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Sarkozy allume la Suisse sur TV5
TENSIONS | 00h05 Le président n’a pas renoncé à son projet de grande chaîne internationale française. La Suisse s’en tient mordicus aux accords signés à Lucerne.
LAURENT AUBERT | 10 Janvier 2008 | 00h05
Nous allons créer un label France Monde « le plus rapidement possible, afin de porter une présence de la France beaucoup plus massive ». Les quelques phrases que Nicolas Sarkozy a consacrées mardi à son projet de grande chaîne internationale n’ont pas échappé aux oreilles de ses partenaires au sein de TV5.
Apparemment, le président français n’a pas varié d’un iota sur son idée de fusionner la chaîne francophone avec France 24 et Radio France Internationale au sein d’une nouvelle entité nommée France Monde. Malgré les vives réserves émises par Micheline Calmy-Rey sur les marches de l’Elysée cet automne et par les partenaires de TV5 au sommet de Lucerne. Le 9 novembre en effet, les délégations française, canadienne, québécoise, belge et suisse avaient convenu d’augmenter leur participation et chargé la France de préparer un document visant à redynamiser le deuxième réseau mondial de télévision. Pour mémoire, TV5 est regardé quotidiennement par 26 millions de téléspectateurs dans 203 pays.
Pour l’instant, les propos présidentiels sont accueillis avec sérénité en Suisse. « Nous ne réagissons pas à des déclarations télévisées sans caractère officiel », indique l’Office fédéral de la communication. « Si, dans les discussions futures, la France devait privilégier une solution française dérogeant aux accords de Lucerne, la Suisse devra revoir sa position », précise la porte-parole Caroline Sauser.
Le directeur de la Télévision suisse romande, Gilles -Marchand, relativise aussi ces petites phrases. « Les discussions entre les partenaires de TV5 durent depuis des mois. Les intentions de Nicolas Sarkozy sont connues depuis longtemps et la presse française s’en est fait l’écho à plusieurs reprises. » Pour le patron de la RSR, ce sont les positions officielles qui priment. La rencontre prévue en mars, au cours de laquelle plusieurs modèles seront examinés, permettra de clarifier la situation.
« Mais, si TV5 devait être englouti dans une chaîne française, cela remettrait en question la participation suisse qui n’a de sens que dans une structure multilatérale », explique Gilles Marchand. Une position qui est d’ailleurs partagée par les autres partenaires à TV5 et forcerait la France à faire cavalier seul.