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Sortir du nucléaire : "Nous devons révéler ces infos"

Publie le jeudi 27 mars 2008 par Open-Publishing
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Entretien avec le porte-parole Stéphane Lhomme, gardé à vue à la DST pour divulgation d’un rapport Secret défense.

de Stéphanie Pichon

Hier, la DST a entendu pendant presque dix heures le porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire au sujet du rapport EDF classé Secret défense sur l’EPR trouvé à son domicile. Les policiers cherchent surtout à savoir qui, chez EDF, a joué la taupe pour les anti-nucléaires.

Après presque dix heures de garde à vue dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST), à Levallois-Perret, le porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, a été libéré hier soir aux alentours de 23h30.

En route vers Bordeaux ce mercredi matin, il raconte :

"Cette garde à vue faisait suite à la première, en mai 2006. Ils m’avaient gardé 14 heures à l’époque. Là, ils n’ont fait que prolonger jusqu’à 24 heures cette même garde à vue ! Je ne savais pas qu’on pouvait ainsi la découper en tranches."

Stéphane Lhomme doit toujours répondre du délit de "compromission du secret de la défense nationale", pour avoir eu en sa possession un document confidentiel défense issu d’EDF qui rapportait que le réacteur de type EPR, à Flamanville (1), dans la Manche, était vulnérable aux attaques aériennes. Selon le code pénal, il encourt cinq ans d’emprisonnement et 75000 euros d’amende.

Lors d’une perquisition surprise, en mai 2006, à son domicile à Bordeaux, les agents de la DST avaient facilement mis la main sur une copie du rapport classé Secret Défense. Lors de la garde à vue qui avait suivi la perquisition, la DST avait voulu savoir qui, chez EDF, avait laissé filtrer le rapport au Réseau Sortir du nucléaire. Le militant était alors resté muet. Deux ans plus tard, il est toujours question de mettre la main sur le "mouchard" d’EDF :

"On a très peu passé de temps sur la question de fond (possession d’un document classé Secret défense, ndlr). C’est surtout la question de la fuite en interne chez EDF qui les intéresse. Ils m’ont présenté une liste d’une vingtaine de noms parmi des dirigeants d’EDF. Ils ont beau m’avoir laissé entendre qu’ils avaient déjà trouvé qui avait fait passer l’information, ils n’ont pas l’air d’avoir beaucoup avancé sur le sujet."

Pour lui comme pour le Réseau, il est hors de question de lâcher un nom :

"Ils ont tenté de m’intimider en me disant que si je ne donnais pas de nom, des gens innocents d’EDF pourraient en subir les conséquences. C’est sûr qu’EDF doit être agacé à l’idée que quelqu’un de chez eux lâche des documents."

Ce nouvel interrogatoire n’aura donc pas beaucoup fait avancer l’enquête même si les agents ont plusieurs fois "laissé entendre qu’il y aurait un procès". La DST semble prendre l’affaire au sérieux : "Ils ont cinq kilos de dossier, ils ont l’air d’avoir vraiment bossé." Lors de l’interrogatoire, les agents ont clairement laissé entendre qu’il y aurait un procès. Et ont d’emblée relu le code pénal au militant.

Outre la possession de ce document, le Réseau Sortir du nucléaire est également accusé de l’avoir rendu public :

"Lors de ma première garde à vue, le Réseau avait décidé de mettre le document en ligne en signe de protestation… Avec le Réseau, nous considérons qu’il est de notre droit et de notre devoir de révéler des informations à la population. Quand on a révélé l’information, le réacteur n’existait que sur le papier. Aujourd’hui, les irresponsables ce sont plutôt ceux qui ont laissé construire ce réacteur."

Pour l’heure, le procès semble encore "loin". L’enquête, placée sous la direction de la section anti-terroriste du Parquet de Paris, n’en est encore qu’au stade préliminaire.

Hier après-midi, à l’heure de la convocation dans les locaux de Levallois-Perret, Stéphane Lhomme a reçu de nombreux soutiens, notamment celui de José Bové et de la porte-parole nationale des Verts Cécile Duflot, qui avaient fait le déplacement.

Ce matin le mouvement Attac "condamne l’action qui est engagée contre le porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire et en appelle à la solidarité de l’ensemble des citoyennes et des citoyens". Quant au mouvement Greenpeace, il dénonce "l’acharnement de la DST sur le porte-parole du réseau antinucléaire, preuve supplémentaire de l’incompatibilité entre nucléaire et transparence".

(1) Le 11 avril 2007, après avis du préfet et de l’Autorité de sûreté nucléaire, EDF a été autorisé par décret à construire un réacteur EPR à Flamanville. Ce réacteur EPR dit de troisième génération devrait être mis en service en 2012.

http://www.rue89.com/2008/03/26/sor...

Messages

  • Le 11 avril 2007, après avis du préfet et de l’Autorité de sûreté nucléaire

    Y a plus qu’a porter plainte contre ce préfet et l’ASN ! Un procès avec autant de parties civiles qu’il y a de militants disposés à faire arrèter cette construction de cette "potentielle" arme de destruction massive à la disposition des terrorristes .

    Plutot que vouloir les traquer en afganistan, Sarko pourrait déjà commencer sa lutte anti terrrorristes sur le territoire national.