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Terrorisme en Inde, mode d’emploi

Publie le mercredi 29 août 2007 par Open-Publishing

Il y a quelques jours de terribles explosions ensanglantaient la capitale de l’Andhra Pradesh. Attentats, barbares, aveugles, cherchant à faire un maximum de morts et de blessés, dans des lieux publics les plus populaires : cinéma, marché, hall de gare, trains et bazar.
Le terrorisme fait la guerre avant tout aux plus pauvres... Il est devenu, aujourd’hui, l’essence même de la guerre moderne. Une guerre livrée par une poignée de mercenaires à la solde d’intérêts privés contre le plus grand nombre.

En Inde, et particulièrement, en Andhra Pradesh, le terrorisme reflète la criminalisation de la vie politique. Pour comprendre le phénomène, je republie un article d’août 2005, paru sur Paris.indymedia. L’Andhra Pradesh comme le Chattisgarh, sont des états indiens en proie à une rebellion maoïste, qui lutte contre l’expropriation des paysans par des multinationales. La terre y est riche en diamant, or, minérai de fer.

Hyderabad, capitale de lEtat dAndhra Pradesh, Union indienne, le 28 aout 2005.

LE MASSACRE DE LINSTITUTEUR, Kanakachari, militant des Droits de lHomme, abattu a la hache, apres avoir ete enleve, le 28 aout, est le dernier crime commis, en toute impunite, par des groupes vengeurs qui ont le soutien de la police.

UN CRIME SIGNE NARSA COBRA

Leur but, a en croire le libelle sanglant laisse sur le cadavre, est - je cite - dexterminer les maoistes et leurs sympathisants. Par une etrange projectionmentale, les flics et leurs amis truands qualifientles naxalites delements anti-sociaux et anti-nationaux.

Le decoupage a la hache de linstituteur, dans le district de Mabhubnagar, a 120 km de Hyderabad, intervient apres lassassinat retentissant du parlementaire Nasar Reddy - assassinat attribue aux maoistes, le 15 aout 2005.

CES THUGS, sortis de nulle part, sont des creatures de la police... Pourquoi le gouvernement du Dr Singh, qui parle tant de lutte antiterroriste, est-il silencieux quant au role des agences de securite dans ces meurtres en serie ?, semporte K. Balagopal, representant de Human Rights Forum. DEPUIS DIX ANS, des bandesanti-naxal, sous les noms divers de Green Tigers, Tirumala Tigers, Nulla Dandu et Fear Virkas terrorisent les populations des forets, et sen prennent, en particulier, aux intellectuels, sympathisant de la cause tribale.

Il tres rare que les associations comme Amnesty International parlent de ces armees privees indiennes, au service dune police coloniale... En 1997, le menestrel Gadar, mediateur officiel entre le mouvement naxalite et le gouvernement indien, echappe a une rafale de pistolet mitrailleur. La meme annee, K. Balagopal est enleve, torture puis relache. En 1998, le travailleur social, Lalitha, est massacree a la hache... En lan 2000, le militant des Droits de lHomme, Purushuttan subit le meme sort. Ces deux derniers crimes sont signes par un renegat naxal, un denomme Nayeen.Narsa Cobraest le nouveau nom, adopte par son groupe terroriste. Dapres les journaux, Nayeen forcait recemment de jeunes naxalites a preparer le meurtre de deux personnalites marxistes, aujourdhui arretees par la police pour seddition, Varavara Rao et Kulyam Rao. SELON LES ROULETABILLE LOCAUX menant lenquete, cest grace a la police quun autre renegat naxal, Nagaraju, traitre a la Cause et assassin notoire, a rejoint le gang de Nayeen ; et ont trucide ensemble linstituteur Kanakachari. La police indienne a toujours eu un faible pour les repentis, les gangsters et les renegats des lors quils tuent, sans sourciller, leurs propres camarades.

De nombreux GreyHound, appartenant aux forces speciales, sont danciensterroristesou delinquants. Les frontieres entre terroristes payes par lEtat et ceux qui se prennent, parfois, pour lEtat sestompent rapidement lors dune des operations preferees du gouvernement indien : les redditions collectives de rebelles. DES PRESUMES TERRORISTES deposent leurs armes au pieds dun moustachu superintendent de police et recoivent en echange soit de largent soit un uniforme. Le tout est largement mise en scene, commente et orne les premieres pages de journaux. Cest une ancienne coutume barbare, heritee du Raj britannique (1857-1947).

On fait grace au criminel, au revolutionnaire, a lindigene des lors quils se prosternent devant un drapeau et collaborent activement au genocide des leurs.

Les redditions theatrales, aujourdhui, sont souvent de vastes escroqueries ou de faux terroristes se partagent largent de lEtat avec de vrais policiers. On comprend la defiance de lanarchiste Mohandas Karamchad Gandhi (1869-1948) a legard de lappareil dEtat dont il voulait labolition.

58 ans apres lIndependance, notre police est toujours gouvernee par une loi britannique, The Police Act, 1861,ecrit ecoeure G.P. Joshi, un ancien officier de police, dans une lettre ouverte au Premier ministre, publiee le 31 aout 2005, par le journal Indian Express ; p.9. http://www.expressindia.com Pour lui, tout le systeme policier indien vise a asservir le citoyen et a servir de nouveaux maharadjas. TERRORISME, UN MODE DE GOUVERNEMENT Les points communs entre une organisation Ultra, en Inde, et lEtat sont une structure hierarchique, un centralisme democratique (qualifie de secularist) et un amour immodere de la peine de mort.

Il suffit de placer un ou plusieurs agents doubles a la tete dun Mukti Sena (armee de liberation), de surencherir jusqua labsurde dans la violence, pour faire taire le discours communiste. La fusion, le 21 septembre 2004, du Peoples War Group et plusieurs groupes maoistes, au Bihar, Andhra Pradesh, Orissa... a donne, peut-etre, lopportunite a lIntelligence Bureau, dinfiltrer au plus haut niveau descadresqui ont incline lorganisation vers un terrorisme aveugle, utile a la propagande gouvernementale.

Des lors, il ne sagit plus pour le policier de lutter contre lesterroristes; mais dorienter leur terrorisme vers un peuple, toujours suspect...

Liberes dun combat frontal contre les groupes revolutionnaires, les flics peuvent sen prendre tranquillement aux intellectuels.

Le 6 juin 2005, a Balarampur, dans le district de Sarguja, Etat de Chhattisgarh, Jean Dreze*, prix Nobel deconomie, ami de Sonia, accompagne de travailleurs sociaux, se font tabasser par un groupe de policiers en civil. Motif : ils haranguent les pauvres dans un village, classedisturbed aerapar la police. Au vu de la simplicite gandhienne de leur accoutrement, les gendarmes, habilles en bourgeois, les prennent pour des naxals... *Jean Dreze, ne en Belgique, citoyen indien par choix, est larchitecte dun nouveau dispositifEmploi Guarantee Shem, destine a lutter contre la grande pauvrete. La nouvelle loi, votee en aout 2005, a la Lokh Sabha, accorde a tout chomeur indien le droit de ravailler 100 jours pour lEtat, au salaire mirobolant de 60 roupies par jour ! 1 Euro= 53 roupies.

le mercredi 31 août 2005 à 10h57