Accueil > Rome - Petits ultras au cours de bestialité

Rome - Petits ultras au cours de bestialité

Publie le samedi 4 février 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

Sur les gradins, entre les inscriptions nazies et les drapeaux aux croix gammées, les visages des protagonistes:chaussures et blousons de marque, téléphonant avec leur portable

Des petits jeunes cagoulés, des petits ultras au cours de bestialité

de Emanuela Audisio traduit de l’italien par karl&rosa

ROME - Tu regardes les visages : des regards jeunes, la peau lisse. Des mineurs selon l’état civil, des enfants dans leur tête. La pire jeunesse, des yeux sans aucune crainte. Même deux filles qui tiennent la banderole "Got mit uns" (gott on l’écrit avec deux t, les enfants, allez-vous apprendre un peu les langues,oui ou non ?). Une blonde, béret militaire à la Che Guevara, genre pin-up, veston fourré, de la main gauche elle tient haut le s en forme de croix gammée de uns, une autre, brune, presque submergée, qui tient le n. Dans la nouvelle banalité du mal les femmes aussi veulent compter pour quelque chose, avoir une place au premier rang, aucune importance si on mêle des idéologies différentes.

Pauvre Albert Camus, qui en tant qu’ancien gardien de but avait dit : "Le stade est le dernier endroit où je me sens innocent". Tu regarde l’habillement : des jeans, des pulls, des doudounes, des sneakers. Des écharpes au cou ou autour de la taille. Les marques sont celles de la pub, celles de nos enfants, pas de ceux qui sont marginaux. De ceux qui veulent être bien habillés, n’être pas coupés de l’actualité.

Tu te demandes : s’agit-il des prochains monstres ? Ces jeunes à peine descendus de leur mobylette ? Habillés comme quand tu les attends à la sortie de l’école : Nike, Converse, The North Face, Slam, Carhartt. Probablement des cadeaux reçus à Noël en échange d’une bonne note. Tu cherches à comprendre : savent-ils ce qu’ils font, s’en rendent-ils compte ? Ou qui sait : peut-être pensent-ils donner visibilité à un gribouillage spirituel. Comme ceux qui appellent la radio pour dédier la chanson "Fuck" de Eamon à leur fiancée en croyant qu’elle est romantique. Tu t’étonnes : derrière la banderole personne n’a le visage couvert, au contraire, sur les visages il n’y a pas de honte, plusieurs jeunes rient, comme si l’inscription était une boutade de bande dessinée, un spray psychédélique. Tu regardes les cheveux : tous très courts chez les garçons, presque rasés et longs, au contraire, chez les filles. Il y en a une autre, blonde, le visage angélique, pull à col roulé, derrière une affiche du duce et un drapeau fasciste. Tranquille, comme si elle était à un happy hour avec ses amies : excuse-moi, c’est quoi ta marque de rimmel ? A côté d’elle il y en a un qui parle dans son portable, appuyé à un drapeau au symbole nazi. Modernité et passé horrible, comme si de rien n’était.

L’assurance, la normalité du regard frappe, comme si le stade était une poubelle où se libérer de sa propre bestialité. De toute façon, là il n’y a aucune taxe à payer, c’est normal, tout le monde le fait. Cela rappelle d’autres photos de racismes, celles des lynchages en Alabama, où à côté des Noirs lynchés pendant aux arbres, les étranges fruits chantés par Billie Holiday, tu vois des citoyens blancs posant, le sourire aux lèvres. Et tu te demandes : mais un peu de honte, un peu de sens du dégoût, éventuellement un regard baissé, comme pour dire : à présent je me trouve ici, mais Dieu sait si je voudrais ne pas y être, rien du tout ? Ceux qui vont à Auschwitz avec les voyages scolaires italiens sont préparés : des ricanements, de grands échanges de messages téléphoniques, des sonneries musicales qui trillent, aucun respect pour l’histoire. Et alors tu te demandes : pourquoi cela devrait-il être différent au stade ? Pas beaucoup plus loin, en effet, il y a un autre drapeau avec l’inscription Tradition Catholique et le symbole d’un cœur transpercé et d’une croix.
Des photos de groupe avec des tifosi. Dans la courbe nord, il y a une autre bande de jeunes qui s’amuse à agiter des drapeaux noirs aux croix celtiques pour faire la nique aux tifosi du Livourne.

Comme si l’exaltation du nazisme était une question privée entre tifosi. Ils auront 14-15 ans, ils semblent conscients de la provocation, en effet ils sencachent le visage avec leurs écharpes. Il y en a un, plus enfant que les autres, il aura une dizaine d’années, avec cagoule, sac à dos, veston rouge et noir, qui joue, en agitant le drapeau comme un cerf volant. Tout de suite après, il le passe à un autre garçon, cagoulé, un signe qu’ils savent qu’il est préférable de ne pas se faire reconnaître. Tu te demandes : est-ce qu’ils ont des parents ? Parlent-ils chez eux, disent-ils : je vais jouer au nazi au stade, ou sont-ils des monstres avec le silencieux ? Certes, ils ne seront pas tous bad boys, peut-être aident-ils les petites vieilles à porter les courses en haut de l’escalier et s’il y a à faire un geste généreux tu peux compter sur eux, pourvu qu’il ne s’agisse pas d’un jour de match. Parce que la schizophrénie est justement là : être de petits jeunes qui vont voir La liste de Schindler et ensuite au stade se ranger du côté des nazis.

Les pauvres, a-t-on toujours dit, les ultras sont des ignorants, ils regardent les figures, les dessins : que savent-ils vraiment des croix gammées, de la Shoah ? Comme si s’amuser avec ces conneries était une chose de rebelles, de ceux qui hurlent leur rage au monde. Mais il suffit de regarder les photos : il n’y a pas de visages pasoliniens ou à la Lombroso, il n’y a pas de vieux, de retraités, de gens grandis avec le foot, mais l’adolescence des places, des parapets, des écoles, des bars, il y a les couples, lui et elle qui rient et s’embrassent au dessous et au dessus des symboles du passé. Des scènes de folie ordinaire, comme si sponsoriser des actes criminels n’était plus un délit. Personne qui se tourne et dise : s’il vous plait, éliminons cette indécence. Parce que l’idée est qu’au stade on peut et on doit être rude, de toute façon c’est légitime, il ne s’agit que d’une allégorie. Voilà ce qui frappe à l’étranger, comment est-ce possible que l’Italie, ou plutôt une partie de ce pays, passe des dimanche si bestiaux.

Tu regardes les photos à nouveau : pour chercher, même dans un coin, un remord solitaire, un signe de malaise. Rien. Alors tu te demandes : mais si ceux-là sont ainsi à 15 ans, si on le leur permet, comment seront-ils à 25 ? Et alors tu comprends : l’enfer est justement dans la normalité, dans les regards sereins, dans ces sourires de stade. Des instantanés d’un pays que tout le monde veut raconter et que personne ne voit. Des jeunes qui hier soir seront rentrés avec leur beau visage, se seront assis regarder la télé, contents de se reconnaître, tandis que les parents acquièseront. Beau match, n’est-ce pas ?

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=12311

www.repubblica.it

Messages

  • J’suis effaré...

    Que font les autorités...

    Mis à part que leurs parents et grands parents allaient aussi au stade pour ovationner frénétiquement carément des dictateurs. Bien entendu il y a des gosses qui échappent à ce genre de pédagogie, qui fuguent, et certainement pas pour rejoindre les rangs militarogènes de tels fanatiques.

    Je ne puis me tromper sur ce sujet me rappelant la théorie de Halbwachs relative aux phénomènes de transmission de la mémoire collective et le rôle spécifiquement particulier que joue la famille dans les rouages pratiques de certaines constatations... Maurice Halbwachs retenait un exemple moins rude à son époque puisqu’il traduit les transmissions familiales en matière musicale et culturelle mais ses concepts d’analyse sont tout à fait transposables au champ politique, sportif etc...
    Merci Maurice d’en avoir éclairé certains et d’avoir échappé à la saisine de parents idiots !!!

  • le kop de boulogne que vs avez sitez agis en toute impuniter ds le parc des princes mais a subis ses dernirrs temps bcp de repression il etait temps me direz vous,le facisme ds les tribunes du football remplis les caisses et sert aussi de recuperations politiques.les ultras de la roma sont des supporters d’extremes gauche les south winners marseillais doncs je fait partis etions jumelés avec eux et un jour ils sont passer a l’extreme droite aller savoir.la politique envahi les stades surtous l’extreme droite a savoir que si tu fé parti d’un parti politique dextreme gauche(lcr) tu es ficher !!!!mais si tes fachos tu px tranquilement aller ds les stades faire le salut nazi exiber des drapeaux avec croix gammés en tte impuniter.ENSEMBLE LUTONS CONTRE LE RASCISMES

    • bien dit ensemble luttons contre le racisme vous parler de l’Italie mais rare son les stades en france ou il n y a pas de racisme : Paris, Lyon St Etienne, nice, Nantes enfin quasiment tous on actuellement des groupes a tendances raciste et je pense qu on pourrai faire la liste des club qui n’en n ont pas on irrai plu vite : Marseille, Bordeaux, Sochaux et je croit qu on peu s arreter la. Mais c’est toujours comme ça on voit toujours la paille dans loeil du voisin mais pas la potre qu on a devant les yeux.

      Pour mémoire l’an dernier j’ai vu les suportaire lyonnais faire le salut nazi en chantant la marsaillaise devant un drapeau français estampiller d’une croix celtique dans un stade français

  • lachez la roma les gars ca fait longtemps qu ils ont réglé ces probl_èmes. A Paris ils sont pas mieux