Accueil > Tensions impérialistes : Deux articles.
Ci dessous deux Articles qui vont dans le même sens à propos de la politique économique de l’union européenne des capitalistes.
L’un parle des mesures pris contre la Russie, et l’autre contre la Chine.
L’Iran est peut être un point de bascule de cet affrontement.
CONTRE LA CHINE :
La Chine et Singapour entrent au capital de Barclays
LE MONDE | 23.07.07 | 14h52 • Mis à jour le 23.07.07 | 14h52
La banque britannique Barclays pourrait lever jusqu’à 13,4 milliards d’euros de capitaux auprès de la Chine et de Singapour afin de financer sa nouvelle offre sur l’établissement néerlandais ABN Amro. Barclays a annoncé, lundi 23 juillet, avoir reçu le soutien de la China Development Bank, banque publique chinoise, et de Temasek, la holding d’Etat de Singapour.
Les deux entités vont d’abord investir 3,6 milliards d’euros dans la banque britannique, quelle que soit l’issue de la bataille boursière pour ABN Amro. Elles pourraient acquérir ensuite 9,8 milliards d’euros d’actions Barclays si la prise de contrôle réussit. L’Etat chinois pourrait ainsi prendre 8 % du nouvel ensemble, dont il serait le premier actionnaire, et Singapour 3,5 %.
Mais un investissement direct de Pékin, dont les réserves en devises atteignent 1 300 milliards de dollars (940 milliards d’euros), dans ce qui serait la deuxième banque européenne, pourrait créer la polémique. "Voir le gouvernement chinois directement impliqué dans cette opération, juste après l’investissement spectaculaire dans Blackstone, devrait être un signal de réveil dans le monde et prouver que la Chine a vraiment l’intention d’investir autrement que dans des obligations d’Etat ses réserves massives", déclare Kirby Daley, stratège de la Société générale à Hongkong. "Avoir la Chine comme actionnaire important pourrait même compliquer le développement de Barclays aux Etats-Unis", ajoute Adrian Foster, de Dresdner Kleinwort à Pékin.
Le commissaire au commerce européen, Peter Mandelson, indique dans un entretien au Monde du 23 juillet que pour garantir le contrôle européen de "secteurs vitaux", notamment contre des Etats étrangers, Bruxelles pourrait envisager la création d’une action privilégiée ou "golden share". Les 25 sociétés publiques d’investissement qui existent dans le monde, en Chine, à Singapour, à Dubaï, aux Emirats arabes unis... pèsent plus de 2 500 milliards de dollars.
OFFRE EN CASH
Il y a deux mois, en annonçant son entrée à hauteur de 10 % dans le capital de Blackstone, le plus gros fonds d’investissement américain, Pékin avait soulevé une vague d’inquiétude aux Etats-Unis. En juin 2005, la tentative de rachat d’Unocal, septième compagnie pétrolière américaine, par l’entreprise chinoise CNOOC, avait échoué devant la mobilisation au nom du patriotisme économique.
Le soutien de la Chine et de Singapour a en tout cas permis lundi à Barclays de relever à 67,5 milliards d’euros son offre publique d’achat (OPA) sur ABN Amro et de la libeller partiellement en cash. Barclays indique que sa nouvelle offre se décompose à raison de 42,7 milliards en titres et 24,8 milliards en espèces, alors qu’elle proposait jusqu’ici 65 milliards sous la forme uniquement d’un échange d’actions. "La fusion avec ABN Amro devrait générer une augmentation significative et graduelle des bénéfices pour tous les actionnaires", déclare Barclays dans un communiqué.
Mais la nouvelle offre reste pourtant inférieure à celle de 71 milliards d’euros offerte à 93 % en cash et annoncée vendredi 20 juillet par le consortium concurrent réunissant la Royal Bank of Scotland, l’espagnole Santander et la belgo-néerlandaise Fortis. Il s’agit de la plus importante OPA jamais présentée dans le monde pour une banque. Elle est ouverte du 23 juillet au 5 octobre.
Les analystes estiment généralement que le consortium a aujourd’hui l’avantage et que, pour l’emporter, Barclays doit surtout compter à présent sur l’opposition des actionnaires de l’une ou l’autre de ses rivales. Dans un entretien au journal néerlandais NRC Handelsblad en date du 21 juillet, Rijkman Groenink, le PDG d’ABN Amro, estime qu’une majorité de ses actionnaires "choisira l’offre la plus élevée". Il ajoute : "La différence est tellement grande que nombre d’investisseurs ne prendront même pas la peine de regarder l’offre de Barclays (...) meilleure en contenu, mais pas assez bonne pour ce qui est du montant. Je n’ai jamais caché que l’offre du consortium n’était pas souhaitée". Le consortium a l’intention de démanteler ABN Amro. - (Bloomberg et AFP.)
CONTRE LA RUSSIE :
Pourquoi l’Europe construit-elle un nouveau "mur de Berlin" ? (Izvestia)
publié le lundi 23 juillet 2007
L’Allemagne et la France multiplient hâtivement les obstacles juridiques pour contrer la poussée vers l’Europe des grandes compagnies russes. Parallèlement, l’allemand RWE et le français Gaz de France s’apprêtent à investir des centaines de millions d’euros dans la construction d’un pipeline contournant la Russie. Le fait qu’il n’y aura pas de quoi remplir les conduites ne préoccupe même pas les fonctionnaires européens, alors que les restrictions imposées aux investisseurs contredisent les principes du marché.
On a surtout peur quand on a envie d’avoir peur. Les Européens pensent avec effroi, par exemple, aux 2.500 milliards de dollars qu’auraient accumulés les investisseurs russes et chinois. Résultat, une pluie de mauvaises nouvelles venant d’Europe continue de s’abattre sur les Russes.
Les Européens privilégient deux axes d’efforts : d’un côté, ils bâtissent un mur pour se protéger des investisseurs russes ; de l’autre, ils cherchent à construire des pipelines contournant la Russie pour que le pétrole et le gaz d’Asie centrale affluent directement en Europe. Il leur faut donc proscrire les investissements venant d’est par le biais de lois compliquées, et investir jusqu’à un milliard d’euros, et pourquoi pas dix, dans la construction des pipelines sans tenir compte de la rentabilité économique.
La Commission européenne a déjà adopté un rapport dénonçant la menace émanant des investisseurs russes. Un travail actif a été lancé pour établir des barrières juridiques. Ce sera un véritable "mur de Berlin", et la Russie ne participe pas à sa construction. Evoquer l’époque de la RDA est aujourd’hui la grande mode en Allemagne. Angela Merkel, elle, ne fait que suivre la mode.
Cette mode-là est très bizarre. Apôtres du marché, les économistes libéraux de la Commission européenne, qui ont toujours prôné la libre circulation des capitaux, trahissent brusquement leurs principes. Même Charlie McCreevy, commissaire européen chargé du marché et des services, est solidaire d’Angela Merkel : les investisseurs russes sont à redouter. Car cela fait plusieurs années que les géants pétro-gaziers russes tentent désespérément d’accéder au contrôle des réseaux de distribution européens.
Les économistes sont depuis longtemps unanimes à affirmer que la Russie dépassera d’ici quelques années tous les pays européens en terme de volume de la production. C’est cette perspective qui semble effrayer les responsables politiques européens. Le plus triste est que le "mur de Berlin" construit par les responsables politiques pousse non seulement à Berlin, à Paris ou à Bruxelles. On le retrouve aussi à Londres, à Varsovie et ailleurs. C’est le débat politique, et non seulement les pipelines, qu’on cherche à détourner de la Russie. Et c’est là l’erreur...
Cet article est tiré de la presse et n’a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.