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SDF, un mal français ? La France compterait environ 100 000 sans-abri.

Publie le mercredi 19 décembre 2007 par Open-Publishing

Monde tribune de genève

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L’hiver des sans-abri : un mal français ?
HÉBERGEMENT | 00h05 Le gouvernement propose un « contrat » pour régler le problème. Les associations réclament des mesures durables.

Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer l’article Envoyer par email Réagir sur l’article Recommander MATHIEU VAN BERCHEM | 19 Décembre 2007 | 00h05

Jacques Deroo est un « déçu » de Christine Boutin. Christine, son « amie », qui suscita chez lui tant d’espoirs quand elle arriva à la tête du Ministère du logement, en mai dernier.

« Elle semblait avoir de bonnes idées pour résoudre la question des sans-abri, note Deroo, ancien « paumé » et ex-taulard, devenu responsable d’un « village de SDF » à Ivry, en région parisienne. Depuis pourtant, elle n’a rien fait. »

Le village d’Ivry petit rassemblement de bungalows sur une friche de banlieue, grande première en France prospère. Des arbres ont poussé et 80% des résidents, tous d’anciens SDF, travaillent. Près de la moitié ont trouvé un nouveau logement. « Preuve que cette solution transitoire fonctionne », estime Jacques Deroo, auteur de Salauds de pauvres (Editions Gutenberg).

Pourtant, au lieu de multiplier les expériences de ce genre, l’Etat n’a fait que prolonger le « bail » du village de trois ans. « Il faut en finir une fois pour toutes avec les solutions d’urgence, les dortoirs où s’entassent 200 sans-abri en attendant que le temps se réchauffe », estime Deroo, résumant l’opinion de nombreuses associations.

SDF, un mal français ? La France compterait environ 100 000 sans-abri. Chaque fois que le mercure plonge au-
dessous de moins 3 degrés, la question se repose brutalement : où les loger, pour combien de temps ? Hier, le premier ministre François Fillon et Christine Boutin ont reçu les associations et -convenu d’un contrat qui fixerait bientôt des objectifs en matière d’hébergement d’urgence.

Du « charabia », craint pour sa part Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement. Encore et toujours du précaire, du provisoire. « En Grande-Bretagne, il n’y a presque plus de SDF. Le pouvoir a pris le problème à bras-le-corps, relogeant les sans-abri dans le parc locatif privé, avec une aide spécifique », note Jean-Baptiste Eyraud, pourtant pas adepte du libéralisme britannique.

Les esprits s’échauffent. Le gouvernement précédent avait promis la création de 27 000 places d’hébergement dans l’année. Il en manque 13 000, fulmine Augustin Legrand. Grande gueule, ce comédien a trouvé sa cause avec l’association Les Enfants de Don Quichotte, ces poseurs de tentes pour SDF qui agacent la préfecture et certaines associations établies.

Depuis une année, la lutte se joue sur le terrain médiatique. Premier acte : Les Enfants de Don Quichotte ou Droit au logement installent leurs tentes en plein Paris, pour réveiller l’opinion. D’abord le long du canal Saint-Martin, puis, tout récemment, sur les quais de Seine, face à Notre-Dame. Deuxième acte : les autorités répondent en virant les campeurs.

Promesse d’hébergement
« Depuis l’été, tout ce qui rend visible la crise du logement est éradiqué : tentes, habitations précaires et bidonvilles », constate Jean-Baptiste -Eyraud. « Sept fois nous avons installé nos tentes rue de la Banque, sept fois la police nous a délogés », rappelle le porte-parole de Droit au logement. La huitième, la comédienne Carole Bouquet, autre « bienfaitrice » des sans-abri, intervient et présente Eyraud à Sarkozy.
L’affaire se terminera par une promesse d’hébergement...