Accueil > Répression : ça r’cogne à la mairie du 19e
En juin dernier la mairie du 18e s’illustrait par un haut fait d’arme en envoyant la police frapper un collectif de mal-logés venu sans rendez-vous afin de négocier les conditions de relogement de ses membres habitants l’arrondissement. Peu sensible à la requête, la municipalité s’en allait rapidement appeler la force publique pour réprimer en capturant, menottant et frappant (des femmes pour la plupart) ceci même dans le décor inattendu d’une exposition sur mai 68 qui se tenait dans la mairie. Résultat : 3 blessés (certificats médicaux et témoignages à l’appui).
Cette manière dans l’air du temps fait école avec des suites plus élaborée : c’est la mairie du 19e qui se fait visiter ce mercredi 3 décembre toujours sans rendez-vous par le Collectif des Mal-logés en Lutte. Groupe de mal-logés organisés composé de salariés pauvres, de chômeurs et d’agents des services publics parisiens luttant pour l’augmentation de la production et l’attribution de logement aux bas et très bas revenus.
LES FAITS : le Collectif des mal-logés en lutte, jeune organisation de mal-logés, indépendante du pouvoir municipal et soutenu par la CGT du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris fait une visite collective et festive dans les locaux de la mairie du 19e. Tout s’y passe pour le mieux.
Après une heure de joyeuseté dans les locaux de la mairie, sous le regard parfois agacé parfois amusé mais aussi sous des manifestations de solidarité des employés, des élus manifestent leur pire dédain et décident d’appeler la police afin de mener une opération de répression sans ménagement. La mairie est alors bouclée, un membre du collectif, agent de la ville parmi les manifestants (cégétiste et noir, ce qui n’arrange rien sans doute) se retrouve capturé et étranglé. Un autre (noir également) est désigné pour être arrêté, tombe au sol et violenté sans ménagement. On décide de l’arrêter. Un policier fait la remarque : On arrête celui-là ? mais il n’a rien fait… un supérieur lui répond On l’arrête !.
LE DETENU : Commence alors une garde à vue de 23 heures au commissariat Ourq, le manifestant est tenu au cours de nombreux interrogatoires qui totaliseront plus de 6 heures d’avouer avoir voulu saboter les élections prud’homales. Il apprend alors de la bouche du policier que le maire a porté plainte pour entrave aux élections. Néanmoins le maire pourrait faire un geste : on lui demande un repentir qui devra se traduire par une petite délation : identité des deux personnes qui distribuaient des tracts a l’extérieur…Le détenu ne s’exécute pas, ne voyant même pas de qui il pouvait s’agir, il fait deux passages à l’Hôtel-Dieu pour examen des blessures occasionnées par l’interpellation.
Au terme de ces moments de manifestation festive qui dureront plus d’une heure, la mairie fait intervenir la police qui boucle le bâtiment. C’est alors qu’effectivement, le processus électoral est entravé, non par la circulation bruyante de personnes dans les locaux (il n’a jamais été observé qu’un peu de bruit venant d’un couloir empêchait le dépôt d’un bulletin dans une urne…) mais par la décision des responsables de la mairie qui veulent manifestement en découdre avec les mal-logés qui souhaitent s’exprimer et revendiquer.
L’ISSUE : Il est finalement libéré le lendemain vers 16 heures après plus de 23 heures de détention. Entre-temps, l’Union départementale CGT a été prévenue et est intervenu, les réseaux militants et associatif du 19e arrondissement ont été tenus informé et fait circuler cette histoire unanimement jugée scandaleuse.
APRÈS : appelée faire connaître sa position (conversation téléphonique prise en note du 8 décembre 2008) la mairie semble reconnaître qu’il n’y a pas eu entrave au processus électoral, néanmoins une plainte a été déposée contre le meneur ( sic) en raison du risque d’entrave. En ces temps sécuritaires, nous sommes désormais informés que la mairie envisage une suspension des libertés publiques chaque fois qu’elle estimera qu’il y a un risque pour ses intérêts.
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