Accueil > Sarkozy : médias dans la poche
Sarkozy : médias dans la poche
Publie le vendredi 11 janvier 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Sarkozy : médias dans la poche
FRANCE. Un livre ébranle TF1 et dénonce les rapports ambigus du président avec les journalistes.
Caroline Stevan - CF le temps suisse
Vendredi 11 janvier 2008
Un troupeau de journalistes entassés sur une carriole, objectifs et micros dépassant du tas comme ailleurs les pattes ou les oreilles des moutons que l’on mène au marché aux bestiaux. Devant, à quelques mètres, Nicolas Sarkozy en tenue de cow-boy sur un cheval blanc. « Allez, sur la charrette, et moi je vais chanter : Ah, ça ira, ça ira... », leur avait-il lancé avant de monter. Et tous de s’exécuter. La scène s’est déroulée en mai 2007 et illustre à merveille ce que beaucoup dénoncent comme une complaisance des médias français à l’égard de leur président. Un pamphlet publié jeudi enfonce le clou.
« Autocensure »
Au-delà des cancans rageurs, Madame, Monsieur, bonsoir, écrit anonymement par cinq journalistes de TF1, met en avant les liens privilégiés existant entre la première chaîne et le chef de l’Etat. L’information n’est pas nouvelle, mais la voilà nourrie. « Ce n’est pas à TF1 que l’on va sortir une affaire contre Sarko ou l’un de ses amis, reconnaît un journaliste de la rédaction. On n’a pas reçu de directive, mais lorsqu’un Laurent Solly (ndlr : ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy) débarque à la tête de la boîte, on sait ce que ça veut dire. On fait de l’autocensure en permanence. Et puis on est les seuls à avoir boycotté l’histoire avec Bruni, jusqu’à la conférence de presse de mardi. Certains ont protesté, mais il n’y a jamais de débats, c’est toujours Patrick qui décide (ndlr : Patrick Le Lay, le président) ! »
« TF1 est la caricature, mais la presse en général est déférente, dans la mesure où elle a accepté les règles édictées par Nicolas Sarkozy dès son arrivée au Ministère de l’intérieur, note Max Sanier, sociologue des médias. A partir du moment où l’on parle de la grippe de Cécilia ou des vacances du président, on est complaisant, quelle que soit la façon dont on en parle. Sarkozy cherche à occuper le terrain, et une page sur son séjour à Louxor, même goguenarde ou ironique, reste une page qui n’est pas consacrée à un autre sujet. »
Pour le chercheur, la connivence - et l’exception française qui lui est associée - prend source dans la IIIe République, avec la création de journaux issus de partis politiques. Longtemps, le pouvoir mène le bal. De Gaulle a une ligne téléphonique directe vers l’ORTF. A partir des années 1980, ce sont les dirigeants qui courtisent les Drucker ou Duhamel pour passer dans leurs émissions. « Nicolas Sarkozy a repris la main, jouant à la fois de la séduction et des rappels à l’ordre, et c’est d’autant plus facile qu’il a de nombreux amis à la tête des médias », ajoute Max Sanier.
L’actuel chef de l’Etat a fait voler en éclats une autre particularité hexagonale : l’omertà sur la vie privée des politiciens. Pour Nicolas Sarkozy, il s’agit de mettre fin à une hypocrisie - que d’autres appellent du respect. « Internet a joué un grand rôle dans cette évolution. Hommes politiques et journalistes ne peuvent plus contenir l’information, relève Frédéric Maillard, président du collectif Démocratie et communication. Ils se retrouvent débordés par le simple internaute et par leurs collègues du Net qui n’hésitent plus à sortir les nouvelles quelles qu’elles soient, de façon anonyme ou non. Les grands médias sont donc contraints de relayer des « informations » qu’ils auraient auparavant passées sous silence. »
Nombre d’observateurs, dès lors, comparent désormais la presse française à son homologue d’outre-Atlantique. Une analogie réfutée par Max Sanier : « L’affaire Lewinsky n’aurait jamais été évoquée ici. Avec Sarkozy, nous avons la mise en scène, mais pas la transparence. Lorsqu’ils sont sur une piste, les journalistes américains ne lâchent pas. En France, la vie privée s’arrête là où le pouvoir décide qu’elle s’arrête. » Alain Genestar, renvoyé de Paris Match pour avoir publié une photo de Cécilia Sarkozy et de son amant, en sait quelque chose. öLire aussi en page35
« Un beauf décomplexé »
Caroline Stevan
Extraits de Madame, Monsieur, bonsoir, publié aux éditions du Panama sous le pseudonyme de Patrick Le Bel.
Le 6 mai 2007, alors que la France entière attend les résultats du second tour de l’élection présidentielle, Robert Namias prévient : « Aucune mine réjouie ou défaite avant 20 heures. » Et pourtant : « Dans les salons réservés aux VIP, le champagne coule à flots [...] On fête bien l’élection de Nicolas. Sans ambiguïté ni gêne aucune. »
Outre les liens privilégiés existant entre la première chaîne et le président, le pamphlet revient sur les conditions de travail à la va-vite, les sujets orientés et les vieilles stars des journaux télévisés. PPDA : « Il n’écrit que très peu son journal et se contente souvent de corriger ceux qui l’ont fait pour lui. » Claire Chazal : « Tandis que les chefs d’info lui transmettent le menu de son journal, Claire est ailleurs, dans la contemplation de ses mains, dont le soin est une obsession. » Jean-Pierre Pernaut : « Un beauf de droite décomplexé qui essaiera toujours d’arranger nos affaires avec la direction. » A condition qu’on lui laisse ses marottes : « Les fonctionnaires sont payés à ne rien foutre. »
Messages
1. Sarkozy : médias dans la poche , 12 janvier 2008, 15:07
il le paieront tous un jour pas si loin !!!!
1. Sarkozy : médias dans la poche , 12 janvier 2008, 15:08
je vous invite a lire cet article a mon tour pour voir comment les résistances s organisent face aux mesures politiques ignobles !
http://www.rue89.com/2008/01/11/mamie-mireille-heberge-les-migrants-de-sangatte?page=0#commentaires