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SAHEL - L’aide au développement sert aussi les intérêts allemands
Publie le jeudi 7 octobre 2004 par Open-PublishingTexte annoncé
Le texte suivant est tiré d’un article de la première moitié des années 90 mais qui m’est tombé entre les mains plusieurs années plus tard. Il n’a rien à voir directement avec le Sahel, mais tout indirectement. J’ai perdu l’article et ne peux donc plus citer les sources. Le texte est une traduction de l’époque.
L’aide au développement est-elle toujours encore raisonnable ? Les investissements dans les pays du tiers-monde peuvent-ils changer quelque chose là-bas ? C’est justement en période de difficultés économiques que les politiciens doivent justifier la nécessité de l’aide au développement face à leurs citoyens. Hans-Peter Repnik, Secrétaire d’Etat du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) explique pourquoi les pays donateurs profitent également lorsqu’ils font de l’aide au développement.
MEXICO CITY - Une politique de développement qui engloutit des fonds énormes peut-elle avoir des résultats positifs ? Les pays industriels n’ont-ils pas, depuis les années soixante, pompé en vain de nombreux milliards dans les pays du tiers monde ? Un pays comme l’Allemagne ne devrait-il pas plutôt utiliser ses impôts pour résoudre ses propres problèmes ? Voilà les questions auxquelles est confronté Hans-Peter Repnik aujourd’hui plus souvent qu’il y a encore quelques années. "La politique de développement", concède le Secrétaire d’Etat du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, "est sous forte pression de justification en Allemagne."
La solidarité ou la responsabilité chrétienne pour des millions de personnes affamées ne suffisent plus à justifier aux citoyens allemands la nécessité d’aide au développement pendant des périodes de difficultés économiques. Voilà pourquoi le politicien CDU (droite allemande) de la Bade du Sud déclare, lors d’une visite à Mexico-City, qu’il convient de sensibiliser plus clairement les Allemands au fait que l’Allemagne a elle-même un intérêt fondamental à l’aide au développement. Ce n’est que lorsque les pays du tiers monde seront stabilisés économiquement que la fuite de beaucoup de monde vers l’Europe et en particulier vers l’Allemagne pourra être stoppée. Aujourd’hui déjà, dit Repnik, plus de 100 millions de personnes sont en migration dans le monde pour des raisons économiques ou politiques. Certains experts considèrent ces données des Nations Unies (UN) et de la Banque Mondiale fortement sous-évaluées. L’Allemagne est située exactement au centre de ce grand mouvement de migration à niveau mondial, l’un du sud vers le nord, l’autre de l’est vers l’ouest. Repnik, non plus, ne pense plus que les faibles moyens financiers de l’aide au développement - l’Allemagne donne 0,36(1) pour cent de son produit social brut à l’aide au développement - puissent arrêter le cours de l’histoire mondiale. Mais on doit tout au moins essayer de diminuer les tendances sinon on peut arrêter immédiatement toute aide, juge le politicien convaincu de l’aide au développement. Il espère une augmentation croissante de l’aide au développement dans la population allemande depuis qu’après les accords de Rio en 1992, l’aide allemande à l’étranger s’est concentrée à côté de la formation sur la protection de l’environnement.
L’oxygène des forêts vierges d’Amazonie profite également aux habitants de Basse-Saxe ou de Berlin, explique Repnik. En outre, l’aide au développement est également lucrative pour l’économie allemande. "Pour un Mark qui va par exemple en tant que crédit au travers de la Banque Interaméricaine de Développement en Amérique Latine, les entreprises allemandes obtiennent en retour direct des commandes d’une valeur de six Mark."(2) C’est également pour cette raison que le gouvernement allemand veut augmenter son engagement financier dans la Banque Interaméricaine de Développement et suit ainsi le chemin inverse de la Grande Bretagne qui, en raison de sa situation budgétaire tendue, ne souhaite pas augmenter sa part dans la banque de développement [...]
Commentaire de Sonia J. Fath (2001) : depuis que j’ai lu cet article, force est de constater que l’aide au développement en Allemagne sert avant tout les intérêts des Allemands. Et la France avec son pré carré ne fait sûrement pas mieux. Comment peut-on dans ces conditions laisser la coopération au développement aux mains des états ? Où sont les privés qui s’engagent et qui en parlent ?
Depuis 2002, j’ai compris, la France n’a pas fait mieux. L’Afrique a financé le développement en France et les pauvres financent le faste des riches avec la complicité de la bourgeoisie. Quand on est née avec la justice inscrite dans les gênes, on ne peut que réagir.
(1) et (2) Autant que je sache, cette valeur de 0,36% est passée à moins de 0,30% aujourd’hui et par la suite, j’avais même entendu à la radio que le facteur de 6 Marks était passé à 8 ! Comment peut-on mieux ruiner un pays qu’avec l’aide au développement ? Et même si le facteur n’est que de 2,49 comme entendu ailleurs, l’agonie n’en est que plus lente, mais elle est bien réelle.