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Sarkozy n’est pas petit, il est bas…

Publie le vendredi 8 février 2008 par Open-Publishing
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de Pierre Marcelle

Le retour de Guy Môquet

On l’avait laissé, l’adolescent communiste livré par l’Etat français aux nazis qui le fusillèrent en 1941, et dont Nicolas "pas de repentance" Sarkozy prétendit s’approprier la mémoire, devant la station de métro qui porte son nom.

Là lui redit hommage, aux cris de "Hier, résistant, aujourd’hui sans-papiers" et parmi une foule de citoyens, une délégation d’élèves du lycée Carnot, dont la vigoureuse mobilisation venait de dissuader le chef de l’Etat de réviser l’Histoire sur les lieux mêmes où Môquet l’avait apprise.

C’était le 22 octobre dernier, jour anniversaire de son exécution. Ce jour-là, les pandores avaient brutalement interpellé la mère d’Emmanuelle Vuillet, étudiante en prépa à Carnot et cofondatrice du comité Rose et Réséda qui organisa la résistance lycéenne. Après quatre heures de garde à vue, Maria Vuillet s’était entendu promettre une suite judiciaire à sa protestation (Libération du 30 octobre 2007.)

Nous y voilà.

Du papier timbré a informé ce lundi la dame qu’elle était prévenue d’avoir outragé la République dans la personne d’un certain Frédéric Lacave, dont un site très officiel de l’administration française, affichant son mâle faciès et son viril curriculum vitae, nous fait part de la qualité de sous-préfet.

Un sous-préfet zélé

C’était donc lui, le quarantenaire en grand uniforme qui, sous les sifflets et les lazzis, incarnait le désir sarkozien de honteuse récupération qui choqua si légitimement l’opinion. C’était donc lui qui, coiffant sa superbe de son képi blanc, fanfaronna qu’il « représentait la République ». C’est donc à son adresse que Maria Vuillet rétorqua : « Peut-être, mais pas celle que voulait Guy Môquet. » C’était donc lui qui, tandis que les jeunes se dispersaient, envoya deux flics se saisir de la personne de Maria Vuillet, avec une brutalité telle que les épaules de celle-ci souffrent encore du menottage dans le dos qu’ils lui firent subir, tandis qu’un autre, remarquant son type latino-américain, la menaçait d’« expulsion immédiate » - épisode dont une agente de la RATP fut témoin. Car Maria Vuillet est typée, et même née en Colombie. Mais elle est aussi française depuis son mariage. C’est cela : outre assistante sociale de l’Education nationale, Maria Vuillet est franco-colombienne, sans lien de parenté avec les Betancourt, mais pas non plus membre des Farc.

Son « outrage » sera jugé le 16 juin prochain, à 9 heures, au palais de justice de Paris, par la 28e chambre du TGI, délocalisée pour l’occasion à la 17e. Le plaignant prétend avoir été qualifié de « facho », ce qui établit que, traumatisé peut-être par « l’héritage de 68 », il manque singulièrement d’imagination. A moins que sa toute neuve promotion, quelques semaines auparavant, à la direction du cabinet du préfet de Paris, l’ait incité à ce zèle misérable, sinon contre-productif… M. le sous-préfet semble bien le seul à n’avoir pas compris qu’après le fiasco de sa première édition l’avenir de la canaillerie élyséenne baptisée « Commémoration du martyre de Guy Môquet » semble compromis autant que le lundi de Pentecôte ouvré durant la féria de Nîmes. Alors, ranimer ce désagréable souvenir… Mieux : outre que le registre sémantique de l’insulte prétendue connote plus l’impétuosité de la jeunesse que la rigueur fonctionnariale (« facho » n’est pas « fasciste »), la procédure et le procédé reniflent plus la vengeance de basse police que le souci de l’ordre républicain.

D’où l’on miaule

Absurde en sa forme et dérisoire en son fondement, la plainte de ce Lacave a tout pour se retourner contre lui, à la façon dont la censure que la loi ne légitime pas fait plus grand tort au censeur qu’au censuré. Et cette chronique ne serait évidemment pas ce qu’elle est si elle ne déplorait que celle de Schneidermann ait été vendredi dernier « retirée ». Ce que les temps frileux déplorent ad nauseam d’attaques « ad hominem » nous autorise-t-il encore à appeler un chat un chat, Attali (le même) un plagiaire, et Alain Minc aussi ? Dire que le président de la République est un homme petit, c’est pourtant de même un constat, tandis que « petit homme » sent déjà son fiel pamphlétaire. Et je m’étonne que mon ami Petit Jean (1,62 m), qui a coutume de dire publiquement que Nicolas Sarkozy est plus bas que petit, n’ait pas été appelé à en rendre compte en justice par le Lacave de son département…

Le mot de la semaine

Pendant que Jérôme Kerviel nous amuse encore, le débile « We love [avec un cœur en place du verbe] SG », brandi l’autre jour sur le parvis de la Défense par les salariés de la Générale, nous a laissés perplexe. Et les quelque sept millions de bénéfices que s’est goinfrés depuis décembre 2006 leur patron Bouton sur ses stock-options, ils lovent ?

Les socialistes de la semaine

Panafieu (Françoise de) a beau être nulle de chez de droite en sa campagne parisienne, le lamentable déni de démocratie à quoi a donné lieu la grotesque prestation européano-versaillaise du PS me conforte dans le sentiment que j’aurai décidément bien du mal à voter socialiste lors du prochain scrutin municipal.

http://www.liberation.fr/rebonds/chroniques/smoking/308529.FR.php

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