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Sarkozy et son ministère de l’Identité nationale !
Publie le samedi 17 mars 2007 par Open-PublishingLe Sarkozy champêtre et son ministère de l’Identité nationale ! Un air de déjà entendu …
La campagne électorale française prend un tour champêtre où désormais pour les candidats en perte de vitesse il s’agit de semer à tous vents, au risque de faire pousser des cultures incompatibles dans un électorat indécis et plutôt suspicieux de l’hégémonisme recherché par les deux grands groupes politiques UMP et PS. Dans ce contexte qui se voulait surdéterminé par la dominance des figures de M. Sarkozy et de Mme Royal dans un affrontement joué à l’avance par les pronostiqueurs plus ou moins intéressés et affiliés des appareils d’information, la montée au centre du candidat Bayrou pourrait bien faire bayrouter, plutôt dérouter ceux qui il y a peu affirmaient inconsidérément ne pas trop mal la sentir cette élection, à l’instar du ministre de l’Intérieur et candidat de l’UMP.
Est-ce cette montée du centre et finalement cette résistance du PS et de Mme Royal donnée avec suffisance pour en dessous du niveau -par une presse acquise et active- qui poussent le candidat UMP soit à trop se dévoiler, soit à chasser sur un électorat et des thématiques aisément interprétables comme xénophobes ? Toujours est-il que le ministre de l’Intérieur semble oublier qu’en faisant -ou tentant de faire- revenir la question dite de l’Immigration au premier plan, accolée à celle de l’identité, il n’en sera probablement que plus comptable personnellement, lui le ministre de l’Intérieur depuis plusieurs années, qui a légiféré sur cette question et battu quatre ans de campagne médiatique sur le thème. A trop découvrir l’invasion des Africains il s’expose à se voir demander ce que fait le ministre de l’Intérieur…
Plus encore, en surfant sur la francité, l’amour de la France, se rapprochant des ficelles connues de la patrie et du travail à auxquelles il ne manquerait plus que la Famille pour signifier Vichy, M. Sarkozy ne dit pas en quoi son amour de la France chrétienne depuis des millénaires a primauté sur celui des jeunes français dits issus de l’immigration, des anciennes colonies, Noirs ou Arabes. Lui français fils de Hongrois va finir par tellement bien évoquer et incarner une certaine idée de la pureté de la France qu’il pourrait être le premier à en faire les frais. Sans imaginer les effets internes de telles sorties moyennement cohérentes avec une stratégie globale d’"ethnic food" où chaque "communauté" est traquée, appâtée par un argumentaire ciblé, une apparence d’argumentaire au moins...
L’idée il faut le dire n’est pas géniale, elle ressemble à un coup donné sous l’empire de la panique, comme en désespoir de cause, comme si un ressort s’était cassé et qu’il fallait retrouver le sens d’une marche grippée. Bureaucratiser une identité ! On voudrait discourir sur les bienfaits du fascisme et du nazisme, très attachés à une vision politisée à l’extrême, administrée et embrigadée de la culture, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Ceci ne préjuge pas de l’adhésion de M. Sarkozy a de telles horreurs mais son discours ne jette t-il pas la confusion ?
On peut penser que Doc Gynéco ou Basile Boli ne soient pas sur une longueur d’ondes philosophiques leur permettant d’infléchir les fiévreuses allées et venues thématiques de leur champion, mais les Finkielkraut, les Glucksmann sont-ils toujours aussi intellectuels et aussi insensibles à l’univers charrié par le président de l’UMP ?
La glose sur la langue française, belle et défendable, parlée par davantage d’Africains aujourd’hui dans le monde que de Français blancs vaut tout son pesant électoral quand on pense que en 1940, les Africains qui libéraient la France en pionniers de la résistance à l’envahisseur, pour beaucoup ne parlaient pas un mot de la langue de Molière. C’est en Bambara, en Soninké, en Wolof, en Yakoma, en Teke, en Fang qu’ils s’exprimaient, encaissant pour la liberté de 60 millions de Français aujourd’hui, les balles et la haine du nazisme qu’ils contribuèrent à faire plier, rompre.
Encore quelques points de décrochage dans les sondages et appel sera lancé aux USA pour libérer la France du terrorisme négro-arabo-africain … C’est d’autant plus urgent que le ministre de l’Intérieur vient de perdre un de ses outils précieux de rupture tranquille, le très fameux Kärcher pour banlieues mal françaises. En effet [AFP] la société Kärcher dénonce désormais « l’utilisation répétée » de sa marque déposée « à des fins politiques et pour désigner une ligne politique en relation avec des sujets de société sensibles ». Les champs (chants) ne sont plus ce qu’ils étaient au bon temps des certitudes électorales.
Pierre Prêche
13.03.07