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Succès de mobilisation pour le Forum social européen de Florence

Publie le dimanche 27 avril 2003 par Open-Publishing

Au moins un demi-million de personnes ont défilé samedi, sans incident, « contre la guerre » et « pour une autre Europe ».

Pari réussi. Le premier Forum social européen (FSE) à Florence, délocalisation régionale du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil) a rassemblé environ 600 000 personnes (450 000 selon la police, 1 million selon le FSE) qui ont marché, samedi, « contre la guerre » et « pour une autre Europe ». Jamais une marche organisée par les contestataires de la mondialisation n’avait autant mobilisé. C’est le double de Barcelone, où 300 000 personnes avaient battu le pavé en début d’année lors d’un sommet européen.

La manifestation est venue ponctuer un FSE qui s’est déroulé sans incident, permettant ainsi à Florence d’exorciser le syndrome du G8 de Gênes et d’ouvrir de nouvelles perspectives et de nouveaux défis pour les « anti ».

Rebonds.

Florence confirme la durabilité de la contestation. La « génération Seattle » n’est pas née du vide. Elle a élaboré des réseaux dès le début des années 90, et le maillage entre les différentes sensibilités (paysans, syndicats, environnementalistes, droits de l’hommistes, catholiques, néoradicaux) n’a cessé, via le Net, de fertiliser. Elle a aussi capitalisé le désir d’une démocratie plus participative, plus inclusive des citoyens, devant la montée des insécurités (économiques, sociales, écologiques ou militaires). « A chaque fois, on nous dit déclinants, comme après le 11 septembre, rappelle un leader. A chaque fois, on rebondit, toujours plus fort. » Il a fallu, aussi, pour ce faire, se battre sur les mots. Réfuter l’appellation « antimondialistes », par exemple. Les craintes d’un nouveau conflit en Irak ont permis de réaliser la jonction avec les associations pacifistes et le grand contingent de militants, souvent sans chapelle. Et l’ombre d’une grave crise économique a poussé les grands syndicats à mettre un pied dans le Forum social européen. Certains, à l’instar de Christophe Aguiton, d’Attac, parle désormais de « vague de fond, encore plus profonde que 68. Mais, à la différence de 68, les ponts entre étudiants et ouvriers commencent à se faire ».

Fêlure.

C’est en partie vrai. Mais si la foule de jeunes s’avère très nouvelle gauche alternative, le contenu des débats, lui, est parfois vieille gauche. Une fêlure générationnelle s’esquisse : des jeunes venus goûter aux nouvelles formes d’engagement ne se reconnaissent pas toujours dans les cadres qui tentent de structurer les débats. « Et à nous de montrer, qu’à l’inverse d’un éphémère sursaut des jeunes après le premier tour de la présidentielle, on peut faire se battre localement et ne pas briller uniquement dans les Club Med contestataires à l’étranger », espère une militante française. L’autre défi, pour « un mouvement des mouvements » en pleine croissance, c’est, résume une organisatrice du FSE, « de se démocratiser davantage, de tenter de faire émerger des consensus larges. Plus on est divers, plus on se renforce ». D’autres options s’ébauchent, et les politiques présents à Florence y ont prêté une oreille très attentive.

En attendant, la toile d’araignée se tisse. Des forums nationaux sont sur les rails. Partant du global pour mieux tenter d’irriguer le local.

Par Christian LOSSON
Libération 11-11-02