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Selon Marc LAZAR, "une forme de culture communiste dégradée perdure"

Publie le lundi 27 décembre 2010 par Open-Publishing
9 commentaires

ref : Le Monde.fr

Marc Lazar,est un historien spécialiste des gauches européennes

A l’occasion du XVIIIe congrès de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), du 25 au 30 décembre 1920, à Tours, une majorité de congressistes votent pour sa transformation en Section française de l’Internationale communiste. La révolution russe s’est déroulée trois ans avant. Né le 29 décembre 1920, le Parti communiste français (PCF) célèbre son quatre-vingt dixième anniversaire en 2010. Il n’est plus, aujourd’hui, que l’ombre du grand parti politique qu’il fut au lendemain de la Libération (28,6 % aux élections législatives d’octobre 1946) mais "une forme de culture communiste dégradée perdure", comme l’explique l’historien Marc Lazar, spécialiste des gauches européennes.


Il y a quatre-vingt dix ans naissait le Parti communiste français à Tours. Qu’a apporté le PCF à la société française ?

Marc Lazar : Incontestablement, il est à l’origine ou l’inspirateur d’une série de conquête sociales. C’est l’apport essentiel du Parti communiste. Cette appréciation, toutefois, doit être nuancée par deux éléments.

Le premier est que cela n’était pas son but initial, ce n’était pas son objectif. Sa vocation, si l’on peut dire, était de faire la révolution. Mais à cause de son insertion dans la société politique, avec ses élus, il a, au fil du temps, changé son fusil d’épaule.

Le second élément de nuance est qu’il n’a pas été le seul à contribuer aux transformations sociales. En quelque sorte, pour reprendre une formule devenue célèbre, il n’a pas le monopole du coeur. D’autres forces politiques que le PCF s’y sont attelées avec succès.

La domination que le PCF a exercé sur la gauche française, des années 1930 à la fin des années 1970, a-t-elle été une chance ou un handicap ?

M.L. ::La première constatation est, d’abord, que cela a été une réalité. C’est vrai que Parti communiste a exercé un magistère intellectuel et politique pendant plusieurs décennies.

Cette donnée a contribué à la radicalisation de la gauche française. Cette forme de domination a rendu la gauche, dans toutes ses composantes, totalement hostile à l’économie de marché et elle a déligitimé le réformisme.

Par voie de conséquence, la gauche française a du mal, maintenant, à analyser les mutations du capitalisme. La gauche non-communiste a le réformisme honteux en raison de la détestation de celui-ci que le PCF a su faire naître et entretenir.

Enfin, ce magistère a empêché la gauche de dresser un bilan politique et historique du communisme au pouvoir ou dans l’opposition. Ce magistère s’exerce encore aujourd’hui.

Comment expliquer son effondrement en moins de vingt ans ?

M.L. :La première raison – qui a une part de vérité – est l’habileté politique de François Mitterrand. Dès 1971 [dix ans avant sa victoire à l’élection présidentielle], il a opéré un renversement tactique : il a placé l’alliance électorale des socialistes avec les communistes avant leur controntation idéologique. Il était ainsi en mesure de répondre, électoralement parlant, aux aspirations de nouvelles catégories sociales.

La deuxième raison est l’écroulement de ce monde industriel et ouvrier sur lequel s’appuyait et s’incarnait le Parti communiste. En un rien de temps, une partie de l’insdustrie lourde – les mines, la sidérurgie entre autres – a été rayé de la carte.

La troisième raison, ce sont les erreurs de la direction à partir des années 1970. Celle-ci s’est obstinément refusée à écouter les voix de l’intérieur qui appelaient au changement. Cela s’est traduit par l’enterrement de l’eurocommunisme, l’alignement sur l’Union soviétique avec un seul objectif : sauver, avant tout, l’appareil.

Par ses choix délibérés, le groupe Marchais, au-delà même de la seule personne du secrétaire général de l’époque, a une responsabilité considérable dans cet effacement. Cela trouve une traduction lors de l’élection présidentielle de 1981 avec l’échec de Georges Marchais qui obtient moins de 15,5 % des suffrages exprimés. Le reste va suivre.

Il s’agit d’un véritable "divorce avec la société française". Le PCF est un colosse aux pieds d’argile et la rapidité de son déclin va être spéctaculaire. Aujourd’hui, le Parti communiste est marginalisé mais une forme de culture communiste dégradée perdure.

Son salut est-il du côté du Parti socialiste ou dans une alliance avec la gauche de la gauche ?

M.L.On est là au coeur du dilemne qui le terrasse littéralement. Soit il se range du côté du PS et il risque d’en mourrir, soit il s’allie avec la gauche de la gauche et il perd ce qui lui reste d’identité. Ajoutons que dans ce second cas, il mécontente tous ses élus.

De ce point de vue, le PCF est dans une impasse totale. Pour dire le vrai, ce quatre-vingt dixième anniversaire est d’une tristesse absolue.

Messages

  • Un article de référence ???? Et alors, je retiens que le PS à partir de 1971 proclamait la lutte des classes et chantait plus rouge que rouge, comme la CFDT "plus démocratique" qui servit d’abord à concurrencer la CGT sur "sa gauche", pour faire sa mue à Droite. Et tout est encore la faute au PCF : que chacun sèche ses larmes et se regarde dans une glace. Qu’on s’attaque enfin à nos vrais ennemis qui pensent avoir achevé le travail.

  • Ya de quoi tomber de cul !

    Lazar avance des opinions plus que contestables, ,ça mérite qu’on débatte ..

    Il écrit :

    Aujourd’hui, le Parti communiste est marginalisé mais une forme de culture communiste dégradée perdure

    Ce qui perdure dans cette "culture" .hélas au vu des commentaires précédant ma réaction de cematin..c’est aussi la démonstration que des OGM remplis de poison ont poussé sue le terrain du "Communisme"tels que NOUS militants du Parti l’avons mis en "pratique "..

    Cette chiendent staliniste,c’est la preuve terrible d’une l’incapacité chez certains de s’affranchir de l’arrogance, de la morgue..

    Ma mémoire me joue peut être des tours : Mais si j’ai été aussi nul, minable tchékiste , graine de gardien de goulag que les auteurs de ccommentaires que je parcours..putain, qu’on me pique !!

     :)
    Comme je suis un éternel näif, je me dis que la plupart des fidèles de BC sont en repos et que les trolls viennent déféquer sur le site..

    On comprend mieux que le Marxisme en bandoulière et Lénine en play back, , des Pol pot, des Ceaucscu, des Staline ou Enver Hodja aient pu se prétendre"communistes"..

    Beurk..

    AC

  • rien de nouveau , si ce n’est des périodes historiques du PCF vu par le monde , avec sa tendance a analyser celles-ci au travers de sa culture anti communiste . je pense que celui qui veut se faire une idée réaliste , honnête de ce qu’a été le PCF de puis sa création , jusqu’à aujourd’hui , n’a que l’embarras du choix sur l’histoire son histoire , son apport notamment social , y compris culturel , et bien évidemment sur ses erreurs . la condition étant d’avoir la volonté de sortir des sentiers battus de l’anti communisme ambiant , et pour beaucoup ce n’est pas facile y compris pour ceux qui se disent de gauche , ou ceux qui se proclament des révolutionnaires dont la pureté serait au dessus de tous soupçons . sauf qu’ils n’ont jamais été au pouvoir , et qu’a partir de là il a été impossible de juger jusqu’où pouvait aller cette auto proclamation . leur pratique reste a démontrer . je pense d’ailleurs que pas mal de militants communistes auraient intérêts aussi a avoir cette démarche , ce qui leur éviteraient d’avoir des réactions critiques , uniquement a l’encontre de( l’anti ) et de ce fait oublier d’être critique par rapport l’histoire officielle du pcf , concoctée par la direction du parti , ce qui permet de cautionner la dérive social démocrate de celle-ci . sam 82 .

  • Marc LAZAR a raison sur certains points , l’accord électoral avec le PS Mitterrandien que j’ai combattu en son temps a été une lourde erreur de Thorez à Marchais. La participation gouvernementale de ministres communistes aussi ... La fin de la sidérurgie , des mines et du tissu industriel a bien sûr diminué l’influence du PCF dans la classe ouvrière et son inféodation à l’URSS l’a coupé des intellectuels droit de l’homme .

    Tout ça est vrai ...Mais LAZAR se trompe sur l’actualité du communisme bien présente dans les esprits , ce qui explique les tergiversations du PS entre son aile gauche et son aile droite. Le scrutin majoritaire à deux tours qui profite actuellement à l’UMP-PS masque la véritable influence des communismes dans la société française.Plus de 60% d’abstention démontre la faiblesse d’influence de ces deux partis dominants . La proportionnelle intégrale libèrerait le jeu électoral au profit des partis anti-système capitaliste. Mais la bourgeoisie veille au grain avec une certaine efficacité que LAZAR cache à ses lecteurs du Monde. Les communistes prennent conscience que le mouvement social est le seul déterminant pour changer la société en évacuant les idées capitalistes au profit d’un socialisme ouvrant la voie au communisme autogestionnaire.. Les sociaux-libéraux à l’oeuvre en Grèce-Portugal-Espagne pour sauver le capitalisme démontrent à ces peuples que ces socialistes bourgeois ne sont pas la solution à leurs problèmes de chômage , de vie de pauvreté . D’ailleurs les peuples ex-soviètiques regrettent le temps des soviets avec la santé-éducation gratuite , le non chômage , les loyers et énergies peu chers , c’est un comble pour un journaliste du Monde depuis longtemps inféodé au capitalisme paternaliste...

    Aujourd’hui tout bouge et les rapports de force d’hier seront obsolètes demain ... Le communisme retrouve une vraie jeunesse d’esprit et de fécondité débarassée des "scories "du passé qui lui ont fait tant de mal ...

    Marc LAZAR réanalysera cette réalité dans peu de temps ....La sociologie est toujours une science en progression , mais n’est pas Marx-Engels qui veut !!!!

    Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • Plus de 60% d’abstention démontre la faiblesse d’influence de ces deux partis dominants .
      Exactement !!!

      Ceci n’est jamais pris en compte et donc n’est jamais analysé à sa juste valeur pour en dégager son véritable sens.

      Les électeurs qui ne se déplacent pas pour voter désavouent tous les partis politiques présents lors des scrutins. Plus fondamentalement, c’est tout le système électoral qui est mis en cause et donc toute cette fausse démocratie où cohabitent, chacun dans son rôle, ces partis qui FONT ce système d’autant plus qu’ils en vivent...

      Les électeurs qui ne votent pas s’expriment. Sauf que le contenu de leur expression ne se matérialise pas dans un discours construit, organisé. Mais il faut savoir "entendre" tout ce qu’il dit de refus de cette mascarade sociale et politique.

      Quel discours fracassant !

    • Thorez ou Marchais ont fait des erreurs c’est sur , avec quand même la caution d’une large majorité de militants , il faut le souligner . j’ai été contre le programme commun , contre l’entrée de ministres communistes au gouvernements , y compris au temps de la gauche plurielle , j’ai combattu avec quelques autres communistes la mutation . nous avons échoué et pour la plupart quitté le parti déçus les directions successives , mais aussi par l’attitude non critique d’une majorité de communistes . puis certains ont commencé a ouvrir les yeux , un peu tard , et en plus certains ont tendance aujourd’hui a venir nous donner des leçons . je pense qu’il serait plus constructif qu’ils se penchent sur leur pratique militante passée , ça leur éviteraient de passer pour des girouettes brulant aujourd’hui ce qu’ils soutenaient hier , et d’enfourcher pour certains les chevaux de batailles argumentaires des capitalistes de tous poils droite et gauche confondu . l’auto critique en fait , oui je sais ça fait stal , la scorie suprême que beaucoup de donneurs de leçons ont soutenus d’ailleurs , et maintenant ils embouchent la même trompette que courtois et consort . je reprend quand même que les bouches s’ouvrent de Thorez , en espérant que ce slogan soit la pratique militante de tous les communistes du dehors comme de l’intérieur . sam 82 .

  • " le MONDE" se fout de la gueule du monde en nous présentant ce LAZAR comme un spécialiste de la gauche , j’ai relevé quelques énormités qui révèlent surtout son incompétence ; combien a-t-il été payé pour raconter autant de conneries en un seul interview ?

    L’ auteur reconnait du bout des lèvres que le PCF est à l’origine de conquêtes sociales , mais s’empresse d’ajouter qu’il n’en a pas le monopole : ..."D’ autres forces POLITIQUES que le PCF s’y sont attelées avec succès ..." quelles forces POLITIQUES ? quels conquêtes sociales ? : MOTUS ...

    Le PCF aurait rendu ..."la gauche dans TOUTES SES COMPOSANTES totalement hostile à l économie de marché..." sans blague !!!

    Si le PCF est en déclin c’est parce que la classe ouvrière a disparu : "...la deuxième raison est l’écroulement de ce monde industriel et ouvrier sur lequel s’appuyait et s’incarnait le PARTI COMMUNISTE ..." CET IMMINENT SPECIALISTE , n ’a visiblement jamais lu MARX et ne connait rien à la lutte des classes , car depuis 30 ans que j’entends dire que la classe ouvrière est morte je constate même en lisant la presse bourgeoise que la moribonde se porte bien , voir les luttes des cheminots , des MICHELINS ; des MOLEX , des CONTI etc ...

    Autres bonnes bourdes :

    Si le PCF décline c’est qu’à partir de 1970 il s ’est aligné sur l’union soviétique ...à bon, donc avant 1970 le PCF se portait bien , mais il était aligné sur qui ? ...

    G . MARCHAIS a subi un échec en 1981 en obtenant 15% à la présidentielle ...des échecs comme ça j’en redemande , n’est ce pas chère MGB ?

    Une petite dernière pour finir :

    le PCF n’ aurait que deux choix : ou faire alliance avec le PS ou s’allier avec l’extrème gauche , et dans les deux cas il accèlerait son déclin selon LAZAR qui oublie volontairement d’autres choix : celui du PCF : alliance avec le PG et quelques groupuscules dans un FDG étriqué et d autres choix que le PCF n’a pas examiné et encore moins soumis à la discussion :

    une alliance de tous les partis anticapitalistes( donc bien sûr sans le PS ) sur un programme de lutte et de rupture

    ou le choix de ne pas participer à cette course aux célébrités , puisque le PCF dès la mise en place de la constitution de la 5ème république à toujours considéré cette élection anti-démocratique et représentant un piège pour les partis révolutionnaires en faisant passer aux seconds plans les programmes et propositions .

    Mais il est une question que LAZAR évacue , alors qu’elle me semble essentielle : et si le déclin du PCF provenait du fait qu’il N’ EST PLUS COMMUNISTE ?

    Ce LAZAR( D) de pacotille ne fait que RESSUCITER les vieilles rengaines anti-communistes aussi usées que le fond de mes culottes lorsque j’étais en première année de maternelle mais en plus foireuses .

    • Tu as raison , il faut que le PCF devienne révolutionnaire dans cette pseudo démocratie bourgeoise qui l’a accepté, à condition qu’il soit marginal, pour mieux le contrôler.

      Notre combat pour cet objectif majeur se renforce chez beaucoup de militants et il faut que surgissent de nos rangs de nouveaux dirigeants plus aptes au renouveau révolutionnaire. Il faut refuser tout dialogue avec la bourgeoisie , la vilipender partout dans les masses , la mettre à l’index . Le "fair-play" est hors de propos face à cette crise du capital qui détruit notre beau pays .

      Redonner à la lutte des classes toute sa noblesse et sa conception stratégique Léniniste . Pour gagner il faut des vainqueurs à la Castro et non pas de simples bureaucrates qui organisent des élections . Alors que nous avons en face de nous des jeunes bourgeois comme Sarko qui n’ont aucune trempe ,nourri au pognon depuis leur enfance, nous jouons petit bras . Combien de temps allons nous continuer à rester l’arme aux pieds ? Parfois je me dis que nous ne sommes pas dignes d’être "communistes" et pourtant il ne faut pas désespérer" !!!!

      bernard SARTON, section d’Aubagne