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TRAVAILLER PLUS POUR TRAVAILLER PLUS

Publie le dimanche 25 février 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

A quelques petites choses malheur est bon. L’Insee l’expliquait en juin 2006 : la croissance ne redémarre que grâce à l’endettement des ménages. Au cas où on n’aurait pas compris, un ministre candidat enfonce le clou le 5 février 2007 sur TF1 : la France est trop endettée et les Français pas assez. Trimer plus pour s’endetter plus et vice-versa. Voilà le programme : brûler nos vies sur l’autel de leur économie. Ils viennent même d’inventer le crédit sur cinquante ans, pour que l’esclave des banques soit paralysé ad vitam eternam par la crainte de perdre ce qui ne sera jamais à lui. Et la vie dans tout ça ? Sans nourrir de nostalgie pour le vacarme des usines, nos quartiers populaires portent encore en eux une espèce de plus-value sociale qu’a produite malgré elle la concentration industrielle des deux siècles passés. Les travailleurs y expérimentaient liens, cultures et combats communs.

Autant d’entraves à l’essor du capital que celui-ci n’a eu de cesse de briser. Selon l’époque, ce fut à coups de travaux épuisants, d’assommoirs, de guerres et de massacres.

Aujourd’hui, atomisés, précarisés, les pauvres sont seuls devant ce qu’ils ont produit. Le turbin est ramené à une figure abstraite, un moralisme frelaté, une mise au pas, un décervelage sans but et sans futur. Cette réintroduction au marteau-pilon de la « valeur-travail » au sein d’une société qui produit surtout du chômage de masse est aujourd’hui le programme commun de toute la classe politique en campagne électorale. « Les enfants des familles pauvres traînent dans la rue et s’organisent en bandes, seule entité où existe un peu de fraternité, à moins qu’ils ne soient vissés devant la télévision, unique source de rêve, ou devant des jeux vidéo très violents. L’acculturation des enfants les plus démunis par l’accroissement des loisirs, ça existe ! »

Pour remédier à ce « temps libre » chargé de menaces, le ministre Allègre proposait en 2001 que la gauche, qui a toujours été « le parti des travailleurs », soit aujourd’hui « le parti de la réhabilitation du travail »... Mais pourquoi travailler ? Pour quoi faire ? Pour consommer quoi ? Pour vivre comment ? Pour empoisonner quelle planète de rechange ? Ils n’ont qu’une réponse à tout ça : organiser encore et toujours la rareté dans un monde d’abondance et travailler pour travailler, un point c’est tout.

Mais de plus en plus de réfractaires savent qu’il n’y a pas de vie sur leurs vieilles lunes. À nous d’explorer d’autres archipels.

Publié dans CQFD n°42, février 2007.

Messages

  • Même les élus et le simple quidam de droite ne peuvent se voiler la face et ne pas s’apercevoir à quel point ce système économique ultralibéral ,mis en place au profit des firmes et multinationales,est inique,dangereux ;qu’il bafoue la démocratie,qu’il nie l’être humain,qu’il sacrifie son évolution possible et le devenir de la planète.

    En dehors de la matrice monstrueuse qui s’empare de l’humanité,plus d’espace,ou si peu,pour l’expression,l’éducation,la culture,la pensée,la diversité...

    AU SECOURS ! REVEILLEZ-VOUS ! Eveillez vos consciences !Exprimez-vous et dites " NON " à tous ces super dirigeants de la planète qui ne voient plus en nous que des moutons bien dociles sacrifiés sur l’autel de la consommation.

    VOUS,l’immense majorité des laborieux de ce monde,REFUSEZ d’engraisser le CAC 40 et de cautionner les délocalisations en reprenant vos actions et en investissant ailleurs...

    REPRENEZ en main votre avenir ,l’avenir de la planète et celui de nos enfants !
    C’est un acte de résistance civique.

    EVE citoyenne antilibérale

  • Cela fait des années que beaucoup ne participent plus, faute de moyens, à cette économie de requins , dépensent le minimum possible en recourant au troc, sans téléphone portable ni voiture, refusant de s’endetter.

    Les crédits sont un piège et le pire est ce crédit hypothécaire qui permet d’emprunter sur des biens qui se dévalueront sans doute brutalement demain ( le crédit à rembourser restera, hélas, le même) et celui qui permet à une personne âgée d’emprunter sur la valeur de ses biens une somme que les héritiers rembourseront ensuite . S’il y a, c’est prévisible, un effondrement de la valeur des biens immobiliers, la petite maison de la grand-mère ne vaudra plus grand chose au moment où les héritiers se retrouveront endettés à vie.

    Il vaut mieux en discuter calmement avec la grand-mère et se cotiser ( ceux qui peuvent) pour lui verser mensuellement le petit complément qui lui permet de vivre décemment au lieu de la laisser écouter les chants de sirène des banquiers .