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Syrie : un article d’Alain Gresh qui fait le point

Publie le mardi 11 septembre 2012 par Open-Publishing
22 commentaires

Dans un article intitulé "Que faire en Syrie", Alain Gresh remet quelques pendules à l’heure, ce qui est d’autant plus utile que l’honnêteté n’est pas toujours au rendez-vous dans les compte-rendus médiatiques.


"Que faire en Syrie ?

La crise syrienne s’éternise. Pour l’instant, en tout cas, ni les discours du pouvoir annonçant qu’il va écraser l’opposition, ni les espoirs des Occidentaux que le régime s’effondre ne se sont réalisés. Et le pays paie un prix élevé pour cette impasse, coût qu’il est difficile de chiffrer – des dizaines de milliers de morts, un nombre incalculable de blessés, bientôt 200 000 réfugiés à l’étranger. Cette descente dans l’abîme érode la fabrique même de la société, dressant les communautés les unes contre les autres, les villageois contre leurs voisins.

On l’a dit à plusieurs reprises ici : le pouvoir porte la responsabilité majeure du bain de sang et de la spirale de violence qu’il a largement alimentée. Mais la crise syrienne se réduit-elle à un pouvoir dictatorial affrontant l’ensemble de son peuple ? Si tel était le cas, le régime serait tombé depuis longtemps. D’autre part, peut-on comprendre la crise en dehors de sa dimension géopolitique, en dehors de l’action d’acteurs aux motivations diverses ?

C’est qu’il se déroule, sur la scène syrienne, plusieurs guerres parallèles. D’abord, comme ailleurs dans le monde arabe, s’est exprimée une aspiration à la liberté, à la fin de la dictature. Mais la militarisation de l’opposition – favorisée par les ingérences extérieures et par la brutalité du régime –, son incapacité à présenter un programme rassembleur, ses profondes divisions ont ouvert de larges fractures dans le peuple syrien. Le régime a pu s’assurer le soutien d’une partie de la bourgeoisie sunnite avec laquelle il était allié depuis des décennies, celui de représentants de minorités qui pouvaient se sentir menacées (alaouites, chrétiens, etc.). Il a pu aussi compter sur le désarroi grandissant d’une partie de la population, qui, notamment à Damas et à Alep, avait l’impression que les combattants de l’opposition la prenaient en otage. Des journalistes de Libération, de The Independent (« Aleppo’s poor get caught in the crossfire of Syria’s civil war », 24 août), de The Economist (« Part of the problem is that the rebels are failing to win hearts and minds among the urban middle class in Aleppo »), ont rendu compte de ce désarroi d’une partie de la population sans que le discours dominant dans les médias sur la Syrie ne change : un peuple uni face à une dictature sanglante.

La question des combattants étrangers a souvent été soulevée. Pourquoi s’étonner que des jeunes Libyens ou Tunisiens veuillent partir se battre en Syrie contre une dictature ? Est-ce le fait qu’ils soient islamistes qui disqualifie leur combat ? Non, le problème – au-delà de la présence de groupes comme Al-Qaida – tient aux ingérences étrangères et à la manière dont l’Arabie saoudite et le Qatar notamment, mais aussi la Turquie, arment, financent et mobilisent ces groupes. Et on peut douter que le moteur de l’action des monarchies du Golfe soit l’instauration de la démocratie en Syrie. Bien sûr, l’affirmation du ministre des affaires étrangères syrien Mouallem à Robert Fisk, selon laquelle les Etats-Unis sont responsables pour l’essentiel de ce qui se passe en Syrie (« We believe that the USA is the major player against Syria and the rest are its instruments »), est outrancière, mais qu’il y ait des ingérences étrangères, qui peut en douter ?

C’est Kofi Annan, l’envoyé de l’ONU pour la Syrie (« Sur la Syrie, à l’évidence, nous n’avons pas réussi », LeMonde.fr, 7 juillet 2012), qui le déclarait : aucune des deux parties n’a vraiment essayé, en avril 2012, lors de l’envoi d’observateurs internationaux, de mettre fin aux combats. Et si l’appui de l’Iran, de la Russie et de la Chine à Damas a durci la position du président Bachar Al-Assad, le refus des Occidentaux, Français compris, d’appeler l’opposition à respecter un cessez-le-feu a aussi mis de l’huile sur le feu. A aucun moment ni les Occidentaux, ni Paris n’ont cru en la mission Annan et n’ont fait le moindre effort pour qu’elle réussisse.

Pourquoi ? Parce que l’objectif prioritaire de nombreux protagonistes (Occidentaux, pays du Golfe) est de faire tomber le régime dans le but d’atteindre l’Iran. Leur stratégie s’inscrit dans un jeu géopolitique dangereux, dont les droits humains ne sont qu’une dimension. La Russie et la Chine, favorables à des pressions sur Téhéran mais hostiles à une aventure militaire, s’opposent, bien évidemment, à cette stratégie. « Tout cela est un jeu géopolitique joué avec le sang syrien, m’expliquait, ulcéré, un intellectuel de Damas. Poutine et Obama devraient rendre des comptes devant la justice internationale. »

Aujourd’hui encore, les Occidentaux sont dans l’incapacité de regrouper l’opposition, et la demande du président François Hollande de voir se créer « un gouvernement provisoire inclusif et représentatif » pour « devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie » (lire « Hollande cherche à se placer en pointe sur la Syrie », LeMonde.fr, 28 août) relève de l’utopie – comme l’ont confirmé les Etats-Unis – et montre la difficulté du gouvernement français à reconnaître que le Conseil national syrien a perdu une grande part de sa légitimité.

En attendant, combats et massacres se poursuivent. La seule initiative un peu sérieuse est celle qu’a esquissée le président égyptien Mohammed Morsi, qui veut créer un groupe de quatre pays, le sien, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie (« Egyptian Leader Adds Rivals of West to Syria Plan », The New York Times, 26 août). Ce groupe aurait l’avantage de tenir à l’écart, au moins dans un premier temps, les parties étrangères à la région. Mais il s’appuie sur une idée, celle de la négociation entre le pouvoir et l’opposition. On ne négocie pas avec ceux qui ont du sang sur les mains ? Rappelons que dans les années 1980, la transition vers la démocratie en Amérique latine s’est faite en assurant l’impunité aux généraux coupables des pires exactions (il a fallu vingt ans supplémentaires pour les faire comparaître devant la justice ; c’était le prix à payer pour une transition pacifique).

Un dernier mot sur les médias. Le Monde diplomatique de septembre publie un article sur la manière pour le moins biaisée dont un certain nombre de médias ont rendu compte de cette crise (« Syrie, champ de bataille médiatique »). Au-delà de la discussion sur la déontologie, cette manière de rendre compte de la crise contribue à paralyser les autorités politiques et à les priver de toute capacité d’action réelle : qui oserait aujourd’hui encore appeler à la négociation, à une sortie de la violence, sans se faire taxer d’agent de la dictature syrienne (voire de Moscou, de Pékin ou de Téhéran) ?"

Source : http://www.cetri.be/spip.php?articl...

CAPJPO-EuroPalestine

http://www.europalestine.com/spip.php?article7613

Messages

  • Je suis même pas sur que tu ai lu l’article. Pas plus que ton pote qui se désabonne paske Alain Gresh est pas d’accord avec lui...

    Et pis un si des fois ce serait pas sûr à 100/100... Pffff

    1- Bachar comme son père est un dictateur.

    2- Ils ont fricotés avec tout ce qui ce fait de plus pourrit (y compris Israël)

    3- La soit disant opposition est du coté ou tomberont les sous. Mercenaires oui

    4- Si tu ne vois pas ou est le danger c’est grave : regarde les soit disant révolution arabes et leur résultat, tu sentira l’odeur du pétrole.

    5- Tu défends un truand qui va être remplacé par un truand. Pour les civils et les révolutionnaires vrais ça va être un massacre.

    6- moi je ne défend pas les amis de la bande à soral. Ce n’est pas pour rien que les crevures fascistes défendent Bachar. Le nationalisme rance c’est leur truc. Tomber dedans c’est abandonner le communisme.

    Qui à intérêt à dévisser Bachar qui est un serviteur loyal des US, si ce n’est les US. Ils n’ont plus de guerre froide depuis la chute du mur de Berlin. Ils se crées des guerres chaudes comme tous les empires en fin de course.

    Carland

  • Gresh vieillit, mais il ne Pointe pas que ds aspects superficiels du probleme. Il oublie de dire que les insurges ont perdu la guerre pour une Syrie unie . L ont ils jamais menee cette guerre ? Non car le but des partisans du coup de force est l instauration d un regime religieux, sectaires, et replie sur une vision retrograde de la societe.
    La guerre ne profitera qu a ceux pour qui la destruction est le fonds de commerce.

    Etre contre les "insurges" ne signifie pas signer un blanc seing au pouvoir oligachique ! Le peuple a simplement plus a perdre avec cette opposition syrienne cornaquee par les usa.

    Et puis Soral et ses fachos peuvent bien aller se faire foutre, leur existence ne doit pas nous empecher de nous servir de notre cerveau.

    • @ "a bas la Guerre"

      Ne te justifie pas sur Soral. Suffit de te lire.

      Carland

    • @ G.L

      Je n’ai pas comme toi 3 génération derrièrre moi. J’essaie de penser par moi même et contrairement à toi sans sous entendus.

      Maintenant, j’ai souvent l’impression désagréable en te lisant que sous couvert de ne pas pouvoir tout dire tu voudrais aussi que je te crois sur parole.

      Non, mon gars, et même si tu est plus vieux que moi, tu m’excusera de ne croire que sur preuve.

      Vous allez tous finir par me fâcher vraiment avec vos conneries. On ne défend pas plus un Poutine, qu’un Bachar. Par chez moi c’est comme ça.

      On ne donne pas plus d’importance qu’il n’en mérite à un empire en pleine décrépitude sauf à jouer dans la cour des Meyssans et autres prophètes de l’apocalipse qui ne verrait même pas l’arbre qu’il coupent leur tomber sur la gueule.

      Ne viens pas me balancer du BHL dans les bottes en te cachant derrière un pseudo. J’ai un nom, une adresse que tu trouveras en cherchant... dans tes archives.

      Fin
      Carland

    • Et puis au fait G.L. depuis le temps que je te lis, et depuis le temps ou tu assènes tes vérités. Depuis le temps que tu fait le tour de de l’Empire. Moi j’aimerais bien que tu m’explique ce que tu sais... Que tu partage vraiment !

      Moi je suis un plouc qui sais lire écrire et compter... ça dois suffire NON ?

      Carland énervé, qui n’a lu que Copas pour avoir un point de vue. Le reste propagande de gogos pour gogos. Y compris toi. Mais je veux bien changer d’avis si tu évites les insultes dont tu as truffé ton commentaire.

      Carland

    • Par chez moi c’est comme ça

      D’abord on "défend dégun" et surtout pas ceux que tu cites, mais ici c’est pas plus "par chez toi" que "par chez nous" ; je n’ai pas à me "justifier" mais je le fais parce que tu prétend être un parangon du Communisme ou du Progressisme et je te répond simplement qu’il y a d’autres optique "communistes" aussi valables que les tiennes et au moins aussi argumentées.

      A moins que tu ne penses que tout ce qui n’est pas "toi" n’est pas la vérité ???

      Et tu n’es pas le seul, y en a un autre sur le site.

      Et t’as pas répondu à ma question, ni l’autre intervenant, d’ailleurs :

      Dites moi si ça va mieux en Libye pour le populo, 50 ou 60000 morts et disparus après avoir "réussie" la stratégie libératoire que vous avez soutenue ici ???

      En traitant tous ceux qui vous contredisaient de "Suppôts des Tyrans".

      Quand vous aurez répondu de façon satisfaisante à la question, au lieu d’user d’échappatoires qui vous déshonorent et/ou vous discréditent on pourra peut-être en discuter.

      Quand à mon Email y en a qu’un ici qui l’a depuis peu et vos positions ne m’incitent certainement pas pas à vous le communiquer à vous.

      Gentil mais un peu parano. C’est aussi le propre de ceux qui ont eu réellement à subir les exactions des fascistes de tout poil et des sous-marins, même bien intentionnés, ou se disant tels.

      Et je vais aussi vous dire un truc : A mon avis, si un jour on a a subir nous aussi les "attentions" de BHL ou de l’OTAN pour nous libérer à nous, ça m’étonnerai qu’on se trouve dans le même camp.

      Et si on s’y trouve j’éviterai de vous tourner le dos. Même si vous n’êtes pas des "méchants" mais seulement des "rêveurs fantaisistes" qui se font mousser avec une mauvaise grille de lecture de la stratégie globale révolutionnaire, je pense qu’au niveau de la fiabilité en temps de crise on doit pouvoir trouver mieux.

      G.L.

    • Et je "n’assène" aucune vérité mais j’expose la MIENNE.

      Vérité au moins aussi estimable que celle de personnes qui ne savent pas réellement de quoi elles parlent quand il s’agit de géo-stratégie, de guerre, et même de situation sur le terrain.

      C’est vrai, même si je ne suis allé et n’ai vécu qu’épisodiquement dans cetains des pays qu’on est en train de détruire ou qu’on a rasés au nom de la Liberté des Mulitinationales et de Wall-Street et de ses mignons, je prétend les connaitre au moins autant que ceux qui le ne les connaissent que par "National Geographics", les Médias à la botte, ou les clichés des Agences de voyage.

      Si je parle d"une partie du CV de ma famille et de moi même ça n’est pas pour en fairer étalage mais pour "témoigner" d’une certaine expérience personnelle des sujets traités. Expérience qui n’est pas basée sur uniquement des certitudes, mais par des notions acquises sur le terrain.

      Je me suis un peu emporté juste avant car si tu ne le sais pas je t’informe qu’au moment ou Copas "soutenais" l’intervention en Libye sur BC, moi j’ai perdu un ami très cher à Tripoli qui a disparu après que son épouse et ses enfants aient été écrasés par les Missiles de croisière de l’OTAN. Aussi de voir qu’on remet ça, ici, ça m’a fait pêter les plombs.

      D’autant que ça n’étais pas et loin de là un "suppôt" de Ghadaffi, mais que je pense que si mon ami est encore en vie il doit maintenant combattre avec les partisans de la Jamarhya, vu qu’il ne dois pas lui rester beaucoup de choix à moins d’aller aider les assassins de sa famille ou de perdre lui aussi la vie.

      Ca ne ne devrait pas m’arriver de m’énerver, j’en conviens, mais il faut aussi tenir compte de l’âge et de l’érosion de la patience devant tant de volonté de s’enfoncer et d’enfoncer les autres un peu plus quand ils ne vous ont rien demandé simplement sur des "certitudes" mal étayées.

      Et vous mêmes n’hésitez pas à pourrir tous les interlocuteurs que vous jugez mal-pensants en les traitant aussitôt de "fachos" ou de "soutiens des dictatures", "complices de Soral", ou au mieux d’idiots non informés.

      Parce qu’il semblerait à vous lire qu’il n’y a QUE VOUS qui le soyez, "bien informés".

      Et tous les clichés habituels et noms d’oiseaux qui sont en général l’apanage des "dictatures" que vous prétendez combattre.

      Ce qui n’incite évidemment pas au débat serein.

      Donc si vous êtes si bien "informés" je vous prie encore une fois de bien vouloir préciser et décrire ici en détails ce qui va mieux en Libye aujourd’hui par rapport à ce que c’était durant la "tyranie" de Ghadaffi.

      50000 morts et quelques dizaines de milliers de plus, depuis la fin de l’intevention "humanitaire" de la soldatesque qatarienne et otannienne et le début de l’Occupation par les Majors du Pétrole.

      Et si vous pensez que c’est cette potion qui doit être au calendrier en Syrie n’hésitez pas à nous en faire part.

      Et de manière détaillée s’il vous plaît.

      Après je vous dirai ce que j’en sais et comment le le sais.

      Et par la même occasion, puisque vous êtes si bien informés, si vous pouviez me donner quelques nouvelles de l’état de santé de notre ami très cher, Shakir, je vous en serais éternellement reconnaissant.

      G.L.

    • @ G.L.
      Inacceptable ta manière. Tu joues sur les sentiments. Tu oses faire parler un ami pour t’en servir. Et bien sur que j’ai lu vos débats à l’époque. Ton raisonnement sur le moins pire que si c’était plus grave ne me convainc pas. De personne ce raisonnement ne m’a convaincu.

      Je t’ai posé des questions précises que tu contournes allègrement. Tu ne veux pas y répondre c’est ton choix.

      La technique qui consiste à répondre par des questions au questions qui fâchent est vielle comme le monde.

      Carland

    • Vérité au moins aussi estimable que celle de personnes qui ne savent pas réellement de quoi elles parlent quand il s’agit de géo-stratégie, de guerre, et même de situation sur le terrain.

      Autrement dit : ceux qui ont une "estimable" vérité différente de la mienne, c’est tout simplement parce qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent.
      Non ? Messie !

      Hum...

      Cela dit, moi qui ai du mal à me faire une opinion bien tranchée sur les évènements syriens, j’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui sont sûrs de leur fait et étalent leurs certitudes.
      La même admiration que j’ai pour les saint-cyriens avec leur panache blanc en 14/18...

      Chico

    • Bien le monsieur qui aurait un père résustant ou grand père résistant doit savoir sinon il nous cache d’autres raisons d’insulter le peuple syrien soulevé que les impérialistes américains et américains ont aidé bien plus les résistances en Europe et en Chine sur la dernière guerre mondiale qu’ils n’aident là le soulèvement syrien.

      Tu vas nous expliquer que le mec qui fait manœuvrer des blindés contre des villes, fait torturer massivement , massacre les opposants (et ça ça ne date pas du moment où les médias de la bourgeoisie en ont parlé), qui s’empiffre des richesses du pays n’est pas un fasciste, tu peux...

      Le régime syrien est un nid de crapules qui opprime et maltraite son peuple. Lequel peuple s’est soulevé pour l’essentiel et essentiellement pacifiquement (il existe un énorme nombre de documents filmés de cela, y compris des tirs de FM sur les manifs, ce n’est pas deux camps opposés comme un jeu, mais bien une guerre asymétrique d’un régime aux abois qui écrase dans le sang son peuple.

      Je sais que ça gerce les lèvres de reconnaitre que Assad c’est un tyran et une crapule, de reconnaitre que ce régime est bourgeois et fasciste, de reconnaitre que le peuple syrien s’est soulevé contre cela et en paye un prix astronomique d’autant plus que la gauche occidentale reste en ponce pilate sur l’affaire, ou pro-impérialiste (demandant à son impérialisme d’intervenir) ou Assad (c’est à dire pro-fasciste).

      Pour ce qui est de la Tunisie et de l’Egypte , le mouvement ouvrier est en bien meilleure position que du temps de Ben Ali et Mubarak . Encore une fois il faut aller aux sources.

      Il y a eu un grand développement des syndicats indépendants des patrons et du régime, des forces de gauche ont pu apparaitre (avant c’était tortures, assassinats, prison, exil, ça ne trainait pas).

      Ca ne signifie pas que les travailleurs de ces pays aient gagné mais indéniablement il y a toujours actuellement plus de libertés politiques et syndicales que du temps des dictateurs. Oui il y a des forces réactionnaires en mouvement, mais savoir si celles-ci ont gagné est une toute autre affaire, mais c’est le cas de toutes les insurrections populaires tant que la bourgeoisie n’est pas renversée et que les travailleurs n’ont pas le pouvoir.

      Les forces de la contre-révolution sont là et ont de multiples visages.
      Mais ça ne signifie pas qu’il faille tourner le dos aux aspirations populaires progressistes et surtout en les niant parce que c’est plus pratique dans le raisonnement.

      Cessez d’avoir la trouille quand des "arabes" se révoltent !

    • GL, je n’ai jamais soutenu l’intervention impérialiste en Libye mais expliqué ce qui se passait quand un peuple soulevé se fait écraser militairement : il appellerait le diable pour s’en sortir .

      Comme dans ta famille, si ils ont été résistants, ils en ont appelé à une aide militaires des USA et de la GB. On ne peut accorder moins de compréhension à un soulèvement en Libye et plus à une résistance en Europe.

      C’était cela le problème, et après malgré les très nombreux documents sur la popularité du soulèvement il y a eu négation de la popularité de celui-ci, parce que ça arrangeait dans le raisonnement.

      L’incapacité des campistes à se positionner du côté des peuples les fait passer pour des salauds pour les peuples soulevés, c’est leur problème (aux campistes) .

      Reste si on veut à discuter de la réalité et pas d’essayer d’insulter de faire passer les autres pour des cons, de faire passer kadhafi et Assad pour autre chose que des mecs qui méritaient et méritent le sort de Benito Mussolini.

      Les questions sur les peuples soulevés restent entières, comme les moyens d’empêcher ou de limiter les interventions impérialistes , mais je répète régulièrement qu’on ne fait pas d’anti-impérialisme contre les peuples , ça c’est de la bêtise pour le moins.

      Et ça ne change rien sauf de considérer qu’il est meilleur de laisser l’impérialisme se faufiler dans une arène où il était largement passé par la fenêtre.

    • (EUh je ne veux pas me mêler de votre dispute mais je pense que dans le cas de GB c’est plutôt l’aide de l’URSS que l’aide des USA qui était attendue en 39/45. Enfin je dis ça, je dis rien.)

    • c’est plutôt l’aide de l’URSS que l’aide des USA qui était attendue en 39/45

      Et t’as bien raison, et je vais en rajouter une couche puisqu’on m’y oblige.

      En 45 mon père était déporté à Büchenwald, venant des geôles pétainistes, remis aux Nazis par la police française comme "Communiste".

      Et les Américains, qui cavalaient pour arriver avant les Soviétiques et les stopper sont passés devant le camp, près de Weimar, (J’y suis allé voir dans les années 50), sans même s’arrêter et sans même se demander si les déportés, (Il en restait 2000), avaient besoin d’eux ou même s’ils avaient faim.

      Ce sont les Déportés eux-mêmes qui s’étaient libérés depuis 15 jours pour ne pas être exterminés par les SS "Tötenkopft" qui ont dû aller les chercher les armes à la main.

      Et sais tu ce qu’ils ont fait les Ricains quand ils ont vu tous ces mecs armés en pyjama ? :

      Ils ont immédiatement désarmés les déportés de la Résistance du Camp et les ont maintenu enfermés encore plus d’un mois. Afin de faire le tri des "bons" et des "mauvais".

      Et durant ce temps il y a eu des tentatives d’évasion de mecs qui en avaient marre de crever là et ils sont morts assassinés par les braves GI de Patton.

      Tout ça dans le bouquin édité après guerre par la FNDIRP de Pierre DURAND aux Editions Sociales ou le nom de mon père figure dans le listing de l’Organigramme de la Résistance communiste du Camp, à la lettre "L " en bonne place à côté de figures comme Marcel Paul, entre autres...

      Sans compter les quartiers de populaires de Marseille bombardés pour "expliquer" aux Résistants, FFI en particulier qu’il valait mieux rendre les armes, même s’ils n’avaient pas attendu les FFL et les Ricains pour "libérer" la ville. Dixit ma mère, Résistante FFI, et médaillée de la Résistance.

      Alors la légende "Si les ricains n’existaient pas" je la laisse aux sectateurs de Michel Sardou, même si par ailleurs j’apprécie parfois ses performances comme chanteur populaire.

      Et si "les Ricains n’existaient pas" le monde aurait été bien plus vivable ces 60 dernières années. Et des millions de gens n’auraient pas perdu leur vie ni leur avenir.

      Alors l’aide des Ricains, qui avaient réarmé et financé les Nazis en 33 ça fait longtemps que dans la famille on sait ce qu’elle vaut. Et ou on peut se la mettre.

      Quant à "ma" vérité, je répète que je ne l’assène aucunement, mais que j’aimerai bien que les "Talibans" qui prétendent imposer la leur me laissent exposer la mienne sereinement afin que chacun puisse en apprécier de mes arguments et des leurs.

      Bon maintenant j’arrête et je les laisse s’étouffer dans leur mauvaise foi.

      Après tout j’en ai rien à foutre et c’est pas eux qui changeront la réalité de l’Histoire. La vraie, pas celle des manuels de la Bourgeoisie et des films d’Hollywood.

      Et si j’ai employé "taliban" pour les désigner. Je m’excuse. Encore l’empreinte des idées et clichés dominants.

      En Arabe "Talibans"ça signifie "ceux qui voient, (Etudient) le fond, (Des choses, du Coran)".

      Devront se remettre à étudier s’ils veulent pouvoir prétendre au titre en question. ((- :

      A Ciao !

      G.L.

    • oui la pologne a bien profiteé de son (AIDS)....CCCP .....KGB ...ECT...

  • Ca y est...

    Les tenants de la stratégie lybienne occidentale Béhachéliste remmettent ça sur B.C.

    C’est sûr les gars, parlez nous des "progrès" humains en Lybie après les statégies libératoire que vous avez soutenues.

    Vous êtes pitoyables et je dirais même "criminels" si je ne savais que vos propos débiles comptent pour du caca de pigeon pour ceux qui sont derriére toutes ces "libérations" assassines et vos élucubrations.

    Et MOI je aussi communiste. Un vrai. Et je peux aligner trois générations de combattants révolutionnaires derrière moi sans déchoir et au prix de notre liberté et de notre sang.

    Alors les rêveurs sur le sang des autres, allez vous faire foutre.

    Et si vous pensez que le combat là-bas c’est la"Liberté" faites comme mon grand-oncle en 36, qui a quitté son pays sous le joug fasciste, (Un vrai celui là de Fascisme), pour aller combattre en Espagne avec les Garibaldiens.

    Et n’oubliez pas la barbe, un bon couteau à égorger, et le Coran à la mode de Wahab.

    Ca fait aussi partie de la panoplie exigée par le Qatar et la DGSE.

    Et en plus quand Bashar al Assad et son papa étaient les hommes des Américains et torturaient pour eux on vous a jamais entendus gueuler nulle part.

    Certains devaient ête alors trop occupés à soutenir l’intervention "humanitaire" au Kosovo, ou en Irak, je suppose.

    G.L.

  • « Les habitants d’Alep sont pris entre deux feux »
    de : Tchat libé avec JL Touzet
    mercredi 12 septembre 2012 - 09h54
    1 commentaire

    TCHAT La guerre continue entre les rebelles et le régime. Notre journaliste, Jean-Louis Le Touzet, actuellement à la frontière turco-syrienne, a fait plusieurs incursions à Alep. Il a répondu à vos questions.
    Aleppo. Des amis, à Alep, par leurs témoignages, m’indiquent que la population ne soutient absolument pas les rebelles, mais qu’elle est prise en otage. Qu’en pensez-vous ?

    Jean-Louis Le Touzet. J’ai passé trois jours auprès de gens dans un quartier d’Alep qui s’appelle Bustan al-Qasr, dans le sud de la ville, près de la citadelle. Ils sont apeurés, silencieux. Ceux que j’ai pu voir n’avaient pas forcément un sentiment pro-révolution ou pro-armée libre. Mais c’est difficile à analyser, parce que même en passant trois jours, en les revoyant à plusieurs reprises, il faut se faire accepter, et même après une certaine acceptation, peu s’autorisent à donner des sentiments assez intimes à un étranger.

    Sur les témoignages recueillis dans ce papier, publié il y a presque une semaine, s’est dégagée l’idée qu’ils se sentaient à la fois totalement étrangers à ce conflit, évidemment prisonniers, puisque pris entre deux feux, et que le sentiment pro-armée libre n’était pas aussi évident ou aussi clair qu’on a bien voulu le dire. Cela dit, dans ces témoignages il y avait aussi des témoignages de personnes qui étaient pro-armée libre. Encore une fois, c’est très difficile de rentrer en contact, et de parler longuement, parce que les conditions de travail sont difficiles.
    Nejma. Mis à part les combats, quelles sont les conditions de vie au quotidien des civils syriens ? Electricité, nourriture, eau potable... Comment font-ils ?

    J.-L. L.T. Dimanche soir, quand je suis sorti d’Alep, après y avoir passé deux nuits sur place, il y avait de l’eau courante dans le quartier où j’étais, de l’électricité, et un certain nombre d’étals étaient approvisionnés en produits frais. Certaines boulangeries continuent à fonctionner, du moins celles qui n’ont pas été pilonnées par les forces gouvernementales. Il y a un marché improvisé dans le centre d’Alep, dans le quartier al-Chaar qui se trouve sous un pont d’autoroute, à l’abri des bombardements et des tirs de roquettes des hélicoptères.

    Le problème, comme dans toutes les guerres, c’est qu’on trouve toujours plus ou moins à manger mais les prix ont doublé, voire triplé. Il y a même eu des commerçants qui sont pris à partie, parce qu’ils doublent ou triplent le prix du pain.
    Mimi_63490. Y a-t-il désormais, au nord d’Alep, une vraie zone « libre » tenue par les rebelles ? Quelles réalités couvre-t-elle (population, superficie) ? Est-elle définitivement à l’abri des forces loyalistes ?

    J.-L. L.T. Pour ce qui concerne le quartier nord de Cher Maksoub, à majorité kurde, je n’ai aucune information, étant donné que je n’ai pas mis les pieds dans ce quartier. En conséquence, je n’ai pas d’informations de quartier « libéré ». Il n’y a pas de quartier, ni de ville totalement « libérés ».
    Monique. Une journaliste japonaise est décédée il y a quelques jours, comment sont les conditions de travail ?

    J.-L. L.T. J’ai couvert peu de conflits, hormis la Libye, l’année dernière, mais selon des confrères infiniment plus expérimentés que moi, celui-là est l’un des plus rudes concernant les civils, et a fortiori les journalistes. Il n’y aucun endroit dans la ville où l’on peut se sentir en sécurité, étant donné les tirs incessants d’artillerie la nuit, et les tirs de roquettes ou d’avions dans la journée.

    Pour ce qui concerne le décès de cette consœur, je ne dispose que d’informations parcellaires. Elle aurait été accompagnée par des groupes de l’armée libre, croyant de bonne foi que la « zone » était libérée. Or, d’évidence, l’endroit où le groupe de la consœur japonaise ainsi que le groupe des confrères turcs et palestiniens qui couvraient également cet endroit, n’avait pas été « nettoyé » par les troupes de l’armée libre.
    Aleppo. On évoque l’intrusion de jihadistes parmi les rebelles, selon les services secrets étrangers, avez-vous des informations là-dessus ?

    J.-L. L.T. J’ai effectivement entendu parler, lors de conversations avec des membres de l’armée libre, de la présence de combattants extérieurs venant de Tchétchénie, du Pakistan, d’Algérie, et de Tunisie. Je n’ai pas pu entrer en contact avec eux.

    Selon les informations dont je disposais ce week-end, ils seraient – mais c’est à mettre au conditionnel – regroupés dans le quartier de Salaheddine où les combats ont fait rage de mi-juillet jusqu’à la mi-août. Selon une information absolument invérifiable, ils ne seraient pas plus de 100 à 150 combattants, divisés en groupe de 30. Ce qui pourrait sembler assez peu au regard du nombre de combattants syriens dans Alep qui sont issus majoritairement des villages et villes alentour.
    Caesar76. On parle beaucoup des combats à Alep mais il semble qu’il y ait encore des manifestations dans tout le pays, est-ce que Bachar al-Assad a choisi cette ville parce que c’est là qu’il lui semble qu’il y a le plus d’individus décidés et armés, ou est-ce une première étape de sa « reconquête » ?

    J.-L. L.T. Je ne peux pas répondre à la première partie de votre question, hormis le fait de dire qu’Alep est la deuxième ville du pays, que c’est un poumon économique, toute chose que chacun sait. Par ailleurs, pour la deuxième partie de votre question, qui concerne le point de vue militaire, il semblerait que samedi, dimanche et lundi, lorsque je m’y trouvais, les troupes de l’armée libre ont été défaites sur deux endroits où j’ai pu me rendre. Elles ont donc reculé et dû abandonner les points et les positions qu’elles tenaient, sous le feu d’une offensive couverte par l’artillerie.

    Il me semble que militairement les troupes de l’armée libre sont quand même sur le « reculoir », face à une puissance de feu considérable, puissance de feu qui, par ailleurs, n’a pas été totalement développée, ou mise en œuvre sur Alep, compte tenu des forces militaires du régime. Ce qui veut dire que si le gouvernement le décidait, il pourrait reprendre en partie Alep, et y déloger la résistance. Surtout que la route du Nord, par laquelle les combattants sont ravitaillés en armes, en matériel, en nourriture, n’est absolument pas tenue. Pour preuve, hier, un seul combattant tenait l’entrée d’Alep, armé d’une Kalachnikov et d’une grenade.
    Mirsa. Doit-on s’attendre à une intervention militaire étrangère éminemment ?

    J.-L. L.T. Je suis désolé de ne pas pouvoir répondre à cette question qui concerne la diplomatie, je ne fais que du reportage. C’est une question que se posent toujours les combattants qui, jour après jour, ne croient pas à une intervention mais comptent sur leurs seules armes et la foi.

    http://www.liberation.fr/monde/2012...

  • JL Le Touzet "A Alep, « toute une guerre pour un fauteuil... »"
    de : Libé
    mercredi 12 septembre 2012 - 10h01

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    Reportage Dans la ville ravagée, les habitants s’estiment otages d’un conflit qui leur est étranger et refusent de prendre parti entre armée et rebelles.

    Par JEAN-LOUIS LE TOUZET Envoyé spécial à Alep

    Coincé depuis début juillet dans une étreinte mortelle, comme tout le centre d’Alep, le quartier sunnite de Bustan al-Qasr est remué quotidiennement par les tirs d’artillerie. Quand ce ne sont pas les obus de mortiers ou ceux des chars postés à l’ouest de la ville qui éventrent les habitations, ce sont les bombes qui font trembler tous les édifices. Au cœur du quartier, où les derniers habitants endurent le martyr venu des airs, le vieux cimetière d’Almusalla. Il est bordé d’un muret de pierres équarries. Abdallah en est le gardien : « On dirait pas, mais il y a encore de la place. Faut juste pousser les tombes et pas traîner lors des enterrements. On dirait qu’ils savent quand on enterre les gens, car ils bombardent toujours à ce moment-là. » Un incendie s’est déclaré au dernier étage d’un immeuble qui surplombe le cimetière, suite à un bombardement, il y a deux jours. Les flammes éclairaient en pleine nuit la mort.

    Chapelet. Enterré le dimanche, un jeune homme tué dans la rue par des éclats l’a été une deuxième fois, quand un obus a retourné la terre dans laquelle il avait été enseveli anonymement. Le barbier Youssef a toujours vécu près du cimetière. Il ouvre chaque jour et même pendant l’Aïd, la fête marquant la fin du ramadan. Pour l’équivalent de deux euros, Yasser est venu se faire rafraîchir les joues. Le barbier, rasoir en main, sort dans la rue, alerté par le survol d’un avion de l’armée.

    Le client interroge : « Qui a la vérité dans cette guerre ? » Deux types sur une banquette répondent d’une même voix en égrenant leur chapelet : « Dieu seul à la vérité. » Le barbier claque sa serviette, retend la joue en la pinçant et reprend le rasage. Le client : « Toute cette guerre pour prendre le fauteuil de Bachar… » Les deux types ne disent rien, puis l’un d’eux réagit : « Tout ça pour un fauteuil de président. »Les bruits des bombardements se rapprochent. Youssef fait pivoter le fauteuil au socle en fonte. Le client se lève : « Qui ils vont mettre à la place, hein ? » Puis se rassoit entre les deux hommes qui répètent, l’un après l’autre : « Dieu seul a la vérité. »

    Le barbier affirme que la politique « ne l’intéresse pas ». Le client, avant de passer la porte, lâche : « La liberté ? Quelle liberté, celle de Bachar ? Ou celle des types d’en face, encouragés par les forces de l’extérieur ? » Cette fois, le bruit est sourd et se rapproche. Les deux hommes attendent toujours, chapelet en mains, sur la banquette en moleskine, mais aucun ne veut monter sur le fauteuil comme les y invite le barbier, comme s’il s’agissait soudain d’une chaise électrique.

    Soufre. Le mercier du quartier de Bustan al-Qasr, la bonne cinquantaine, n’a pas vu un client depuis deux mois. Mais il reste ouvert malgré tout. Kilomètres de rubans, boutons de culotte, bobines de fil à coudre sont recouverts de poussière dans ce pas-de-porte qui n’excède pas 15 m2. Il vend aussi des œufs sur le trottoir devant sa boutique, pour ne pas crever de faim, « mais ils ne partent pas ». Quand les obus tombent, il ferme la porte vitrée, s’assoit derrière son comptoir et reste les mains jointes entre les genoux, regardant droit devant lui : « Aller où ? Et sans argent… Je suis né ici et je mourrai ici. La guerre ce n’est pas les Syriens qui l’ont voulue. C’est de l’extérieur que vient toute cette histoire. » Il ne veut pas en dire plus et donne l’impression qu’il s’est même beaucoup trop avancé. Une accalmie et il ressort ses boîtes d’œufs.

    La terrible routine reprend. Le ciel est bleu électrique et puis, à nouveau, le sol tremble et une colonne couleur soufre monte. Ici comme dans tous les quartiers du centre, le soleil et l’ombre se guettent et se retranchent en adversaires de chaque côté des rues. Saad tient boutique dans une rue en partie bloquée par un autobus calciné. Devant chez lui, un homme nettoie l’urine des chiens errants. Saad, 34 ans, fait partie d’une famille de petits commerçants, la petite bourgeoisie du quartier. Une modeste flotte de quatre taxis appartient au père, « mais, avec le litre d’essence à un dollar, les quartiers bouclés et les bombardements, les affaires ne tournent plus », se lamente-t-il.

    Il possède une épicerie d’angle qui lui vient de son père. Trois commis s’agitent dans des rayons chaque jour un peu plus vides. Saad insiste pour ne pas mentionner l’adresse de son commerce. Il annonce d’emblée qu’il n’a pas fait d’études poussées, « mais que la guerre a transformé chaque habitant d’Alep en professeur de sciences politiques ». Il poursuit : « On voit bien que nous sommes coincés entre les camps qui s’affrontent. Les Occidentaux veulent abattre notre souveraineté. On vivait sous la tyrannie d’un clan. Mais on s’y était habitué. On pouvait circuler, aller manger une glace et se baigner à Lattaquié [à 200 kilomètres à l’ouest d’Alep], ou rouler de nuit vers Damas. Rien ne pouvait nous arriver. Les femmes circulaient la nuit. Maintenant, elles sortent et elles se font tuer dans la rue. Mais c’était notre tyrannie. On ne veut pas celle des Américains, d’Israël, des Français, des Anglais ou des Allemands. »

    Saad, que guette l’embonpoint, est assis sur une caisse de soda recouverte d’un tapis et assure mains posées bien à plat sur les genoux : « C’est ici, à Alep, que se prépare la troisième guerre mondiale. » Il dit cela sans hausser le ton comme s’il donnait un ordre à l’un des petits commis : « Les Russes ne lâcheront pas le régime et l’Iran non plus. »Il part servir une dame qui demande s’il reste du fromage. Saad dit que non, mais qu’il lui reste du lait en poudre, du thé et du riz.

    « Cafard ». Dans le quartier d’Al-Fardos, dans le sud de la ville, est tombé un obus, et Saad regarde monter le nuage de poussière. Quand on évoque l’Armée syrienne libre (ASL), il s’interroge : « Qui sont ces étrangers qui combattent ici ? Ceux qui combattent à Salaheddine [dans le sud-ouest de la ville, ndlr], on sait pas qui c’est. Ce ne sont pas des Syriens… On ne veut pas d’extrémistes religieux et c’est pas bon ce qui se passe avec ces combattants venus d’ailleurs. » Puis il se lève et s’affirme porteur d’un message : « Dites-leur, chez vous, que ça va être vraiment la guerre, et que ce qui se passe ici, ce n’est rien à côté de ce qui va se passer si les Américains et Israël interviennent. Car si c’est le cas, toute la région va exploser. »

    Bustan al-Qasr est à dix minutes du nœud de serpents que sont devenus les quartiers de la vielle ville et notamment les quartiers chrétiens qui s’y trouvent enchâssés, sous le contrôle des forces loyales à Al-Assad. Mohamed était prothésiste dentaire. Il lui arrivait d’aller souvent « à Souleymanié ou à Midan, les quartiers chrétiens, pour affaires ». Son appartement de Bustan al-Qasr, au dernier étage, offrait il y a encore deux jours « une vue imprenable ». Il a été touché par un obus de mortier et les meubles sont recouverts de poussière couleur pierre à aiguiser. Il erre dans la rue avec comme tout bagage un sac-poubelle de 100 litres qu’il montre à la dérobée. « Les chrétiens sont enfermés comme nous dans leurs propres quartiers mais eux ne sont pas bombardés. Ils vivent dans une île, une sorte de petit Paris à eux », croit-il savoir. L’un de ses fils, 14 ans, a, dit-il, été rossé de coups par les chabiha, des milices pro-Assad, début juillet, « comme ça, pour rien ». Il prend alors la rue déserte à témoin et tourne avec rage le talon droit en disant : « Tiens Bachar, je t’écrase comme un cafard ! »

    Les voisins sont descendus et l’écoutent silencieusement. Pas un mot, pas un ajout à ce que vient de dire Mohamed qui se retourne, soulevant violemment son sac-poubelle d’une main, en explosant de colère : « Vous acceptez qu’on vous écrase, vous ? Qu’on tue vos enfants ? Répondez ! » Les gens se retournent et s’en vont. Un type, pas plus de 25 ans, bras gauche tatoué d’ une dague transperçant un crâne, avec marqué, en arabe, « Je t’aime », se marre, puis disparaît aussi vite qu’il était arrivé. Un homme en djellaba se dirige vers la mosquée pour la prière de la fin d’après-midi, en glissant « Dieu décide ». Puis s’en va, se ravise avant de revenir sur ses pas : « L’espoir, on n’en a pas, que ce soit Bachar ou les autres. »

    Western. Dans une école où une bombe de 100 kilos a percé un trou béant, sans exploser, dans le plafond de béton, un médecin du quartier opère « la peur au ventre », explique-t-il. « Il ne faut pas croire que les gens sous les bombes sont tous acquis à l’ASL. Ici, les gens ne diront rien mais la fidélité silencieuse à Bachar est toujours importante. Se taire et prier Dieu, c’est tout ce qu’il y a à faire. » Sur une table, un blessé par balle s’est assoupi, la bouche tordue, comme si la vie s’était échappée en se frayant un chemin. Il est près de 17 heures. Quatre cavaliers, sur des montures à la robe souris, sortis de nulle part comme dans un western, avalent une avenue et les secousses alors que tombent les obus alentour, avant de s’enrouler autour d’un carrefour démoli par les impacts de mortier.

    http://www.liberation.fr/monde/2012...

  • Le Monde diplomatique est de plus en plus aligné sur les positions pro occidentales de la presse dominante.
    Après Charlie Hebdo,assassiné par Philippe Val,c’est le deuxième journal autrefois de gauche qui se meurt.

    C’est triste.

    Il reste CQFD,Fakir,et Alternative Libertaire.