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Sortir les collectifs de la confusion et revenir au consensus

Publie le samedi 30 décembre 2006 par Open-Publishing
15 commentaires

de Jean-Pierre Dussaud

1) Les ruptures du consensus du 27 novembre

Notre mouvement est parti non sans difficultés. La défection d’Olivier Besancenot et le départ de Raoul-Marc Jennar et de José Bové du comité national constituent dans une certaine mesure un échec de la méthode du consensus.

Dans ce contexte préoccupant, le 27 novembre, des membres du Collectif d’Initiative Unitaire National appellent à signer une pétition demandant au PCF de renoncer à la candidature de Marie George Buffet, en pleine discussion dans les collectifs locaux sur le choix des candidats en fonction en particulier des cinq critères indicatifs définis le 3 novembre (la capacité à rassembler, la capacité à représenter tous les courants, la capacité au travail collectif, la capacité à respecter la stratégie et le programme, la capacité d’inscrire le rassemblement dans la durée).

Le fait de signer une pétition, pour faire pression par le nombre des signataires, est une rupture du consensus. Est également une rupture du consensus le fait d’interrompre le débat en cours dans les collectifs, en vertu de la soi-disant légitimité de membres d’un collectif national coopté, supposant les collectifs incapables de s’orienter par eux-mêmes, et en introduisant, comme critère et représentation dominants, la pétition de principe que le dirigeant d’un parti ne peut pas satisfaire aux critères (implicitement, le dirigeant du PCF ne peut pas rassembler, ce qui est une opinion recevable parmi d’autres, mais c’est aux collectifs locaux de juger, sans pression de type hiérarchique).

Ces ruptures de consensus sont justifiées par le fait que les membres en question du collectif national ont l’impression que le PCF veut rompre le consensus et « imposer » Marie George (Clémentine Autain : « Par contre, un certain nombres d’évènements ont fait craindre que la direction du PCF ne renonce au consensus et cherche à imposer son choix. Cela conduirait inévitablement à l’échec ».)

Il n’y a plus de climat de confiance, de la même façon qu’Olivier, pour justifier sa non-participation aux collectifs, disait soupçonner le PCF et les collectifs de vouloir renier leurs engagements stratégiques et programmatiques antilibéraux. Plus exactement, pour justifier ses ruptures de consensus, le collectif national reproche au PCF de rompre le double consensus, quand le PCF prend en compte la tendance des choix des collectifs, alors que cette attitude du PCF est conforme à l’engagement, obtenu par consensus, du 3 octobre (« Là où ne se dégagera pas clairement un choix commun, il sera sans doute nécessaire de mesurer, de façon loyale et incontestable, l’importance respective des opinions défendues au sein du collectif. Une mesure quantitative sera alors utile pour dégager une tendance dont il conviendra de déterminer plus précisément les règles »).

2) Les ruptures antérieures du consensus

Les ruptures de consensus de la part du collectif national ne sont que la conséquence de ruptures antérieures. En effet, vaut assentiment implicite la non prise de distance avec les mises en question par Raoul-Marc Jennar des « appareils », c’est-à-dire la reconnaissance de l’individualité de chacun seulement dans la mesure où il rompt avec une part de l’identité qu’est son appartenance politique. Le militant qui veut utiliser et faire part de son expérience dans l’organisation est discriminé et montré du doigt : « Je n’ai pas retrouvé, en nombre suffisant, ces femmes et ces hommes, totalement désintéressés, qui ne sont pas les exécutants d’un appareil, qui n’ont pour eux-mêmes aucun « plan de carrière » et qui faisaient la richesse des collectifs du « non » de gauche ». Michel Onfray , avant qu’il ne dise envisager de voter pour Ségolène Royal au premier tour, explicite cette thématique : « Marie-George Buffet, femme d’appareil s’il en est une et s’il en est un, mais qui se trouve à la tête d’une formation, le Parti communiste français, dont je respecte moins l’histoire de l’état-major et des cadres que celle des militants, des acteurs sur le terrain de l’idéal, des bénévoles, des solidarités ouvrières.

Le communisme me plaît moins que les communistes anciens, récents, nouveaux, exclus, rénovateurs... qui, sur le terrain, loin des officines et des bureaux de la place du Colonel-Fabien, tâchent d’incarner le combat pour plus de justice sociale, plus de fraternité, plus de solidarité, en un mot plus d’humanité. Cette énergie militante est une force considérable si souvent châtrée par les états-majors. Aujourd’hui encore, le PCF semble jouer sa carte, c’est-à-dire celui de sa machinerie de politique politicienne, de sa boutique, hésitant entre la radicalisation qui tarit les sources de revenus consubstantielles à l’appartenance au marigot des élus, et le compagnonnage avec le socialisme gouvernemental, tellement utile pour assurer la survie de l’appareil fut-ce au détriment de la cause ».

Les mises en question par José du Parti communiste, mises en question reprises par les signataires de la pétition (la candidature de Marie-George est « imposée » et non proposée, le PCF fait le « forcing », etc.), prennent le risque de la dénonciation et de la division, même si, à chaque occasion, il est fait référence formellement au consensus. Sous prétexte de consensus et de laisser une place à Olivier et à José, la position au grand coeur de non critique des positions contraires à la stratégie et au programme des collectifs, cette position d’unité à tout prix, équivaut à une nouvelle orientation implicite des collectifs, laissant ainsi la voie ouverte aussi bien vers les partis sociaux libéraux que sont actuellement le PS et les Verts, voie d’ores et déjà empruntée par le PRS, Alter Ekolo et certains membres des collectifs, que vers une orientation se disant d’extrême gauche et consistant à considérer que les luttes sociales et les manifestations de rue sont seules importantes et efficaces, les élections n’étant qu’un moyen de faire connaître cette thèse. Cette nouvelle orientation du collectif national a logiquement besoin pour se justifier de dénoncer une « nouvelle » orientation du PCF vers le social libéralisme, pour conserver ses élus, pour etc.

3) La légitimité de Marie-George Buffet par rapport aux engagements obtenus par consensus

Le comité national, essentiellement composé de représentants cooptés d’organisations et associations politiques, n’est pas représentatif de l’ensemble des comités locaux, ce qui nous incite à améliorer notre structure, pour que l’incohérence et la confusion ne se reproduisent pas. Les membres du comité national et les candidats doivent en prendre conscience. Ils ont fait beaucoup de bon travail. Ils ont coordonné l’élaboration de la stratégie et du programme et commencé la campagne. On peut regretter leurs ruptures de consensus. De même, on peut regretter certains aspects du fonctionnement du PCF. Mais fallait-il, comme semblent le suggérer les membres du collectif national signataires de la pétition et un nombre important de participants des collectifs, pour rassembler largement et ne perdre personne, au prix d’un engagement, contraire au principe du consensus, en faveur de la rupture de consensus constituée par une menace de démission, prendre le risque de privilégier cette réalité effectivement préoccupante de membres des collectifs menaçant de partir si Marie-George était choisie, étant donné qu’il s’agit là, d’emblée, de la part de ces membres, d’une rupture du consensus, d’une pression sur le contenu du débat et sur l’orientation des collectifs, en ayant à l’esprit que ces membres plaçaient au-dessus du programme et de la stratégie un élément et des principes qui auraient pu resurgir à la moindre occasion et orienter le mouvement complètement hors consensus ? Surtout, on ne peut pas compter comme quantité négligeable tous ceux qui s’engageaient à rester quel que soit le choix du candidat et tous ceux qui voulaient le respect intégral et non déformé des engagements et du consensus du 3 octobre : tous ceux-là étaient dans l’esprit du consensus.

Il est incorrect de ne retenir du texte du 3 octobre que le double consensus sans faire référence à la partie du texte qui, « là où ne se dégagera pas clairement un choix commun », demande la mesure de l’importance des opinions, la mesure quantitative permettant de dégager la tendance des collectifs. Cette interprétation partiale du texte permet de délégitimer Marie-George.

Pour moi, l’essentiel est le programme. Peu importe le candidat. Et en plus, selon la procédure fixée initialement par consensus le 3 novembre, Marie-George est une candidate légitime, et non celle du seul PCF. La procédure tronquée et arrangée introduite par certains membres du comité national le 23 novembre, sans l’accord de l’ensemble du comité national et sans consulter les collectifs, donc de manière doublement non consensuelle, constitue un véritable « forcing » par rapport au consensus et n’est pas légitime.

4) Perspectives

Il reste à tous les membres du collectif national à calmer le jeu pour empêcher l’autodestruction des collectifs et du consensus par la suspicion et la polémique sur la non légitimité de Marie-George. Tous les membres du collectif national ont leur place dans le combat antilibéral, et d’autres aussi qui n’ont pas de raison sérieuse de rester à l’écart.
Il reste à introduire dans la campagne notre autonomie, la diversité de nos engagements politiques, syndicaux et culturels et notre unité sur le programme et la stratégie. Il reste à bouleverser le paysage de la campagne présidentielle en ridiculisant la personnalisation et le jeu des médias, en mettant en avant ce pour quoi les gens se battent et qui est inscrit dans notre seul programme. Nous avons à créer l’inquiétude parmi les forces qui acceptent de jouer le jeu pervers du maintien de la 5ème République. Nous avons à démontrer l’incertitude des résultats des prochaines élections, en particulier auprès de ceux qui, à gauche, extrapolant de manière mécanique les sondages actuels ou les résultats des élections passées, nous prédisant notre absence au 2ème tour pour justifier le vote Royal au 1er tour, sous-estimant les capacités de jugement des classes populaires et le bouleversement actuel et à venir de l’électorat. Nous avons à appeler toutes les personnes, y compris les candidats aujourd’hui déclarés, à discuter notre programme en construction, à s’engager par rapport à lui, les candidats et les partis les soutenant prenant alors leur responsabilité quant à la division de la gauche.

Il reste aussi à engager des discussions avec toutes les organisations, y compris les organisations syndicales et associatives, en ne discriminant aucune organisation, dans le respect de leurs procédures internes, pour constituer une structure démocratique unitaire à gauche, correspondant à la radicalisation de l’électorat. Telles sont les perspectives réalistes que pourraient être prises en compte.

Messages

  • Ahhhhhhh, ça fait du bien de lire cela, merci à toi, je serais assurément de ceux qui attendent d’entrer en campagne, un beau programme alternatif pour le noël 2006 même si le rassemblement restera toujours un combat.

    A très vite, bon travail à tous, nous avons besoin de courage.

  • Dés le 10 septembre le CUAN déclarait /

    « Par son profil, notre candidature symbolisera l’unité de notre rassemblement…,

    Il paraît difficile de vouloir trancher cette question par un vote pour départager plusieurs candidats (quel corps électoral ? constitué comment ? ). La concurrence et la confrontation poussées au bout nous feraient courir le risque de fractures difficilement réparables….

    Il faut débattre pour se convaincre et chercher à bâtir un double consensus : au sein des collectifs et entre les organisations pour choisir celle ou celui qui incarnera sur le bulletin de vote notre rassemblement. »

    Force est de constater que sur aucun de ces trois points la démarche n’a été suivie

    dans les médias MGB= "numéro 1 du PCF"

    c’est la presse bourgeoise, mais c’est ce qu’entendent les électeurs !

    Il nous fallait étre plus malin et contourner l’obstacle ; L’analyse, la stratégie, la cohérence politique, c’est le programme ; faire campagne c’est du militantisme, dela dynamique pour le porter, de la pub et beaucoup d’opportunisme ... Pour celà il faut aussi beaucoup de pédagogie et créer de l’illusion et du rêve pour porter un élan- et ce n’est plus du ressort de l’analyse-

    militant du 29 mai

    • Pour toi il s’agissait de contourner l’obstacle.Mais déja se pose un probléme:si on ne fait pas front contre la propagande de droite sur ce cas,important,qu’en sera-t-il des autres,autrement plus difficiles qui ne manqueront pas de se produire ?

      Un seul principe:les combats perdus d’avance sont ceux qui ne se sont jamais menés.

      D’autres ont voulus exclure avec une pétition,contre leur signature du 10 septembre,ça fait une sacrée différence avec toi.

      Jean Claude des Landes

  • "Pour moi, l’essentiel est le programme. Peu importe le candidat."

    ça fait du bien de lire ça. Il serait temps qu’on comprenne aussi que les électeurs, et plus encore parmi eux les abstentionnistes plus ou moins probables dont je ferai peut-être partie un jour si ça continue, ont envie de tout autre chose que de stars, de figures médiatiques. Nous voulons un programme. Il faut un-e candidat-e pour respecter les règles de la 5è République. Fort bien, tirons-le au sort.
    Il m’est complètement égal (malgré mes sympathies communistes) qu’il s’agisse de Besancenot, Autain, Buffet, ou... Je crois réellement que nous n’en sommes pas encore là, ou déjà plus là.

    Composons ce programme de l’unité, puisque nous sommes d’accord sur les fondements. Et désignons n’importe quel responsable d’un collectif au hasard. Ensuite, avec les forces communes, on pourra s’occuper de la campagne.

    MG

  • Entendons nous, nous avons tous été déçus, pour diverses raisons de l’effritement progressif des instances centrales de l’alternative antilibérale. mais rien n’est terminé, ce n’est qu’un échec provisoire tant ce qui doit nous unir l’emporte sur ce qui nous divise actuellement.
    la présidentielle n’était peut-être pas la meilleure situation pour surmonter les préventions, méfiances et autres différends.
    Il n’en reste pas moins que nous avons une base de propositions à même de rassembler et des législatives à construire ensemble.
    De plus, lorsqu’on cesse nos petites disputes entre nous et qu’on va sur les sites des oui-ouistes, le monde, Libé... ça change un peu de décors. Là pas de quartier ni de nuance. Ca roule plein pot pour Ségo et/ou sarko.
    Quand on lit Onfray qui appelle à voter blanc ou Royal, on se demande quel engagement politique sincère le mène ; de même quand il traite MGB de "bureaucrate s’il en est", on aurait aimé qu’il le dise à la fète de l’Huma où il participa à un débat très ouvert avec Debrey.
    Nous savons tous ici ce qui nous attend avec ce parti de la Commission de Bruxelles. comme enseignant, je connais les projets de l’UMP et du PS, Onfray aussi doit les connaitre ; sur la précarité, les salaires, sur l’Europe... sa réaction ne s’explique que par une déception.
    Notre peuple ne peut encore continuer comme cela longtemps.
    Nous devons travailler à développer dans la population l’idée que nos propositions sont crédibles et nécéssaires. il n’y a pas de priorité autre que la construction, certes difficile, d’une autre gauche à côté de cette social-démocratie à bout de souffle.
    Léon

  • ARTICLE INTERESSANT...

    ... qui n’oppose pas la reconnaissance de la candidature de MGB et le programme à porter dès maintenant sur tous les terrains pour en finir avec le bipartisme envahissant les médias.
    Il n’y a plus de temps à perdre maintenant et le moment du choix du candidat est dépassé. Il existe : c’est MGB.
    Les collectifs existent, la stratégie et le programme aussi.
    C’est tout ce qui compte.
    Dans le travail quotidien sur le terrain on fera avancer les idées de la 6° République et la "ridiculisation" de l’actuelle façon de concevoir la présidence.

    Viendra un moment où il faudra théoriser l’action réalisée sur le terrain.

    NOSE

  • Il est vrai, que je me suis permis d’écrire , sur ce site Bellacio, que le candidat à la présidentielle de 2007," peut importe le nom du Zebre pourvu qu’il court vite et plus vite que tous les autres !!!".

    L’esprit du propos voulait tout simplement faire état que le nom du candidat est une importance toute relative. L’éssentiel est d’avoir un nom ,mais surtout un programme politique
    fondé sur les 125 proposions .

    Il est évident que M G B, le P.C, ça peut chagriner les âmes sensibles, même les socialos, j’avais dailleurs écrit "les socialos-communistes "....

    Car il ne faut surtout pas oublier le vote du 29 mai ,où toute la presse, les médias globalement n’ont pas convaincu 60% des votants d’aller à contre de tous ces baratineurs, menteurs ou bonimenteurs.

    Où tout le monde ,soit les collectifs, se foutent le doigt dans l’oeil, où nous partons gagnants
    avec 60 % d’électeurs potentiels !!! car dans un espoir commun les votants du 29 Mai devraient en toute logique voter dans le mème sens.

    Salut et fraternité .
    Rosay. illustre inconnu qui peut faire le Zebre pourquoi pas !!!?????

  • Je trouve cet article très clarificateur, serein, constructif et intéressant.

    Merci à son auteur.

    Pierre PifPoche de Meudon en Ile-de-France.

    • Onfray, Jennard, Besancenot ( et ses 500 signatures du PS), Laguillier (et ses 500 signatures PS et Droite) , les signataires de pétitions à exclure et conférenciers "dissidents" de presse bourgeoise et complaisante... Beaucoup de défections et d’obstacles internes et externes à Gauche, pour la candidature antilibérale. Et je ne parle pas du PS dont les frais du lifting et le look en rose + les sondages et leurs questions sont gracieusement fourni par le MEDEF et ses filiales des médias.
      Je ne parle pas non plus des Droites américaine et pétainiste (pour la collaboration avec l’envahisseur ça revient au même)
      N’oublions pas que nous sommes dans un processus historique en cours, une nouvelle gauche doit émerger de ce bourbier, sinon...JdesP

  • belle démonstration des dégâts de l’anti-communisme, arme préférée du patronat
    pour diviser les travailleurs. Tous ces gens qui prétendent nous donner des leçons
    de respect des libertés me fatiguent. 50 ans bientôt que je les cotoient, sans qu’ils
    n’apportent rien à la défense du "socle de 1945" (expression de Seillières),
    constitué par tout ce que les ministres communistes ont créé , à commencer par
    la SECU, qui est du communisme (tu cotises en fonction de tes moyens, tu reçois
    en fonction de tes besoins) , (Ambroise Croizat) en passant par le Statut de la
    fonction publique (Maurice Thorez), l’EDF (Marcel Paul), le droit de vote des
    femmes (Fernand Grenier), le CEA (Joliot-Curie), le CNRS (Henri Wallon), etc...
    Les actuels responsables du PCF auraient été mieux inspirés de se lancer dès
    la fin du Congrès, avec le programme du PCF.
    Ne plus nous bassiner avec les 3% de Hue tellement mérité pour sa soumission
    à Jospin. Et pensez à cette élection du Sud-Ouest, dans une cantonale, où le
    candidat communiste a gagné 25%, frôlant les 50% dès le premier tour, et
    envoyant dans les choux le représentant de la droite rose.
    bonne année.

  • Le marché de dupes

    M. El Bachir (PCF, Collectif Mirail-Reynerie Toulouse)
    (18/12/ 2006)

    Le sens des mots

    La langue française associant les termes « cum » et « sensus » signifiant « avec » et « sens » a donné le mot « consensus ». Ce terme veut dire « être d’avis avec » ou « être du même avis » et le verbe qui en découle est « consentir ». Le contraire de « consensus » est « dissension ».

    Le consensus

    La campagne référendaire a été l’occasion d’une alchimie féconde entre des citoyens, des syndicalistes et des politiques. Cette alchimie a été possible parce qu’elle avait un sens et que son objet, le Traité Constitutionnel Européen, était bien identifié. De même, l’élaboration du programme « ce que nous voulons » a pu prendre corps parce que là encore, la rencontre entre « avec » et « sens » allait de soi. Avec conviction, nous avons soutenu que le programme qui était au coeur du travail collectif était prioritaire, et que la question de celui ou celle qui le porterait était secondaire. C’était faire l’impasse sur un élément de taille : celui de « l’ego » des prétendants au trône ! Dans une contribution « Y. Salesses ou Marie Georges Buffet ? Ne nous fâchons pas » du 21 novembre 2006, j’écrivais : « l’idéal serait que les candidats choisissent entre eux la ou le meilleur(e)... » en s’inspirant du proverbe de W. Blacke : « Quel est l’acte sublime ? S’effacer devant l’autre... »
    Le 9 et 10 décembre à St Ouen, les militants de la gauche antilibérale qui s’étaient donné rendez-vous pour désigner leur candidat, se sont trouvés davantage confronté à l’avenir même de leur mouvement. Le compte rendu des choix des collectifs a mis en évidence le choix majoritaire pour MGB à plus de 55%. Le Collectif National a récusé ce choix en introduisant une nouvelle condition : _La ou le candidat ne peut pas être la ou le porte parole d’un Parti. Des délégués ont émis publiquement une accusation sans preuve, à savoir : _Des collectifs locaux auraient été crées par les communistes, à la hâte à seule fin de « gonfler » les voix en faveur de MGB. Création d’une nouvelle règle et accusations gratuites pour justifier le refus de Marie Georges Buffet. Elle ne fait pas consensus, nous dit-on ! Mais les autres qui sont arrivés deuxième et troisième sont-ils consensuels ? De toute évidence, le Collectif National a répondu par l’affirmative.

    La dissension

    La règle du double consensus fut donc mise en avant pour récuser celle arrivée en tête dans le choix des collectifs locaux, en arguant du fait que la candidature de MGB serait perçue par les électeurs comme étant celle du P.C.F.

    Au sujet de ce postulat, maintes fois ressassé, une remarque s’impose.

    Lors de la campagne référendaire, la bataille politique n’a pas été perçue par l’électeur comme étant celle du PCF, et pour cause : la campagne était unitaire. Les médias, du reste, ne s’y sont pas trompé en s’attardant davantage sur la signification de la campagne contre le TCE et ses conséquences. D’où la dureté de cette bataille politique et médiatique. Aujourd’hui, un élan unitaire, franc et massif, de la part des différents portes parole serait perçu de la même façon pour la campagne présidentielle et je n’en doute pas. Mais il ne faut pas prendre les électeurs pour des imbéciles.
    Ce n’est que dans la clarté et la transparence dans le mouvement unitaire que se dissiperont les malentendus.Ce n’est que l’engagement sincère dans la bataille politique de Clémentine Autain, d’Yves Salesses, de C. Debons, Mélenchon et des autres que le peuple mesurera la profondeur de nos convictions et la crédibilité de « ce que nous voulons ». Face à une grande ambition collective et unitaire, il faut réaffirmer la volonté tenace « de la ou le candidat le plus crédible ».
    Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit aujourd’hui de voter pour une élection présidentielle et que les voix des couches populaires ne s’exprimeront pas pour le ou la première venue. Affirmer le contraire relève plus de l’amateurisme politique ou de la démagogie et montre une profonde méconnaissance du peuple, voire un certain mépris de celui ci.

    Il ne s’agit pas de mettre en doute l’engagement de nombreux citoyens dans cette démarche unitaire pour mettre en place les conditions politiques d’une alternative antilibérale. Mais on est bien obligé de se poser la question : « Agit-on dans le même sens ? » A saint Ouen, la question ne se posait même pas puisque les uns n’étaient pas avec les autres . Passons sur les insultes, les incriminations et suppliques mal venues mais reconnaissons que ce type d’agissements n’aide pas à l’unité. Cette unité si souvent scandée est avant tout un état d’esprit. Un état étouffé par trop d’arrières- pensées politiques.

    Quel est le constat de cette aventure ?

    Les concepts « Unité », « Démocratie participative » et « faire la politique autrement » ont été souvent mis en avant mais vite enterrés, une fois l’heure des manigances et des manipulations venue. Les « débats de sourds » de Saint Ouen en furent un triste exemple. La démocratie n’est pas plus participative dans les collectifs antilibéraux que dans les organisations traditionnelles. Quant à la « Politique Autrement », si nous faisions de la politique tout court, ce ne serait déjà pas si mal ! En définitive, le mouvement anti libéral, sous influence « citoyenniste » me fait l’effet d’un vol d’étourneaux et je crains bien, hélas, qu’après son passage, nous n’ayons plus qu’à compter les plumes perdues.

  • De tout coeur avec vous, cher Jean-Pierre Dussaud... Le remue-ménage salutaire de l’alternative antilibérale doit aboutir dans les deux mois qui viennent, c’est à dire maintenant ou jamais. Cet élan magistral né autour du Non à la constitution constipée et anti-vie d’une Europe ultra-capitaliste ne peut se concrétiser qu’avec une détermination unique : tenir en échec Big Brother ! Et pour ce faire, chacun se doit de mettre de l’eau dans son vin et sortir des idéologies et des shémas partisans. Il était évident depuis le départ que la mainmise du PCf, par l’intermédiaires de collectifs affiliés plus ou moins directement à ce parti très chargé historiquement, ne pouvait que nous conduire à la débacle. Nous avons un programme qui tient bien la route, il nous manque l’Homme ou la Femme capable de réduire les divergences, d’estomper les préjugés. Pourquoi ne pas réunir une assemblée composée de tous ceux qui ont mené les débats et pris l’initiative d’un programme autour du projet altermondialiste afin de désigner un candidat acceptable et crédible. Dans un message adressé à JL Mélenchon, en réponse à son constat d’échec intitulé "fin de partie", je proposais déjà une solution viable : "Concrètement, et en dépit des contradictions insurmontables qui ont abouti subitement à un constat d’échec, je vous propose de réunir en toute urgence les candidats "semi-officiels" de l’autre gauche et de choisir entre vous lcelui ou Icelle le plus apte actuellement à représenter ce mouvement d’anticipation qui a ressuscité la vie politique moribonde de la France. Une fois un candidat désigné (il ne devra pas être chef d’un parti, cela va de soi), sous le signe très fort de la VIe république, vous demandez ensemble le vote de confiance aux citoyens solidaires partisans d’un changement en profondeur de gouvernance et d’orientation économique. Ce n’est pas le moment de baisser la tête, l’heure est à l’action et rajouter des réflexions sur des réflexions ne ferait que nous égarer davantage. Il faut absolument qu’un représentant du 29 mai aille au casse-pipe, ne serait-ce que pour incarner l’uthopie d’une existence régénérée, d’une société à hauteur de dignité humaine, une société moins égoïste."
    Pour une fois, montrons-nous citoyens responsables et avertis plutôt deux fois qu’une, en dehors du grand cirque mégalo-médiatique qui tue jusqu’au sens même de toute action politique respectueuse. Commençons par nous libérer de nos partis pris et de nos opinions mille fois ressassées. Il s’agit de réinventer notre vie ensemble comme aurait pu le dire un certain Arthur R.
    J’ajouterais une dernière chose : il faudrait créer un site internet qui permettrait d’embrasser en "un seul coup d’oeil" les avancées du travail collectif, de comprendre les débat et les décisions en cours et aussi d’indiquer les rendez-vous sur l’ensemble du territoire français. Fraternellement. André