Accueil > Sarkozy pourrait perdre la bataille du Web

Sarkozy pourrait perdre la bataille du Web

Publie le mardi 9 janvier 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

de Grégory Marin

Le président de l’UMP semblait avoir compris l’importance d’Internet pour les prochaines échéances électorales. Mais il ne cesse de multiplier les sanctions et les maladresses.

En présentant ses voeux en vidéo sur Internet, Nicolas Sarkozy se voulait branché. Le président de l’UMP chouchoute les internautes, cornaqué par l’un des premiers - blogueurs politiques, Thierry Solère, - adjoint au maire et conseiller général UMP de Boulogne-Billancourt. Ce dernier l’a convaincu que le Net lui apportera les quelques voix supplémentaires susceptibles de l’amener au pouvoir, bien réel celui-là.

Mais dans le monde virtuel, comme sous les ors de la République, rien n’est joué d’avance. Dans les quelques heures qui ont suivi la diffusion de la vidéo, celle-ci était détournée

Décidément, le candidat Sarkozy joue de malchance avec Internet. En septembre 2005, l’UMP avait lancé une campagne d’e-mailing touchant deux millions d’internautes. Objectif affiché : "Attirer 10 000 nouveaux adhérents", espérait Yves Jégo, député sarkozyste de Seine-et-Marne. Selon le site d’informations ZDNet France, "la méthode a choqué plusieurs internautes qui ont déposé plainte à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). "Nous avons l’assurance qu’il y a eu une collecte illégale de ces adresses", confiait alors Alexis Braud, président de la coopérative d’hébergeurs de sites internet Ouvaton. Heureusement pour l’UMP, la CNIL, a validé la démarche de l’UMP. Il faut dire qu’elle est présidée par Alex Türk, sénateur UMP du Nord, qui avant d’y officier présidait l’autorité de contrôle des fichiers de signalements de Schengen, du fichier des criminels d’Europol puis du fichier biométrique des demandeurs d’asile (Eurodac). Un CV qui ne le classe pas parmi les « opposants » à la pensée du tout-liberticide Sarkozy. Les données récupérées par l’UMP, entre autres le nom des « opposants » pourraient « révéler directement ou indirectement les opinions politiques des personnes qui y sont inscrites ». Les partis politiques devaient être consultés pour établir un code de bonne conduite, mais depuis, l’autorité régulatrice se tait.

En octobre 2006, nouvelle affaire embarrassante pour le parti de Nicolas Sarkozy. Le Forum des droits sur Internet (FDI) abordait les règles de fonctionnement de la campagne électorale en ligne, comme le recours par les partis à des liens sponsorisés. C’est le cas de l’achat par l’UMP de mots-clés, en fonction de l’actualité. En - tapant « Jack Lang », « Mahomet », « banlieue », « violence », « émeutes » ou « racaille », l’internaute entrait sur le site du parti de Nicolas Sarkozy. Amalgame mis à part, le procédé peut porter atteinte aux droits de la personne. Jack Lang, surpris, avait qualifié le procédé de « proche de la piraterie ». Selon le FDI, les candidats, partis et militants devraient juste « s’assurer de la disponibilité des mots-clés » avant de les utiliser.

Et puis quand l’UMP ne se piège pas elle-même, d’autres s’en chargent. Les blogs « anti-Sarko » fleurissent sur la toile. Sur Sarkostique ( http://sarkostique.over-blog.com ), l’internaute, accueilli par la marionnette des Guignols du candidat UMP, verra dessins et textes humoristiques. Sur les sites « hacktivistes », l’ambiance est généralement à la satire et au détournement. Comme www.bravepatrie.com qui annonce sans barguigner que « l’association les Anciens des cellules VIP de la prison de Fresnes annonce son soutien à la candidature de M. Sarkozy », www.blog-art.com/polemixetlavoixoff qui remonte les discours du candidat de l’UMP (et d’autres hommes et femmes politiques) ou www.e-torpedo.net qui propose un voyage dans la « Tsar Academy », la vie et l’oeuvre du maire de Neuilly.

Le site www.antisarko.net mise, lui, sur le vrai discours sarkozyste. Rien de tel pour saisir l’esprit du ministre de l’Intérieur. Repoussant finalement la création de son site de campagne, « Nicolas Sarkozy a complètement loupé sa séquence Internet », selon ses collaborateurs (Libération du 5 décembre 2006). Ses détracteurs ont pleinement réussi la leur, avec un seul mot d’ordre (sarkostique) : « pourrir la campagne Internet de Sarkozy ».

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages