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SAMIR KAHLOUCHA
Repasse en appel demain samedi 28 avril , 9h, salle 35ter/Appel. Compte tenu des incidents graves d’hier, il risque d’y avoir un fort déploiement policier. Venir nombreux pour assister (pacifiquement, bien sûr) à l’audience. Car la provocation n’est pas venue de l’assistance.
Samir Kahloucha, audience de la 35bis mercredi, 11h. Expulsé. Jugement inaudible, les présents demandé à la juge de le répéter. Refus. Protestations. Certains des présents quittent la salle, les autres non. Depuis le grande galerie, au rdc, on entend les cris des manifestants poussés violement dans l’escalier T. Un homme plaqué à terre, ligoté. Des avocats de passage signifient aux policiers qu’ils n’ont pas le droit et citent un article de loi. Le policier répond qu’il "sait faire son travail", relache le prisonnier. Les policiers s’éloignent, les témoins sont stupéfaits. A l’Assemblée nationale se tenait une réunion de Resf, des policiers nous ont suivis et contraints à nous éloigner, sous prétexte que "nous manifestions" (nous attendions les journalistes). Sommes partis en metro, les policiers nous attendaient. Le pouvoir est febrile. Samir a été reconduit au centre de rétention de Vincennes, en attendant appel (non suspensif !) dans les trois jours.
communique de samir du centre de retention
communique par telephone de samir kahloucha retenu à Vincennes depuis hier, le 24 avril.
Paris, le 25 avril 2007, du centre de retention de Vincennes.
Je suis au centre depuis le 24 avril 2007. Apres mon arrestation, à 10 heures, j’ai fait la garde à vue et aprs, ils m’ont emmene au centre. Pendant ma garde a vue, mes amis sont venus manifester et demander ma liberation. Apres, j’ai ete escorte au centre et du coup je suis considere comme dangereux : ils m’ont mis à l’ecart dans une partie isolee du centre. Il y a 4 chambres et 4 personnes par chambres. Actuellement, on est 7 personnes enfermees. Pour aller de l’autre cote, aux distributeurs de cigarettes et de boissons, il fait demander à la reception. Ou ils vont te chercher ce que tu veux, ou ils t’escortent. On peut dire que c’est une sorte d’isolement : t’as pas le droit de communiquer avec les autres retenus, t’as pas le droit de jouer au ping-pong. T’as le droit a rien, seulement fermer ta gueule.
Je suis parti parler avec un officier pour demander à aller de l’autre cote et il m’a dit : « j’ai des consignes de la-haut, tu es considere comme dangereux ». Apres, il te dit que ce n’est pas une prison mais un centre où tu as la liberte de circuler comme tu veux, mais la je vois le contraire. Pourquoi ? Parce que je lutte pour les conditions de vie ici et la fermeture de tous le centres de retention. Les droits, ils sont passes ou ? Il n’y en a pas pour les sans-papiers.
Ce que je veux, c’est que tout le monde soit informe de ce qu’il se passe ici. Hier, quelqu’un a fait une tentative de suicide, il n’a pas reussi. Ils l’ont emmene à la reception et, comme par hasard, j’etais la et j’ai vu comment ils l’ont tabassé et j’ai pense : « il va mourir comme ça ». Apres ils l’ont amene en isolement, il était blesse et choque. Apres, je ne sais pas ce qu’ils vont faire de lui.
Je veux dire que ce qui se passe ici, c’est ignoble et inhumain.
Messages
1. Samir en appel samedi 9h, 28 avril 2007, 22:50
Samir est passé en Appel, ce matin, samedi. Policiers en nombre dans une cour du Palais de Justice désert, pas même un touriste. Il est 9h. J’arrive, un des premiers. Policiers dans le hall d’entrée. Aimables. J’entre dans la petite salle d’audience. Policiers, aimables. Je ressors, Samir arrive, encadré, il me fait signe, "Eh ! Samir, salut, ça va !?". La présidente arrive, me fait d’emblée meilleure impression que celle de 1ère instance. L’avocat prend place, celui ou plutôt celle de la Préfecture aussi. Lecture du "chef d’accusation", vite fait. l’avocat se lance, calmement, clairement, assez longuement. Démontage savant d’un vice de procédure. présidente très attentive. Un quart d’haure, puis l’avocate de la Pref, démonte la plaidoierie du défendeur, mais d’une façon assez machinale, la routine, sans excès de zèle. Au tour de Samir. Explique qu’il ne séjourne pas toujours au même endroit, pas concerné par la perquisition, là où il se trouvait. Puis il passe au plus important. Changement de décor. Sacré Samir !... Alors que d’autres s’écraseraient par peur (compréhensible), voilà qu’il se met, d’un ton posé mais sans complaisance, à dénoncer les conditions de son incarcération. Et toc !... La présidente, zen. Contraire de l’évaporée aphone de 1ère instance. Fin de l’audience, elle se lève, choeur des policiers : "levez-vous, messieurs dames s’il vous plaît". Délibéré. Les copains et copines du comité de soutien à Samir, arrivés alors que l’audience était commencée sont autorisés à entrer, s’assoient, décontractés (apparement !!). On attend, c’est long. Un policier nous a dit que l’on n’avait pas le droit de parler au prévenu, qui tourné vers nous, sourit tranquilo. Je lis Marianne, un article sur "Les flics à la récré" (sic) Un policier plaisante "vous avez tout prévu !...", "Ben oui", et je lui montre le titre. Je me marre, il se retient de se marrer. Arrive une "femme voilée", un foulard en fait, mais j’adore cette expression, gimmick des medias, c’est romanesque et tout. La mère de celui qui s’est fait plaquer au sol, dans l’enceinte du Palais de Justice, au scandale des avocats de passage, avant-hier. Attente, angoisse flottante. "Levez-vous, s’il vous plaît Messieurs Dames", rebelotte. La présidente lit le verdict. Je résume : "Vous êtes libre..." YOUYOUYOU !... Un policier : "Non, pas ici, dehors si vous voulez !", ouais bon, évacuation de l’angoisse et de la salle, tous aussi calmos que l’état d’esprit de la Présidente. A fait son boulot des droits de l’Homme. Vice de procédure, alors, au revoir Samir, bon vent, et... à la prochaine !!... On n’a pas encore réalisé, ah ça y est, on réalise, Samir va sortir du Palais comme un roi de l’évasion légale (faut le faire !). YOUYOUYOU !... Une ois dehors, on se bise. La solidarité, ça paye. Une chaîne qui se déchaîne aussi sec si on veut casser un maillon. Samir sort, souriant, comme d’un mauvais rêve, joie partagée, les joies sont rares, les résistants, petits ou grands en connaissent pareillement la valeur - la valeur liberté, la valeur dignité. Samir, le témoin de ses frères pourchassés : voir son film qu’il a eu le culôt hénaurme de tourner avec son portable dans le centre de rétention de Lyon, un témoignage simple, direct, dans le mille. Avec son témoignage, on passe du réchauffé avant-gardiste militant chic et choc des ciné-tracts propres sur eux de Mai 68 à l’image directe fait-main par une victime elle-même de la répression sarkozyste, et au nez des miradors administratifs, et voilà la valeur travail !!.. Et puis il y a son autre film-témoin sur la famille Rabat, dans la chambre mouchoir de poche, crade. du centre de rétention de Lyon, également. Bingo. tiens, au fait, elle est de retour, la famille Rabat. On peut vous menotter la peau, mais non, le droit humain est niché dans la moêlle des os... bonjour les Rabat. Nous sommes samedi, 10h30, quai de la Seine, doux soleil du printemps des amoureux de la vie, et puis cette enfilade de policmen devant lesquels on passe sans les voir. Pour une fois, sont transparents, et à dix mille lieux de qu’on ressent, à travers la libération de Samir, un leger parfum de bonheur fraternel Salut, bon WE à tous. Mais comme disait mon grand-père : "Au bal des frelons, faut dormir que d’un oeil !"