qu’il s’agisse de Danielle Mitterrand, de Attac, et tous les autres mouvements centrés sur ce combat - qui demanderait de plus en plus de fonds financiers pour se développer davantage en masses présentes, vu les distances à parcourir.

Eux, au contraire de Negri auquel Libération, abject plutôt qu’ignorant, attribue à tort d’avoir inspiré Gênes, se concentrent pour appeler à voter Non au TCE.

L’Europe des trusts militaro industriels français et de la banque, l’Europe des faux libres marchés (muselés par la monnaie et les concentrations financières), l’Europe de l’exclusion de l’autre, modes et personnes : nous n’en voulons pas.

Les Negristes se croyant raisonnables parce qu’ils sons savants en
matière de systèmes, rêvent éveillés sous les lunettes déformantes
de leurs inventions traditionnelles, comme des enfants blessés devenus pervers... Qu’ils prennent une loupe pour se pencher sur le rôle du détail dans la stratégie
constituante.

Quand le totalitarisme est là c’est trop tard pour le combattre ; il soumettra à jamais ou provoquera des bains de sang. Il faut donc l’empêcher d’advenir en règles avant qu’elles ne proclament la légitimité de leur usage sans discernement, avant d’en avoir vu le pire : il n’y a plus d’autres solution que le non. Et ce non voudra bien dire non, si ce n’est pour le même projet fantasmé, ce sera pour le même projet accompli, et ce ne sera pas par malentendu.

NON.

L’Europe sera diverse, critique et non néo-libérale totalitaire, ou l’Europe ne nous aimera pas. L’homme n’est pas un objet de manipulation mais de souveraineté.

L.


4. Quote : UN CAHIER SPÉCIAL SUR L’EUROPE

Le Monde diplomatique propose, dans ce « cahier » spécial
consacré à l’Europe, un ensemble de documents essentiels,
une large sélection de sites institutionnels, ainsi que
des analyses, graphiques et tableaux pour comprendre.

Dernière mise à jour : mai 2005

http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/

Le plan du cahier

http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/plan

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L’EUROPE DANS LA TOURMENTE

La ratification du traité établissant une Constitution pour
l’Europe (TCE), signé le 29 octobre 2004, a
commencé (1). Dix pays (2) sur vingt-cinq ont choisi
le référendum, les autres le vote parlementaire. Cependant,
c’est la consultation des Français le 29 mai 2005 qui
retient l’attention : une réponse négative déciderait
certainement du sort du traité dans la mesure où la France
est l’un des six pays fondateurs de la Communauté économique
européenne (CEE) et où elle joue un rôle important de la
scène internationale.

L’éventuel échec du traité ne doit pas effrayer.
L’apocalypse dont les partisans du texte menacent l’Europe
ne se produira pas plus que lors de la non-ratification de
la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 ou de la
démission de la Commission en 1999. Le choix des Français,
comme des autres Européens, doit porter sur le fond du
traité constitutionnel et l’orientation qu’il imprime à la
construction européenne. L’échec du TCE obligerait enfin les
Vingt-Cinq à discuter du contenu du projet européen, plutôt
que de brandir menaces et anathèmes dès que des critiques
sont formulées. Car, de blanc seing en blanc seing, l’Union
s’enlise.

En effet, l’Union européenne est une organisation adulte
mais très immature : elle est incapable de discuter en
profondeur de son avenir (quel projet commun pour une
organisation de plus en plus en plus composite ?) et préfère
se perdre dans les méandres du meccano institutionnel
(combien de voix pour chaque pays au Conseil des ministres)
ou dans les fuites en avant (élargissement massif à 10
nouveaux pays en mai 2004 alors que les institutions n’ont
pas été réformées en profondeur).

Qu’on ne s’étonne pas alors que des citoyens des pays
membres « décrochent » ! D’où les référendums négatifs au
Danemark sur le traité de Maastricht (1992) ou en Irlande
sur le traité de Nice (2001). Ces votes sonnent comme un
avertissement et un appel jamais entendus. « Il faut
rapprocher la construction européenne de ses habitants »,
s’inquiétait le Sommet européen de Laeken en décembre 2001.
Mais, pour cela, ne faudrait-il pas que l’Union s’attache à
élaborer une vision, sinon commune du moins socialisable,
des grands enjeux de la planète ? Ne faudrait-il pas qu’elle
définisse un projet de civilisation clairement identifiable
qui la distinguerait de la gangue informe de la
mondialisation libérale et guerrière ? Un projet qui, en
outre, justifierait tous les sacrifices de souveraineté
auxquels les Européens ont consenti, bon gré mal gré, depuis
cinquante ans ? Or, sans cesse, ces débats sont repoussés et
le TCE, quasi impossible à réviser car il faudra l’unanimité
des Vingt-Cinq, tend à verrouiller l’évolution de la
construction européenne et toute discussion sur elle.

Présenté par ses rédacteurs comme la réponse à tous les maux
(opacité, division, absence de démocratie...), le traité
constitutionnel pose davantage de problèmes qu’il n’en
résout. De manière très significative, lors de son
élaboration, le débat a porté sur la pondération des voix au
Conseil des ministres (lancée par l’Espagne et la Pologne
dont il diminuait le poids institutionnel) alors que la
caractéristique majeure du texte est ailleurs et bien plus
préoccupante : la constitutionnalisation du libéralisme
économique dans sa partie III.

A rebours des traditions constitutionnelles européennes, la
loi fondamentale proposée mélange allègrement le fond et la
forme : chaque « avancée » ou réforme institutionnelle
correspond à un nouveau verrou économique. Le fédéralisme
technico-monétariste se voit fossilisé, tandis que les
politiques sociales et budgétaires demeuraient phagocytées !
Les principes fondamentaux de la construction européenne,
énoncés dans le préambule du texte, font de la concurrence,
du libre-échange et des règles monétaristes, les valeurs
cardinales en vertu desquelles seront organisées et évaluées
toutes les politiques et toutes les décisions. Cette
évolution majeure n’a pas fait l’objet de discussion
véritable, comme si, au fond, elle était considérée comme
acquise, inévitable. C’est ce débat que la montée du « non »
qui semble s’amorcer commence à ouvrir et que sa victoire
obligerait à tenir enfin.

En effet, la désaffection de la grande majorité des citoyens
pour l’Union européenne traduit d’abord son incapacité à
répondre à ce qui taraude et écartèle toutes les sociétés
occidentales : le chômage, la paix, la sécurité sociale. Au
lieu de s’atteler à répondre à ces questions, l’Europe se
coule docilement dans le moule de la mondialisation libérale
et peine à affirmer une différence politique face à un
empire américain devenu dominateur, comme l’a montré
l’invasion de l’Irak menée en violation du droit
international et des règles classiques du droit de la guerre
.

Un terrible manque d’imagination semble paralyser les
dirigeants européens. Sur le fond des politiques, ils
suivent le mouvement dominant, économiciste, privatiseur,
tout en prononçant ici ou là de larmoyants discours sur le
« modèle social européen », d’autant plus invoqué qu’il
n’est jamais défendu. En ce qui concerne les institutions,
ils bricolent au petit bonheur (une dose de majorité
qualifiée par ci, un peu de co-décision pour le Parlement
par là, une responsabilisation de la Commission mais pas du
Conseil...) sans chercher à inventer un modèle propre à
l’Union européenne comme avaient commencé à le faire les
Pères fondateurs (Jean Monnet notamment).

Cependant des frémissements sont perceptibles depuis la
crise irakienne du printemps 2003. « Mieux vaut une Europe
divisée qu’une Europe dominée », estime ainsi le politologue
Pascal Boniface. Au moins, les divergences ont-elles fait
apparaître une Europe différente derrière les diplomaties
allemande, française et belge tandis que la maladie du
suivisme et l’illusion de la « relation spéciale »
affectaient une nouvelle fois le Royaume-Uni. Par exemple,
la Commission européenne hésite de moins en moins à attaquer
les Etats Unis devant l’Organe de règlement des différends
de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Même si, dans
le même temps, sa soumission au libre commerce le moins
imaginatif prive l’Union d’une véritable protection de sa
culture et de ses productions agricoles . Enfin, le refus
des gouvernements d’appliquer de manière mécanique le pacte
de stabilité budgétaire et de croissance à la France et à
l’Allemagne (novembre 2003) manifeste une tentative de
reprise en main du politique face à une orthodoxie
économique qui étouffe la lutte contre le chômage et la
pauvreté et ligote les puissances publiques européennes. Les
deux pays violaient des règles qu’ils avaient eux-mêmes
instaurées il y a bientôt dix ans, mais ces règles
n’étaient-elles pas des règles du passé, érigées lors de la
période la plus intégriste du libéralisme mondialisé ?
C’est-à-dire avant l’échec de Doha, de Cancun, avant les
contre-sommets altermondialistes ? Mais le relatif
assouplissement du pacte de stabilité, décidé par le Conseil
de européen de Bruxelles, le 22 mars 2005, ne joue qu’à la
marge et ne remet pas en cause la logique étouffante du
pacte que le TCE confirme.

Le traité constitutionnel n’empêche-t-il pas de concrétiser
des évolutions positives en enfermant l’Union européenne
dans ses travers fondateurs : la domination des questions
économiques (dans leur version libérale et monétariste) sur
les questions sociales, le manque de démocratie et l’absence
de projet politique mobilisateur ?

La construction européenne a besoin d’un souffle nouveau.
Bien installée dans le paysage continental, elle doit
retrouver une légitimité populaire et inventer un projet
politique qui lui soit propre.

ANNE-CÉCILE ROBERT.

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(1) Voir le calendrier des ratifications.

(2) Danemark, France, Irlande, Luxembourg, Pays Bas,
Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume-Uni et
Espagne.

http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/

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5. NOTRE CONSTITUTION POINT NET

Depuis la mise en ligne sur NotreConstitutionPointNet de l’intégrale Traité en mode Hypertexte le 20 avril (voir Libé du 22 :
http://www.liberation.fr/page.php?Article=291640 ), la Commission Européenne s’est réveillée (un peu) et a mis en ligne mercredi
dernier une version HTML de la Constitution !

Malheureusement il ne s’agit pas d’une version vraiment hypertexte : pas de liens de chaque article vers ceux auxquels il fait référence, pas de moteur de recherche, pas de liste des références à l’article courant, et surtout pas d’adresse fixe pour chaque article sur laquelle les divers sites de débat en ligne pourraient pointer afin d’étayer leur discours...

Cela, nous l’avons réalisé de manière bénévole avec les moyens du bord sur NotreConstitutionPointNet. Le site est à l’entière disposition des internautes pour faciliter leur lecture et leurs recherches.

Notez aussi qu’entre temps, un site norvégien de Bergen a mis aussi en ligne une très jolie version hypertexte en Français :
http://gandalf.aksis.uib.no/%7Ebrit/EU-CONST-FR-cc/index.html (Tiens
bizarre, la Novège n’est pas dans l’Europe au fait !). Mais cette version ne réalise qu’une partie de ce que nous rêvons qu’il devrait être fait pour tous les textes de loi. Il n’y a pas d’adresse fixe par article nottamment...

Olivier Auber


COMMUNIQUE du 22 avril (pour mémoire)


Depuis le 20 avril, NOTRE CONSTITUTION POINT NET publie sur
http://notreconstitution.net l’intégrale de la Constitution Européenne pour la première fois en mode hypertexte.

NOTRE CONSTITUTION POINT NET propose aussi

 des liens hypertextes profonds et stables sur chaque article (pour
illustrer vos propos en ligne)
 des fonctions avancées de recherche de mots ou de notions
 des outils de visualisations de la structure sémantique
 et toutes les fonctions d’un wiki pour la rédaction de commentaires

NOTRE CONSTITUTION POINT NET est une initiative spontanée de simples
citoyens de tous horizons politiques engagés pour la lisibilité des textes de loi. NOTRE CONSTITUTION POINT NET s’interdit d’exprimer un quelconque conseil de vote.

NOTRE CONSTITUTION POINT NET est aussi agrémenté d’une consultation ouverte lancée en partenariat avec le Club de l’Hyper-république : « Le Référendum est question » (Vote coloré)
http://notreconstitution.net/index....
Chacun est invité à y exprimer son opinion non pas sur la Constitution, mais sur la tenue du Référendum lui-même.

Vous pouvez nous rejoindre et devenir rédacteur du wiki en vous rendant sur la page : http://notreconstitution.net/index....

La Communauté des rédacteurs de NOTRE CONSTITUTION POINT NET est joignable ici :
http://notreconstitution.net/index....

Olivier Auber


(sources nettime-fr-raw ; nettime-fr ; spectre)

Messages

  • C’est orphée qui vient s’excuser pour toutes ses fautes, comme d’hab il les voit toujours à relire la chose éditée, quand il est trop tard pour y revenir...

    Guentanamo pour Guantanamo, évidemment... j’espère que personne n’a pris le camp carcéral pour de la musique et il y en a d’autres et d’autres...

    Pas sur le fond : là je suis certain. Et d’ailleurs on le sait.

    Mais je vous assure que la version envoyée sur la liste precog par Louise après avoir lu ce qu’Orphée avait fait ici de son post sur nettime et sur spectre (qui en comptaient aussi leur lot - de fautes) est dûment corrigé, quasiment un sans faute :)))

    O.