Accueil > Sarkozy entoure Fillon de « stars ». Cohérent ?(presse suisse)
Sarkozy entoure Fillon de « stars ». Cohérent ?(presse suisse)
Publie le mercredi 20 juin 2007 par Open-PublishingSarkozy entoure Fillon de « stars ». Cohérent ? (24H, quot. suisse)
FRANCE | 00h50 Diversité et vedettes dans le gouvernement Fillon II. Mais le couac Juppé-Borloo est loin d’être oublié.
Le revers électoral n’empêche pas Nicolas Sarkozy de poursuivre l’ouverture à tout va : ouverture aux femmes, aux « minorités visibles » et à la société civile. Mais aussi au centre, à la gauche et même au monde du rugby. Le « Quinze » de France (allusion au premier gouvernement resserré) compte désormais 32 ministres et secrétaires d’Etat. Une constellation pleine de fortes personnalités, mais à l’homogénéité incertaine.
Qu’ont en commun le très autoritaire Bernard Laporte, entraîneur de l’équipe de France de rugby, l’iconoclaste maire socialiste de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, et la jeune trentenaire Rama Yade ? Un caractère bien trempé et l’honneur de faire partie, au rang de secrétaire d’Etat, du cabinet de François Fillon.
L’ouverture politique, il faut le dire d’emblée, est limitée. Nommé à la Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel appartient certes, pour quelques jours encore, au Parti socialiste. Mais ses options le situent plutôt, sur certains points, à la droite de Nicolas Sarkozy. Social-libéral, adepte de Tony Blair, il n’a jamais réussi à se faire une place dans un parti assez étatiste. Aussi modeste est l’élargissement au centre. Cela fait longtemps qu’André Santini (Fonction publique), le blagueur patenté de l’Assemblée nationale, roule pour Sarkozy.
L’essentiel est ailleurs
L’ouverture à la société civile paraît plus intéressante. En rejoignant l’ancien directeur d’Emmaüs Martin Hirsch au gouvernement, Fadela Amara, fondatrice du mouvement Ni putes ni soumises, et Rama Yade apporteront à l’exécutif leur grande expérience de la vie des quartiers difficiles, la première à la Ville et la seconde aux Droits de l’homme. En donnant ainsi de belles « couleurs » à son équipe, le couple Sarkozy-Fillon relègue aussi le PS au rang de parti gaulois, incapable d’exprimer la diversité française.
Ces nouveaux apports cachent pourtant l’essentiel : le formidable couac Juppé-Borloo, réparé hier entre la poire et le fromage. Par un remplacement en cascade. Alain Juppé, suite à sa déroute électorale, démissionne ? Jean-Louis Borloo prendra son poste de numéro 2 du gouvernement, à l’Ecologie. Christine Lagarde glissera de l’Agriculture à l’Economie, où siégeait Borloo. Et Michel Barnier, toujours disponible, filera chez les agriculteurs. Vite fait bien fait. Cohérent ? La compétence de Borloo en matière environnementale est incertaine, même s’il fut l’un des fondateurs du mouvement Génération écologie dans les années 1980. Les organisations vertes comptent surtout sur son indéniable énergie et sa connaissance des rouages de l’Etat.
Le Parti socialiste a beau railler ce jeu de chaises musicales, la nomination de Jean-Marie Bockel et surtout de Fadela Amara, proche de la gauche, lui fait du tort. C’est la preuve que, même secouée par le reflux des législatives, la majorité présidentielle continue d’exercer un certain attrait sur la gauche.