Accueil > Semaine surréaliste à l’assemblée !

Semaine surréaliste à l’assemblée !

Publie le dimanche 26 octobre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

de Michel MENGNEAU

L’autruche, la tète dans le sable, le cul en l’air. Nous sommes bien dans un monde dupe, si le grenelle de l’environnement n’existait pas il faudrait l’inventer pour conforter les naïfs dans leur béatitude !

Pourtant ils sont légions les crédules, le scrutin N° 219 du 21 octobre sur le projet de loi du Grenelle de l’environnement nous donne ceci : sur 530 exprimés, 526 ont voté pour, 4 contre (Jean-Jacques Candelier, Jacques Dessalangre, Maxime Gremetz, André Guérin) et l’on relèvera 21 abstentions, cependant cette majorité écrasante a été leurrée en toute bonne conscience par un simili d’écologie.

Remercions d’abord ceux qui ont eu le courage de voter contre, et qu’ils se disent que parfois se sont les minorités qui détiennent la vérité.

Quand aux abstentionnistes, il est dommage qu’ils ne soient pas allés jusqu’à une opposition franche. Mais vu le contexte actuel, où l’on veut faire de l’écologie un show médiatico-politique, il semblait difficile à certains de plonger dans une ferme contradiction que des électeurs mal informés n’aurait pas compris. Je pense particulièrement à Yves Cochet qui pourtant nous a gratifié d’un discours sur la décroissance à conserver dans les annales ; et qui comme moi pense que le développement durable est une fumisterie ; donc qu’il serait mieux dans les circonstances actuelles au regard des « mesurettes » prisent dans le texte de loi de parler « d’empreintes écologiques ».

Comme cela se confirme, pour les socialos qui ont approuvé massivement, tant qu’ils n’auront pas compris que pour réussir l’écologie de demain il faille se débarrasser du productivisme incontrôlé engendré par le capitalisme ils resteront à la botte du pouvoir en place, avec comme seul ambition celle de servir d’assistance sociale. C’est d’ailleurs où le bas blesse, ils n’ont qu’une seul ambition, celle d’un bipartisme à l’américaine, où il serait un grand parti d’opposition sur la forme, et non sur le fond. On en revient donc à la pensée unique, sur laquelle ils se reposent et qui toutefois fait tant de mal actuellement à nos sociétés.

Bref, déjà les députés auraient du se méfier car à la manière ou se sont passés « l’épluchage » des amendements il y a eu beaucoup à dire. En effet, on verra, afin accélérer le mouvement, le président de la commission des affaires économiques Patrick Ollier (UMP) faire réécrire certains articles dans leur totalité, de manière a y insérer par avance tous les amendements ayant l’aval de la commission. Fier de son coup de force, sur sa lancée, l’ineffable Ollier a même conçu le principe de la rentabilité de l’amendement en les faisant défiler à une vitesse vertigineuse. Un record du nombre d’amendement/heure a d’ailleurs été établi, avis aux amateurs pour les prochaines séances.

Vite, vite, on est pressé. On sait jamais, des fois qu’un olibrius aurait la malencontreuse idée d’oser à parler de nucléaire, bouclons ce dossier sans autre forme de procès avant que quelque contestataires ne s’en mêlent. Ouf, on a évité les sujets qui fâchent ! Il n’est donc pas difficile dans de telles condition de claironné haut et fort que la France est à l’avant-garde de l’écologie si on fait l’impasse sur l’essentiel, mascarade ! Mascarade aussi le fait d’avoir pondu une loi séparée sur les OGM. Loi qui à l’évidence ne sera pas totalement la garante dans l’avenir d’une non prolifération de ces organismes, mais qui eut pu être une bonne initiative en incluant directement dans le projet de loi du Grenelle un paragraphe interdisant purement et simplement leurs cultures. Quand on veut protéger les lobbies influant, tous les moyens sont bons !

Pour compléter la sauce, les normes thermiques de l’habitat ont fait l’objet d’un amendement réducteur de la part du triste Ollier, ce qui va retarder d’autant plus la perspective de la maison allant vers une consommation minimum d’énergie. Au demeurant tout est dans le même ordre d’idée car c’est aussi le cas de la taxe poids lourd qui à force d’exceptions s’en trouve réduite comme une peau de chagrin, à tel point que complètement décortiqué, vidée de son contenu, elle sera de toute évidence là pour marquer le coup sans pour autant qu’elle devienne un tant soit peu opérante. C’est pareil pour la valorisation énergétique des déchets qui aurait pu ouvrir la porte à l’innovation, et bien non, une sorte de prépondérance a été stigmatisée en direction de l’incinération, qui au dire des spécialistes est pourtant la pire des solutions. Là il s’agit véritablement d’inconscience ou plus simplement d’incompétence.

Et ce n’est pas fini car on atteint le paroxysme de l’hypocrisie avec les agro-carburants. En premier lieu il avait été question de supprimer l’exonération de la taxe sur les carburants dans bénéficiaient les prétendus « biocarburants », sous prétexte que ceux-ci n’était pas une si bonne idée que cela. Comme beaucoup j’avais applaudi des deux mains à cette initiative qui rabaissait les agro-carburants à ce qu’ils sont : un palliatif à ne pas généraliser (je me suis déjà exprimé longuement sur ce sujet dans : « Agro-carburants, les retombées catastrophiques », « Agro-business, nouvel eldorado du capitalisme »). Mais des voix se sont élevées afin de pérenniser cette exonération qui, de toute façon, va rester en suspense tant que la loi définitive n’aura pas été adoptée. Toutefois, si l’on se souvient, les raisons de ces tergiversations viennent des propos du Chef de l’Etat au salon de la bagnole qui, sans complexe, a fait la promotion pour la consommation d’au moins 10% éthanol dans un avenir proche, et aussi celle de la bagnole mi-figue, mi-raisin en espérant que ses utilisateurs favorisent les fameux agro-carburants. On est donc pas prêt avec se genre de raisonnement d’aller vers le bien-être de la planète en favorisant des pantalonnades à la mode des agro-carburants, l’on pourra alors faire mirer tous les Grenelles du monde si l’on n’arrête pas la course aux profits, et par le fait semble donc parfaitement dérisoire et fantaisiste l’annonce de 23% d’énergie renouvelable et discutable à l’horizon 2020.
J
ustement en parlant d’énergie renouvelable, un petit mot en passant sur le parc éolien. Si on ne peut nier la valeur intrinsèque de l’éolienne dans l’espace écologique il n’en est pas de même de la rentabilité de l’éolien terrestre qui est tout à fait discutable. Ceci étant aussi lié à la mainmise du privé sur ce qui devrait être de la responsabilité de la collectivité. Ainsi d’ailleurs que l’eau dont on a volontairement passer aux oubliettes le fait qu’elle pourrait être déclarée «  Bien commun de l’Humanité ». C’eut sans doute été de trop de prévoir un alinéa allant dans se sens. Il ne faut pas rêver, tant que les capitalistes auront l’hégémonie d’exploitation des ressources naturelles on pourra toujours prévoir des gardes fous à leurs appétits insatiables, ils trouveront toujours des interstices pour contourner, voire passer outre les lois dans la mesure où cela sert leurs intérêts.

Si il y un bon point à donner à l’initiative de Borloo ce serait dans la primauté donné à la biodiversité lors de l’aménagement du territoire. Seulement voilà, le texte est un peu général, parfois imprécis, et quand on connait la duplicité des affairistes en tous genres, je doute que l’on puisse s’appuyer sans retenu sur un tel texte pour faire valoir cette priorité écologique. En tout cas, je souhaite bien du plaisir à ceux qui vont devoir se servir de la loi pour empêcher le passage d’une autoroute qui empièterait sur l’espace privilégié de quelques genettes, par exemple. Tout ceci n’est qu’une tartuferie.

Un autre sujet préoccupait nos députés cette semaine. Des discutions étaient donc engagées sur la loi de Finance à venir. Mais laissons la parole à Jean-Claude Sandrier qui dans cet extrait a bien résumé la situation :

«  Ce débat budgétaire a un côté surréaliste car en pleine crise du Capitalisme vous nous présentez un budget comme si rien ne s’était passé, un budget complètement dans la lignée des précédents et qui ont contribué de fait à alimenter la crise, par la réduction de l’investissement public et des services publics, la poursuite des exonérations de toute nature favorisant l’accumulation du Capital sans contreparties exigées en terme de développement économique, d’emplois rémunérés, de progrès social. Bref, vous continuez dans ce qu’il ne fallait pas faire hier et encore moins aujourd’hui !

Vous avez, avec les responsables politiques des grands pays capitalistes, l’entière responsabilité de ce qui se passe.

Il est trop facile de venir dire aux Français, tels des vierges effarouchées, que cette crise est due à quelques banquiers indélicats ou égarés et que « on va voir ce qu’on va voir » ils vont être punis alors même que ce système dans lequel nous sommes, le comportement de ce monde financier prédateur non seulement vous l’avez « couvert » mais pire, vous l’avez encouragé et entretenu.

Comment pouvez-vous avoir le culot de dire comme cela se disait à une certaine époque « Nous ne savions pas ». Or vous saviez que des Capitaux exigeaient des rendements de 10 – 15 – 20 % alors même que la croissance était à 2 %.

Vous connaissiez l’existence des Fonds spéculatifs ! ».

Pour ma part, j’imagine bien Fi’on en vierge effarouchée, j’y peux rien mais ça m’amuse !

Il a eu aussi un communiqué assez court des Communistes sur les propos de Sarkozy lors de sa balade en Haute-Savoie, Ce n’est pas la peine de les copier ici car ils dénoncent ce que nous savons déjà, entre autres qu’avec la suppression de la taxe professionnelle, dans certains cas, seuls sont encore favorisées les entreprises aux dépend de l’ouvrier qui ne voit, lui, aucune lueur en direction de l’amélioration de son pouvoir d’achat.

Messages

  • J’ajouterais, pour les normes thermiques de l’habitat, en matière d’énergie de chauffage c’est dessiné une très nette orientation vers le tout électrique, un pas de plus pour justifier le nucléaire ; il ne pouvait en être autrement lorsque l’on suit la ligne de pensée des concepteurs de ce projet. De plus le quota établi et les aides qui pourraient être allouées en cas de respect de celui-ci ne touche que l’habitat neuf, ce qui à l’évidence est déjà réducteur. De toute façon, tout est à peu près du même acabit dans cet ersatz !

    En fait, beaucoup de bonnes attentions au départ, mais pratiquement toutes avortées par non engagement contre le productivisme capitaliste, on respect donc plus ou moins les lobbies, même si cela n’est pas fait ouvertement, des textes trop superficiels parfois, de surcroit sur ceux qui pourraient être efficients il y a comme un flou artistique sur les moyens dont ils seraient dotés.

    Non, depuis le départ non avons mis en garde la classe politique (Le contre Grenelle, par exemple) de l’enrobage publicitaire au service d’un projet creux, cela n’a pas suffit beaucoup se sont fait piéger. Je sais, ne pas abonder dans la sens de la nouvelle sensibilité écologique peut paraitre à certains déroutant, mais encore aurait-il fallu que se fût de la véritable écologie politique pour y participer. Ce qui n’est pas le cas. Un substrat, doublé d’une tartuferie, c’est tout !