Accueil > Rocco Buttiglione : parfum de macho
de GIANFRANCO CAPITTA
Une véritable machine de guerre s’est mise en marche autour de Buttiglione et
de sa minable performance à Bruxelles. Sans aucun sens de la mesure, Galli della
Loggia décrit une Europe esclave du politically correct (et évidemment toujours à cause
de la gauche) devant la perfidie pécheresse de laquelle, le philosophe qui ne
réussit jamais à faire comprendre les concepts les plus simples, se serait trouvé tel
le martyre Tarcisius ou le bienheureux Dominicain de Saragosse. Si vraiment nous étions
tous victimes du politically correct, nous n’aurions pas à subir si souvent tant
de vulgarités qui n’enfreignent pas cette correction conventionnelle mais les
valeurs et les droits les plus élémentaires de l’humanité.
Il est paradoxal qu’une formation qui nous remplit à tout moment la tête et le reste de professions de liberté résolument affirmée et de libéralisme et de garanties d’évasion, invoque ensuite une pratique tenace de l’état éthique qui va des interdictions tyranniques du ministre Sirchia au credo catéchistique de Buttiglione, philosophe, cielliste (adepte du mouvement CL, comunione e liberazione, NdT), ex ministre promu "modèle européen" mais déjà réexpédié à l’envoyeur à cause de son péché, là oui, d’arrogance.
Ces parlementaires sévères du Nord de l’Europe ont une religion peut-être encore plus prescriptive et intériorisée que la religion catholique mais ils savent qu’elle concerne leur foi et ne peut devenir un slogan et une domination de l’agir politique pour la totalité des citoyens. Il y a évidemment quelqu’un qui ment ici.
Ce n’est certainement pas le ministre Tremaglia, nostalgique ingénu qui découvre stupéfait une Europe d’ "enculés". La conversion du gouverneur du Latium, Storace, est plus difficile à accepter, Storace, jadis élu sous la pression paroissiale, qui entonne à Montecitorio des choeurs de chambre du type pé-dé, pé-dé contre les adversaires et qui aujourd’hui offre une candidature à la promotrice de la Gay Pride de l’année sainte, Imma Battaglia en créant à la pauvrette, s’imagine-t-il, quelques problèmes en perspective.
En somme, la sexologie de la droite se montre elle aussi plutôt élastique, surtout devant le vote. Si Buttiglione voulait apparaître comme un proto chrétien de péplum païen, il a obtenu ce qu’il voulait. Le Corriere della sera grimpe aux rideaux pour le défendre mais montre très clairement que tout peut être accepté pourvu que le jeu de rôles en reste à la consommation sans prétendre ni droits, ni services : on peut "pécher" mais pour sauver l’économie stagnante.
C’est la morale des Sirchia, des Buttiglione et du candide Tremaglia. Il suffit de retourner le "Corriere" d’hier, symétrique à l’éditorial, il y a une page entière sur un parfum Dolce & Gabbana. Qui ne fleure pas exactement le macho.
Il Manifesto, 15 octobre 2004
Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao