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Souffrance au travail, 2 cadres de Carrefour condamnés

Publie le jeudi 27 mars 2008 par Open-Publishing
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BONNEVILLE - Deux cadres d’un hypermarché Carrefour à Sallanches (Haute-Savoie) ont été condamnés jeudi à 6 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bonneville pour harcèlement moral d’un salarié, soulagé de ne plus être pris pour "un malade imaginaire".
Le harcèlement moral, un délit souvent difficile à établir, a pu être reconnu par la justice sur la base de témoignages d’une quinzaine de salariés, dont une grande partie sont encore employés.

Le chef de secteur Christian Rivat, 47 ans, et le directeur de l’hypermarché de l’époque Victor Massacrier, 56 ans, ont été reconnus coupables de harcèlement moral à l’égard d’un chef de rayon du magasin Stéphane Tagliavacca, 40 ans.

Le procureur de la République, qui avait qualifié le comportement des cadres de "vicieux" et "pervers", avait requis huit mois d’emprisonnement avec sursis contre Christian Rivat et six mois avec sursis contre Victor Massacrier.

M. Rivat, également poursuivi par une autre salariée de l’hypermarché, Danielle Etien, 39 ans, qui s’était constituée partie civile en 2003 —soit un an après son collègue— pour être jugée en même temps que M. Tagliavacca, a été également reconnu coupable de harcèlement.

"Ce jugement est une libération et surtout une reconnaissance de ce qu’on a subi. Cela ne se voit peut-être pas sur nos visages mais psychologiquement nous sommes détruits", ont déclaré à l’issue de l’audience Mme Etien et M. Tagliavacca.

Les deux salariés s’étaient vus prescrire un arrêt de travail de 14 mois que la Sécurité sociale devait attribuer à une situation de "stress au travail" et de "harcèlement moral".

"Nous ne serons plus considérés comme des malades imaginaires et des faibles qui n’ont pas leur place dans la grande distribution", ont-ils souligné.

M. Tagliavacca, qui reprochait à son supérieur hiérarchique d’avoir cherché à lui nuire continuellement, le suivant partout même "à la porte des toilettes", et au directeur de relayer ses reproches, avait décidé de porter plainte en juillet 2002.

Un psychiatre a été nommé jeudi par la justice pour évaluer les séquelles des deux victimes. M. Tagliavacca recevra 10.000 euros de provision de la part du chef de secteur et du directeur de l’hypermarché et Mme Etien 5.000 euros de la part de M. Rivat.

"Je ne faisais que faire appliquer les exigences qui m’étaient demandées. M. Tagliavacca a transformé en harcèlement des exigences professionnelles répétées car insatisfaites", a pour sa part déclaré Christian Rivat, assurant qu’"en 29 ans de société, on ne (lui) a jamais rien reproché".

"On fait porter à M. Rivat la responsabilité qui n’est pas la sienne mais qui est peut-être celle de la grande distribution", a estimé l’avocat de M. Rivat, Bernard Chambel, qui a précisé qu’il ferait appel de la décision.

Les deux salariés ont par ailleurs annoncé qu’ils "allaient porter plainte contre leur employeur de l’époque la société Hyparlo, franchisée Carrefour, pour faute inexcusable. L’employeur était au courant, donc Carrefour aussi. Nous attendons maintenant un geste de leur part".

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