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Réunis en congrès, les Verts se divisent sur les termes d’un accord avec le PS

Publie le dimanche 5 décembre 2004 par Open-Publishing

de Laetitia Van Eeckhout

Les verts, réunis en congrès samedi 4 et dimanche 5 décembre, à Reims (Marne), doivent arrêter la nouvelle orientation politique du parti pour les deux prochaines années et désigner leur équipe dirigeante. A la veille de l’ouverture de leurs travaux, ils n’étaient pas parvenus à dégager une synthèse générale entre leurs quatre principaux courants. Inventaire des trois interrogations qui traversent le parti écologiste.

Quels courants pour quelle direction ? Les Verts sont traversés par quatre courants, qui se sont comptés, le 21 novembre, lors du vote sur les motions d’orientation du congrès. "Rassembler" réunit des membres de plusieurs courants du congrès de Nantes (2002) autour de Noël Mamère, député de la Gironde et de Dominique Voynet, sénatrice et ancienne ministre de l’environnement de Lionel Jospin. Il n’a obtenu qu’une majorité relative (35,82 %).

Pour participer à la direction du parti, elle devra composer avec au moins l’une des trois autres grandes sensibilités : "Regain, décidément Vert" (RDV), ancré à gauche et animé par Gilles Lemaire, le secrétaire national, et Alain Lipietz, arrivée en tête en 2002 mais en deuxième position lors du récent vote des motions (25,42 %) ; les environnementalistes de Guy Hascoët (19,79 %), et le nouveau courant "Autonomie, ouverture et convergence" (AOC) qui se pose en alternative à la "guerre des chefs" (17,4 %).

Selon les statuts du parti, la nouvelle direction doit être élue par 60 % des délégués. La majorité des militants souhaite la fin des luttes intestines. Une synthèse à deux, à trois, voire à quatre ? Tous les scénarios sont possibles.

Mireille Ferri, l’un des piliers de "Rassembler" et candidate au poste de secrétaire nationale, souligne qu’un attelage à trois excluant son courant rendrait le parti "politiquement ingérable". Elle tente aujourd’hui de construire une synthèse à quatre. M. Hascoët, animateur du "Pôle écolo", lui aussi candidat à la succession de M. Lemaire, se dit également favorable à une synthèse générale, estimant incarner "le centre de gravité" du parti.

Seule la gauche des Verts, qui compte deux prétendants au secrétariat national - M. Lemaire et Cécile Blettery-Duflot -, privilégie avant tout une synthèse à trois, qui exclurait le courant Voynet-Mamère. A moins que Rassembler ne se rapproche de ses positions.

Quelles relations avec le PS en 2007 ? Les quatre courants défendent l’autonomie des Verts, pour affirmer leur identité et leur place au sein de la gauche. Le projet de synthèse auquel ont travaillé les quatre courants, ces deux dernières semaines, reprend cette exigence.

Il reste, cependant, à trancher la question de l’introduction d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin majoritaire. Faut-il faire d’un engagement du PS sur ce point une condition sine qua non d’un soutien des Verts au candidat socialiste au second tour de la présidentielle de 2007 ?

Le projet de texte de synthèse en fait "une condition incontournable du désistement en faveur du candidat de gauche au second tour de l’élection présidentielle". Ce que refuse d’entériner "Rassembler", prêt à en faire un préalable à tout accord de gouvernement avec le PS, mais pas une arme de rétorsion lors de l’élection présidentielle.

Quelle position sur la Constitution européenne ? La direction sortante, tenue majoritairement par la gauche du parti, a tout fait pour éviter que ce sujet ne devienne un enjeu du congrès. Mais l’Europe sera présente au congrès de Reims. Les Verts n’arrêteront une position officielle que le 13 février, dans le cadre d’un référendum interne.

Un premier tour de scrutin, le 21 novembre à l’occasion d’un vote sur une motion "pour un "oui" européen", a cependant donné une indication : 46,6 % des votants ont approuvé ce texte en faveur de la Constitution européenne, 22,1 % s’y sont opposés. Mais 31,2 % des militants ont préféré s’abstenir. Dominique Voynet assurait, vendredi 3 décembre, sur LCI, "ne pas douter du résultat du référendum" interne, affirmant que les Verts étaient "un parti européen sans ambiguïté".

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-389661,0.html