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SUCCÈS DE LA MANIFESTATION NATIONALE POUR LE DROIT À LA SANTÉ
Publie le lundi 22 octobre 2007 par Open-Publishing
Liberté 62 n°779 - Le 19 Octobre 2007- 4 et 5 -Social
SUCCÈS DE LA MANIFESTATION NATIONALE POUR LE DROIT À LA SANTÉ
20 000 PERSONNES DANS LE DÉFILÉ PARISIEN
René, salarié à Douvrin, “La prévention est négligée”
Par Pierre Pirierros

Photos Liberté 62
“JE tiens à manifester , à Paris, en hommage à mon mari décédé des suites de l’amiante”, Denise, veuve d’un travailleur dunkerquois est là, bien avant l’heure du rendez-vous. Il est 13H45, place du 18 juin 1940, en contrebas de la gare Montparnasse. Durant trois bonnes heures, le défilé a longé le quartier des ministères du VIIème arrondissement. La foule des manifestants est compacte ; les victimes des maladies professionnelles manifestent en rangs serrés. Leurs tenues jaunes impressionnent.
Près de 20 000 personnes sur le pavé parisien pour refuser la politique gouvernementale sur l’accès aux soins et exiger des mesures adéquates pour les maladies professionnelles, cela se passait, donc, samedi 13 octobre entre Montparnasse et les Invalides et le succès fut au rendez-vous. Les drapeaux et les banderoles de la CGT se déployaient avec force et Bernard Thibault, le secrétaire général, ouvrait la marche avec les responsables de la FNATH et de l’Andeva. Des parlementaires communistes avaient également pris part en tête du cortège.
Aujourd’hui, les accidents du travail sont indemnisés de façon forfaitaire et les manifestants réclament leur indemnisation intégrale. En 2006, quatorze salariés de la Française de Mécanique (à Douvrin) ont déclaré une maladie professionnelle liée à l’amiante ; ils s’ajoutent aux douze “cas” de 2005 et aux onze de 2003 ; en 2004, le nombre s’élevait à sept. Mais, il y eut une stratégie délibérée des industriels pour "retarder le plus longtemps possible l’interdiction" de l’amiante en France. C’est tout le débat de fond qui oppose le monde du travail au patronat.
Dans notre pays, c’est la prise en compte politique d’un drame humain à l’origine de 3.000 décès par an et 100.000 morts annoncés qui prévaut au lieu et place de toute autre considération. Les fibres d’amiante lorsqu’elles ont été inhalées sont, de par leur dimension, leur forme et leur persistance, très difficiles à éliminer. Elles entraînent l’apparition de pathologies graves et affectent la région pulmonaire. Cette observation fut à maintes fois réitérée, lors d’actions répétées à Douvrin, avec sensibilité, par les anciens fondeurs de la FM et les salariés actuels.
“Éliminer, prévenir et réparer”, la CGT demande que les personnes ayant été exposées soient recensées et bénéficient d’un suivi médical. L’exemple de l’amiante montre qu’une mauvaise gestion du risque est coûteuse humainement et financièrement à la collectivité nationale, du fait notamment de la dilution ou de la mutualisation des responsabilités dans le temps. “Les employeurs doivent indemniser à hauteur des préjudices que l’organisation du travail a généré” souligne la CGT en déplorant que contrairement aux engagements pris, il n’y ait toujours pas de reconnaissance des travaux pénibles.
Dans un contexte de mondialisation de l’économie, il existe des conflits d’intérêts entre l’accumulation des profits financiers et la santé publique. Dans l’affaire de l’amiante, les mesures de prévention ont été et restent quasi inexistantes puisqu’aucune campagne nationale de dépistage n’a vu le jour. Cette stratégie s’est révélée désastreuse pour la santé des salariés et pour l’environnement.
Prévention
“La prévention, c’est un des premiers clignotants de la chaîne de veille sanitaire, dit René, de la FM, et nous savons combien, avec la complicité des employeurs, de l’inaction de l’État et le silence complice de certains médecins du travail, cette chaîne de veille sanitaire a failli à sa mission et n’a pas accompli sa tâche puisque nous en sommes la preuve, nous victimes de l’amiante, milliers de victimes de la plus grande catastrophe sanitaire que la France est connue, catastrophe provoquée, qui aurait donc pu être évitée, avec les conséquences affreuses de vies brisées, de souffrances, de mort. Avec nos actions, nous aidons les familles dans toutes leurs difficultés, pour faire reconnaître les maladies, pour se faire indemniser. ”
S’agissant d’un problème tel que celui de l’amiante, il est nécessaire de se doter d’importants moyens tant matériels que financiers. Seule une structure organisée peut y répondre, aidée par l’organisation syndicale et bénéficier de l’expérience syndicale. Le rôle d’un syndicat, comme la CGT, est d’aider et défendre les salariés même dans les cas les plus spécifiques.
Quel accès aux soins ?
Prévention, accès aux soins et aux médicaments, ces points cruciaux, sont vecteurs de revendications fondamentales. Dans ce cadre, la franchise médicale imposée par le gouvernement va encore aggraver la possibilité pour tous de se soigner. La politique gouvernementale consiste, non seulement, à opposer des établissements hospitaliers entre eux, mais aussi à mettre des niveaux de concurrence entre les structures. C’est une totale aberration alors que le secteur privé s’organise de plus belle et s’installe là où le public lui laisse toute la possibilité pour le faire. Fait aggravant avec l’instauration de la franchise médicale.
Partage des richesses
Les économies au niveau de la Sécurité sociale prônées en haut lieu pénalisent doublement les populations en créant une médecine à multi-vitesses et en faisant porter aux mutuelles un poids de plus en plus important et par conséquent une hausse des cotisations à prévoir. Les syndicalistes soulignent un état catastrophique pour tous les hôpitaux, sans exception, du Nord-Pas-de-Calais et au-delà de toute la France. Et pourtant, les tutelles (ministère, Agence régionale d’hospitalisation), veulent, toujours, opposer les établissements entre eux. Tout cela sera aggravé. En 1967, ce fut le ticket modérateur, (non remboursé), puis ce furent les forfaits hospitaliers puis les forfaits par consultation. La Franchise médicale se traduira, dès le 1er janvier 2008, par un retournement de la situation de solidarité, le malade paiera pour le malade. C’est la logique de la rationalisation du soin que les syndicalistes de la CGT qualifient de rationnement ; la vision au niveau des tutelles consiste en des plans d’économie qui se répercutent sur tous les domaines.
Le plan d’économies de l’Assurance Maladie imposé à la Région Nord/Pas-de-Calais et à l’ensemble des établissements de santé doit être retiré immédiatement. Notre région demeure, toujours, à la traîne. Le partage des richesses est une notion inconnue de Sarkozy et de la droite. Aujourd’hui, ils vont beaucoup plus loin, en créant la mise en place d’une « Franchise », c’est-à-dire un seuil annuel de dépenses en dessous duquel l’assurance maladie ne remboursera rien. La manifestation de samedi 13 octobre dernier à Paris a rassemblé 20.000 personnes dont de nombreuses délégations du Nord/Pas-de-Calais. Ce fut un beau succès pour le droit à la Santé.