Retour du Rwanda

Salut,

Des nouvelles de mon séjour à Kigali. Je viens de rentrer à Yaoundé.

Le recueillement au stade Amahoro a été extrêmement émouvant et poignant. J’ai pleuré les miens, morts à Kibuye et à Bisesero. Avec les Gacaca et les confessions des bourreaux (uniquement des simples tueurs) on a retrouvé récemment une nouvelle fosse commune dans les environs de Kigali. Je ne pouvais pas y aller étant trop émotif. Les Tutsi ont été jetés vivants pour la plupart dans une très grande fosse remblayée immédiatement au bull. Mes amis m’ont dit que les corps (plus de 500) étaient encore bien conservés avec la chair momifiée, les vêtements etc... 10 ans après ! Certains ont même pu identifier les leurs.

Le Ministre Romain Murenzi qui a assisté à la cérémonie d’enterrement des restes m’en a également parlé. Car j’ai eu aussi quelques réunions de travail avec mes collègues universitaires, pour la mise au point d’un DEA de mathématiques appliqués et d’informatique (dans le cadre du labo MAT - Mathématique et Applications Thématiques).

Renaud Muselier à fait un clash après les propos de kagamé à la conférence et est parti tout de suite, sans assister aux cérémonies. Comment un pays aussi merdeux sur cette question peut-il montrer autant d’arrogance et de mépris ?

La tenue de la conférence a été dans l’ensemble excellente. J’ai apprécié Lina Melven (auteur de "Rwanda, un peuple trahi" qui a l’air d’être un bon livre et même un très bon livre d’après les discussions que j’ai pu avoir avec elle). Ci-joint ma communication. J’ai dit à peu près ça, n’omettant que la partie sur Turquoise et sur l’opération Artémis pour faire plus court. Et j’ai lu en revanche les dernières phrases des conclusions provisoires de la CEC. Il était très important qu’un Français montre aux Rwandais que nous ne somme pas tous derrière Mitterrand et Chirac. C’était aussi le message de mon interview à la télé rwandaise. J’étais le seul Français parmi les intervenants.

Dans les résolutions de la conférence, sous la direction intelligente, claire et précise de François Ngarambe (président d’Ibuka) a été notamment décidé que le Rwanda fasse sa propre enquête JUDICIAIRE sur le rôle de la France. Il est temps de notre côté de prolonger l’action de la CEC en une association dont le but est également la mise en cause judiciaire des responsables.

Battons le fer tant qu’il est chaud. Il ne pourra y avoir de coopération saine entre le Rwanda et la France qu’à cette condition.

Amitiés

Jean-Paul.Gouteux AT tiscali.fr

"Lorsque le bûcheron pénétra dans la forêt avec sa hache,
les arbres se dirent : ne nous inquiétons pas, le manche est des nôtres."