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Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà
Publie le mercredi 21 février 2007 par Open-Publishing19 commentaires

de Marie José Mondzain Philosophe, Chercheur.
De nombreux médias ont permis de découvrir la photo que Nicolas Sarkozy a exposée dans l’entrée de son local de campagne. certains ont voulu y voir l’illustration directe d’une figure dictatoriale et policière Marie José Mondzain, dont on connait, en particulier, les travaux sur "l’image" nous a transmis une tout autre analyse de la photo.
"Cette photo est très intéressante en vérité pour plusieurs raisons. Elle est prise en conformité avec les caractéristiques requises par les photos d’identité accompagnant les documents officiels : noir et blanc, oreilles visibles, sourire sans voir les dents, netteté, très peu d’ombre. L’identité renvoie à deux registres celui de la singularité individuelle, celui de l’intégration à tout ce qui est identifiable par des procédures communes et appliquées à tous. On réconcilie la masse avec le sujet et le sujet identifiable devient le représentant de la masse Dans le hors champ : on peut inscrire signe particulier : néant. L’image exemplaire d’une exception qui ressemble à "tout le monde".
Le visage est paisible et se veut pensif la paix et la pensée étant deux caractères fort inhabituels chez ce personnage qui se veut combatif, réactif voire impulsif et nerveux.
Mais alors comment opère la nature qui se veut convaincante et grandiose de la représentation ? Dans le dispositif d’exposition lui-même, la taille géante du visage alors que le visiteur qui entre dans le lieu est presque de plein pied avec ce visage surdimensionné ; je dis presque parce qu’il y a trois marches Ce sont les trois marches qui séparent les fidèles de la sainte table ou du retable, trois marches qui traditionnellement séparent le peuple du trône et de l’autel ( les trois marches formaient le socle de la croix impériale à Byzance !). Ces marches nul ne les gravira. Elle sont un piédestal qui conduit le regard vers l’icône" L’image est en retrait comme enchâssée dans une alcôve, son reliquaire ? ce retrait accentue le caractère sacré de la figure, compose son épiphanie picturale comme encadrée par sa propre aura ; ce retrait confère une atmosphère aérienne à cette apparition proche et inatteignable conférant au personnage une sorte d’apesanteur, presque sa grâce !.
La structure de l’espace avec les marches qui partent à gauche et à droite en forme de V confère à l’ensemble la solennité d’une apparition charismatique qui évoque l’organisation "théâtrale" en usage à l’entrée de certaines loges maçonniques. L’éclairage très travaillé a deux sources : l’une explicite venant des appliques latérales placées comme des chandeliers de part et d’autre de l’objet du culte, l’autre invisible illumine de l’intérieur le portrait et crée une lueur diffuse sur le front porteur d’illumination ; on est dans l’intimité d’un dieu. Au plus près et au plus loin comme dans le saint des saints. Cette icône de l’accueil met en place un cérémonial de dévoilement dans la tiédeur d’une intimité privilégiée.
Rien de fasciste ni de policier dans tout cela. Du religieux en veux-tu en voilà, du sacré dans la proximité et du sacré dans le lointain ! La difficulté pour un Sarkozy c’est d’avoir un corps charismatique, c’est de gagner en autorité invisible ce qu’il ne gagne que par la violence des pouvoirs visibles. Un candidat a besoin de produire de la croyance. Son conseiller en communication a voulu faire faire ce travail compliqué à la photographie. Les recettes sacralisantes sont millénaires. Partout le traitement des corps dans cette campagne est exemplaire."
Sources :
Messages
1. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 00:08
Chapeau pour l’analyse ! L’interpretation religieuse m’avait échappé (et elle n’est pas du tout contradictoire avec celle de la figure dictatoriale... Les deux sont mêlées chez cet être, vraiment dangereux pour la République !). Une question : Est-ce que cette mise en scène est une idée de sa boite de com u.s.? Daniel
2. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 00:11
.........quel dommage ! je croyais qu’il etait deja mort !!!!!!!!!!!!
il ne manque plus que le geste pour lui rendre hommage !!!!
1. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 11:44
Un zeste de Nuremberg... Manque plus que le catafalque et les brassées de fleurs de l’UMP ! TZ.
3. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 06:51
C’est aussi un buste typique. L’image est enchassé, en creux, pour donner par le négatif l’impression d’un volume scuptural.
Buste impérial. Noblesse oblige. Ne manque plus que les Lauriers.
Donc Dictature et Religion Impériale.
On est quand même loin du buste de Marianne.
4. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 10:36
franchement cette image me rappelle mes vacances d’adolescent en ex-yougoslavie et les images de tito partout !
5. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 11:18
le nouveau TSAR Nicolas 1er,comte Sarközy de Naguy Bocsa, nous prend pour des moujiks !
même Rocard le trouve dangereux : c’est pour dire !!
Roger de ANDRADE de Pluvigner en Morbihan
6. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 13:21
anticipation !!!
vous n’avez sous les yeux que le portrait officiel de votre prochain président de la république.
hm
7. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 13:41
Il est dommage qu’il n’est pas été photographié en entier et à taille réelle, les grands hommes eurent fait des complexes de supériorité. Vous me direz, Bonaparte était bien tout petit aussi. Mais quant on connaît la fin de Napoléon -auquel ce personnage s’identifie- il y a de quoi se réjouir. Surtout, si l’on commence par la fin de cet empereur, une résurrection de cent jours ce n’est vraiment pas la panacée, et pourtant trop dans le cas Sarkosy. Avant qu’il ne fasse encore plus des dégâts, expulsons le, tout de suite, vers Sainte-Hélene.
Michel Mengneau.
1. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 14:05
analyse de l’image interrsante : j’imagine aisement des petites bougies et tout un tas d’offrandes des oranges et autres trouvailles superstitieuses à son ephigie.
il y a comme un air de déjà vécu - comme si l’histoire se revellait de nouveau à travers la chambre noire. el duche ! le roquet impérial ! sacré sarko, et je pèse mes mots !
2. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 15:26
Attendez, il est mort ? On le veille ou quoi ? Ou bien se croit-il déjà au Panthéon ? Me fait froid dans le dos, celui-là !
8. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 16:58
Il ne lui manque que les yeux rouges et des canines draculiennes. On dit qu’il est originaire de Hongrie, ce ne serait pas plutôt des Carpathes ?!
Un peu d’humour dans ce monde cruel !!!
Marie 54
1. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 17:55
MOI JE PREFERE LA SAINTE VIERGE SEGOLENE ROYAL
9. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 18:01
Cette très belle photo de Nicolas 1er de Hongrie me rappelle celle vue sur le site www.la-bas.org
Emission du 14 février 2007 intitulée : tandis qu’ils agonisent.
A la place des vasques électriques on y voit des fleurs en bas de la photo de part et d’autre du dictateur. Si vous en avez la possibilité écoutez l’émission ça fait froid dans le dos.
Maris
10. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 18:16
Moi, ça me donne plutôt l’impression d’une chambre mortuaire avec la photo du défunt au dessus du catafalque. Je ne sais pas si Chirac va venir prononcer l’oraison funèbre, je sens qu’il pourrait faire très fort sur ce coup là.
J’y vois un signe de bon augure présageant la défaite de l’ultralibéralisme, de ses pompes et de ses œuvres.
Bobosse
1. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 19:50
décor mussolinien, photo en noir et blanc, mais en quadrichormie...
qui se souvient des photos de Signal ?
2. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 22 février 2007, 23:27
Moi,pour en avoir eu quelques uns dans les mains,mais je n’avais pas fait le raprochement.Joli coup d’œil !
JCL
11. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 23 février 2007, 00:04
Politiquement, 2007 ne sera pas une bonne année pour la France. Sauf à se bercer d’illusions, et quoique la loterie électorale réserve à notre pays, la France ne retrouvera pas l’État dont elle a besoin. Bien sûr, l’élu(e) du prochain quinquennat parlera de réforme de l’État, mais cela n’aura quasiment aucune traduction dans la réalité. La raison en est simple et vérifiée par tous les discours électoraux restés lettre-morte : le système est bloqué du fait même de ses principes. Or la crise est d’autant plus aiguë qu’elle est aujourd’hui institutionnelle.
La ritournelle de la " rupture " entonnée par tous les candidats ne vise qu’à donner le change. Il faut bien rassurer les électeurs innombrables qui pensent qu’ " on ne peut pas continuer comme ça ! "
Le niveau des débats n’atteint cependant pas des sommets dans la réflexion politique, ni ne reflète grand potentiel d’imagination ! Certains parlent de VIe République, donnant ainsi à penser que l’impéritie des républicaines institutions ne tient pas aux principes qui les ont inspirées, mais à la seule numérotation… Et il y a des gogos pour le croire !
D’aucuns feignent de penser que la solution résiderait dans un quinquennat non renouvelable. Comme si l’assurance que le chef de l’État décampera au bout de cinq ans serait la vertu qui manque à la légitimité d’un président-élu ! La démocratie serait-elle devenue un jeu de patience : l’attente du départ du chef de l’État. Et au suivant ! Et pourvu qu’il soit meilleur ! Il semble nécessaire de rappeler qu’un chef d’État est d’abord fait pour être et durer, afin que la France soit et dure !
Le système ne se réformera pas parce que réformer le système équivaudrait à le supprimer. Nous sommes donc condamnés à ce que rien d’essentiel ne change. Voilà deux siècles que cela dure : de Législative en Convention, de Directoire en Consulat, d’Empire en régime présidentiel, de républiques parlementaires en régime semi-présidentiel, les expériences constitutionnelles se suivent et se ressemblent. Elles ont en commun d’être basées sur les mêmes grands principes fondateurs (souveraineté populaire et séparation des pouvoirs) et d’avoir toutes échoué dans la mise en place d’un État apte à assurer la défense du bien-commun. Cela suppose en effet un État qui soit doté de suffisamment d’indépendance souveraine et de continuité. Or une telle autorité peut correspondre à un État monarchique, non à un État électif.
L’avenir d’une réforme salutaire de l’État est donc déjà hypothéqué. S’il y a réforme, elle portera sur des aspects mineurs. Les empoignades électorales n’en seront pas moins vives ; l’arrivisme politicien rythmera toujours la vie politique ; l’esprit de parti continuera à étouffer le sens national au sommet de l’État ; la représentation nationale restera faussée par les rivalités partisanes ; le relativisme régnera constamment sur les débats parlementaires ; l’État affaibli sera de plus en plus la proie des envies catégorielles. Bref, la démocratie continuera sa course et son œuvre. Le carriérisme politicien y trouvera son lot. Pas les intérêts français. Ainsi nos politiques ressemblent à des geôliers qui auraient perdu les clés de leur propre prison où ils sont enfermés. Il n’y a vraiment plus d’issue dans le système !
Ce pessimisme réaliste n’interdit cependant pas une espérance objective. Encore faut-il espérer juste ! Cela exige de renoncer aux principes et pratiques qui ont provoqué le déclin de l’État français. La solution monarchique peut constituer l’alternative Là serait la véritable rupture ! N’y point réfléchir revient à prendre le risque de ne pas donner ses chances à la France de renouer avec des institutions qui ont fait sa grandeur et sa prospérité. Aujourd’hui, il y a bien plus de potentiel réformiste dans les principes monarchiques et dans la pensée du Prince Jean de France que dans les principes usés du rousseauisme jacobin. Quelles hallucinantes démonstrations sont encore nécessaires pour comprendre ce qui mérite d’être aimé et servi ?
SARKOLENE
12. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 23 février 2007, 00:08
Oui très bonne analyse. La niche est quasiment une petite chapelle...
Je complète par deux remarques sur le traitement du regard :
* il regarde légèrement au-dessus du spectateur : regard protecteur qui voit loin...
* regard parfaitement centré (ex La Joconde) : quel que soit l’angle de vision il vous regarde de face... "Je vous surveille !", "Où que vous soyiez, je vous vois !" (L’effet est perceptible sur la reproduction mais doit être encore plus fort quand on se déplace devant la niche).
13. Sarkozy : Du religieux en veux-tu en voilà, 23 février 2007, 18:05
"big brother" a un nouveau visage
je veux pas dire mais ca sent les brigades de contrôle de la pensée tout ça