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“L’Humanité” fait partie de ma vie
Suite au documentaire diffusé sur Tempo, nous avons voulu revenir sur l’histoire de ce journal au travers la vie d’un de ceux qui ont fait ce quotidien. Roland Leroy est une des figures de l’histoire du Parti Communiste Français, et il est un des dépositaires de ce qui fut et est encore le journal de combats d’idées et des luttes qui ont traversé la société française.
“Témoignages” : Avec le recul de la distance et du temps, le journal L’Humanité, qu’est-ce que cela représente ?
RL. “L’Humanité”, c’est d’abord un journal. Personnellement, j’ai connu “L’Humanité” dès mon enfance. Mon père n’était pas communiste. Il appartenait à cette génération d’ouvriers marqués par l’anarcho-syndicaliste. Mais “L’Humanité” était quand même "son" journal. Il est devenu un lecteur régulier dès les années 30. Enfant, ce fut un des premiers objets de lecture que j’ai eu en main. Donc, “L’Humanité” est lié à ma vie. Adolescent, je lisais “Le Comte de Monte-Cristo” qui paraissait en feuilleton. Et je me souviens qu’en 1939, le journal a été interdit, et cela a interrompu la diffusion du roman d’Alexandre Dumas. Et mon père m’a acheté une édition du roman pour que je puisse en poursuivre la lecture.
Vous étiez déjà militant ?
J’étais adolescent. Oh en 39, j’étais trop jeune pour être militant. Mais je le suis vite devenu. J’ai commencé à travailler en 1942, et je suis devenu aussitôt membre du Parti (Communiste Français). Et après, j’ai connu “L’Humanité” parce que j’ai été un de ses diffuseurs. On le vendait à la sortie des usines, au porte-à-porte, et sur les marchés.... Alors “L’Humanité” fait partie de ma vie. Et j’ai trouvé une expression proche de mon attachement au journal, dans cet article que l’écrivain Roger Vaillant avait écrit - je crois pour le cinquantenaire de “L’Humanité” -, qu’il avait fait "un mauvais rêve", il avait rêvé que “L’Humanité” n’existait plus...
(Roland Leroy marque un temps. On sent que des souvenirs remontent à la surface).
C’est un élément vital pour moi.
Mais entre le militant vendeur de “l’Huma” et celui qui dirige “l’Huma”, c’est un sacré bout de chemin ?...
Je suis devenu Directeur en 1974. J’avais conscience d’occuper une responsabilité lourde. Etienne Fajon (l’ancien Directeur) me transmettait la responsabilité qu’il avait assumée jusque-là.... Pour moi, c’était d’abord une charge avant d’être un honneur que c’était aussi. Une responsabilité que je craignais ne pas pouvoir assumer.
Le marteau et la faucille qui ornait le titre ont disparu quand ?
La disparition de la faucille et du marteau a été décidé au Congrès début 94.
Est-ce que c’est un cheminement naturel, cette disparition ?
Non. Je pense que cela a été une décision symbolique. Mais ce qui avait le plus de signification, c’est qu’en même temps - je crois que c’est à la même époque - la décision a été prise de ne plus considérer “l’Huma” comme "l’organe du Parti Communiste", mais il est resté "le journal du Parti Communiste". Cela signifiait que le journal n’avait plus une dépendance organique, quotidienne, absolue avec les instances du Comité Central. Cela entérinait un fait déjà établi depuis de longues années. Au moment où il y eut cette décision... Moi, j’ai un regret, parce qu’à ce moment-là, mon point de vue était de revenir à l’expression "journal communiste", ce qui le rattachait à l’idée communiste, sans en faire un instrument du Parti. Et puis dans les discussions préalables avec le Secrétait Général du Parti de l’époque, Georges Marchais, sous sa pression, j’ai renoncé à mon idée... Je ne me souviens plus très bien de ses arguments, sauf qu’ils tenaient dans une formule : « les communistes ne comprendraient pas »... Et puis, la référence a disparu complètement. J’aurais préféré qu’il s’appelle "journal communiste", c’était une référence à son idée et à son idéologie. C’était rappeler ce que Jaurès (le fondateur du journal “L’Humanité”) en avait fait, en l’appelant "journal socialiste".
Quelles sont les dates marquantes de l’histoire de “L’Humanité” pour vous ?
Évidemment 1904, sa création. 1914, l’assassinat de Jaurès, et surtout la signification de l’assassinat, avec pour le journal l’alignement sur les positions du Parti Socialiste qui à l’époque s’engage dans la guerre (1914-1918), et les ministres socialistes siègent dans le gouvernement de guerre impérialiste. Puis 1917, pas seulement parce que c’est la date de la Révolution d’Octobre, mais parce que c’est le moment d’un changement d’opinions dans les rangs du Parti Socialiste, sans que cela se traduise encore par la scission et la création du Parti Communiste, mais c’est à ce moment-là que Marcel Cachin prend la direction du journal. De ce moment date la rupture du journal avec la II° Internationale. Il faudra attendre 3 ans, en 1920, pour que la scission s’opère au niveau du Parti Socialiste donnant naissance au Parti Communiste.
Ensuite, se situe un grand bouleversement. Le Directeur Marcel Cachin et le Rédacteur en Chef Paul Vaillant-Couturier engagent une campagne de mobilisation des communistes, des lecteurs de “L’Humanité” et de l’opinion publique pour sauver le journal qui était près de mourir sous le poids des nécessités capitalistes. Et ils transforment - en schématisant ma pensée - le journal de "bulletin de Parti" qu’il était pour en faire un vrai journal d’informations et d’opinions. C’était en 1929.
Après, les grandes dates sont celles de l’histoire du pays. 1936 avec la victoire du Front Populaire. 1939 avec l’interdiction de L’Humanité par les Nazis qui occupaient la France. Son passage à l’illégalité jusqu’en 1944...
Dès sa naissance “L’Humanité” a pris des positions anti-colonialistes qui ont trouvé leur confirmation tout au long de l’histoire. De la Guerre du Maroc jusqu’à la Guerre d’Algérie, en passant par toutes les expéditions coloniales et notamment la Guerre du Vietnam. L’Humanité a toujours était en première ligne.
Et que pensez-vous du journal “L’Humanité” d’aujourd’hui ?
J’apprécie les changements qui sont pour quelques-uns des prolongements de ce que j’avais en partie initié. J’apprécie le lien constamment entretenu avec les intellectuels, les artistes et les créateurs. Et j’apprécie la place que L’Humanité tient dans la presse française. Le caractère démocratique de la presse en France issue de la Libération est fortement entamé et mis en péril.
On a beaucoup écrit sur le journal L’Humanité et plusieurs documentaires ont été tournés... Que cherchaient d’après vous les auteurs de ces essais et les réalisateurs de ces films ?
... L’histoire d’un journal original. Qui a toujours vécu en dehors de la "toile d’araignée des puissances d’argent". C’est un des quotidiens les plus anciens existants dans le monde. L’histoire du journal est liée de façon quasiment intime à l’histoire du monde et du peuple français.
Aujourd’hui la presse d’opinions peut-elle encore exister ?
Le plus grand danger, c’est le rejet "cultivé" de la politique.
Mais la presse écrite a une place irremplaçable, même en considérant la concurrence avec les autres modes de diffusion de l’information que sont la radio, la télévision ou internet. La presse écrite comme moyen militant, exprimant une opinion ou voulant intervenir dans la cité - par une position pas seulement d’observation - est unique.
Vous êtes un observateur de la presse réunionnaise, qu’en pensez-vous ?
Je la lis quotidiennement. Comme dans tout, il y a des aspects positifs et négatifs. Pour certains, on peut voir leur côté mercantile, commercialisé, déresponsabilisant et déresponsabilisé, cherchant le sensationnel. Le poids des contingences économiques pèse lourdement sur les titres principaux... Et puis, je ne cache pas qu’il y a des aspects positifs qui correspondent au maintien de certaines traditions de la presse française. En se saisissant de certains faits pour en chercher des explications.
Il y a un domaine qui existe plus dans la presse réunionnaise qu’ailleurs, c’est une certaine... polémique. Je trouve à cet égard qu’un des mérites de Témoignages c’est d’utiliser la polémique et la controverse, avec ses confrères.
Propos recueillis par A.I.C.
Roland Leroy présent dimanche au rassemblement de l’Alliance
Responsabiliser « les gens eux-mêmes dans leur propre avenir »
« Ce qui s’est passé dimanche est important. J’ai été impressionné par la vie même de la population de l’île, et l’expression des problèmes eux-mêmes et la façon dont ils ont été abordés.
Je trouve intéressant, en plein cœur du débat sur l’engagement, la démarche du Parti Communiste Réunionnais et du mouvement de l’Alliance qui fait appel à la responsabilité et à la responsabilisation des gens eux-mêmes dans un engagement pour leur propre avenir. Et qui fixe des objectifs, des visées qui n’ont pas, comme objet premier, le choix de telle personne ou telle autre, mais qui ont comme objectifs premier l’engagement responsable des hommes et des femmes de notre temps. Et ça, on ne peut pas dire que c’est une démarche dans le courant dominant. Cela apparaît au contraire comme quelque chose qui contredit le courant dominant.
J’ai été impressionné qu’au-delà des différences entre les participants, il y ait une très forte convergence qui, sans être une communion, aboutit à une identité d’objectifs et de combats, par des gens qui ne renoncent pas à leur identité. »
Et ça, c’est exceptionnel.
Messages
1. Temoignages pour l’Humanité , 13 février 2007, 10:11
C’est bien mais malheureusement Témoignages aime aussi les patrons :
– http://www.temoignages.re/article.p...
N’est pas très respectueux de l’idéologie communiste :
– http://bellaciao.org/fr/?page=artic...
– http://bellaciao.org/fr/?page=artic...
N’est pas au courant que MGB est candidate à l’élection présidentielle :
– http://bellaciao.org/fr/?page=artic...
Ne peut se faire à l’idée que la Nation des Réunionnais - ils l’ont toujours dit très fort et en masse - c’est la France et non pas la Réunion :
– http://bellaciao.org/fr/?page=artic...
Cela fait beaucoup.
Je suis persuadé que le camarade Leroy a été très malheureux en quittant ce rassemblement de l’Alliance. Il n’a pas du entendre le nom de MGB cité bien souvent !
Comment des "communistes" osent-ils dire que le positionnement de chaque candidat à la présidentielle sur le projet de Vergès déterminera leur soutien ? Ils attendent quoi d’un Sarkozy ? Et si Le Pen venait à soutenir ce projet ?
Mais que Roland se rassure les Réunionnais de gauche, les vrais, n’attendent pas l’avis de Témoignages ou ceux du PCR et de Vergès pour savoir lequel des candidats représente réellement le communisme !
VCR
2. Temoignages pour l’Humanité , 13 février 2007, 10:57
C’est dommage de ne pas avoir le lien car j’aurais aimé aller lire cet article à sa source. Si quelqu’un pouvait le poster...
Salut à tous
1. Temoignages pour l’Humanité , 13 février 2007, 12:26
pas difficile tu frappes : temoignages réunion et tu lances la recherche !
c’est le premier sujet de la page
c de T.
3. Temoignages pour l’Humanité , 13 février 2007, 11:47
la vidéo de Marie george buffet et enfin disposnible ailleurs que sur TF1.... sa fait du bien.... vous pouvez la matter sur :
http://unautremonde.gauchepopulaire.fr/index.php/