Accueil > Sauvons les Jarawa des Iles Andaman - Inde

Sauvons les Jarawa des Iles Andaman - Inde

Publie le mercredi 6 septembre 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

Les jours des 270 derniers représentants du peuple Jarawa (chasseurs-cueilleurs des Iles Andaman - Inde) sont comptés. La route qui longe leur territoire et qui devrait être fermée depuis 2002 sur décision de la cour suprême indienne est en cours d’élargissement favorisant ainsi l’envahissement de leur territoire par des colons et des braconniers qui surexploitent les ressources de leur territoire et les exposent à des épidémies.

L’exploitation des ressources végétales et animales de leur forêt et de leur espace côtier menace gravement les moyens de subsistance des Jarawa qui ont récemment été touchés par une nouvelle épidémie de rougeole (alors que les Services médicaux des îles Andaman s’étaient publiquement engagés en 1999 à organiser des campagnes régulières de vaccination contre plusieurs infections dont la rougeole).

Lorsque les Jarawa réagissent aux violences des colons et des braconniers, les autorités font pression sur eux, actes de violence et déplacements forcés sont désormais le lot quotidien des derniers Jarawa.

ICRA (La Commission Internationale pour les Droits des peuples Indigènes) demande aux plus hautes autorités indiennes :

• de faire cesser toute violence à l’encontre du peuple Jarawa,
• de faire respecter la décision de la cour suprême indienne qui a ordonné en 2002 la fermeture de la route longeant et pénétrant le territoire Jarawa,
• de protéger le territoire des Jarawa, notamment de l’invasion des colons et des braconniers,
• de respecter le droit des Jarawa à décider eux-mêmes de leur avenir et de leur mode de vie sur leur territoire ancestral.

Pour signer notre pétition, envoyer un mail aux autorités indiennes et suivre cette campagne :
http://icrainternational.org
Photographies et cartes disponibles sur demande : info@icrainternational.org

Rappel

La situation des Jarawa, chasseurs-cueilleurs des îles Andaman - Inde - est aujourd’hui critique. Ces dernières années, nous avions espéré, notamment au vu de décisions des autorités indiennes favorables aux Jarawa, que leur situation irait en s’améliorant. Il n’en est rien.
Ce peuple est aujourd’hui à l’agonie et nous avons décidé de lancer une importante campagne de pression à l’encontre du gouvernement indien

Les Jarawa vivent dans la partie ouest des Îles de Grande et Middle Andaman dans l’océan indien. Ils nomadisent par groupe de quelques dizaines d’individus et trouvent leur subsistance en chassant en forêt, en pêchant le long des côtes à l’arc et en ramassant des tubercules, coquillages et autres baies sauvages.

En 1991, le gouvernement indien décide de sédentariser les 270 membres du peuple Jarawa dans des villages construits pour eux alors que les conséquences de ce changement de mode de vie sont connues de tous : propagation de nouvelles maladies qui se sont révélées fatales pour bien des peuples indigènes, acculturation, destruction des liens sociaux traditionnels, dépendance, etc.

Devant le peu de réussite de son plan, le gouvernement fait marche arrière. Cependant, la pression accrue des colons et l’augmentation du trafic sur la route qui longe le territoire Jarawa fait craindre le pire pour les Jarawa.

Front pionnier et épidémies

Sous la pression d’organisations de défense des Jarawa, la cour suprême indienne annonce en 2002 la fermeture de cette route... mais les autorités locales ne tiennent pas compte de cette décision et jusqu’à aujourd’hui, cette route est toujours ouverte, permettant ainsi au front pionnier de progresser à l’intérieur de la réserve, aux braconniers de chasser en territoire Jarawa et exposant les derniers Jarawa à de graves épidémies.

Ces dernières années, leur forêt est devenue la proie de braconniers toujours plus nombreux, certains d’entre eux offrant de la nourriture ou de l’alcool aux Jarawa en échange d’un “droit de braconnage”.
Des campements permanents de braconniers ont été observés à l’intérieur de la réserve, alors que la loi rend la prison obligatoire pour tout individu surpris à braconner au sein du territoire Jarawa.
Plutôt que de protéger les Jarawa contre les actes des braconniers, l’administration punit les Jarawa quand ils contre-attaquent. Ainsi, peu de temps après le tsunami de décembre 2004, des voleurs non identifiés se sont emparés de toute la récolte de miel d’une communauté Jarawa. En réponse, les Jarawa ont attaqué un village de colons installés illégalement. En représailles, les autorités ont déplacé de force cette communauté vers un autre site.

En mai 2006, une nouvelle épidémie de rougeole a touché les Jarawa. Les autorités ont comme d’habitude tout d’abord démenti, puis, après l’hospitalisation de plusieurs enfants Jarawa affectés par des infections (pneumonies, infections ophtalmologiques) liées à la rougeole, ont fini par confirmer cette nouvelle épidémie. Ce sont notamment les enfants nés après la précédente épidémie de 1999 qui ont été touchés.
Cela ne se serait probablement pas produit si la Direction des Services Médicaux des Iles Andaman (DSM) avait fait ce qu’elle s’était publiquement engagée à faire à l’issue de la précédente épidémie, à savoir : organiser pour les Jarawa des campagnes régulières de vaccination contre des infections qui sont mortelles pour eux puisqu’ils ne sont pas immunisés. En 1999, plus d’une centaine de Jarawa, (un tiers d’entre eux) avait été touchée par l’épidémie.

Par ailleurs, la principale route longeant le territoire Jarawa vient d’être récemment élargie, facilitant ainsi l’exploitation des ressources forestières des Jarawa. Un nombre toujours croissant de colons pénêtre la réserve, exploitant sans retenue les dernières ressources végétales et animales dans un climat de violence.

Quel avenir pour les Jarawa

Ces faits montrent que les autorités indiennes veulent désormais en finir avec les Jarawa qui représentent un frein au “développement” de l’île afin de laisser les compagnies forestières, les entreprises de bâtiments et les tour opérator (qui veulent profiter des récifs de coraux et de plages magnifiques et sauvages), étancher leur soif de profit.

Les Jarawa habitent dans le dernier carré de forêt tropicale des Iles Andaman. Les Jarawa disparus, les forêts et les récifs coralliens seront immédiatement à la merci des colons et autres investisseurs.
Les Jarawa disparus, c’est aussi d’une ethnie unique, d’une famille humaine, de l’un de ces derniers peuples de chasseurs-cueilleurs, d’une langue que l’humanité, une fois de plus, se rendra irrémédiablement et à jamais orpheline.

Cela fait des années, qu’au côté des associations indiennes et andamanaises sensibilisées à la cause des derniers négritos d’Asie, nous essayons d’attirer l’attention sur ces problèmes en suivant la négociation directe. Quelques décisions judiciaires ont été favorables aux Jarawa et permis un peu d’optimisme quant au faible espoir de leur survie face aux agressions dont ils sont désormais continuellement victimes depuis leur récente pacification, mais elles n’ont pas été appliquées. Nos associations ont poussé la porte de conférences publiques, ont signé des pétitions pour se faire entendre. À chaque fois nous recevions l’assurance - en toute bonne foi apparemment - que le nécessaire serait fait.

Aujourd’hui, c’est un génocide qui a lieu dans les îles Andaman : la nation Jarawa agonise en ce moment même sous nos propres yeux, et sous ceux du monde entier.

L’association ICRA International
La Commission Internationale pour les Droits des peuples Indigènes (International Commission for the Rights of Aboriginal people) est une association de loi 1901 en France active depuis près de 20 ans. Elle se compose de nombreux groupes locaux ainsi que de plusieurs sections nationales : Belgique, Suisse, Canada et Chili. Fort de 500 membres et de plusieurs milliers de sympathisants, ICRA agit à partir de son réseau de contact autochtone dans le monde entier.
Mouvement de solidarité avec les peuples autochtones. Apolitique et non confessionnelle, totalement indépendante, ICRA s’articule autour de 3 axes :
Défense des droits des Peuples Autochtones :
Diffusion d’informations (magazine IKEWAN, le journal des peuples premiers, site Internet), missions d’enquête, campagnes de pétitions, conférences de presse.
Programmes de terrain :
Mise en place en coordination avec les peuples autochtones de programmes d’aide à l’autosuffisance alimentaire, éducative, sanitaire et médicale.
Action pour la sauvegarde des cultures :
Connaissance, recencement, promotion et sauvegarde des mémoires et cultures autochtones.

Les peuples autochtones ?
Les peuples autochtones sont les descendants des premiers habitants des terres sur lesquelles ils vivent. Ayant subit divers processus de colonisation, ils restent aujourd’hui sous domination culturelle, économique, sociale, minorisés politiquement au sein d’États Nations qui ne les reconnaissent pas en tant que peuples distincts, avec leurs propres organisations socio-culturelles et leurs modes de vie marginaux (chasseurs-cueilleurs, éleveurs transhumants, essarteurs, etc.)
Qui sont-ils ?
Ils représentent aujourd’hui environ 200 millions de personnes, soit 4% de la population mondiale.
6.000 peuples disséminés à travers la planète, touches de couleur rebelles à l’uniformisation du monde, dont l’existence est menacée et les droits bafoués : colonisation des terres, destruction des forêts nourricières, pollutions environnementales, négation des cultures et des identités socio-politiques.
Pygmées d’Afrique, Aborigènes d’Australie, Amérindiens d’Amazonie, du Chiapas ou de Colombie, Négritos d’Asie du Sud-Est sont menacés de disparition physique et culturelle.
Une multitude de peuples oubliés subit le prosélytisme de religions intolérantes, l’invasion de leurs territoires par des colons, des firmes exploitant or, bois, pétrole, gaz, détruisant l’environnement et les communautés qui en dépendent.
Où vivent-ils
Il est difficile d’évaluer l’importance numérique de la population indigène. Selon diverses estimations, on compterait entre 300 et 400 millions d’indigènes, répartis dans plus de 70 pays. Cela représente près de 4% de la population mondiale.
Dans la plupart des pays, les autochtones sont en minorité par rapport à la population nationale. Au Brésil et en Suède, par exemple, ils ne représentent que 0,1% de la population du pays. Aux États-Unis, ils sont moins de 0,5%. Les peuples indigènes ne sont majoritaires que dans quelques pays, comme par exemple au Groenland (90%), en Bolivie et au Guatemala (60%).
Que veulent-ils ?
Aujourd’hui, ces peuples s’organisent et luttent pour faire entendre leurs voix.
Ils demandent le droit de vivre leurs différences dans la dignité, le respect de leurs organisations sociales et de leurs systèmes symboliques, la fin de l’exploitation sauvage des ressources de leurs territoires avec lesquels ils vivent en harmonie depuis la nuit des temps.

Messages