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Selon un proche d’Hammarskjold, l’avion du secrétaire général aurait été abattu par des mercenaires

Publie le vendredi 28 septembre 2007 par Open-Publishing

Selon un proche d’Hammarskjold, l’avion du secrétaire général aurait été abattu par des mercenaires
Mort en 1961 du chef de l’ONU : un ex-diplomate relance la piste des « affreux »

Un ex-diplomate et fonctionnaire international français plaide pour une nouvelle enquête sur la mort en 1961 au Congo du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjold, relançant la thèse selon laquelle son avion a été abattu lors d’un détournement raté par des mercenaires belges.
Claude de Kémoularia, 85 ans, qui fut un proche collaborateur d’Hammarskjold (de 1957 à 1961) et représentant de la France au Conseil de sécurité, reconstitue dans ses mémoires, Une vie à tire-d’aile (à paraître le 3 octobre en France chez Fayard), la mort du deuxième secrétaire général de l’ONU, d’après les témoignages de trois ex-mercenaires. Le DC-6 du diplomate suédois s’était écrasé dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961 près de l’aéroport de Ndola, en Rhodésie du Nord (devenue la Zambie) en pleine crise congolaise. M. Hammarskjold voulait s’entretenir avec le chef de la province sécessionniste du Katanga, Moïse Tshombé, qui était soutenu par des mercenaires européens, surnommés les « affreux ». Ces derniers s’opposaient à toute concession de Tshombé à l’égard des Nations unies.

L’enquête de l’ONU avait conclu à l’époque à un accident, mais des versions contredisant cette thèse ont fait surface à plusieurs reprises, sans entraîner de nouvelles investigations. Claude de Kémoularia raconte avoir été mis en contact, en 1967 à Paris, avec deux ex-mercenaires belges au Katanga, ainsi qu’un pilote belge, du nom de Beukels, disant avoir abattu le DC-6 d’Hammarskjold. Les mercenaires ont affirmé agir lors de cette opération sous la direction du « groupe de contrôle » ou « groupe de Kolwezi » formé d’une douzaine d’Européens, dont le chef était un homme identifié comme « X ».

Selon cette version, deux chasseurs biréacteurs Fouga Magister de la petite force aérienne katangaise basés à Kolwezi, équipés de réservoirs supplémentaires augmentant leur rayon d’action, avaient pour mission d’intercepter l’avion de M. Hammarskjold. Ils devaient le contraindre à se poser sur une autre base, Kamina, pour que les chefs mercenaires puissent négocier directement avec lui. Beukels a tiré une rafale de semonce vers le DC-6, car il avait l’impression que l’avion allait tenter d’atterrir malgré tout à Ndola, mais, par « malchance », les projectiles ont atteint l’appareil, qui s’est écrasé.

M. de Kémoularia reconstitue en détail cette interception ratée, puis le débriefing houleux du pilote par ses chefs, furieux que l’avion ait été abattu. Mais il souligne qu’il n’avait pas les moyens de vérifier les confidences des mercenaires.

Pourquoi les mercenaires ont-ils fait ces révélations ? « Ils ne m’ont jamais demandé d’argent. Ils avaient très peur des conséquences pour leur vie. Ils voulaient se dédouaner, explique M. de Kémoularia à l’AFP. À l’époque, le monde entier était contre les “affreux”. » Il dit avoir transmis, à l’époque, cette version au gouvernement suédois dans « l’espoir qu’il ferait une enquête », en vain. Au début des années 1990, le ministère suédois des Affaires étrangères avait de nouveau qualifié d’« extrêmement improbable » cette version.

« Je veux provoquer une réouverture de l’enquête, explique Claude de Kémoularia, au moment où se tient l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Quarante ans ont passé, et des acteurs de l’époque, encore vivants, pourraient être plus libres de parler. »