Saint-Denis solidaire avec le peuple palestinien

Le monde entier regarde avec effroi ce qui se passe à Gaza avec toutes les entreprises armées d’Israël, les massacres de civils et l’enfermement du territoire, les destructions, l’amplification de ce qui pousse à la haine, au désespoir…De quoi encore plus renforcer l’extrêmisme.

Et c’est le moment choisi par le Crif et le Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis pour l’un dénoncer comme soutien au Hamas, l’autre pour demander l’interdiction au Préfet du département, d’un rassemblement de solidarité au peuple palestinien à Saint-Denis appelé par le Maire Didier Paillard, soutenu par diverses organisations dont particulièrement le CPPI –Collectif Paix Palestine Israël- très actif localement et au delà.

Saint-Denis est une ville monde aux 80 nationalités d’origine, aux cultures, philosophies de vie et religions différentes, et qui en est le creuset dans un vivre ensemble qui ne se dément jamais.

Saint-Denis est jumelée avec Rafah dans la Bande de Gaza et Nazareth en Israël.

Le rassemblement s’est déroulé dans les meilleures conditions avec une centaine de participant-e-s, un discours du Maire affirmant des positions pour s’opposer à la guerre, pour exiger plus que jamais la création d’un Etat palestinien, proposer toutes les formes de coopération et pour appuyer les forces pacifistes israéliennes toujours actives.

Le Crif et le Ccj 93 ont crié au loup pour affaiblir la démarche de solidarité du Saint-Denis populaire, exemple de diversité dans un destin citoyen commun et annoncer, contre toute réalité, des affrontements ou des débordements.

Leurs interventions ont été sans fondement, injustes et inconsidérées.

Les médias TV, radios et presse écrite largement alertés par eux en ont été témoins : le Crif et le Ccj 93 se trompent et trompent celles et ceux qui leur font confiance.

Ci-joint la réponse de Didier Paillard, Maire de Saint-Denis au Crif

Jean BRAFMAN

Le Maire de Saint-Denis répond au Président du CRIF

Saint-Denis, 8 janvier 2009

Monsieur le Président,

Votre courrier daté de ce jour concernant le rassemblement organisé ce 8 janvier par la ville de Saint-Denis a retenu toute mon attention, et je souhaite y répondre sans tarder.

Les positions que vous prêtez à la ville de Saint-Denis sur la situation actuelle à Gaza et plus généralement sur le conflit israélo-palestinien n’étant pas les siennes, je crois utile de vous joindre notre communiqué dans son intégralité.

A sa lecture, vous noterez que notre initiative n’a pas d’autre but que de mettre fin à une tragédie humaine insupportable, et à reconstruire une paix indispensable pour permettre à deux peuples et à deux Etats de vivre côte à côte, en toute sécurité.

C’est pourquoi je suis particulièrement étonné que vous laissiez entendre qu’un rassemblement de solidarité avec la population palestinienne serait, de fait, une manifestation de soutien au Hamas.

Un tel amalgame est totalement inacceptable. Vous êtes suffisamment attentif aux prises de position de la ville de Saint-Denis pour ne pas ignorer que de manière constante, et en toutes circonstances, nous avons vigoureusement combattu toute idée de destruction de l’Etat d’Israël.

Je regrette vivement que par des raccourcis aussi simplistes, vous ne puissiez admettre que l’on peut être pour l’existence de l’Etat d’Israël, pour le droit de son peuple à vivre en sécurité, et contre les choix politiques actuels de ses dirigeants, qui ont décidé de privilégier une option militaire avec les conséquences désastreuses que l’on sait, bien au-delà de la seule région directement concernée.

Par ailleurs, s’agissant de ce que vous appelez le risque « d’importation du conflit sur notre territoire », je pense que la meilleure manière de le prévenir est d’éviter toute identification entre les acteurs de ce conflit, et telle ou telle partie de la population de notre pays.

Ce n’est hélas pas la voie que vous avez choisie en prenant une position qui établit un parallèle pour le moins abusif entre les juifs de France, et le soutien à l’opération menée actuellement par l’armée Israélienne à Gaza.

Je peux vous assurer que bon nombre de nos concitoyens de confession juive et attachés à Israël, ne se reconnaissent pas dans cette position qui tend à « communautariser » un conflit qui est d’abord de nature politique.

Enfin, s’agissant de la vigilance nécessaire face à tout acte antisémite, c’est pour ma part une question de principe, que je ne limite pas à telle ou telle actualité.

La nécessité de combattre toute forme de racisme, d’antisémitisme, de xénophobie, de discrimination fondée sur l’origine, fait partie des valeurs essentielles que porte notre municipalité, et j’ai tenu à ce que ce travail, qui est mené depuis plusieurs années sous diverses formes, soit l’un des engagements forts du nouveau contrat communal 2008 – 2014.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de mes salutations distinguées.

Didier PAILLARD

Communiqué de la ville de Saint-Denis

A l’appel de la municipalité de Saint-Denis, 250 à 300 personnes ont manifesté leur solidarité au peuple palestinien jeudi 8 janvier

A l’appel de la municipalité de Saint-Denis, environ 250 à 300 personnes se sont rassemblés jeudi 8 janvier dans la soirée devant la mairie, pour exprimer leur solidarité aux populations civiles palestiniennes victimes de l’agression militaire déclenchée le 27 décembre par le gouvernement israélien.

« C’est un crime de grande ampleur qui est commis sous nos yeux, et nous ne
pouvons rester sans réagir » a déclaré Didier Paillard, maire de
Saint-Denis, lors d’une prise de parole précisant les objectifs de cette manifestation.

« Nous sommes rassemblés ce soir pour joindre notre voix à toutes celles qui exigent un cessez le feu immédiat et total, l’acheminement d’une aide humanitaire internationale à Gaza, et l’application de l’ensemble des résolutions de l’ONU » a indiqué le Maire de Saint-Denis.

Didier Paillard a également rappelé que la ville de Saint-Denis est jumelée à la fois avec le camp palestinien de Rafah, au sud de Gaza, et avec la ville israélienne de Nazareth, précisant au passage que samedi dernier, dans les rues de Nazareth, dix mille personnes ont manifesté contre la guerre à Gaza.

Ce rassemblement de solidarité avec la population palestinienne
signifie-t-il un soutien au Hamas ? « Eh bien non ! Catégoriquement non ! » a vivement répondu Didier Paillard, dénonçant à ce propos « un amalgame scandaleux » et rappelant que « la ville de Saint-Denis a toujours été du côté du droit à l’existence de deux Etats, vivant côte à côte et en paix, dans des frontières reconnues et sécurisées. »

Enfin, le Maire de Saint-Denis s’est élevé « contre toute idée
d’importation du conflit sur notre territoire, et tout acte qui porterait atteinte aux droits de l’homme. Le tragédie de Gaza n’est ni un conflit de religions, ni un conflit de communautés ou de civilisations. C’est un conflit politique qui ne se résoudra par un règlement politique ».

Saint-Denis le 8 janvier 2009