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"Suis-je un traître organique ?" Extrait de "Questions existentielles"

Publie le vendredi 19 juin 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

"(...)

A présent il règne un vague calme dans mon emploi du temps.

Pas au point de me laisser du temps pour faire les courses où quoique ce soit de semblable, mais juste assez pour pouvoir jeter des coups d’œil dans la masse des articles qui m’ont concerné au fil de la campagne.

J’y trouve peu de compliments. Mais il y en a.

Et je les lis avec plaisir parce que dans mon arène il pleut surtout des coups.

J’y viens.

L’une des choses les plus étonnantes pour moi est l’acharnement de ceux qui vont chercher dans mon passé ce qui s’y trouve en contradiction avec ce que je dis et fait à présent.

Je pense à mes choix à propos de Maastricht en particulier.

En fait quelques procureurs se disant marxistes ont récupéré trois textes où je défends le traité de 1989 que les socialistes avaient déjà mis en circulation contre moi en 2005.

Les uns et les autres y trouvent la preuve formelle et incontestable d’une révélation destinée à me disqualifier.

Voici le résumé de cette révélation : j’aurais changé d’avis.

Qu’ai je à répliquer ? Bien sur, je confirme que je suis bien l’auteur de tous ces textes. J’ai fait aussi de nombreux meetings en faveur du traité de Maastricht.

J’ai réellement cru que c’était la bonne stratégie de construction d’un nouvel espace pertinent pour faire face au capitalisme.

Puis, voyant ce que je voyais du résultat pratique, j’ai travaillé avec d’autres à essayer de comprendre pourquoi rien ne se passait comme nous avions cru que cela se passerait.

Nous ne pouvions prendre appui sur aucune des critiques que nous avions entendues alors.

En effet, selon ce que nous en voyions toutes se référaient à une vision dans laquelle la Nation était centrale. Cela ne correspondait pas à notre grille d’analyse.

D’abord du fait de nos atavismes universalistes.

Ensuite parce que notre problème était bien la centralité de l’affrontement capital travail.

Je résume bien sur.

Nous avons donc commencé par là où il nous semblait qu’il fallait commencer c’est à dire par l’analyse du capitalisme de notre époque.

Je veux dire que nous avons agi en matérialiste que nous sommes.

Nous avons travaillé en partant de l’idée que c’est dans les ressorts de la production et de l’échange qu’une société ancre ses dynamiques particulières.

Comment mettre nos pendules à l’heure sinon ?

C’est alors que nous avons rédigé nos thèses sur « le nouvel age du capitalisme ».

Nous le nommions « capitalisme financier transnational »

Cette appellation a été reprise depuis par d’autres qui n’en connaissent surement pas l’origine bien modeste.

Puis nous en avons tiré nos conclusions dans tous les compartiments de nos analyses.

Cela donna lieu à l’édition d’un texte paru sous le titre « Maastricht c’est fini ».

De ce texte nous avons tiré un amendement pour la première Convention thématique qu’organisa en 1996 Lionel Jospin après son retour à la tête du PS sur le thème « Europe et Mondialisation ».

Cet amendement fut majoritaire en voix (18 000 contre 16 000).

Il fut néanmoins réputé battu !

En effet les organisateurs de la Convention instituèrent la règle selon laquelle pour être majoritaire il fallait avoir recueilli la majorité des suffrages, blancs et nuls inclus….

Cependant, à partir de ce vote, à tous les congrès et Conventions du parti socialiste sans exception, j’ai défendu cette thèse.

Son argument central est que dans le nouvel age du capitalisme l’intégration économique ne peut produire l’intégration citoyenne ou les conquêtes sociales et donc la régulation que prévoyait le crédo socialiste.

C’est pourquoi la thèse de notre stratégie européenne était qu’il fallait prendre le problème par l’angle institutionnel et commencer l’autre Europe que nous voulions par la démocratie et donc par une Constituante européenne.

Tout cela est aussi expliqué, si mes souvenir sont bons, dans un livre que j’ai publié sous le titre « Rocard le rendez-vous manqué ».

Je ne reprend pas ce sujet ici.

Je ne vise qu’à donner l’information qui permet de comprendre un parcours politique autant qu’intellectuel.

Je pense que la plupart de ceux qui produisent et reproduisent sans cesse mes textes d’avant cette période sont parfaitement informés de tout cela.

Je ne leur reproche nullement de me publier de cette façon.

J’estime au contraire que j’écrivais avec assez de précision et de détail pour que l’on voit mieux où je me trompais.

En ce sens ces publications sont utiles car elles mettent en mots simples et bien argumentés, selon moi, un raisonnement qui a cours chez de très nombreux socialistes encore à cette heure. Ces textes permettent donc le dialogue.

Mais quel est le but de ceux qui les produisent à charge aujourd’hui contre mes positions actuelles ?

S’agit-il de dire que puisque je me trompais alors je me trompe tout le temps ? Y compris quand j’arrive aux mêmes conclusions qu’eux aujourd’hui ? Non, sans doute, car ce serait trop absurde.

Peut-être s’agit-il de dire que je suis coupable quand au passé et donc que je dois expier aujourd’hui par un disqualification générale de tout ce que je dis.

C’est alors la vieille rhétorique judéo chrétienne du péché originel revisitée par les maoïstes et leur séance d’expiation publique des ennemis de classe.

J’ironise bien sur.

En fait les diatribes contre moi du fait de mes textes de 1989 n’ont aucune espèce d’impact sur moi. Ce qui compte c’est ce que je peux en tirer comme observation pour ma propre construction intellectuelle et celles des miens.

En voici un aperçu.

Je vois que pour mes procureurs, ceux qui ne sont sont pas de leur avis sont en réalité motivés non par des arguments mais par réalité indépassable.

Ils sont par nature des traitres où je ne sais quoi de méprisable, d’une façon essentielle.

Des traitres organiques. On dirait aujourd’hui "génétiquement traitre".

Leur manière de faire tient a leur essence.

Pour moi, dans la tradition des lumières, au contraire, tout est affaire d’argumentation rationnelle et de conviction intime .

On peut donc convaincre tout le monde.

Alors, il est heureux que l’on puisse constater qu’en effet d’aucuns changent d’avis où d’angle d’analyses.

Je précise qu’alors, dans cette façon de voir, la sincérité de celui qui le fait, par définition invérifiable, compte moins que la qualité des arguments qu’il utilise pour le faire.

Cet état d’esprit s’exprime de bien des façons.

Par exemple pour dire que toute personne peut apprendre.

Que tout fautif peut s’amender.

Et ainsi de suite. Ça s’appelle l’humanisme, je pense. Pour moi le matérialisme est un humanisme. Pas un bréviaire d’inquisiteur."(...)"

http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=689#more-689

Messages

  • Faudait lui demander ce qu’il pense du cumil des mandats : Sénateur PS ?, Député FdG européen ?, Cumulard ?

  • Et ainsi de suite. Ça s’appelle l’humanisme, je pense. Pour moi le matérialisme est un humanisme. Pas un bréviaire d’inquisiteur."(...)"

    Exact. Aussi on se gardera bien d’"enquêrir".

    Mais cependant poser "LA" question n’est cependant pas interdit ? :

    "Mélenchon, le PG, et le FdG par la même occasion, mis à part un ou plusieurs partis de plus, c’est QUOI comme programme ???"

    Parce que les "états d’âme" des dirigeants c’est pas tellement le problème de ceux qui subissent.

    Ca relève de la psychiatrie ou de la médecine... Tout au plus !!!

    Et le "matérialisme" c’est aussi des propositions et des faits CONCRETS, sans même parler des actes, à faire à ceux à qui on propose ses services. Et de préférence dans le sens de leurs intérêts.

    Bref ?!?!?!

    G.L.

  • "Suis-je un traître organique ?"

    AH AH AHAH AH AH

    AH AH AH

    .. Non, pardon, c’est trop drôle.

  • J’ai réellement cru que c’était la bonne stratégie de construction d’un nouvel espace pertinent pour faire face au capitalisme.

    Puis, voyant ce que je voyais du résultat pratique, j’ai travaillé avec d’autres à essayer de comprendre pourquoi rien ne se passait comme nous avions cru que cela se passerait.

    Autocritique ?

    Dont acte.

    Tu t’es gouré et tu as tiré à l’époque des coups dans la gueule des travailleurs, tu le reconnais, tu pourrais t’en excuser ça ne mange pas de pain et bétonne un engagement. Encore un effort là dessus.

    Nous ne pouvions prendre appui sur aucune des critiques que nous avions entendues alors.
    En effet, selon ce que nous en voyions toutes se référaient à une vision dans laquelle la Nation était centrale. Cela ne correspondait pas à notre grille d’analyse.

    D’abord du fait de nos atavismes universalistes.

    Un mensonge au passage , LO et la LCR étaient universalistes, plus que toi encore , sans se baser sur le nationalisme et ont lutter contre Maastricht (ce ne furent pas les seuls des universalistes d’ailleurs).

    Ensuite parce que notre problème était bien la centralité de l’affrontement capital travail.

    Je résume bien sur.

    Ah bon ? soutenir le capital contre le travail c’était oui à Maastricht...
    C’est quoi cette connerie encore !

    Tu as changé ou tu nous prends pour des billes ?

    Nous avons donc commencé par là où il nous semblait qu’il fallait commencer c’est à dire par l’analyse du capitalisme de notre époque.

    Je veux dire que nous avons agi en matérialiste que nous sommes.

    Nous avons travaillé en partant de l’idée que c’est dans les ressorts de la production et de l’échange qu’une société ancre ses dynamiques particulières.

    Comment mettre nos pendules à l’heure sinon ?

    C’est alors que nous avons rédigé nos thèses sur « le nouvel age du capitalisme ».

    Nous le nommions « capitalisme financier transnational »

    Hurlements de rire, c’est l’application de cette orientation qui a fait la continuité ultérieure de la collaboration à des politiques bourgeoises ?

    Puis suivent les attaques ....

    Bon, une excuse est sincère quand elle va à l’essentiel de l’erreur (le soutien à la bourgeoisie), mais quand on passe l’essentiel de son temps à tacler les autres parce qu’ils montrent nos dents cariées et à justifier le cheminement de ce qui n’a pas d’autre mot qu’une trahison, on se prend à douter.

    Car les politiques du courant de notre ami ont continué de participer à des gouvernements globalement pro-capitalistes et anti-travailleurs (pas les seuls d’ailleurs).

    Alors on doute...

    Mélenchon s’excusait-il là (c’est vrai c’est affreusement judéo-chrétien ça... comme dirait Mao, n’est ce pas ?) ou non ?

    Comment savoir.

    Si, il y a peut-être une possibilité : s’engager à ne participer à aucune gestion bourgeoise, et donc s’engager à rompre les unions politiques avec la gauche de droite, ne pas les proroger.

    On veut bien te croire Mélenchon mais il faut faire encore des efforts et surtout prouver cela dans les actes .