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Saint-Nazaire, souliers à clous et gros bâtons

Publie le mardi 3 février 2009 par Open-Publishing
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« J’ai un peu l’impression d’être dans un théâtre où tout est joué d’avance dans ce dossier avec des boucs émissaires »

Les avocats, ici maître Riaud à la sortie de l’audience, envisagent de faire appel. Photo ND.

Sur les quatre prévenus, deux ont été condamnés à quatre mois de prison ferme, trois pour les deux autres.

Simples boucs émissaires ou « casseurs de policiers » ? Épineuse question pour le tribunal de Saint-Nazaire qui jugeait hier quatre prévenus en comparution immédiate. Quatre hommes âgés de 27 à 48 ans auxquels la justice reproche leur participation aux échauffourées qui ont suivi la manifestation record de jeudi dernier. Avec des faits de violence (jets de pierre et autres projectiles), outrages et attroupements avec arme (un couteau de poche) pour l’un d’eux. Il s’agissait donc de déterminer le degré de responsabilité de chacun d’entre eux. Car les prévenus n’ont rien d’activistes forcenés. Le casier judiciaire de Friedrich (48 ans) est vierge, les autres font état de légères condamnations.

« Casser du policier »

Reste la réalité, la violence de cette fin de manifestation avec « des scène de guerre civile » dixit le vice-procureur Joël Denis. Sur ce point, ce dernier balaye toute ambiguïté : « Ils n’avaient rien à faire dans la manifestation, aucune revendication sociale ou politique », lance-t-il dans ses réquisitions. « Ils étaient là pour s’amuser et casser du policier ». Yoann, intérimaire décrit comme « un travailleur consciencieux » le reconnaît, mais il était venu crier « son ras-le-bol généralisé » ; Friedrich, lui, pour faire des photos. Fabrice et Tony avouent être venus par hasard. L’alcool et l’effet d’entraînement ont fait le reste. « Intolérable. Ils n’auraient pas dû être là, la manifestation était devenue illicite », dit le vice-procureur.

« Deux pauvres bougres »

« À partir de quand devient-elle illicite ? », rétorque Erwan Le Moigne, pour la défense. « Le droit a-t-il été respecté par les forces de l’ordre. Il n’y a pas eu de seconde sommation avant l’envoi des grenades lacrymogènes ». Compte tenu du profil des prévenus - « deux pauvres bougres » - maître Riaud ne cache pas sa « gêne ». « J’ai un peu l’impression d’être dans un théâtre où tout est joué d’avance dans ce dossier avec des boucs émissaires ». Des arguments que le tribunal n’a pas entendus en suivant les réquisitions très sévères du ministère public. Deux des prévenus ont été condamnés à trois mois de prison ferme, les deux autres à quatre mois et placés sous mandats de dépôt.

Nicolas Dahéron

nicolas.daheron@presse-ocean.com

 Presse-Océan du 03 février 2009

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